février 2008

Archive mensuelle

De la parole aux actes

Créé par le 29 fév 2008 | Dans : Gouvernement

Devant le Parlement sud-africain, Nicolas Sarkozy a prononcé, jeudi 28 février, un discours ouvert et audacieux. S’appuyant sur les réussites de l’Afrique du Sud, le président français a appelé à une « refondation » des relations entre la France et l’Afrique. Pour écarter le soupçon de néocolonialisme, il a annoncé la renégociation des accords militaires qui, depuis les indépendances africaines, servent notamment de support juridique à la présence de bases de l’armée française. 

Le transfert progressif à l’Union africaine de la responsabilité du maintien de la paix sur le continent à l’horizon 2012 ne peut qu’être salué. Tout comme le souci de transparence affiché, avec l’annonce de la publication des prochains accords de défense et l’intervention du Parlement français dans la définition des orientations de la politique africaine. Aussi louable apparaît la profession de foi de M. Sarkozy, selon qui « le meilleur garant de la paix et de la sécurité en Afrique (…), c’est la démocratie et la justice »

Malgré ces belles paroles, la veille de son discours, M. Sarkozy a encore, au Tchad, agi de façon tout à fait différente. A N’Djamena, il a multiplié les déclarations tendant à prouver sa vigilance, trois semaines après la disparition de deux dirigeants de l’opposition, enlevés à leur domicile, selon des témoins, par des membres de la garde présidentielle du président Déby, mais dont le pouvoir dit être sans nouvelles. M. Sarkozy a présenté comme une victoire la création d’une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur ces disparitions, mais cette instance, composée en réalité par le pouvoir tchadien, ne risque guère de débusquer une vérité dérangeante. Elle apparaît comme un leurre cautionné par Paris.

De même, la promesse de relance d’un dialogue politique entre le régime d’Idriss Déby et son opposition n’a guère de sens tant que les dirigeants de l’opposition restent introuvables. Par ailleurs, on discerne peu, dans la manière dont les militaires français de l’opération Epervier ont contribué, le 3 février, à sauver le pouvoir d’Idriss Déby menacé par une offensive rebelle, la mise en oeuvre de l’idée selon laquelle la sécurité de l’Afrique serait l’affaire des Africains.

Ces comportements incitent la jeunesse africaine à dénoncer une politique injuste à leur égard, voire « néocoloniale », comme M. Sarkozy l’a lui-même noté au Cap. Le décalage entre un discours sur la fin de l’arrogance à l’égard des Africains, d’une part, et le soutien aux dictatures ou le silence face à la répression, d’autre part, ne pourrait déboucher que sur de cruelles désillusions. M. Sarkozy a promis d’en finir avec la « Françafrique » de ses prédécesseurs. Il doit tenir cette promesse et passer de la parole aux actes.

L’euro, un malentendu à lever

Créé par le 29 fév 2008 | Dans : Blog du Che, Economie, Le Che, Pour une autre Europe

Par Jean-Pierre Chevènement ancien ministre, président d’honneur du MRC, tribune parue dans Libération, jeudi 28 février 2008

Un malentendu historique originel pèse sur l’actuelle politique économique de la zone euro. La France a cru s’approprier avec l’euro la puissance du mark allemand, mais, en fait, c’est l’Allemagne – en l’occurrence Helmut Kohl et le président de la Bundesbank de 1988 à 1991, Karl Otto Pöhl – qui a imposé ses conditions à la France : indépendance de la Banque centrale, critères de convergence astreignants, prolongés par le pacte de stabilité conclu à Amsterdam en 1997.

Le modèle allemand – lutte exclusive contre l’inflation, indifférence au taux de change – a mis la croissance européenne en berne depuis 1991 et a fait de l’Europe le spectateur impuissant de son déclin économique. Certes l’Allemagne peut aujourd’hui se targuer d’un excédent commercial de 200 milliards d’euros en 2007, mais celui-ci est la contrepartie d’une compression des coûts salariaux et de la demande interne depuis sept ans, qui entraîne chez elle une croissance encore plus faible que chez ses partenaires de la zone euro. La politique économique allemande n’offre pas seulement l’exemple d’une stratégie non coopérative en Europe. Elle constitue pour l’Allemagne même un choix malthusien, privilégiant les intérêts des rentiers et du capital financier sur ceux du monde du travail et sur la croissance.


Que faire face à la récession qui s’étend inexorablement ? Le pacte de stabilité fonctionne à contre-emploi, et la Banque centrale européenne refuse de baisser ses taux. A peu près tous les responsables politiques en France, de gauche ou de droite, ont réclamé depuis des années un gouvernement économique de la zone euro (1), voire un changement des statuts de la Banque centrale, des pouvoirs réels donnés à l’Eurogroupe [ministres de l’Economie des pays de la zone euro, ndlr] pour lutter contre l’appréciation du change, la non-prise en compte dans le calcul des déficits budgétaires des dépenses publiques consacrées à la recherche, etc. La ratification du traité de Lisbonne semble avoir enterré ces velléités de réforme.

La France et l’Europe restent tétanisées face à la fuite en avant du système étatsunien : surendettement intérieur et extérieur, chute du dollar, enlisement au Moyen-Orient. Nos réflexes sont d’un autre temps : celui où les épargnants allemands grugés par la spoliation originelle de 1948 assignaient la défense de l’épargne comme seul objectif à la Bundesbank. La Banque centrale européenne maintient dans un contexte entièrement nouveau les priorités de la «Buba». L’économie française étouffe d’avoir importé un modèle qui ne convient ni à sa démographie ni à son industrie… Deux facteurs peuvent cependant conduire à l’avènement d’un véritable gouvernement économique de la zone euro : la pression des Etats-Unis en vue de provoquer une relance européenne, à travers l’acceptation de déficits accrus, et le basculement prévisible des mentalités outre-Rhin. Les syndicats allemands en effet supportent de plus en plus mal la cure d’austérité qui leur a été imposée depuis sept ans. Avec le ralentissement économique, le commerce extérieur allemand, selon la fédération du patronat allemand, cessera de contribuer en 2008 à la croissance. Comment enfin ne pas voir que le surgissement au-dessus de la barre fatidique de 5 % des voix d’un nouveau parti à gauche de l’échiquier politique allemand – die Linke – peut peser de manière déterminante dans le sens d’une réorientation keynésienne de la politique économique ? Le SPD sera obligé de tenir compte de ce nouveau partenaire, et c’est tout l’axe de la politique allemande qui peut se déplacer dans les années qui viennent. La levée du malentendu originel sur l’euro ouvrirait un nouvel horizon à la coopération franco-allemande. La zone euro pourrait alors jouer le rôle d’un espace keynésien. Ce serait l’intérêt de l’Europe, mais aussi des Etats-Unis et du reste du monde.

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(1) Un colloque a été organisé à ce sujet par la Fondation Res Publica le 18 février à Paris. www.fondation-res-publica.orgVoir la tribune sur le site de Libération

Jeudi 28 Février 2008

Jean-Pierre Chevènement

La culture victime de Sarkozy

Créé par le 29 fév 2008 | Dans : Gouvernement

Subventions en baisse, budgets d’austérité, la politique culturelle du gouvernement est contestée. Mobilisation nationale aujourd’hui.

Gérard Lefort

QUOTIDIEN LIBERATION : vendredi 29 février 2008

Le 4 avril 2007, le candidat de la droite s’exprimait sur la culture : «Je veux que la culture soit faite pour le peuple.» Lénine ? Non, Sarkozy. Une fois devenu hyperprésident, Nicolas Sarkozy envoyait le 1er août une «Lettre de mission» à Christine Albanel, ministre de la Culture. Où il développait ses «priorités» (défense de la diversité culturelle, valorisation du patrimoine…) mais en les augmentant d’un diagnostic asséné comme une évidence : «L’échec de la démocratisation culturelle. Financée par l’argent de tous, elle ne bénéficie qu’à un tout petit nombre.» S’en suivait un nouvel appel au peuple, pour faire passer l’acidité du plat de résistance : «La démocratisation culturelle, c’est veiller à ce que les aides publiques à la création favorisent une offre répondant aux attentes du public.» Privilégier la demande (du peuple) plutôt que l’offre (des créateurs), obligation de résultats, menaces d’un contrôle et de sanctions via l’audimat des publics que, dès lors, il aurait été plus franc d’appeler des clients. La grenade des «lois du marché» était jetée dans le jardin de la culture.

«Austérité».On la crut désamorcée lors de la présentation le 26 septembre du budget de la Culture par Albanel. Environ 3 milliards d’euros, en progression de 3,2 % (lire ci-contre). Mais au fil du temps, d’un budget «en hausse», on passa à un budget «reconduit» par rapport à 2007 (en français, en baisse, compte tenu de l’inflation) puis à «un budget d’austérité», formule employée par Albanel lors de ses Entretiens de Valois annoncés comme le Grenelle de la culture. Au nom d’une rentabilité à courte vue (dont la réduction du nombre des fonctionnaires dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques), la baisse des subventions tous azimuts devrait être de 20 %.

Panique dans le monde de la culture. Et nouvelle tentative de déminage avec ces Entretiens de Valois dont le but, classique en stratégie des entreprises, fut de diviser pour mieux embrouiller. En janvier, la ministre, lyophilisant la culture au seul domaine des arts vivants, ménageait ce qu’elle appelle «le cœur de réseau» (Scènes nationales et Centres dramatiques nationaux). A cette loterie ne récompensant que les «notables» (déjà abondamment subventionnés), ce sont mathématiquement les petits qui sont appelés à souffrir. Le vent de panique vire alors à la tempête et la tentative d’enfumage tourne court.

Mercredi au théâtre de l’Odéon (Libération d’hier), la réunion du ban et de l’arrière-ban des metteurs en scène du théâtre public est à cet égard «historique» : les gros ont frayé avec les petits pour un mouvement de solidarité et de très mauvaise humeur. Preuve que le malaise, s’il est indexé sur les restrictions budgétaires, est plus fondamentalement causé par la décision d’imposer à la politique culturelle des modèles économiques relevant de l’idéologie libérale la plus benoîte.

La ligne générale est au désengagement de l’Etat (à l’exception des grands établissements vedettes), sur l’air d’un «démerdez-vous» qui recouvre aussi bien l’incitation à faire entrer massivement le secteur privé dans le système culturel (mécénat, parrainage…) ou à créer des services ou des activités commerciales propres (les fameux «produits dérivés») que la délégation aux régions. Ce qui dans tous les cas fait songer au leitmotiv des martiens envahissant la planète Terre dans le film Mars Attacks de Tim Burton : «Ne courez pas, nous sommes vos amis.» Car il est évident qu’un groupe privé (au hasard LVMH) ira à une manifestation culturelle de prestige destinée à dorer son blason, de préférence à un zébulon bidouillant de l’art numérique dans un garage de Charleville.

Clientélisme. L’accroissement de la délégation des décisions budgétaires aux régions n’est guère plus convaincant. La politique de décentralisation culturelle ne date pas de l’ère Sarkozy. Les Drac (Directions régionales des affaires culturelles) ont été créées en 1977. Ce système a ses vertus (notamment via les Frac, Fonds régionaux d’action culturelle, avec la constitution et la diffusion de collection d’œuvres d’art contemporain de qualité).

Mais faute d’avoir été accompagnée d’une politique de formation de cadres culturels locaux compétents, la délégation a induit un défaut fondamental : le clientélisme, voire le populisme régionaliste. Dans une période de restrictions budgétaires, on voit mal comment ce défaut ne pourrait pas dégénérer : soutien prioritaire à la culture spectaculaire et aux «amis», l’un n’excluant pas l’autre. Verra t-on au nom du principe de rentabilité économique appliqué à la culture, tel responsable de théâtre subventionné, tel responsable de musée, soumettre sa programmation aux élus locaux ? Dans certaines régions, ce cauchemar est déjà d’actualité.

«Speedy Sarko» jugé par la presse étrangère

Créé par le 28 fév 2008 | Dans : Gouvernement

Grande-Bretagne Sarkozy l’hyperactif

«M. Sarkozy est déterminé à rester M. Sarkozy», observait lundi, The Independent. Le quotidien rappelait que «l’entourage de l’hyperactif et belliqueux président Sarkozy l’avait supplié de rester à l’écart de toute controverse et essaie d’instaurer une atmosphère résolue et calme. La réponse est venue ce week-end (au salon de l’agriculture) (…)» «Pendant ce temps, les relations difficiles entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont encore empiré, poursuit le journal. Angela Merkel est irritée par le style familier de Nicolas Sarkozy et ses tentatives pour créer l’union méditerranéenne, qui pour Berlin risque d’affaiblir l’UE.»

Mercredi, le quotidien britannique livrait une nouvelle analyse de la présidence française: «Pour ses partisans, ça ressemble à une tragédie; pour ses ennemis à une farce. Mais personne ne pourra nier que Nicolas Sarkozy a injecté un puissant sens du drame dans la présidence depuis son entrée en fonction. Ça a commencé plutôt tranquillement avec du jogging: le deuxième acte impliqua un somptueux yacht. Depuis, il y eut une scène de divorce tendue, suivie par l’arrivée d’une top-model et un mariage clandestin. On a maintenant droit à un langage d’agriculteur dans un salon de l’agriculture. Il y a eu de la politique, aussi, mais pas de quoi distraire les gens de l’action principale.»

Etats-Unis Plus américain que les Américains

Dans le New York Times, l’éditorialiste Roger Cohen explique comment Nicolas Sarkozy a brouillé les frontières de la fonction présidentielle «à la française» pour se rapprocher d’un modèle plus américain, alors même que les Etats-Unis, eux, semblent aller vers plus de «maturité». «Les Américains étaient puritains ou adolescents ou naïfs ou moralisateurs bigots. Les Français étaient cyniques, incorrigibles, avisés et mielleux. (…) Mais ces images, ou si vous préférez ces stéréotypes, ont commencé à se brouiller ou même à s’inverser. Quel Président, après tout, parle actuellement de Dieu comme le « rampart » contre « la folie des hommes »? Quel Président paie lourdement dans les sondages les montagnes russes de sa vie privée? Que public semble davantage intéressé par les aventures sexuelles de ses leaders politiques ? , interroge le journaliste (…) Les Américains, à l’inverse, semblent avoir grandi. (…) Donc, pour une dose de moralité religieuse coincée, essayez la rive gauche. Mais si vous préférez un peu de débauche et de souplesse, prenez vers le Potomac.»

Belgique La dépatouille

Pour la Libre Belgique, «le Président se dépatouille, laborieusement, de la controverse sur son insulte.» Mais le quotidien francophone analyse, sondage à l’appui, que Nicolas Sarkozy «convainc nettement l’opinion sur la prison à vie pour les criminels sexuels». Mardi, la Libre estimait que «la droite fait donner la grosse artillerie pour tirer le Président d’un mauvais pas. Sa personnalité n’est pas hystérique ni indigne, mais « authentique » et « virile ». Il ne tente pas le coup de force institutionnel, mais veille à « la sécurité » des gens »

Québec Le «flou» des règles journalistiques

Le quotidien La Presse s’intéresse à l’interview donnée par Nicolas Sarkozy aux lecteurs du Parisien, et revient sur le rajout concernant les excuses présidentielles effectué par l’Elysée lors de sa relecture avant publication: «Il s’agit d’une pratique courante dans la presse française: non seulement les responsables politiques, mais aussi les grands patrons ou même des écrivains, exigent de revoir le texte des interviews avant publication. Et y apportent leurs propres corrections, pour des raisons de style ou de nuance. Certains journaux mentionnent alors que le texte a été « revu et amendé ». La règle tacite veut que les corrections ne touchent pas à l’essentiel de l’interview, mais c’est une règle extrêmement floue.»


Allemagne «Speedy Sarko»
«Nicolas Sarkozy a-t-il sali la fonction présidentielle?» s’interroge le Spiegel, au lendemain de l’altercation du chef de l’Etat au Salon de l’agriculture. L’hebdomadaire allemand qui, comme nombre de ses confrères d’outre-Rhin, surnomme le Président «Speedy Sarko» et le juge «hyperactif», souligne le «manque de calme» et de «contenance» de l’hôte de l’Elysée. Et le Spiegel de rappeler l’épisode du Guilvinec et «l’échange vulgaire» entre le Président et un marin-pêcheur finistérien.De son côté, le Frankfurter Allgemeine Zeitung pose une question: « Nicolas Sarkozy représente-t-il la fonction de chef d’Etat avec la dignité qu’elle demande? » Et le quotidien de se faire l’écho du débat qui anime la France actuellement, avant de rappeler quelques déclarations récentes du Président, dont celle sur «le caractère génétique de l’homosexualité».

Chine «Il a du caractère»La quasi totalité des médias chinois font état de l’échange entre le chef d’Etat et un visiteur au Salon de l’agriculture. La traduction chinoise rend les mots du Président moins forts que l’original. La vidéo est visible sur plusieurs plateformes chinoises de partage (les équivalents de Dailymotion et Youtube), bien que peu de Chinois comprennent le français. Pour nombre d’internautes, cet incident rend Sarkozy plus sympathique et nourrit des discussions passionnées sur la démocratie.

«Il a du caractère», un commentaire partagé par nombre d’internautes chinois, selon un article paru sur le site Xinhua, de l’Agence Chine nouvelle. «C’est quoi la démocratie ? C’est que le Président et un simple citoyen peuvent s’insulter», exprime un internaute. Selon l’auteur de l’article, le Président est un homme, mais pas Dieu, il a ses qualités et ses défauts. «C’est justement la démocratie occidentale qui permet à un citoyen d’insulter son chef d’Etat.»

L’autre sujet de commentaires de la part des médias chinois concerne la vie privée du Président, «son coup de foudre avec son épouse», nombre de livres revenant sur «l’histoire d’amour» du couple présidentiel. Le site de China Radio s’intéresse ainsi au livre Carla Bruni, Itinéraire sentimental, qui est-elle vraiment?, abordant en détails la vie privée du président français, très suivie par les Chinois.

LIBERATION.FR : jeudi 28 février 2008

Nicolas Sarkozy face à la tourmente, par Edgar Pisani

Créé par le 28 fév 2008 | Dans : Gouvernement

Nous voici à quelques semaines d’élections départementales et communales qui exprimeront le désarroi de notre opinion publique. Que peut-il se passer ?

Nicolas Sarkozy a perdu la confiance qu’il avait su inspirer il y a quelques mois. Son « je » omniprésent, la « commissionnite », le rabattage d’experts, une course effrénée en politique intérieure et extérieure, des vacances spectaculaires, une attitude désinvolte et contraire à la Constitution à l’égard des plus hautes juridictions du pays, une algarade vulgaire au coeur d’une foule nombreuse, sous le regard indiscret des télévisions… tout lui a fait et lui fait perdre le soutien de la majorité de ceux qui ont cru en ses promesses.

Aimant choquer avec l’espoir de convaincre, il a scandalisé sans convaincre. Y compris nombre de « ses » élus. Il ne bénéficie plus, ni à l’étranger ni en France, du respect ou de la considération qui sont les attributs de la magistrature suprême et la condition de son bon exercice.

Les élections législatives ont montré qu’existent des forces significatives qui ne le reconnaissent pas. Dans leurs diversités locales, les élections prochaines manifesteront sans doute qu’il y a deux France : celle d’un pouvoir sûr de lui et celle de la société avide de n’être plus un objet de la politique.

LA FRANCE QUI « EN A MARRE »

Si la tendance manifestée par les élections régionales de 2004 se trouve confirmée, renaîtra l’opposition entre la France d’en haut qui abuse de son pouvoir et la France d’en bas qui « en a marre » de subir. La première est saisie de doutes, la seconde est plus nombreuse que jamais. Les analyses d’opinion confirment ce renversement. On peut, dès lors, élaborer trois hypothèses. Dans la première, la « majorité présidentielle » demeurant fidèle au poste, le président change de comportements mais pas de politique.

Dans la seconde, soucieux de leur avenir, les élus de la « majorité présidentielle » suggèrent, dans les couloirs, un arrangement avec l’opposition.

Troisième hypothèse enfin : le président invite toutes les tendances à une « conférence nationale » à laquelle il confie pour une durée limitée la mission de proposer décisions et textes répondant aux problèmes immédiats et fondant l’avenir du pays.

« Conférence nationale », car la France a besoin de se réconcilier avec elle-même et d’ouvrir les chantiers de son avenir. Elle est la seule qui vaille parce que tous les Français y participent par leurs élus et qu’elle peut être constituée sur-le-champ. Il faut, pour cela, que le président renonce à une partie de son programme et à sa désinvolture constitutionnelle ; que l’opposition ait un programme positif élaboré ; enfin, que chacune des parties s’engage à négocier et à appliquer loyalement les conclusions de la conférence nationale.

La tourmente est proche. L’état de la France est tel que la seule victoire est aujourd’hui dans la conclusion d’un pacte démocratique de crise. Sinon, quoi ?



 

Edgar Pisani, ancien ministre.

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