La sémantique s’intéresse à la politique car les bons mots font mouche.  Le conformisme ambiant fige en effet dans des catégories étanches la prose politique. C’est un peu tout le problème de la prégnance  idéologique qui conduit à garder les notions dans des tiroirs fermés à double tour de clef. L’ordre et la nation seraient de droite, le mouvement et la permissivité de gauche. Pour dépasser ces pesanteurs, les candidats joueraient ainsi sur le retournement de sens, usurpant le vocabulaire de l’adversaire à leur profit en escomptant, dans le même temps, déplacer les lignes de démarcation à leur avantage. C’est peut être un peu vrai mais sûrement un peu court. Croire qu’il n’y a que malice à sortir des sentiers habituels du discours idéologique, n’est-ce point condamner toute velléité de renouvellement de la pensée? On trouve pourtant toujours de bons esprits pour dénoncer l’emprunt d’un terme hérétique parce qu’il serait d’usage chez l’adversaire. Est-ce à dire qu’en politique il n’y aurait de pensée que dogmatique? Ce n’est pas un mal de renouer au travers du vocabulaire avec des attentes populaires réelles. Cessons donc de chercher des  poux dans les têtes bien faites de ceux qui s’affranchissent de tous les conformismes, fussent-ils ceux de la gauche! Si nous avons besoin d »un ordre juste » ce n’est certainement pas pour chasser sur les terres de la droite mais bien davantage  parce qu’il s’oppose à la dérive libérale de la fracture sociale et du repli sur soi. Ces maux là sont bien terribles!

Xavier DUMOULIN