Trop plein d’égards et grands écarts : déraison d’Etat ou ruse de chef ?
Créé par sr07 le 11 déc 2007 à 16:51 | Dans : a1-Abc d'une critique de gauche. Le billet de XD, a4-Le blog citoyen croque la droite
On connaît la célèbre distinction établie par Max Weber entre l’éthique de la conviction et celle de la responsabilité. Cette différenciation renvoie schématiquement aux registres de la morale et de l’intelligence dans l’action publique. Le génie politique ne saurait pourtant se confondre avec la raison d’Etat ou la réalpolitik au nom desquelles on absoud tous les débordements criminels sous de fallacieux prétextes nationaux ou internationaux.
La réception du chef d’Etat Libyen est sans doute, de ce point de vue, quelque peu ambivalente. L’arrêt des fatwas sur de prétendus » Etats voyous » n’est pas pour nous déplaire mais on s’étonnera avec raison de la surprenante volte-face diplomatique opérée par le président converti à la réalpolitik depuis son accession à la présidence. Nicolas sarkozy, candidat n’avait pas de mots assez durs envers sa challenger en matière de droits de l’Homme. Il rompt à présent, dans l’exercice de ses fonctions, l’équilibre entre préoccupations diplomatiques, commerciales et humanistes, le jour même de la célébration internationale des droits de l’Homme.
L’alignement final de la fraction gouvernementale « droit de l’hommiste » aux déraisons du président n’étonnera que les naïfs! C’est en effet pure confusion que d’amalgamer » devoir d’ingérence » et entreprise humanitaire. En érigeant en argument d’autorité l’impact économique positif sur la croissance et l’emploi en France de la conclusion de nombreux contrats avec la Libye, le président évacue un peu rapidement la question du respect des droits de l’Homme. On ne saurait d’ailleurs confondre les intérêts des entreprises avec ceux des salariés et des consommateurs français.
Dans cette affaire, le président aurait été plus avisé de ne pas sacrifier les principes sur l’autel des intérêts particuliers et de la réalpolitik. Après de tels retournements, ne peut-on pas légitimement s’interroger sur les fondements d’une diplomatie trop accommodante et bien décalée avec les discours de campagne? Le président n’en est plus à une contradiction près. Ne le sentait-on pas tout à fait capable de pervertir le registre moral quand il s’agissait de justifier la folle diplomatie américaine à l’égard des » Etats terroristes » il y a peu encore? Cette subversion du verbe justifie le grand écart entre les mots et l’action. Elle masque les intentions et participe de la manipulation des opinions publiques. N’est-ce point une manière paradoxale mais bien adroite de préparer les fortes inflexions prochaines d’une diplomatie de la girouette qui aura définitivement largué ses amarres gaulliennes sous l’égide européenne? Foin des principes! Et en avant toute selon l’opportunité du moment… Hier au nom de la libération des otages, aujourd’hui pour de prétendues retombées économiques et demain pour la cohésion de l’Europe et de l’OTAN. On n’en sera plus à un grand écart près!
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