UE: Voie ouverte au mini-traité
Créé par sr07 le 04 fév 2008 à 22:43 | Dans : La France trahie
Les députés et sénateurs, réunis en Congrès à Versailles, ont adopté lundi la révision du chapitre 15 de la Constitution. Les parlementaires ouvrent ainsi la voie à une ratification du traité de Lisbonne. Dans une ambiance solennelle, la droite a appelé à relancer l’Europe, les communistes à s’opposer à un projet libéral. Les socialistes se sont, eux, exprimés en ordre dispersé.
Comme prévu, les parlementaires français ont voté la modification de la Constitution permettant la ratification du traité de Lisbonne. Réunis en Congrès à Versailles, députés et sénateurs devaient se prononcer sur la révision du chapitre 15. La droite appelait à voter oui, les communistes à s’opposer et les socialistes préconisaient l’abstention. Sur 893 parlementaires présents, 152 n’ont pas pris part au scrutin. Les trois-cinquième des voix requis ont été atteints, avec 560 votes positifs contre 191. Les deux chambres pourront ainsi ratifier mercredi le texte.Si l’issue était connue par avance, la journée versaillaise n’en a pas perdu pour autant de sa solennité. Les groupes parlementaires se sont succédé à la tribune pour expliciter leur vote. Le Congrès a été ouvert par le Premier ministre. François Fillon a invoqué la dimension historique de la séance. « C’est un vote qui distingue les acteurs et les spectateurs de l’Histoire« , a-t-il lancé aux parlementaires, relayé par François Sauvadet, président du groupe Nouveau Centre à l’Assemblée nationale, qui a appelé à se prononcer fermement pour le oui ou pour le non. « Je regrette l’attitude ambigüe du Parti socialiste« , a souligné le député.
Le spectre de 2005
Le PS était en effet sous le feu des attaques. Le parti de gauche a choisi de s’abstenir sur la révision constitutionnelle mais d’approuver la ratification même du traité. Une position d’équilibriste qu’a tenté d’expliquer Pierre Moscovici. Sous les ors du château de Versailles, il s’est écarté de la solennité ambiante pour souligner qu’il s’agissait d’une « étape surtout technique« . Officiellement, les socialistes s’abstiendront puis voteront oui pour donner une dynamique à l’Europe tout en protestant contre la voie parlementaire choisie pour la ratification. « Ce n’est pas le traité que nous aurions négocié, mais c’est le traité qui permettra de sortir l’Europe de l’impasse« , a réaffirmé François Hollande dans les couloirs de Versailles.
Les communistes se sont opposés à la réforme, estimant que le traité était similaire au texte repoussé par les Français en 2005. « Vous liez la France aux quatre volontés d’une Europe super capitaliste« , a déploré Alain Bocquet, député communiste. L’ombre du non au référendum de 2005 a plané sur cette journée. Alors que les parlementaires de gauche l’invoquaient pour s’opposer au texte ou réclamer un nouveau vote populaire, la droite y voyait la motivation principale pour valider le traité et refaire de la France le moteur de l’Europe. « Nous avions jeté une Europe qui espérait en nous dans l’étonnement et le doute, a estimé François Fillon. Nous avions contracté la responsabilité de relancer l’élan que nous avions contribué à briser. »
Une ratification cette semaine
L’UMP a d’ailleurs martelé que le texte d’aujourd’hui n’était pas celui de 2005, afin de repousser les peurs qu’a pu susciter le traité constitutionnel précédent. La formule est venue de Jean-François Copé: « Ce n’est pas une constitution, c’est un mode d’emploi européen. » L’explication est signée François Fillon: « Le texte ne se place pas au-dessus des autres traités européens. » Quant au choix de la voie parlementaire plutôt que référendaire pour la ratification, l’UMP brandit le résultat de l’élection présidentielle: en choisissant Nicolas Sarkozy, les Français ont approuvé son programme qui prévoyait ce mode d’approbation.
Avec son ironie habituelle, Jean-François Copé a souligné qu’il n’enviait pas la position d’équilibriste de Pierre Moscovici. Ce dernier a lui-même semblé éluder au plus vite la question. De fait, 32 socialistes ont voté pour, 121 se sont prononcés contre le texte et 142 se sont abstenus. Alors que certains socialistes voteront deux fois oui et d’autres non, le secrétaire national du PS aux relations internationales a préféré une autre échéance: la présidence française de l’Union européenne, au deuxième semestre. Le député a appelé Nicolas Sarkozy à se concentrer « sur les vrais besoins des Européens« .
Pourtant, le processus n’est pas achevé, avant que la France ne devienne le quatrième pays à ratifier le Traité, après la Hongrie, la Slovénie et, ce lundi, la Roumanie. Le texte sera présenté au conseil des ministres mercredi avant de passer dans chacune des chambres pour ratification. La position officielle du PS sera alors de voter en faveur du texte. Mais une nouvelle fois, les parlementaires du groupe devraient peiner à s’exprimer d’une seule voix.
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