Propos recueillis par Benjamin BONNEAU
leJDD.fr

 Alors que le Parlement a donné son feu vert à la ratification par la France du mini-traité européen, des députés continuent de faire connaître leur désapprobation. C’est notamment le cas du souverainiste Nicolas Dupont-Aignan. Démissionnaire de l’UMP, il a accepté de s’expliquer pour leJDD.fr et de donner son avis sur la méthode employée par le gouvernement, qu’il qualifie de « censure« .Le Parlement s’apprête à ratifier le mini-traité européen. Vous avez à ce sujet parlé de coup d’Etat. N’est-ce pas un peu exagéré?
Absolument pas! Je crois ne pas me tromper en disant que les Français se sont prononcés à une majorité contre ce texte? Et bien je ne vois pas comment les parlementaires pourraient faire le contraire!

Justement, les parlementaires ne sont-ils pas habilités à gérer pareille affaire?
Dans l’absolu, je suis d’accord avec vous. Ils sont l’émanation de la représentation nationale donc dans les faits, oui ce sont à eux de trancher au nom du peuple. Mais ce qu’ils s’apprêtent à faire, ce n’est ni plus ni moins qu’une censure de la volonté des Français! De mémoire, on n’a jamais vu ça depuis la Libération! Et c’est également la première fois que d’importantes dispositions constitutionnelles sont prises sans en passer par le référendum.

« La France va perdre son droit de veto »

Quelles différences voyez-vous entre le texte de 2005 et celui-ci?
Je vais être sans équivoque: aucune! Valery Giscard d’Estaing a d’ailleurs parfaitement traduit la situation en disant que les propositions sont juste présentées d’une façon différente, ce qu’il appelle « des changements cosmétiques« . Et c’est exactement ça: on a repris les mêmes éléments et on les a juste change de place ou reformulé pour ne pas donner l’impression que c’est le même texte, alors que dans les faits, c’est bien celui que les Français ont rejeté! Et j’entends même certains parlementaires qui disent souhaiter le retour des symboles de l’Europe…

Vous évoquez également des problèmes d’indépendance. Pour quelles raisons?
C’est très simple: dans 52 domaines, la majorité qualifiée sera maintenant suffisante, ce qui veut dire plus concrètement que la France va perdre son droit de veto. Donc si on n’est pas d’accord avec une décision, et bien on ne pourra plus rien dire! Par exemple, la France va perdre son droit de veto sur la négociation sur les tarifs douaniers, qui seront négociés directement par le commissaire européen. Et on transfert beaucoup d’autres pouvoirs de la sorte, notamment en direction de la cour européenne alors que, jusqu’à preuve du contraire, elle n’a pas été élue.

« Le PS s’est ridiculisé »

Quelle Europe prônez-vous?
Je veux la même Europe que les Français, ni plus ni moins! La première chose, c’est de conserver intactes nos frontières. Je veux également une Europe de la croissance économique, une Europe de la coopération, notamment dans le domaine de la recherche. Aujourd’hui, on est simplement en train de déshabiller la France de sa souveraineté mais, dans le même temps, on ne construit pas de démocratie européenne, c’est là que c’est grave. Je ne suis pas anti-européen, mais il faut faire les choses autrement pour le bien des Français.

Que pensez-vous de la position du PS sur ce sujet?
Le Parti socialiste s’est déculotté, tout simplement! Il fait semblant de croire encore à une Europe sociale alors que le Traité qu’il a accepté de ratifier scelle une Europe officiellement libérale. Ils se sont tout simplement ridiculisés! D’autant qu’ils avaient là une vraie possibilité de se faire entendre en tant que force d’opposition. Avec les 12 députés de droite qui ont voté contre, plus les communistes, on aurait eu la majorité des 2/5e et on aurait donc obligé le gouvernement à en passer par un référendum. Mais au lieu de ça, ils se sont dégonflés…

Que comptez-vous faire concrètement pour faire connaître votre désapprobation?
Je vais présenter une liste aux prochaines élections européennes. De cette façon, les Français auront au moins l’occasion de faire connaitre leur vérité.