mars 2008
Archive mensuelle
Archive mensuelle
Créé par sr07 le 30 mar 2008 | Dans : Une autre mondialisation
Etranglée par l’hyperinflation, la population veut tourner la page Mugabe à l’occasion de la présidentielle, samedi. L’élection la plus importante depuis que le Zimbabwe a pris son indépendance de la Grande-Bretagne, en 1980.
Envoyée spéciale à Bulawayo MARINA BURGEON
QUOTIDIEN LIBERATION : samedi 29 mars 2008
«Cette fois, Mugabe va perdre. Nous avons trop souffert !» lance Bennett, un habitant de Killarney, chercheur clandestin d’or dans le lit des rivières autour de Bulawayo, dans le sud du Zimbabwe. Dans ce bidonville situé dans la banlieue de la deuxième ville du pays, les habitants ont particulièrement souffert du régime Mugabe.
Punir. Jadis, il y avait plus de 400 commerces et maisons en brique à Killarney. En 2005, les bulldozers ont tout rasé. «Même l’église !» se souvient le pasteur Albert Chatindo. Dans le cadre d’une opération visant à «assainir» et surtout à punir les quartiers pauvres des villes acquis à l’opposition, Mugabe a fait expulser 700 000 personnes vers les zones rurales. «Un camion nous a déposés en rase campagne, raconte Margaret, une veuve en robe blanche et foulard coloré, amaigrie par la tuberculose. «Avec mes trois enfants, on a logé pendant un mois sous une tente, avant de revenir ici. Mais la vie est de plus en plus difficile : les prix augmentent chaque jour, parfois même quand on fait la queue !»
L’inflation dépasse largement 100 000 % par an. Le taux de change au noir du dollar zimbabwéen est ainsi passé, en un an, de 13 000 pour un dollar américain à 45 millions ! Grâce à l’intervention des Eglises, Killarney a retrouvé une partie de ses habitants. Les familles reçoivent de l’aide alimentaire et des soins. «Au début, on traitait une dizaine de patients, explique sœur Page. Aujourd’hui, ils sont 180.» Les malades attendent leur tour dans le jardin de l’église anglicane, située dans un beau quartier. Joyce Harris, 58 ans, s’est habillée avec soin : «J’ai travaillé pendant vingt-deux ans à la poste, raconte cette retraitée. A l’hôpital, la consultation coûte plus de 350 millions de dollars. Mais je ne reçois qu’une pension de 4 millions.»
Sida. A la clinique, sept bénévoles parent au plus pressé. «Il faut faire preuve d’imagination, explique une médecin. Dans les hôpitaux publics, c’est un désastre. Il y a très peu de médicaments et la plupart du personnel est parti à l’étranger.» Depuis mai, une pénurie d’antirétroviraux a forcé les médecins à des choix déchirants entre les trop nombreux malades du sida. Un stock vient d’arriver mais ce sera peut-être trop tard pour le fils de Joseph : «Il est en train de mourir du sida, explique ce veuf de 48 ans. Ici, on veut tous un changement !»
La plupart des Zimbabwéens pensent que le chef de l’Etat, qui a dépensé 800 000 euros, en février, pour fêter son 84e anniversaire, va manipuler le résultat du vote. «Il va tricher ou lancer une nouvelle vague de répression», assure Praise Mlangeni. Avec ses quatre sœurs, cette femme de 38 ans, qui réside dans un quartier pauvre de Bulawayo, s’est lancée dans le militantisme : depuis 2002, elles font partie d’un mouvement de femmes, Women of Zimbabwe arise («Les femmes du Zimbabwe se soulèvent»), qui a organisé de nombreuses manifestations. «J’ai été arrêtée onze fois, raconte Praise. Le plus pénible, c’est quand nous avons dû passer cinq jours en cellule, sans nourriture, ni couverture. Mais je continuerai à manifester pour nos enfants, pour ma fille de 7 ans qui ne va pas à l’école parce que c’est trop cher.» Dans la petite maison de brique avec deux chambres, où vivent 5 adultes et 9 enfants, il y a juste un peu de farine de maïs et du café. Les sœurs sont sans mari et une seule gagne, comme vendeuse, un salaire qui ne couvre même pas les frais de transport. «On est tous millionnaires mais on ne peut plus acheter de pain, d’huile, du sucre et de viande», se plaint Sithembile, 26 ans. Pour s’en sortir, beaucoup de Zimbabwéens (entre 3 et 5 millions) travaillent clandestinement en Afrique du Sud : les enseignants y gagnent mieux leur vie en faisant le ménage. Le Zimbabwe est devenu ce pays où la majorité vit dans une misère effroyable – l’espérance de vie des femmes a chuté de 60 ans, en 1990, à 34 ans – tandis qu’une minorité profite du marché noir. Pour les ministres, qui peuvent acheter des dollars américains au taux officiel de change (un pour 30 00 dollars zimbabwéens), la crise est tout bénéfice. Mais jusqu’à quand ? Le vote de samedi pourrait être décisif.
Créé par sr07 le 29 mar 2008 | Dans : Santé-social-logement
Des manifestations à l’appel de la CGT, de la FSU et de Solidaires ont réuni des milliers de personnes, samedi, dans toute la France.
AFP et LIBERATION.FR : samedi 29 mars 2008
Des milliers de personnes ont défilé dans les rues, ce samedi, à l’appel de la CGT, de la FSU et de Solidaires pour « l’avenir des retraites », selon les chiffres collectés par l’AFP auprès de la police et des organisateurs.
Les trois syndicats appelaient à manifester, après le lancement jeudi de la concertation avec le gouvernement sur les retraites. Les organisations revendiquent une « vraie négociation » et refusent l’allongement prévu à 41 ans de la durée de cotisation pour toucher une retraite à taux plein.
Dans la manifestation parisienne, partie vers 15 heures de la Place de la Nation en direction de Bastille, les leaders syndicaux, derrière une banderole demandant de stopper « la casse des retraites », ont souligné que ces manifestations de mobilisation n’étaient qu’un « début ».
De son côté, la CGT a estimé entre 10.000 et 15.000 le nombre de manifestants à Paris et indiqué tabler sur « quelques dizaines de milliers de personnes » dans tout le pays. « C’est une mise en jambes, une initiative indispensable pour que le débat soit public dans le pays », a déclaré le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibaut.
Alors que le gouvernement a annoncé des « premières propositions » pour la mi-avril, BernardThibaut a expliqué n’avoir pas « voulu perdre de temps, pour que les salariés soient sensibilisés et attentifs et exercent une pression s’ils ne veulent être déçus. »
Le secrétaire général de la FSU, Gérard Aschieri, a dit, lui, que son « souci (était) que l’on n’escamote pas le débat », « la mécanique implacable » défendue par le gouvernement aboutissant « à avoir moins de retraites même en travaillant plus longtemps ».
Plusieurs manifestations dans la matinée en régions
A Toulouse, entre 900 personnes (selon la police), et 3.000 (d’après les organisateurs) ont défilé en fin de matinée dans le centre-ville. Dans une ambiance festive, les banderoles affichaient des slogans tels que « La retraite des députés pour tous » pour Sud, « Pour le droit à une retraite décente » et « Face au Medef et au gouvernement, tous ensemble pour nos retraites » pour la CGT.
A Lille, 900 personnes selon la police, 1.500 selon les organisateurs, ont manifesté samedi après-midi, scandant notamment: « Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, on n’en veut pas, de cette société-là ».
A Bordeaux, une manifestation a rassemblé entre 1.000 personnes selon la police et 1.500 selon les organisateurs.
500 personnes se sont rassemblées à la Rochelle. Et à Angoulême, un défilé a réuni entre 500 et un millier de personnes demandant notamment: « Augmentez nos retraites de misère ».
A Roanne, entre 500 et 800 personnes ont manifesté. Elles étaient entre 300 et 700 à Clermont-Ferrand.
Créé par sr07 le 29 mar 2008 | Dans : Vive le blog citoyen
A quatre mois des Jeux, le gouvernement chinois a décidé de jouer la carte de la prudence. Aucune information sur la violente répression des Tibétains n’est accessible par Internet dans le pays. Vingt à trente milles policiers surveillent, bloquent et censurent le net quotidiennement. Ils sont relayés par les grands portails chinois et les médias nationaux qui s’auto-censurent afin d’éviter la suppression de leur journal, de leur chaîne de télévision ou, pire, l’emprisonnement. Pour Luc Richard, correspondant de Marianne en Chine, l’information sur les récents événements au Tibet s’est faite par étapes: rien pendant 24 heures, puis des images de saccages de boutiques et de lynchages de Chinois par des Tibétains, appuyant les thèses du régime. «Il y a eu une évolution depuis dix ans. A l’époque, aucune information ne serait sortie. Aujourd’hui, les images passent en boucle à la télévision et sont commentées mais elles servent la propagande» explique le journaliste. Sur les forums de discussions et les blogs, tous les commentaires sont supprimés, sauf ceux appelant au meurtre de Tibétains.
Une efficacité relative
Luc Richard raconte : «A l’intérieur du pays, les informations circulent un peu grâce aux SMS que s’envoient les Chinois, citadins comme paysans.» Malgré des écoutes téléphoniques systématiques, les habitants se renseignent et témoignent, entre eux, de leurs expériences grâce à des mots codés. Par ailleurs, jusqu’ici il était possible d’accéder à des sites d’information étrangers depuis la Chine par des relais – ou «proxys» – mais ils sont désormais inaccessibles. De même, le direct à la télévision est toujours différé de quelques minutes afin de parer à l’inattendu, qui pourrait nuire au régime. «Au Tibet, ils ont mis en place un système de contrôle des Internautes avec un numéro d’identification et un autre système de préprogrammation par mots clés. Mais leur efficacité est très relative. Et puis, tout système génère son contre-système. Ils ne sont pas à l’abri de petits génies de l’Internet, ou de fonctionnaires de l’administration qui souhaiteraient sortir des infos» précise Roger Faligot, auteur du livre Les services secrets chinois.Le « Grand Pare-Feu » de la Chine
Cette machine de censure bien huilée porte un nom : le projet «Bouclier d’Or», dont les lois sont différentes selon les régions. A l’extérieur de la Chine Continentale, ce système est connu sous le nom de «Grand Pare-feu de la Chine», en référence à la grande muraille. Deux niveaux de blocage des serveurs extérieurs sont mis en oeuvre. La plupart sont filtrés, l’internaute attend indéfiniment comme si le site était saturé. D’autres sont bloqués, comme si le site refusait la connexion. La porte d’accès à Google existe en deux versions : Google.com (en langue chinoise) et plus récemment Google.cn. Les interfaces sont similaires et les deux sites sont accessibles de Chine, bien que Google.com ait déjà été temporairement bloqué. Un grand nombre de sites situés à l’extérieur de la Chine continentale sont sujets à une censure limitée dans le temps. Il est difficile d’en donner une liste exacte car ces sites sont accessibles dans certaines villes et non dans d’autres.
Fichage des blogueurs anonymes
Les sites d’information de sources étrangères, et particulièrement ceux qui proposent des forums et/ou une version en langue chinoise – BBC News, Hong Kong news et Radio-canada.ca – sont très surveillés. Sont censurés les sites et les informations sur l’indépendance des Tibétains et les actions du Dalaï Lama bien sûr, mais aussi sur les manifestations pro-démocratie de la place Tiananmen en 1989, l’indépendance des Ouïghours et de Taïwan, le site officiel de l’Eglise catholique clandestine et certains sites de Chinois à l’étranger comme China Gate.
Wikipédia, dans toutes les langues, est bloqué – malgré un bref déblocage en octobre 2006-; le site en langue chinoise est plus difficile d’accès que les autres. En réponse à Wikipédia, le moteur de recherche Chinois Baidu a lancé Baidu Baike, une sorte de Wikipédia chinois censuré. FreeBSD.org, maintenant accessible, a été bloqué jusqu’en décembre 2005. Egalement, le site du Falun Gong et de nombreux sites ayant pour sujet le Falun Gong ainsi que le site de Reporters sans frontières. Le gouvernement chinois essaie d’appliquer aux blogs tenus par des Chinois sur des sites extérieurs la même politique de vigilance qu’à l’intérieur. Pékin souhaite même ficher les blogueurs anonymes alors qu’on en recense 17,5 millions dans le pays. Yahoo ! complice ?
Outre les mesures prises par les autorités de Pékin, certains sites étrangers apportent leur soutien tacite à la politique répressive du régime. Ainsi en 2005 le cyber-dissident Shi Tao avait été arrêté puis condamné à 10 ans de prison suite à des informations transmises à la police chinoise par le site Yahoo ! qui investissait alors des sommes considérables en Chine et ne pouvait envisager de ne pas répondre aux requêtes du régime. N’ayant pas perdu ses réflexes, le 23 mars Yahoo ! Chine mettait en ligne sur sa page d’accueil un avis de recherche lancé par les autorités contre une vingtaine de Tibétains accusés d’avoir participé aux récentes émeutes. MSN Chine diffusait le même avis, mais à l’intérieur de son site. Le texte était accompagné des photos des Tibétains suspects. Sur les 24 Tibétains visés par cet avis de recherche, deux auraient déjà été arrêtés.
Des milliards qui coûtent cher
Aujourd’hui, la société se défend en précisant «la marque Yahoo! Chine est opérée par Alibaba, société dont Yahoo! détient moins de 40% des parts». Dans un communiqué, Yahoo! déplore même l’utilisation d’internet pour supprimer la liberté d’expression et affirme être «une compagnie basée sur le principe selon lequel la promotion de l’accès à l’information peut fondamentalement améliorer la vie des gens et leur relation au monde qui les entoure».
Belles paroles certes, mais «même si c’est en partie vrai, c’est complètement hypocrite, explique la sinologue Marie Holzman car ils se font implicitement les relais de la politique répressive du régime. On ne peut pas s’exonérer des informations, surtout quand elles sont aussi graves, diffusées sur les sites dont on possède la marque».
L’image de Yahoo ! avait déjà été fortement ébranlée en 2005. Aujourd’hui c’est tout le comportement des sociétés étrangères vis à vis des autorités de Pékin qui est remis en cause. Et la facture de la très juteuse collaboration de Yahoo ! avec Pékin pourrait se révéler sévère ! Il est des milliards plus chers que d’autres…
L’ambassade de France en Chine, partisane de la censure ?
Un communiqué envoyé par le service de presse de l’ambassadeur de France en Chine, Hervé Ladsous, explique que «le traitement par les médias chinois des événements survenus depuis le 10 mars sur les marches méridionales de la République Populaire est par certains aspects très innovant.» La diplomatie française semble ainsi justifier la politique de la Chine envers le Tibet. Cette complaisance est surprenante de la part d’un membre du corps diplomatique, spécialiste du pays, qui ne peut ignorer la censure générale des médias chinois. Pourtant, on peut lire dans le communiqué: «Quelle que soit l’interprétation que l’on a des évènements, il faut donc constater que l’opinion publique chinoise a, depuis le 20 mars, librement accès à la plupart de l’information visuelle que l’on peut voir par ailleurs dans le reste du monde.» Étrange interprétation de la liberté dans un pays où tous les sites étrangers sont censurés et où ne subsistent que les partisans du pouvoir et de sa propagande. «Un tel niveau de transparence était en tout cas inédit» écrit l’ambassade qui dit assister à «une normalisation de l’information». Où est la transparence lorsque la télévision chinoise dissimule les images de la répression et qu’elle dénonce les actes du Dalaï Lama et «de sa clique» ? Comment parler de normalisation quand des journalistes se font emprisonner pour oser critiquer le gouvernement ? À ce train-là, on peut imaginer que l’ambassade dénoncera bientôt les actes dangereux de Robert Ménard et de sa « clique »…
Vendredi 28 Mars 2008 – 00:03
Pauline Delassus et Régis Soubrouillard dans Marianne en ligne
Créé par sr07 le 29 mar 2008 | Dans : Projet politique
Longtemps j’ai cru que la République était de gauche parce que sociale, longtemps j’ai cru que les gens de droite, les partisans du capitalisme, qui se disaient républicains, usurpaient le titre… Et puis, ces dernières années et, surtout, ces derniers mois m’ont poussée à me remettre en question et à cesser de jouer, comme tous ces «gens de gauche qui veulent donner des leçons», les idiotes utiles. J’ai, d’abord, été atterrée par le spectacle pitoyable de la «gauche», de moins en moins républicaine, j’ai, ensuite, admiré l’étoile montante Nicolas Dupont–Aignan et j’ai, enfin, apprécié nos élections municipales, qui échappent, peu ou prou, au manichéisme traditionnel, pour le grand bonheur de nos concitoyens.
Beaucoup confondent république et démocratie : une République serait un Etat doté d’une constitution qui aurait des représentants élus, par opposition à la monarchie ou à la théocratie. On ne saurait accepter cette définition qui ouvre la porte à tous les excès, comme en témoignent la République française sous Pétain, les Républiques démocratiques des ex-pays de l’Est ou la République islamique iranienne.
Définir la République ?
En revenant aux sources : étymologiquement, «respublica» signifie «la chose publique», ce qui sous-entend qu’elle doit servir le bien commun et non des intérêts particuliers ou privés. Etymologiquement, la République serait donc sociale, laïque et hostile au capitalisme et au libéralisme.
Les choses sont simples… mais l’analyse implacable : il n’y aurait, à gauche, qu’un seul parti républicain, le MRC de Jean-Pierre Chevènement ; en effet, que dire de l’extrême gauche et des Verts, rejoints en cela récemment par le Parti Communiste, qui refusent le capitalisme et le libéralisme mais sont favorables au communautarisme et revendiquent des droits spécifiques pour les minorités, bien éloignés du bien commun ? Que dire du Parti Socialiste (dans son courant majoritaire) et du PRG qui ont permis comme un seul homme la ratification du Traité de Lisbonne, qui consacre la prédominance du marché et les intérêts des multinationales, c’est-à-dire du privé? Que dire de ces élus de gauche ou de droite, de l’UMPS, qui financent des mosquées avec l’argent des contribuables ou qui autorisent des horaires réservés aux femmes dans les piscines ? Quant au Modem, au Nouveau Centre ou l’UMP, ils défendent tous, plus ou moins, eux aussi, une Europe fédérale et libérale, la Charte des droits fondamentaux du Traité de Lisbonne et/ou celle des langues minoritaires.
Seize braves
Il me semble que le fer de lance de la République est, symboliquement, la laïcité, parce que cette valeur requiert toutes les autres : égalité, liberté et fraternité n’ont jamais fait bon ménage avec les religions, qu’elles soient d’Etat ou pas ; aucune religion (à part peut-être le bouddhisme) ne permet la liberté de conscience, de parole et d’action, l’égalité des sexes et encore moins la liberté des femmes de disposer de leurs corps.
On rappellera à l’occasion que seize députés ont eu le courage de critiquer, en octobre 2006, le rapport de la commission Machelon qui avait reçu la mission de «toiletter» la loi de 1905 pour prendre en compte l’évolution de la société et, notamment, la place de l’islam. Ils s’étaient engagés sans ambiguïté pour le maintien en l’état de la loi de 1905. Seize braves.
Seize républicains, hélas fort peu représentatifs de leurs partis respectifs. 4 du PS, 4 de l’UMP, 4 du PC ou apparentés, 4 de l’UDF qui ont clairement écrit : «Si elles devaient être suivies d’effet, ces recommandations saperaient les fondements de la loi de 1905 notamment en introduisant le financement public sans plafonnement des lieux de culte et la banalisation des associations cultuelles».
Alors comment ne pas fustiger le sectarisme de tous ceux qui, même engagés dans des associations laïques – c’est un comble !-, considèrent que République et laïcité sont les chasses gardées de la gauche. Ça a peut-être été vrai, il y a longtemps… mais nos élus de gauche nous prouvent, chaque jour, que le fossé s’agrandit entre gauche et laïcité.
Nicolas Dupont-Aignan, la République à droite
Il va donc bien falloir aller chercher ailleurs les républicains qui existent encore, il va donc bien falloir jeter des ponts entre «la gauche» et «la droite» pour unir les quelques défenseurs de Marianne qui subsistent, et nous saluons ceux qui, comme Marie-Noëlle Lienemann et Jean-Pierre Chevènement, ont accepté de faire un meeting commun avec Nicolas Dupont-Aignan, pour défendre leur conception, républicaine, de l’Europe.
En effet, il va bien falloir admettre que les partis républicains sont ceux qui respectent la règle d’or soulignée plus haut. Il va donc falloir admettre qu’un parti de droite, qui défend la laïcité, qui se bat pour la souveraineté populaire et le respect des principes de notre constitution peut être républicain, même s’il accepte et favorise la capitalisme, pour peu qu’il considère que celui-ci peut être un outil qui, maîtrisé, encadré, régulé, peut apporter emploi, bien-être, croissance et garantie des acquis sociaux.
C’est impossible à droite, me direz-vous ? Pas sûr, les discours de Nicolas-Dupont-Aignan, fondateur de «Debout la République», témoignent d’un engagement citoyen et d’un souci de la souveraineté nationale, du bien commun et de la laïcité bien républicains.
On en jugera à cet extrait tiré de son Intervention à la tribune de l’Assemblée, lors du débat parlementaire sur le «Grenelle de l’environnement»: «On pourrait réparer la politique de Gribouille de la cession au privé de nos sociétés d’autoroute qui, faut-il le rappeler, prive la collectivité des 20 milliards d’euros pour financer les infrastructures nécessaires de ces vingt prochaines années. (…) La France devra ainsi avoir le courage de dire son fait à la Commission de Bruxelles qui veut imposer les OGM dans nos assiettes. Soit dit en passant, l’exemple des OGM doit nous alerter sur le danger du traité européen simplifié, qui aggraverait encore cette fuite en avant irresponsable dans le fédéralisme européen. (…) Nécessité évidente pour la sauvegarde de la planète, la régulation environnementale de l’économie mondiale pourrait constituer un sas vers la non moins nécessaire régulation économique et sociale de cette mondialisation-clochardisation déloyale, qui nous entraîne irrémédiablement sur la pente de la dépendance, de l’appauvrissement et de la régression tous azimuts. (…) La lutte pour la sauvegarde de la planète pourrait bel et bien être une étape indispensable à un autre combat, non moins nécessaire mais hélas oublié en ces temps de retour à l’état de nature pour cause d’hyper-capitalisme sans foi ni loi : le combat pour le Progrès, matériel et moral, du genre humain.» Retrouvez demain dans Marianne la suite de cette réflexion de Christine Tasin.Cet article est initialement paru sur le site Riposte laïque.
Samedi 29 Mars 2008 – 00:09
Christine Tasin
Intervention de Nicolas Dupont-Aignan à l’Assemblée le 7 février, pour déposer une motion d’ajournement au Traité de Lisbonne:
- «Vous nous dites : l’Europe était dans l’impasse. Mais de quelle Europe nous parlez-vous ? Celle porteuse de paix et de progrès, celle des coopérations qui ont fait leur preuve, ou celle des oligarchies hors-sol qui dans un second temps a usurpé et dénaturé le beau projet européen»
- «La bonne Europe qui marche ou la mauvaise qui a été kidnappée par les bureaucrates de Bruxelles, les banquiers de Francfort et les juges de Luxembourg…»
- «En effet vous nous dites, à cours d’argument, que le peuple n’est pas capable de trancher cette question. A défaut de pouvoir le convaincre, vous le supprimez ! Mais avec ce type de raisonnement vous pouvez aller très loin, jusqu’au suffrage censitaire. 157 ans après vous ressuscitez l’esprit d’Adolphe Thiers qui voulait dépouiller la « vile multitude » du droit de vote.»
- «L’Europe du Traité de Lisbonne, c’est l’abandon implicite et programmé de notre « logiciel » républicain sous l’empire de la Charte des droits fondamentaux. La perte d’indépendance de notre politique étrangère et de défense. La fin de l’égalité des droits de vote avec notre partenaire, l’Allemagne».
- «Sans réorientation en profondeur de l’Union européenne, il n’y aura pas de redressement national. Car, vous le savez, il ne peut pas y avoir de vraies réformes intérieures sans une croissance minimum et donc sans amorcer la pompe par des déficits provisoires.»
- «Que direz-vous quand une majorité de nations nous expliquera que l’effondrement démographique du cœur de l’Europe exige une nouvelle immigration de peuplement alors que notre France, elle, n’en a pas besoin ! Que direz-vous quand à la veille d’un conflit au Moyen-Orient, la France devra avant de s’exprimer au Conseil de Sécurité, passer un oral devant le Conseil des Ministres ? Que direz-vous quand un juge donnera raison aux indépendantistes corses sur tel ou tel point, en vertu de la Charte des droits fondamentaux ? Il faut changer ce qu’elles nous proposent dires-vous ? Naïveté ! Ce sont les modalités de décision et les pertes de souveraineté qui condamnent la société que nous voulons…
Posons-nous par exemple cette question simple : pourquoi Airbus, qui produit 400 avions de ligne par an et ajoute chaque année des centaines d’appareil à son carnet de commande, est en train de délocaliser sa propre production et celle de ses sous-traitants ? Parce que, pour la pensée européiste qui nous gouverne, nous ne sommes pas jamais assez « adaptés » à un marché qui dicte tout et dont il est soi-disant interdit de corriger les dérives !» Un hymne à la RépubliqueEnfin, toute la fin de son discours du 7 février, quand il énumère les conséquences funestes pour la République du Traité de Lisbonne, est un hymne au capitalisme maîtrisé par l’Etat, à l’égalité, la liberté, la fraternité et la laïcité qui fondent notre «vivre ensemble» depuis 1789 :
- «Mise en œuvre de la Charte des droits fondamentaux pour conforter les communautarismes et les minorités nationales. Songez que la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, affichée dans chacune de nos écoles élémentaires, sera ainsi rendue obsolète par cette Charte sans âme ni racine ! Que dirons-nous à nos enfants, aux futurs citoyens, que ce texte a une vocation purement décorative?!»
- «Abandon de l’exception linguistique et culturelle, c’est désormais la Cour de Justice qui dira si oui ou non un accord à l’OMC constitue une menace et autorisera ou non la France à user d’un droit de veto.»
- «Politique migratoire communautarisée, au risque d’attirer en France une immigration de peuplement dont nous n’avons pas besoin.»
- «Disparition après 2010 des tarifs réglementés de l’énergie.»
- «Mise en place de services économiques d’intérêt général à la majorité qualifiée, qui va détruire tous les services publics à la française.»
- «Accélération de la remise en cause du monopole de l’assurance maladie, créant une santé à deux vitesses : l’une pour les riches et les bien-portants d’un côté, l’autre pour les pauvres et les malades de l’autre.»
- «Mise en minorité sur la PAC et mise au pas définitive de nos territoires ruraux à propos de la fixation des dates d’ouverture de la chasse.»
- «Création d’un service diplomatique européen qui va supplanter la diplomatie française.»
- «Libéralisation à outrance du secteur des jeux de hasard, dont notre collègue Jacques MYARD pointe les dangers proprement terrifiants dans un excellent rapport.»
- «Abandon du sport à la logique du tout-fric, dont on commence à peine à mesurer les ravages dans le football.»
- «Otanisation de notre défense sous la tutelle des Etats-Unis»
Pour une union des braves
Quand on lit les discours de Nicolas Dupont-Aignan, on ne voit pas trop ce qui le distingue de ceux de Jean-Pierre Chevènement, et on se demande si le temps n’est pas venu de rassembler les républicains des deux rives, non seulement parce que, face au traité de Lisbonne, comme le dit Nicolas Dupont-Aignan «A mes collègues de l’UMP, je voudrais vous dire que depuis le début, cette histoire n’est pas une histoire de gauche et de droite. Il n’y a pas un NON de gauche massif et un NON de droite minoritaire». Dans la Bérézina des partis politiques actuels, la perte de confiance des électeurs dont témoigne le degré d’abstention aux élections, ne peut que nous amener à appeler de nos voeux une alliance de ce type.
Est-ce un hasard si Nicolas Dupont-Aignan a manifesté contre la privatisation de Gaz de France et a été accepté dans ses rangs par la CGT ? Comment ne pas aspirer à voir réunis des républicains sincères, de Jean-Luc Mélenchon à Nicolas Dupont-Aignan, en passant par Jean-Pierre Chevènement ?
Comment imaginer un instant que, s’ils étaient relayés par les médias qui seraient, pour une fois, objectifs, ils ne feraient pas un carton dans les urnes ? Il est évident que les discours de bon sens de ces trois hommes et de leurs partisans ont de multiples points communs et, surtout, qu’ils sont unis par une certitude, partagée par la majorité des Français : il faut lutter, par tous les moyens, contre l’Europe libérale des technocrates, l’OMC et la mondialisation que les technocrates et les lobbies sont en train de bâtir.
Des étiquettes obsolètes
D’ailleurs, les élections municipales ne montrent-elles pas à quel point le vote sur étiquette est obsolète? D’abord, certes, parce que trois de ces partis sont interchangeables comme en témoignent les nombreuses alliances du Modem avec tantôt le P.S tantôt l’UMP mais, surtout, parce que les Français, ça et là, ont su voter pour des gens en qui ils ont confiance et qu’ils admirent individuellement, sans se soucier de leur couleur politique, allant même jusqu’à voter pour des gens qui ne sont pas de leur bord, pour ne pas faire élire un imbécile heureux défendant pourtant les couleurs de leur parti de prédilection…C’est ainsi que l’on a pu voir Bordeaux qui avait voté massivement à gauche pour les présidentielles et les législatives, plébisciter Juppé, considéré comme un bon maire !
Enfin, je m’interrogerai ici sur un apparent paradoxe : si on compare les discours d’un Besancenot ou, pire encore, d’un Bové, chouchoutés par les médias, qui ont pu obtenir les parrainages nécessaires pour se présenter à la présidentielle, avec un discours soi-disant «de gauche» et ceux de Nicolas Dupont-Aignan que l’appareil UMP a empêché de se présenter, dans un silence médiatique d’autant plus étonnant que les tribulations d’un Le Pen en quête de parrainages étaient largement retransmises, on ne peut que s’inquiéter.
Donner le choix aux Français
D’un côté, le populaire facteur (qui se gargarise de critiques mais ne veut surtout pas être au pouvoir pour appliquer ses idées) et un pantin, qui défendent les petits, les «» »exploités », les immigrés, les « sans-papiers », les « traditions » religieuses, les intérêts communautaristes, en tapant sur le capital, sur les bourgeois et sur ces nantis de blancs qui ont un travail et un appartement en HLM et qui voudraient dormir le soir sans être dérangés par les bandes d’adolescents qui s’amusent, cassent ou dealent sans vouloir voir que la tolérance absolue et l’internationalisme qu’ils veulent ne protège pas les travailleurs, qu’ils soient français ou immigrés.
De l’autre, quelqu’un d’intègre et d’efficace, qui vient d’être réélu maire, pour la troisième fois, avec près de 80% des suffrages, qui a repris le flambeau du « non » au Traité de Lisbonne et qui se bat, bec et ongles, à l’assemblée pour défendre les valeurs républicaines … Vous ne trouvez pas ça bizarre ? Vous ne trouvez pas ça injuste ? La collusion des imbéciles ? Non, la collusion des anti-républicains. Le résultat, ni Jean-Pierre Chevènement, ni Nicolas Dupont-Aignan n’ont pu obtenir les parrainages nécessaires, l’un a abandonné très tôt, lucide ou pessimiste, au choix, l’autre s’est battu jusqu’au bout, en vain.
Et … les Français n’ont pas eu la possibilité de faire un choix authentiquement républicain lors de la dernière présidentielle (à part Schivardi, qui avait un discours plutôt républicain mais qui manque de souffle, de hauteur et de recul et qui n’est pas spécialement bien entouré). Et c’est comme cela qu’on s’est retrouvés avec la nécessité de choisir entre la peste et le choléra au deuxième tour. Et qu’on en a pris pour cinq ans. Et qu’on en prendra encore pour cinq de plus si les Français ne réagissent pas et ne rejoignent pas, massivement, les partis des républicains authentiques, de droite ou de gauche.
Cet article diffusé ce jour dans Marianne est initialement paru sur le site Riposte laïque.
Dimanche 30 Mars 2008 – 00:06
Créé par sr07 le 29 mar 2008 | Dans : Contre la guerre
Député PS des Alpes de Haute-Provence, membre de la commission des Affaires étrangères, ancien secrétaire général de l’Elysée, Jean-Louis Bianco fustige la décision du président Nicolas Sarkozy d’envoyer 1000 soldats supplémentaires en Afghanistan. Extraits de son interview au Journal du Dimanche à paraître demain.
Faut-il envoyer de nouvelles troupes en Afghanistan?
En l’état actuel des choses, je pense qu’il ne faut pas envoyer de troupes. Depuis 2001 la situation s’aggrave en Afghanistan. Certes, il y a un début de démocratie, un début d’Etat mais en même temps l’aide n’arrive pas aux habitants, la population vit très mal, la drogue s’amplifie et, de jour en jour, le nombre d’attentats des taliban ou de la mafia de la drogue s’accroît. C’est sans doute à terme encore plus dangereux pour les soldats que la situation en Irak. Donc envoyer des soldats pour envoyer des soldats sans que l’on sache pourquoi faire, n’a aucun sens. C’est agir à l’aveugle.
Quelle est la solution?
La bonne méthode serait que l’on en débatte avant d’envoyer des troupes, et surtout avec les Européens. Pourquoi ne pas convoquer une session extraordinaire au Parlement européen, en débattre avec les états de l’Union puisque les positions sont diverses? Renforcer la démocratie, faire en sorte que l’aide arrive, définir une stratégie militaire, voilà ce qu’il faut faire au préalable, faute de quoi on peut craindre que nous ne partions pour un nouveau Vietnam. Au début, l’Otan était là comme force de maintien de la paix. Maintenant, ce sont des attentats en permanence avec des gens très organisés qui maîtrisent très bien la guerre de guerilla et bénéficient de complicités dans la population locale. Le risque est grand de se faire attirer dans un piège, ce que souhaitent précisément les taliban et Al-Qaïda.
Comment expliquez-vous le changement de pied du président sur ce sujet, est-ce du suivisme par rapport aux Américains?
Oui. L’amitié avec les Etats-Unis, je suis pour évidemment. Les courbettes auprès de Bush, c’est totalement déplacé. Nicolas Sarkozy veut revenir dans l’Otan, ce qu’il fera sans doute à Bucarest. Il cherche à être le bon élève. Je ne suis pas hostile à ce que l’on en discute, mais là encore, il ne faut pas rentrer dans l’Otan pour rentrer dans l’Otan, sans la possibilité d’exercer le moindre contrôle politique et militaire.