La génération de politiques et intellectuels qui a décidé de bannir la cigarette de tous les lieux publics est aussi celle pour qui il était autrefois « interdit d’interdire ». Une génération…culottée.


Campagne contre le tabac

Mille merci adressés aux quinquas et sexagénaires soucieux de ma santé et de celle de tous, qui, par décret s’autorisent à interdire de fumer dans tous les lieux publics. Je me souviens de cette génération pour qui il était interdit d’interdire, qu’il ne fallait jamais oh grand jamais frustrer ni contredire : génération de toutes les permissions. Ces hommes et ces femmes qui aujourd’hui font notre société ont sans doute la mémoire un peu courte.

Il n’est pas très loin le temps où les plateaux télé étaient enfumés par nos politiques, des intellectuels et autre donneurs de leçon. Ces mêmes personnes pour lesquelles arrêter de fumer prend un sens aujourd’hui : problèmes personnels de santé, maturité « aigrissante » ou bien phénomène de mode.
Il n’est pas beaucoup plus loin le temps où le paquet de cigarettes faisait partie du trousseau militaire ; eh oui ! fumer à l’époque aurait pu être une obligation nationale. Le temps où certains professeurs grillaient leurs cigarettes dans les salles de cours. Pas loin non plus le temps des nausées, enfant, à l’arrière d’une voiture ou d’un bus, et ce nuage de fumée stagnant au dessus des berceaux.

Quelle est cette société qui juge utile de nous priver de libertés pour nous rendre responsables? Je suis trentenaire et je choisis de continuer de fumer. Je n’attends pas qu’on me demande de sortir fumer lorsque je suis entouré d’un groupe de non-fumeurs. Je doute que les bars et les discothèques soient fréquentés par une majorité de ces mêmes non fumeurs. Il a bon dos le barman à qui on souhaite protéger ses poumons.

Je suis sidéré et trouve mes aînés culottés d’en arriver à poser des interdictions qu’eux-mêmes n’auraient pu accepter il y a 20 ou 30 ans. Faites ce que je dis mais pas ce que j’ai fait ! Pardon à ceux qui se sentent concernés par ces quelques mots ingrats mais ils démontrent une grande amertume vis-à-vis d’une catégorie de personnes qui n’en finit pas d’être gâtée, ne tolérant que leur bien-être et leur confort personnel.


 

Jeudi 03 Janvier 2008

Manuel Allard dans Marianne