OPINION . Selon le sondage CSA pour l’Humanité, les salariés de la fonction publique qui, eux aussi, seront mobilisés demain recueillent la sympathie d’une majorité de Français.

Alors que la grève à la SNCF et à la RATP entre dans son sixième jour, la journée de mobilisation de la fonction publique, qui sera marquée demain par des arrêts de travail et des manifestations dans toute la France, recueille sympathie et soutien de la part de la majorité des Français. C’est ce que révèle notre sondage CSA pour l’Humanité. 53 % des sondés se déclarent en phase avec le mouvement (33 % disent soutenir la journée d’action et 20 % ont de la sympathie). Seulement 29 % éprouvent de l’hostilité ou se déclarent opposés à cette journée dédiée à la lutte pour de meilleurs salaires, pour l’emploi et le service public.

Cette étude réalisée en plein conflit du rail indique un état de la société très différent de l’image renvoyée par la campagne des grands médias audiovisuels, qui réduirait la France à une opposition entre salariés grévistes et « usagers en galère ».

La journée d’action de demain est créditée d’un soutien sensiblement plus large que celle du 14 novembre sur les régimes spéciaux de retraite. Le précédent sondage CSA pour l’Humanité (1) faisait état d’un taux de soutien et de sympathie de 45 % face à un pourcentage d’hostilité ou d’opposition ne dépassant pas, néanmoins, 35 %. La première journée de mobilisation, celle du 18 octobre (2) avait reçu l’appui ou la sympathie de 54 % des sondés et rencontré l’hostilité de 26 %. On observera, en dépit de ces fluctuations, que jamais, dans les trois sondages consécutifs, réalisés à quelques semaines d’intervalle par l’institut CSA, le pourcentage des sondés hostiles ou opposés à ces mouvements ne s’est révélé majoritaire. Constatation qui ramène à de plus justes proportions les affirmations répétées à l’envi sur l’impopularité de la grève et l’isolement supposé des grévistes.

Le pouvoir d’achat – la première préoccupation actuelle des Français -, l’emploi et l’avenir des services publics sont des thèmes fédérateurs. La bonne opinion dont bénéficient les fonctionnaires et l’attachement des Français à des services publics qu’ils ressentent comme menacés participent de la popularité du mouvement. Les salariés sympathisent pour 59 % d’entre eux avec la grève des fonctionnaires. Ceux du secteur public, en premier lieu, avec un taux favorable de 73 %, mais aussi 54 % des salariés du secteur privé disent être aux côtés des travailleurs de la fonction publique. Ce sont les ouvriers (66 %) et les employés (63 %) qui manifestent le plus massivement leur solidarité. La suppression de quelque 22 000 postes de fonctionnaires au budget 2008, une carte judiciaire réduite comme peau de chagrin, la désertification des services publics dans des zones rurales, autant de sujets d’inquiétude qui concernent les citoyens et dépassent très largement les seuls fonctionnaires.

(1) Sondage exclusif CSA-l’Humanité réalisé les 7 et 8 novembre.

2) Sondage exclusif CSA-l’Humanité réalisé le 10 octobre.

Jean-Paul Piérot