Dans Le Nouvel Obs par par Jean-Daniel Lévy,directeuradjoint du département Opinionde de l’institut CSA.

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/opinions/3_questions_a/

 Selon le sondage CSA pour Le Parisien, réalisé les 21 et 22 mars, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy sont à égalité dans les intentions de vote au premier tour (26%) et au second tour (50%). C’est le premier sondage favorable à la candidate socialiste depuis le 3 janvier, qui, depuis cette date, était à chaque fois battue par Nicolas Sarkozy. Comment expliquer cette remontée ?

- Pour les chiffres du premier tour, on observe une évolution de l’électorat vers la gauche. Nicolas Sarkozy baisse, François Bayrou et Ségolène Royal restent constants et Marie-George Buffet et Olivier Besancenot montent. Ces changements, assez petits, correspondent en fait à de larges mouvements d’opinion qui subissent une légère évolution. Les discours et les positions de Nicolas Sarkozy inquiètent visiblement certains, qui préfèrent se tourner vers le candidat de l’UDF. A l’inverse, Ségolène Royal rassure, même si les jeunes semblent se tourner un peu plus vers Buffet et Besancenot. Malgré un calme plat apparent, les mouvements de fonds marins vont vers la gauche.

Concernant le second tour, Ségolène Royal profite de la baisse de Nicolas Sarkozy. Le candidat de l’UMP a axé sa campagne sur des thèmes forts de la droite, qui correspondent aux attentes du cœur de cible de son électorat. Toutefois, il effraie aussi certains électeurs qui pensaient voter pour lui le 6 mai. Du côté de la socialiste, son positionnement semble évoluer. Elle effectue en ce moment la même campagne que celle qu’elle a menée lors des primaires socialistes. Elle a choisi d’incarner des valeurs et de rappeler qu’elle s’entourera de ministres, de cabinets etc… à qui il reviendra d’appliquer son programme. Elle renforce ainsi sa stature présidentielle. Cependant, son score dans l’enquête d’opinion montre qu’elle ne fait pas l’unanimité sur sa capacité à représenter
la France, tout comme Nicolas Sarkozy.

Justement, celui-ci perd un point, quelques jours après le soutien déclaré de Jacques Chirac…

- Il n’y pas de lien de cause à effet, ni positif, ni négatif. Le ralliement du chef de l’Etat entre dans la logique. Jacques Chirac a mis en place l’UMP, ne l’oublions pas, et il est tout à fait naturel qu’il soutienne le candidat de son parti. Si Jacques Chirac avait choisi de ne soutenir aucun candidat ou, au contraire, avait rallié une autre candidature, là, les effets auraient été dévastateurs pour Nicolas Sarkozy.  

François Bayrou reste stable à 21% et Jean-Marie Le Pen perd un point (13%). L’engouement envers le centriste se calme-t-il ? Où vont les électeurs de Le Pen ?

- Le candidat de l’UDF n’est pas en déperdition. Il reste à 20%, ce qui pour lui est un score honorable. Si, au début de l’année, nous avions prévu que Bayrou serait crédité de 20% des intentions de vote, vous nous auriez ri au nez… Les électeurs sont en attente par rapport à sa campagne. Il prouve qu’il a la capacité d’accéder au second tour, à lui maintenant d’opter pour une posture de candidat de proposition. Que ferait-il s’il était président ? C’est ce que les électeurs se demandent. Ses déclarations contre les candidats du PS et de l’UMP ne suffisent pas, il faut maintenant qu’il propose.

Quant à Jean-Marie Le Pen, une partie de ses électeurs choisit plutôt le camp sarkozyste.

Propos recueillis par Séverine de Smet

(le vendredi 23 mars 2007)