juin 2007
Archive mensuelle
Archive mensuelle
Créé par sr07 le 30 juin 2007 | Dans : Ségolène Royal
Livre. Avec Ségolène Royal, et malgré sa défaite, les femmes ont gagné une bataille historique.
Par ANNETTE LEVY-WILLARD
QUOTIDIEN LIBERATION : samedi 30 juin 2007
La République des femmes
, Jacqueline Remy, 233 pp., 17,95 €, l’Archipel.
Par ces temps affligeants pour quelques dizaines de millions d’entre nous, voici enfin une bonne nouvelle : la République des femmes est arrivée. Pas tout à fait ? Peu importe ; en ce début de XXIe siècle, les femmes s’imposent dans l’univers impitoyable et si pitoyablement machiste de la classe politique française. Désormais «rien ne sera plus comme avant». La domination masculine a «une si longue histoire» : Jacqueline Remy en rappelle la construction politique, nourrie de préjugés essentialistes et naturalistes.
Une histoire brusquement accélérée depuis la mutation féministe des années 60, dont elle analyse les apports aussi contradictoires que déterminants. Mais la page est tournée. En politique, les femmes sont là, incroyablement visibles : on en voit partout, et même à droite. Elles prennent le pouvoir, elles ne le rendront pas, même si elles doivent encore l’inventer. Sept femmes ministres et pas de n’importe quel «tricot», ce n’est pas rien. Jacqueline Remy en dresse un portrait empreint de bienveillante malice. Féminité oblige, elles doivent faire preuve d’un parcours «exemplaire», surtout lorsqu’elles affichent les visages et les noms de minorités dites plus visibles encore. A lire entre les lignes les portraits de Bachelot et de Boutin, le fou rire nous prend à imaginer leur cohabitation forcée.
A l’idéologie paritaire, Remy préfère la mixité et l’égalité : l’humanité est plurielle et non duelle, l’arithmétique sexuée ne doit rien à la nature, laquelle n’impose pas plus de solidarité à une moitié qu’à l’autre. D’où la lancinante interrogation qui parcourt ce livre : que faire aujourd’hui en politique de cette féminité dont on n’a ni honte ni fierté, que faire de cette différence pour la rendre demain indifférente ?
Et si, demain, Sarkozy leur refaisait le coup des juppettes ? Et si, au Parlement, malgré le nombre de candidates, on se retrouvait avec une proportion infime et infamante d’élues ? A peine 19 % (soit 107 députées), et certainement pas grâce à l’UMP ?
Et combien de costumes-cravates encore dans les secrétariats d’Etat, les cabinets, les administrations centrales ? Au bout du compte, le compte n’y est pas.
Aussi lucide et conjuratoire soit-il, l’optimisme de Jacqueline Remy est contagieux : si le plafond de verre n’est pas brisé, il est sérieusement lézardé depuis que, «pour la première fois, une femme s’est trouvée en position d’incarner la France et de la diriger». Un moment historique inouï qui a «chamboulé notre inconscient collectif, bouleversé nos images mentales, sapé nos vieux réflexes».
D’accord, Ségolène Royal a perdu. Perdu quoi ? Une élection présidentielle, comme tant d’hommes avant elle. Mais elle a gagné une bataille séculaire. En nous ouvrant un avenir : «Ni pour ni contre les hommes. Mais à côté.»
Créé par sr07 le 30 juin 2007 | Dans : Amérique Latine
Les chefs d’Etat du Mercosur, réunis vendredi en sommet à Asuncion au Paraguay, ont affiché leur volonté d’enrayer la menace de « dissolution » qui pèse sur le marché commun sud-américain, miné par les inégalités régionales et l’adhésion controversée du Venezuela d’Hugo Chavez.
Le tonitruant dirigeant vénézuélien, en tournée internationale, a boudé la rencontre, alors que ses tentatives de transformer le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) en puissance anti-libérale hostile aux Etats-Unis compliquent la ratification de son processus d’adhésion.
Dans son discours d’inauguration, le président paraguayen, Nicanor Duarte a conjuré ses pairs à garder la « foi en l’intégration », affirmant qu’une « dissolution du Mercosur serait un échec et un retour en arrière.
L’hôte du sommet a rassemblé durant trois heures dans un grand hôtel ses homologues argentin Nestor Kirchner, brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, uruguayen Tabaré Vazquez et les dirigeants des pays associés au bloc, Evo Morales (Bolivie), Michelle Bachelet (Chili) et Rafael Correa (Equateur).
Appelant à « réduire les différences économiques » entre les pays, M. Duarte a aussi plaidé en faveur d’un « Mercosur social » qui « réduise la pauvreté », « élimine le chômage » et « éradique l’exclusion ».
Le président argentin Nestor Kirchner a réclamé une « solidarité énergétique » dans un contexte de tensions sur l’approvisionnement faute d’investissements suffisants.
De son côté, tout en reconnaissant que le Mercosur « n’est pas encore ce dont nous rêvons », le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a estimé que l’organisation, « facteur de paix et de stabilité dans la région », devait « se « renforcer comme interlocuteur international ».
Ultime intervenant, le vice-président du Venezuela Jorge Rodriguez a dénoncé les « obstacles » et les « manipulations » visant M. Chavez, dont l’absence surprise a alimenté l’ambiance de crise autour du Mercosur.
« Notre présence ici obéit à la volonté inébranlable que le gouvernement du président Chavez a toujours démontré dans la recherche de l’intégration », a clamé M. Rodriguez.
Le représentant vénézuélien s’est réjoui que le Mercosur soutienne le projet de Caracas de fonder une « Banque du Sud », un organisme aux contours encore imprécis, destiné à contrebalancer le poids du Fonds monétaire international (FMI).
« Une intégration qui ne prend pas en compte la lutte contre la pauvreté, l’indépendance et la souveraineté (…) restera lettre morte, du temps perdu », a insisté M. Rodriguez.
Insatisfaits pour leur part des bénéfices apportés par le Mercosur, l’Uruguay et dans une moindre mesure le Paraguay réclament une plus grande liberté pour négocier des accords de préférence commerciale pour leurs pays en dehors du bloc, avec les Etats-Unis notamment.
Le sommet a été marqué en coulisse par une passe d’armes entre le Venezuela et le Brésil qui a réclamé un « geste » à Chavez pour apaiser les sénateurs brésiliens, traités par lui de « perroquets de Washington » pour avoir critiqué l’arrêt d’une chaîne de télévision d’opposition à Caracas.
L’adhésion du Venezuela au Mercosur doit encore être ratifiée par les Parlements du Brésil et du Paraguay.
Opposées au « modèle mercantile » du Mercosur, plusieurs organisations sociales, indigènes et paysannes, ont tenu un contre-sommet des « Peuples du Sud », en faisant marcher des centaines de personnes.
Composé notamment de jeunes militants de gauche, certains déguisés en clown, le cortège a défilé pacifiquement, derrière une banderole réclamant la « souveraineté » en Amérique latine.
De légers heurts se sont produits avec les forces de l’ordre qui ont empêché les manifestant d’atteindre le siège du sommet du Mercosur mais les policiers n’ont procédé à aucune interpellation.
Daniel Caselli AFP ¦ Dans son discours d’inauguration, le président paraguayen, Nicanor Duarte, hôte du sommet, a conjuré ses pairs de garder la « foi en l’intégration », affirmant qu’une « dissolution du Mercosur serait un échec et un retour en arrière.
© 2007 AFP
Créé par sr07 le 30 juin 2007 | Dans : Economie, Santé-social-logement
La France riche se porte bien. Très bien même si l’on en croit une étude de l’Ecole d’économie de Paris conduite par l’économiste Camille Landais. Dévoilés vendredi dans Libération, ses chiffres montrent que «depuis 8 ans» les inégalités en France s’aggravent entre les extrêmement riches et les autres.
Le riche s’enrichit
Exemple: les Français les plus riches, soit 350.000 foyers, «ont vu leurs revenus augmenter de 19% entre 1998 et 2005». Et plus on monte dans l’échelle sociale, plus cet accroissement prend de l’ampleur: les 0,1% des plus fortunés (35.000 foyers) ont augmenté leurs richesses de 32%. Une hausse qui atteint 42,6% pour les 3.500 foyers les plus fortunés de France. Conclusion: Plus on est riche, plus on s’enrichit.
Stock options en force
Un enrichissement expliqué par l’explosion des revenus du patrimoine. Pour les 3.500 familles les plus dotées, la part du patrimoine (action, immobilier…) dans le revenu a atteint 40%. L’évolution de la bourse y est pour quelque chose. Selon Camille Landais, «les entreprises versent des dividendes de plus en plus importants à leurs actionnaires». Sans oublier que le mode de rémunération de cette population intègre de plus en plus une part de «bonus de fin d’année ou des stock-options».
L’Insee désavouée
Dans la même période, le revenu moyen par foyer a connu une hausse de 5,9% seulement. Des conclusions qui contredisent les travaux de l’Institut national de la statistique (Insee). L’institut avait, jusque-là, diagnostiqué une réduction des inégalités. L’Insee constatait une réduction «importante et constante» des inégalités depuis la fin des années 70. Pour Camille Landais, ces chiffres démontrent que le modèle social français «est en train de glisser vers le modèle anglo-saxon».
Les classes moyennes trinquent
Un constat que ne partage pas complètement Jean-Paul Fitoussi, président de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Pour lui, «il existe, en France, un certain niveau de protection sociale, le SMIC et les minima sociaux. Les revenus des plus pauvres ne baissent pas, ils augmentent. Les revenus des plus riches explosent. Ceux des classes moyennes stagnent».
Mohamed Najmi
20Minutes.fr, éditions du 29/06/2007
Créé par sr07 le 29 juin 2007 | Dans : Economie, Santé-social-logement
Le 1er juillet, la France achèvera le processus de libéralisation de l’électricité. Après les entreprises et les professionnels, ce sera au tour des particuliers de goûter aux délices de l’ouverture à la concurrence. Mais le plat risque de ressembler plus à de la junk food qu’à une création gastronomique.
Le bilan de l’ouverture à la concurrence s’avère en effet catastrophique et ce, quel que soit le pays. Entre 2001 et 2006, les prix du marché ont connu une envolée spectaculaire : 39 % en Espagne, 49 % en Allemagne, 67 % en Finlande, 77 % en Suède, 81 % au Royaume-Uni et 92 % au Danemark ! En France, les entreprises qui ont choisi de quitter les tarifs réglementés de service public ont vu leur facture d’électricité augmenter en moyenne de 76 % sur la même période, quand les tarifs d’EDF restaient à peu près stables.
De nombreux industriels réclament d’ailleurs la possibilité de réintégrer l’univers des tarifs réglementés. Situation si inconfortable que le gouvernement français a complété la loi de décembre 2006 relative au secteur de l’énergie par une disposition permettant un retour partiel aux tarifs réglementés pour les industriels insatisfaits !
Nous sommes donc dans une situation paradoxale. L’ouverture à la concurrence permet de faire baisser les prix, nous disent les bons apôtres du néolibéralisme. Cet argument avait déjà été mis à mal lors de la libéralisation d’autres secteurs relevant auparavant des services publics en réseaux, comme par exemple les télécommunications. Dans ces secteurs, la libéralisation a signifié la fin de la péréquation tarifaire qui avait historiquement permis que les prestations les plus rentables financent celles qui le sont peu ou pas du tout.
L’ouverture à la concurrence a donc entraîné « un rééquilibrage tarifaire », selon l’expression savoureuse de la Commission européenne, avec une baisse de prix pour les gros consommateurs, en particulier les entreprises, la grande masse de la population voyant, au contraire, ceux-ci s’envoler. Les zélateurs de la libéralisation expliquaient que « ce rééquilibrage tarifaire » permettrait aux entreprises de baisser leurs prix, les particuliers étant donc gagnants sur le long terme. On ne peut ici que reprendre ce que disait Keynes aux économistes libéraux de son époque : « Sur le long terme, on sera tous morts. »
On savait après les premières libéralisations dans les services publics que la promesse d’une baisse des prix relevait de la pure propagande pour la grande majorité de la population. Dans le cas de l’électricité, même la plupart des entreprises n’en profiteront pas ! On a là un exemple parfait de l’application dogmatique des préceptes néolibéraux.
Mais ce n’est pas tout. L’ouverture à la concurrence pousse au sous-investissement, ce d’autant plus qu’elle s’accompagne d’une privatisation des opérateurs publics. Investir dans les services en réseaux coûte cher. Dans le cas de l’électricité, cela coûte d’autant plus cher qu’il faut investir dans des moyens de production pour lesquels le retour sur investissement prend beaucoup de temps. On est donc loin de la logique à court terme du capitalisme financier. La volatilité des prix sur le marché de l’électricité et l’absence de visibilité sur leur évolution renforcent encore cette tendance au sous-investissement, qui produit inévitablement des ruptures d’approvisionnement des usagers.
De plus, l’électricité ne se stocke pas. Il faut donc en permanence ajuster l’offre à la demande. Cet équilibre n’était déjà pas simple à assurer avec un seul opérateur. Il devient très compliqué avec l’ouverture à la concurrence quand se multiplient les intervenants, surtout quand ceux-ci ont comme première préoccupation la rentabilité financière. Le risque est donc très important qu’un déséquilibre dans le réseau s’avère impossible à gérer.
Enfin, le transport de l’électricité s’effectue avec des pertes en lignes importantes. Il est donc absurde économiquement et écologiquement de produire de l’électricité dans un pays pour aller la vendre à des milliers de kilomètres de là. L’ambition d’un « grand marché européen de l’électricité », portée par la Commission européenne, est une absurdité dangereuse.
Plus les réseaux sont interconnectés et plus les risques de dysfonctionnement majeur liés au sous-investissement et aux ruptures d’équilibre dans le réseau s’aggravent. Le cas de la Californie est emblématique, mais n’est pas unique. Les pannes géantes en Espagne, en Italie et, en novembre 2006, à travers l’Europe en sont les manifestations les plus visibles.
La libéralisation est enfin incompatible avec l’objectif prioritaire de sobriété énergétique indispensable pour commencer à résoudre la crise écologique : aucune entreprise ne souhaite voir baisser son chiffre d’affaires et n’a donc intérêt à ce que la consommation diminue ! Au moment où le débat énergétique devient un enjeu citoyen intégrant à la fois les questions du réchauffement climatique, du développement durable et du principe de précaution, on peut douter que la concurrence soit le meilleur moyen d’ouvrir ce débat et de le mener démocratiquement.
Tous ceux qui se sont, un minimum, penchés sur ce dossier savent tout cela. Cette analyse n’est plus vraiment contestée aujourd’hui. Et pourtant la Commission européenne ne renonce pas, et les gouvernements suivent. Sur ce sujet, la « rupture » promise par Nicolas Sarkozy attendra… à moins que, dans les jours qui viennent, la raison l’emporte et que le gouvernement proclame un moratoire sur le processus de libéralisation. Ne rêvons cependant pas, les apôtres du néolibéralisme ont montré qu’ils ne s’encombraient pas du principe de réalité.
Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU ;
Bernard Defaix, président de la Convergence pour les services publics ;
Pierre Khalfa, secrétaire national de l’Union syndicale Solidaires ;
Marc Mangenot, Fondation Copernic ;
Christiane Marty, membre du Conseil d’administration d’Attac.
Article paru dans l’édition du Monde du 30.06.07.
Créé par sr07 le 29 juin 2007 | Dans : Economie
PARIS (AFP) – Le député PS François Brottes, chargé des Affaires économiques dans « l’équipe » mise en place par le groupe socialiste pour contrer le gouvernement, a réaffirmé vendredi l’opposition de son groupe à l’ouverture intégrale du marché de l’énergie à partir du 1er juillet.
« Dès dimanche, les consommateurs devront choisir entre le tarif réglementaire et le prix du marché pour l’électricité et le gaz. Comme les entreprises, les particuliers qui vont sortir du tarif réglementé (sans possibilité de revenir en arrière) vont subir une augmentation très sensible du coût », souligne M. Brottes, dans un communiqué.
Pour le député de l’Isère, « cette situation relève entièrement de la responsabilité des différents gouvernements UMP depuis 2002″, puisque « c’est le gouvernement Raffarin qui a donné son feu vert en novembre 2004 à l’ouverture aux ménages du marché de l’énergie au 1er juillet 2007″.
« C’est Thierry Breton qui a signé le contrat de service public entre GDF et le ministère de l’Economie le 10 juin 2005, prévoyant clairement la convergence rapide entre le tarif réglementé et le prix du marché » et « c’est le gouvernement Villepin, avec l’accord du ministre Sarkozy, qui s’est obstiné dans la privatisation de GDF, conditionnée à l’ouverture intégrale », fait valoir le responsable PS.
Le groupe PS continue « de refuser les privatisations de GDF et d’EDF, nullement exigée par l’Europe. Elles constituent les facteurs aggravants pour la sécurité des installations et la dégradation des services et des prix », conclut M. Brottes.
Le Parlement a adopté en novembre dernier un projet de loi transposant en droit français la directive européenne sur l’ouverture totale à la concurrence du marché européen de l’énergie à partir du 1er juillet 2007. Ce projet de loi permettait en outre la privatisation de GDF, préalable à sa fusion avec Suez.