Dans la frénésie quotidienne d’une vie politique rythmée par des déclararations tonitruantes pour endiguer la montée des insatisfactions, les dernières déclarations de N Sarkozy n’offrent aucune perspective sinon celle de voir rogner rapidement les hypothétiques gains de pouvoir d’achat par une compression de la rémunération du travail. C’est un vrai jeu de dupes que d’imaginer ce troc entre la flexibilité accrue de l’organisation du temps de travail et la remise en cause des 35 heures contre l’augmentation du pouvoir d’achat.

Que la France ait besoin de travailler plus : nul n’en disconvient. On reproche assez l’incapacité de notre société et du patronat à permettre l’activité des séniors avec un taux ridiculement bas d’actifs chez nos quiquagénaires. On déplore l’existence d’un chômage structurel et massif, la montée des travailleurs pauvres dont le statut précaire interdit jusqu’à la possibilité de trouver un toît et le développement d’une marginalisation de franges importantes de la population vivant avec les seuls minima sociaux. Ce n’est pas l’attitude face au travail qui est la question centrale dans ces situations mais bel et bien la nature d’une organisation socio-économique qui fabrique de l’exclusion et du sous-emploi. L’existence d’une  » armée de réserve industrielle «  formée des bataillons de précaires permet d’ailleurs une pression sur les salariés dont la rémunération reste tributaire du marché du travail :  abondance de main d’oeuvre dans un secteur donné entretenant les bas salaires et rareté des ressources  favorisant la revalorisation salariale. Dans la fonction publique le paiement d’heures supplémentaires, très marginal au demeurant, relève un peu de la farce sinon de la provocation quand le solde d’heures non payées est encore loin d’être réglé comme ces fonctionnaires hospitaliers qui attendent avec impatience leur dû.

La réalité c’est que la sous activité organisée est le prix à payer d’une société régulée par le seul profit dont la recherche effrénée conduit même aux licenciements boursiers. Le retour sur dividendes plutôt que sur investissements productifs, l’enrichissement plutôt que l’équité  par les disposifs pervers du bouclier fiscal et de l’exonération sans contre-parties des prélèvements sociaux pour les plus riches, le partage de la valeur ajoutée toujours au détriment du travail : tels sont les traits dominants d’une politique de l’offre qui détricote le pacte social et républicain jusqu’à l’absurde dans un contexte d’immersion de la France dans l’Europe libérale et le marché mondial.

Le gouvernement est en panne. Il traverse une première crise de confiance qui ne fera que s’aggraver du fait de l’inadéquation de ses réponses avec les attentes populaires sur le pouvoir d’achat. Il n’y a pour lui qu’une seule issue : celle de suivre les remèdes de chiens de ses déclinologues favoris qui hantent le palais de l’Elysée et de pousser encore plus loin le bouchon dans le sens d’une inversion du partage de la valeur ajoutée. C’est cela l’essentiel et c’est contre cette politique que nous devons bander tous nos efforts pour organiser la résistance du monde du travail  dans cette lutte impitoyable des classes dominantes et des élites mondialisées pour la promotion de leurs privilèges.

La politique à gauche aujourd’hui n’a pas d’autres sens. Elle passe par la large union de tous les progressistes et par la capacité à souder un vaste front citoyen contre la liquidation d’un modèle social et pour la promotion d’un projet de société juste et solidaire qui redonne toute sa place au travail. N’est-ce point  le défi majeur d’une gauche d’avenir?

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