Selon sa dépêche, le Bureau national du PS aurait adopté mardi soir une « charte de la rénovation » détaillant le calendrier et la méthode pour fonder « la gauche du 21e siècle » et se donner les moyens d’assurer l’alternance en 2012.

Ce texte aurait été accepté « par consensus » à l’issue d’une réunion clairsemée, la dernière avant les vacances, et en dépit d’ »un certain scepticisme » d’une partie des participants, selon le porte-parole du parti, Julien Dray. Seul, parmi les présents, le député de la Nièvre Gaëtan Gorce se serait nettement démarqué, ne prenant pas part au vote.

Le texte de la charte remis à la presse indique que trois forums seront organisés à partir de l’automne, portant sur « les socialistes et la nation » (24 novembre), « les socialistes et le marché » (15 décembre), « les socialistes et l’individu » (20 janvier 2008).

Au XIX° siècle, la charte évoquait les lois constitutionnelles d’un Etat, établies par concession du souverain et non par les représentants du peuple. L’ambivalence du terme pourrait nourrir la critique auprès de mauvais esprits peu amènes envers le premier secrétaire. Mais le mot peut trouver aussi, auprès de meilleurs esprits, sa connotation positive en renvoyant au chartisme, ce mouvement ouvrier anglais du milieu du XIX°.

Sous l’influence de Robert Owen, de Thomas Hodgskin et de Bronterre O’Brien – cet admirateur de la Révolution française, de Robespierre et de Babeuf – le mouvement réformiste des « démocrates ouvriers » se développa dans une volonté de concilier réforme politique et émancipation économique en créant « une opinion publique morale, réfléchie, énergique ». Plus tard, sous l’effet de la lutte des classes, l’influence de ce courant de « la force morale » perdra du terrain face aux tenants de « la force physique » tentés par l’insurrection et la grêve générale. Le chartisme se radicalisera, posant en quelque sorte les bases d’un mouvement révolutionnaire. Il constituera un formidable sujet d’études pour Engels et Marx tandis que le chartisme, qui n’avait pas su jusqu’ici définir concrètement les formes sociales que devait épouser la démocratie politique, allait à son tour, au contact des thèses marxistes et sous l’impulsion de Jones, connaître un second souffle. Les lecteurs passionnés trouveront des développements fort intéressants sur le chartisme dans un bel ouvrage d’Edouard Dolléans sur « l’histoire du mouvement ouvrier »  en trois volumes, préfacé par Lucien Febvre – dont l’édition est, à ma connaissance, épuisée -. Cette puissante aspiration à la réforme intellectuelle et morale, couplée d’une combativité énergique pour doter le mouvement ouvrier de l’époque d’une capacité d’action autonome, pourrait inspirer une gauche désireuse d’une vraie rupture avec ce néolibéralisme qui caractérise le capitalisme financier mondialisé contemporain.

Le besoin de questionnement et de renouvellement des idées est profond. Au delà du PS toute la gauche est en devoir de retrouver l’initiative pour repartir sur de nouvelles bases. Comment sortir des lieux communs et des pesanteurs idéologiques pour redéfinir une vision progressiste et offrir un nouvel horizon ? Comment associer les citoyens à cette démarche ? Autour de quelles valeurs ? De quels apports culturels et scientifiques accompagner cette réflexion pour lui donner son relief et sa pertinence ? Autant de questions utiles pour une refondation à venir qui saura faire toute sa place à la bataille des idées en replaçant le citoyen au cœur du débat et de l’action.

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