Voir sur le site du MRC le communiqué de Michel Sorin du 15 oct. 2007

Réaction de Michel Sorin aux propos de Madame Fisher Boel sur la PAC

Les pouvoirs publics français ont affirmé, à Rennes, vouloir refonder la Politique Agricole Commune (voir sur ce blog l’article paru le 19 septembre dernier, catégorie « agriculture et PAC »). Mais, de son côté, la Commission européenne a exprimé une position très ferme pour ne rien changer à l’orientation néolibérale de la PAC, telle qu ‘elle a été définie en 1992 et confirmée en 2003. Allons-nous assister à un « bras de fer » entre la France et l’Union européenne sur la question agricole, au moment où notre pays s’apprête à prendre la présidence de l’UE au second semestre 2008 ?

Ce n’est pas impossible, tant la Commissaire européenne à l’agriculture, Madame Fisher Boel, semble figée sur des positions qui ne prennent pas en compte la nouvelle donne de l’agriculture depuis un peu plus d’un an. Les prix mondiaux des céréales et des produits laitiers ont sensiblement augmenté, les stocks de ces produits sont au plus bas. Les conséquences sont très importantes au niveau des éleveurs (consommateurs de céréales) et des citoyens européens (consommateurs de produits alimentaires à base de céréales et de produits laitiers).

On pouvait s’attendre à ce que la Commission européenne mette à profit le « bilan de santé » de la PAC en 2008 pour proposer une réorientation de la politique agricole. Certes, on pouvait se douter que ces Commissaires, qui ont fait vœux de néolibéralisme, seraient réticents à se détourner de leur catéchisme ! …

Madame Fisher Boel, soutenue par la Commission, ne semble pas attacher beaucoup d’importance aux déclarations fracassantes, à Rennes, du président de la République française et du ministre de l’agriculture. La France a beau être la première puissance agricole de l’Union européenne, sa voix ne porte pas à Bruxelles. Le fait qu’elle aura la présidence au moment où le point sera fait sur la mise en œuvre de la PAC n’entre pas en ligne de compte.

On mesure à quel point cette Europe s’est construite en s’alignant sur des thèses néolibérales : dérégulation, primauté de la libéralisation et des négociations dans le cas de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). On mesure aussi, à partir de cet exemple significatif, la faiblesse actuelle des pouvoirs publics français, pris dans des contradictions qu’ils n’ont pas levées.

Il est urgent de réorienter la PAC, mais ce ne sera possible qu’en réorientant la politique européenne. Le président Sarkozy ne s’est pas donné les moyens de le faire. Il est allé accepter un traité qui reprend l’essentiel du traité constitutionnel rejeté par les Français. En outre, au vu de la politique de son gouvernement, il ne semble pas être porteur d’un projet mettant en cause les orientations néolibérales. C’est le moins qu’on puisse dire… La Commission européenne en a tiré les conséquences : elle a décidé de jouer la continuité et de résister aux changements souhaités par les dirigeants français.

La gauche doit en tirer la leçon, en liant refondation de la PAC et réorientation de la politique européenne. Encore faut-il qu’elle s’accorde sur la nouvelle politique agricole qu’il faut à la France et à l’Europe pour nourrir sa population correctement, et à des prix acceptables