août 2007
Archive mensuelle
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Créé par sr07 le 31 août 2007 | Dans : Bilan de la campagne présidentielle, Blog du Che, Le Che
Rapport préparatoire de Jean-Pierre Chevènement au colloque « La démocratie peut-elle survivre au système politico-médiatico-sondagier ? » organisé par la Fondation Res Publica le lund 10 septembre 2007 à la Maison de la chimie à 18h.I – L’« américanisation » de la vie politique à travers médias et sondagesLe fonctionnement de la démocratie a été profondément bouleversé par le rôle croissant des médias et, depuis quarante ans, des sondages.Ce système médiatico-sondagier a-t-il sonné le glas de la démocratie classique, où le citoyen éclairé par la raison, ou si l’on préfère guidé par son bon sens, décide, après un débat républicain argumenté, de ce qui lui paraît bon pour l’intérêt général ? Le rôle de la télévision paraît écrasant : l’Ecole permet-elle encore l’exercice de l’esprit critique ? Peut-on soutenir que la réintroduction de l’éducation civique, opérée en 1985, pèse de quelque poids dans l’élaboration de la volonté générale ? Que reste-t-il du rôle de médiation des intellectuels ! Reste-t-il d’ailleurs des intellectuels ? Et quelle est la place, dans la formation de l’esprit public, de la presse écrite dont le tirage diminue sans cesse ? La télévision semble jouer dans l’information le rôle des divisions blindées en 1940.
Créé par sr07 le 30 août 2007 | Dans : Blog du Che, Débats autour de la refondation de la gauche, Le Che
« La gauche est à refaire », Entretien de Jean-Pierre Chevènement, Le Parisien, propos recueillis par Philippe Martinat, mercredi 29 août 2007.
Le Parisien : La gauche peut-elle se relever de sa défaite?
Jean-Pierre Chevènement : Je trouve d’abord peu élégant de taper à bras raccourcis sur une candidate qui a quand même fait 47% des voix, soit 17 millions de suffrages. Ségolène Royal a fait une campagne courageuse, elle a su résister victorieusement à l’offensive pro-Bayrou menée de l’intérieur même du PS par les Gracques, Michel Rocard, Bernard Kouchner et quelques autres. Il faut examiner sérieusement ce qui s’est passé: il n’est pas vrai que la candidate a été désignée par les sondages. C’est la crise interne du PS après le rejet de la constitution européenne le 29 mai 2005 qui lui a ouvert un boulevard en la mettant en meilleure situation que ses concurrents.Faut-il réunir des assises de la gauche?
La gauche est à refaire. Ce qui a manqué au PS en 2007, comme en 2002, c’est, outre une analyse solide de la globalisation, un projet à la fois original et crédible pour la France. La gauche doit à la fois assumer la nation et « penser mondial ». Le Mouvement républicain et citoyen (MRC), qui tiendra son université d’été les 8 et 9 septembre à Saint-Pol-sur-Mer (Nord), peut contribuer à redonner à la gauche ce logiciel puissant qui attirera vers elle les jeunes générations et lui permettra de reprendre pied dans les milieux populaires. Ce n’est pas le PS tel qu’il est, trop enlisé dans ses querelles de personnes, qui peut seul provoquer ce déclic. Il faut imaginer un nouvel Epinay (NDLR: le congrès fondateur du PS en 1971). Il y a place dans notre pays pour un grand parti de gauche républicain, progressiste, moderne. Ségolène Royal a dit, à juste raison, que c’était un effort de longue haleine.
Que retiendrez-vous des dix années de François Hollande à la tête du PS?
Je regrette qu’il n’ait pas cherché à faire une synthèse anticipatrice avant même le référendum sur la constitution européenne entre ceux qui s’apprêtaient à dire non et ceux qui se rangeaient dans le camp du « oui ». Il a tout subordonné au maintien de l’unité d’un parti en fait profondément divisé sur le fond. Mais il mérite des circonstances atténuantes: la tâche était rendue très difficile par le poids de l’héritage.Comment jugez-vous le volontarisme de Nicolas Sarkozy?
Le président de la République mérite d’être jugé sur les actes. Chaque fois qu’il prend des mesures positives, soyons prêts à le reconnaître. Par exemple la gouvernance autonome des universités ou l’amélioration du crédit impôt-recherche sont de bonnes initiatives. D’autres mesures sont moins opportunes, comme les cadeaux fiscaux aux plus favorisés ou encore le voyage de Bernard Kouchner à Bagdad qui n’a pas été une réussite. L’occupation en permanence de la scène médiatique me parait dangereuse, grosse de dérapages.
Que pensez-vous de la candidature Dominique Strauss-Kahn au FMI?
Je le jugerai lui aussi sur les actes.
La France s’aligne-t-elle sur les Etats-Unis ?
Ce que je crains dans la politique de Nicolas Sarkozy, c’est que, sous prétexte de ménager l’hyperpuissance américaine, il ne lui résiste pas quand il le faut. Nous sommes devant un chapelet de crises : le chaos au Moyen-Orient, l’Irak toujours occupé, l’évocation – à mon sens malheureuse – d’un « bombardement » de l’Iran, le ralentissement prévisible de l’économie mondiale, l’euro cher, conséquence de l’affaiblissement du dollar, etc. Or, le gouvernement n’anticipe pas : son budget repose sur une prévision de croissance à 2,5 %. En bien des domaines il risque d’être pris à contre-pied. A mon sens, la France n’a pas intérêt à donner le sentiment d’un alignement systématique sur les Etats-Unis.
Mercredi 29 Août 2007
Chevenement.fr
Créé par sr07 le 29 août 2007 | Dans : Articles de fond
Alors que les discours sur la rénovation de la gauche se multiplient, retour aux sources.
Par Roland Pfefferkorn, professeur de sociologie à l’université Marc-Bloch de Strasbourg, cultures et sociétés en Europe (CNRS)
QUOTIDIEN LIBERATION : mardi 28 août 2007
Les signes du retour des classes sociales dans la discussion publique, savante ou «ordinaire», se multiplient. Les expressions «classe sociale», «classe ouvrière», «classe salariale» et d’autres réapparaissent dans les titres de livres ou d’articles. Cette réapparition s’effectue encore avec une certaine discrétion. Car la disqualification de ce concept semble aller de soi pour nombre d’intellectuels médiatiques ou spécialistes des sciences sociales. La structure de classe des sociétés capitalistes contemporaines a été bouleversée et l’ancienne classe ouvrière «n’est plus ce qu’elle n’a jamais été». De plus, après l’annonce répétée de son avènement, l’immense classe moyenne censée couvrir
80 % de la population serait en train de «disparaître» à son tour. La bourgeoisie par contre est toujours là.
Parallèlement au retour des classes, la critique de la polarisation du regard sur les seuls rapports de classe s’est affirmée. Les transformations de la place des femmes et l’émergence du genre en tant que catégorie d’analyse n’ont pas encore provoqué tous les effets escomptés, tant sur le plan politique que scientifique. Mais, la recherche portant sur les rapports sociaux de sexe s’est imposée dans les sciences sociales. Les rapports de génération et les rapports de «racisation» sont également l’objet d’investigations depuis deux ou trois décennies. Il faudrait apprendre à penser la structure sociale comme un entrecroisement dynamique de l’ensemble des rapports sociaux, chacun imprimant sa marque sur les autres.
Le retour des classes a été précédé et accompagné d’un retour récent de Marx. Ses analyses étaient discréditées dans la conjoncture théorique des années 80 et 90. Celle-ci était profondément marquée par le contexte politique : le déclin puis l’effondrement de l’URSS, la crise prolongée en Europe et sur d’autres continents du mouvement ouvrier et notamment de son modèle social-démocrate, tant dans sa version (post)-stalinienne que socialiste, sans compter les entreprises idéologiques multiformes et systématiques qui toutes visaient à reléguer l’auteur du Capital et les utopies de transformations sociales aux oubliettes. Depuis le milieu des années 90, son œuvre est dégagée progressivement des ornières positiviste et structuraliste dans lesquelles l’enfonçaient certaines lectures réductrices. La distanciation du rapport des intellectuels, en particulier dans les sciences sociales, avec les organisations politiques, notamment le Parti communiste, est aussi un reflet de cette crise. Ces dernières années un grand nombre de travaux de philosophes et de sociologues ont contribué à relire l’œuvre de Marx dans sa cohérence d’ensemble, débarrassée des déformations, des simplifications ou des interprétations problématiques.
Le retour récent des classes sociales fait suite à leur éviction brutale au cours des années 80 et 90. La quasi-disparition d’un «discours de classe en tant que discours de type scientifique à prétention politique» a été attribuée à trois facteurs principaux qui n’épuisent cependant pas la question : l’affaiblissement des liens entre les intellectuels et le PCF ; l’effondrement du noyau central de la classe ouvrière industrielle ; l’invasion de nouveaux discours et de pratiques managériales.
Ce rejet du discours de classe est probablement à inscrire aussi dans un mouvement plus vaste : la quasi-disparition dans les sciences sociales de variables structurelles comme la démographie, l’économie, la technologie, la géographie et la focalisation des spécialistes sur la petite échelle. Les identités ont remplacé les structures au cœur des disciplines, de plus elles sont multiples et instables, et, selon les nouvelles orthodoxies, elles ne sont construites que de «manière discursive». La prise en compte du «sexe social» comme variable structurante est très récente. Elle n’intervient pas en tant que telle dans la littérature sociologique avant les années 70. La prégnance du mouvement ouvrier au cours des années 60 et 70 et l’influence de la tradition ouverte par Marx permet de comprendre aussi que pour théoriser les rapports entre hommes et femmes ce sont des approches en termes de «rapports sociaux de sexe» qui vont se développer dans la sociologie française dans le sillage d’une partie du mouvement des femmes. Le système d’oppression et de domination spécifique des hommes sur les femmes sera également théorisé sous le nom de «patriarcat».
Avec le reflux des conceptualisations en termes de classes (de rapport de classe et de rapports sociaux) et l’influence croissante des élaborations d’origine anglo-saxonne, le genre va se diffuser au cours des années suivantes, lentement en France, plus rapidement dans la plupart des autres pays. La mise au jour de tels rapports sociaux de sexe (mais aussi de rapports de génération) au sein des sociétés occidentales est donc relativement récente. Ces rapports longtemps occultés étaient restés jusqu’alors impensés. Les analyses en termes de genre vont se développer dans un premier temps davantage dans des pays anglo-saxons où les approches en termes de classes sociales (et de rapports de classe) étaient minoritaires dans les milieux académiques au cours des années 50 et 60. Inversement en France les analyses en termes de rapports sociaux de sexes (et de générations) sont élaborées dès les années 70 et 80 et se construisent à partir d’une lecture critique du paradigme marxien. Elles ne se diffusent malgré tout que très parcimonieusement en sociologie, en histoire ou dans le champ des «études féministes».
La remise en cause de l’«Etat social», la promotion du marché comme instance ultime de régulation compensée éventuellement par l’action caritative et la montée de l’individualisme contractuel n’ont pas été sans effet sur les lectures proposées de la structure sociale. Dans la vulgate libérale, sur un marché il y a des individus atomisés, acheteurs et vendeurs, éventuellement négociateurs ou plaideurs, il n’y a pas de classes sociales. La forte montée des inégalités sociales depuis le début des années 80 et le renouveau des conflits sociaux, a cependant conduit une part croissante de sociologues à (re)prendre au sérieux les analyses en termes de classes et à abandonner la rengaine de l’individualisation du social. Le retour en force d’analyses portant sur les classes confirme en outre l’existence de véritables cycles conceptuels. La présence dans le discours sociologique, et plus largement dans le débat public, de la notion de «classes sociales» suit en effet une alternance de phases hautes et de creux. Ces cycles des concepts et des idées semblent correspondre à d’autres cycles renvoyant aux rapports de force tels qu’ils s’expriment dans la société, notamment ceux que d’aucuns appelaient autrefois les «cycles de la lutte des classes».
Dernier ouvrage paru : Inégalités et rapports sociaux. Rapports de classes, rapports de sexes (éd. la Dispute, 2007).
Créé par sr07 le 29 août 2007 | Dans : Gouvernement, Parti socialiste
Pour Cambadélis, il s’agit du «premier dossier noir» du gouvernement.
Par LAURE EQUY
QUOTIDIEN LIBERATION : mercredi 29 août 2007
Le pouvoir d’achat, un cheval de bataille tout trouvé pour des socialistes pressés de dégonfler l’état de grâce présidentiel comme de faire oublier leurs remous internes. Le dossier est au cœur «des inquiétudes des Français à la rentrée», a jugé le porte-parole du PS Benoît Hamon, à l’issue du bureau national, hier. Les leaders socialistes veulent en faire un exemple «des contradictions fortes entre les discours de Nicolas Sarkozy et la réalité», un des thèmes de l’université d’été du PS à La Rochelle, qui s’ouvre vendredi.
«Les Français vont constater que leurs dépenses quotidiennes sont en train de flamber, pronostique le député de Seine-Saint-Denis Claude Bartolone, citant la hausse des prix de l’alimentation, des carburants et du logement . Et ils attendent de nous une opposition nette».
Se fondant sur un taux de croissance plus que mou au deuxième trimestre (0,3 %), et malgré le «rebond» prédit hier par Laurent Wauquiez, porte-parole du gouvernement, pour le troisième trimestre, le PS prévoit les difficultés du gouvernement à boucler son budget et à tenir les engagements de Sarkozy. Selon le député de Paris, Jean-Christophe Cambadélis, «la question du pouvoir d’achat est le premier dossier noir» du gouvernement. «Le choc de croissance va faire pschitt, renchérit Stéphane Le Foll, directeur de cabinet de François Hollande. Après la rupture, on va avoir la facture.»
De son côté, le gouvernement multiplie les contre-feux : de Christine Lagarde, la ministre de l’Economie, proclamant sa vigilance sur le prix du pain aux recommandations de Xavier Darcos, ministre de l’Education, à la grande distribution pour minimiser la facture des fournitures scolaires. Sarkozy est, lui, attendu au tournant jeudi à l’université d’été du Medef, où il doit prononcer un discours sur la seconde étape de sa politique économique.
Créé par sr07 le 28 août 2007 | Dans : Parti socialiste
Quatre mois après la victoire présidentielle de Nicolas Sarkozy, le Parti socialiste est en pleine dépression. Tandis que le chef de l’Etat continue à bénéficier d’une exceptionnelle popularité (69 % selon l’IFOP, 71 % selon la Sofres), les socialistes n’en finissent pas de ruminer leur défaite, de régler leurs comptes et de se désoler d’eux-mêmes et de leur impuissance.
En l’espace d’un week-end, que n’a-t-on encore entendu ! Ici, c’est Arnaud Montebourg qui déplore le « bilan catastrophique » des dernières années. Là, Manuel Valls qui dénonce un parti « miné par le sectarisme » et « sclérosé ». Ailleurs, Michel Rocard qui diagnostique une gauche « en déshérence ». Là encore, Ségolène Royal, pourtant « sans amertume », selon ses propres mots, mais qui n’hésite pas à fustiger l’incapacité du PS à s’organiser « en grand parti moderne, portes et fenêtres ouvertes sur la société ». Sans parler de l’avalanche de livres qui, sous la plume de Lionel Jospin, Claude Allègre, Marie-Noëlle Lienemann, Jean-Luc Mélenchon et d’autres, ne vont pas manquer de remuer les cendres de la défaite.
Bref, les socialistes broient du noir. Mais c’est le contraire qui serait surprenant. Comment imaginer que le principal parti de gauche puisse surmonter, comme par enchantement, les deux traumatismes majeurs du 21 avril 2002 et du 6 mai 2007 ? Car ce double échec, amplifiant celui plus compréhensible de 1995, traduit une crise profonde. Militants désabusés, « éléphants » fatigués, jeunes cadres pressés de tourner la page, chacun le sait parfaitement : le PS souffre d’une triple panne, de leadership, de stratégie et de projet.
Son premier secrétaire, François Hollande, est décrié, isolé, et en partance lors du congrès annoncé au printemps 2008.Ses courants, qui ont longtemps vivifié les débats internes, sont sclérosés et atomisés. Ses alliés historiques – communistes et Verts – sont plongés dans une introspection encore plus morbide. Enfin, sa vision de l’avenir, de la France et du monde est plus contradictoire et nébuleuse que jamais, enfermée dans des « synthèses illisibles », selon la formule de Mme Royal.
C’est donc bien une crise d’identité que le PS doit surmonter. Il serait illusoire de croire qu’il ne lui faudra pas une longue patience, une solide persévérance et une belle énergie pour y parvenir. Après avoir fait mine, avant l’été, de vouloir s’imposer à la hussarde, l’ex-candidate socialiste n’a pas tort de souligner, comme elle vient de le faire, qu’il faut « prendre le temps » de ce « travail collectif de longue haleine ». Il reste que, sous sa houlette ou pas, c’est la responsabilité des socialistes d’engager cette refondation. Il n’y a pas de bonne démocratie sans alternance. Cela suppose une opposition dynamique et crédible.
Article paru dans l’édition du Monde du 28.08.07