Retour sur le passé de Résistant de François Mitterrand
Créé par sr07 le 26 avr 2008 à 8:06 | Dans : a-le quartier libre de XD, a3-Civisme, citoyenneté et militance
Bien avant la parution du livre de Pierre Péan « Une jeunesse française », je fus convié à la Sorbonne, en ma qualité d’animateur de France Libertés, pour assister à un colloque sur Vichy. Accompagné du très regretté Docteur Jean Blum, haut personnage du MRAP aux engagements inébranlables, j’avais salué la présidente de France Libertés qui nous fit part en aparté de son regret d’un certain manque de fermeté dans une dénonciation trop nuancée de la Collaboration. Les historiens lui paraissaient en effet trop enclins à une compréhension – qui frisait pour elle la justification sinon la complaisance - envers l’attitude de certains collaborateurs, exagérément démarquée de celle des collaborationnistes.
Nous eûmes ensuite tout le temps de prolonger cette conversation sur cette période avec mon ami qui m’informa, non sans une certaine pudeur, de la véracité de l’épisode de la remise de la francisque au jeune Mitterrand. Connaissant le passé de Résistant de Jean et ses nombreux engagements, je ne pouvais que remettre en cause mon attitude constante de dénégation de cette histoire que j’attribuais jusqu’alors à un effet de propagande de la droite. Cette révélation me laissa songeur. Lorsque parut l’ouvrage de Pierre Péan, sa lecture me permit de comprendre le processus qui, selon l’auteur, aurait conduit Mitterrand de Vichy à la Résistance. J’en restais là dans cette approche d’une trajectoire d’une certaine façon tout à l’honneur de François Mitterrand si ce n’était cette proximité ultérieure avec René Bousquet, lequel accompagna, semble-t-il, dans l’après-guerre son ascension politique.
On peut sans doute déplorer le trop long silence de François Mitterrand sur cette période. On comprendra néanmoins la difficulté de l’évoquer dans l’adversité d’une droite déchaînée, faisant feu de tous bois pour empêcher l’accession au pouvoir de la gauche avant 81 puis sa volonté de la déstabiliser après l’arrivée de François Mitterrand à la présidence de la République.
Aujourd’hui, on peut analyser la période avec plus de sérénité en prenant garde de ne pas tomber dans l’anachronisme des jugements. De ce point de vue tous les éclairages sont les bienvenus. On doit considérer dans cette affaire l’ensemble des matériaux. Les témoignages de Danielle Mitterrand restent d’une grande utilité. Ils sont bien sûr à considérer en prenant en compte la subjectivité et la charge émotionnelle de la veuve du président qui apporte cependant, dans les documents annexes de son livre, des pièces fort opportunes.
En faisant retour sur mes 24 ans, je ne saurais dire le niveau de lucidité qui eut été le mien si ils m’avaient confronté aux mêmes situations. Ce qui reste certain c’est que dans sa trajectoire, François Mitterrand apparaît comme un homme de conviction, engagé, généreux, le courage chevillé au corps dans la Résistance. Quant à l’ambition, n’est-elle pas la qualité consubstantielle des hommes tentés d’écrire l’Histoire ?
X D
6 réponses to “Retour sur le passé de Résistant de François Mitterrand”
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Mais voilà, chaque époque appelle ses propres réponses ! Nous sommes sur la bonne voie. Non ? A propos, Fourmi rouge, as-tu observé que Jean Pierre chemine comme son disciple. Depuis le MRC jusqu’à l’ouverture sur Gauche Avenir et le Parti de toute la Gauche ! On y arrive Fourmi Rouge, On y arrive !
Bien à toi, Xavier
Bien d’accord avec ton billet, Xavier.
Facile de lancer en 1990 ou 2000, des anathèmes hors contexte, 50 ou 60 ans après.
*
Quantités d’hommes politiques ou écrivains engagés ont basculé du mouvement socialiste (PS et PC compris)vers la droite ou l’ultra-nationalisme.
*
François Mitterrand fit le contraire ! Fort rare, non ?
Il quitta un milieu familial maurassien jusqu’à agir avec opiniâtreté et courage afin que la gauche accède au pouvoir.
Se rend-on compte de son travail de réflexion personnelle, de sa volonté farouche par ses convictions acquises progressivement ?
Ceux qui oublient ne serait-ce que ce que je viens d’écrire simplement sur la trajectoire et la réussite de 1981 de François Mitterrand, et qui le salissent sans vergogne, sont de pauvres types ignares qui n’ont aucun sens des luttes et du vrai combat.
Bien à toi, Xavier.
…et pour beaucoup moins ..tant d’autres se sont vendus véritablement, sans retour….
Par LeCoin, le JDD
Le François Mitterrand d’outre-tombe revient. Sur le blog http://francoismitterrand2007.hautetfort.com, un esprit malin s’ingénie à faire revivre tonton depuis plus d’un an maintenant, suscitant moult commentaires dans les médias et la blogosphère. Commentant avec subtilité l’actualité politique française, le Mitterrand de l’au-delà prenait fait et cause pour Ségolène Royal, renvoyait au tapis Nicolas Sarkozy et distillait, surtout, nombre d’anecdotes datant de ses deux septennats.
Qui est cet homme? (DR)Au gré de ses billets, il lâchait des historiettes, parfois croustillantes ou supposées telles, comme celle sur la rencontre et l’échange verbal mystérieux entre Jean-Michel Aphatie et Laurent Fabius dans des toilettes il y a une quinzaine d’années. L’ objet d’un teasing durant de longs jours. L’objet d’une longue rancoeur du journaliste de RTL, qui répondra point par point sur son blog et accréditera dans le même temps les dires dudit Tonton. D’autres « potins » plus méconnus, mettant en scène des hommes politiques d’il y a vingt ans, en lumière une excellente connaissance des relations intimes entre les socialistes de cette époque. Le tout dans un style châtié et féroce. Le nègre de Tonton a donc longtemps eu ses entrées à l’Elysée ou dans les hautes sphères du pouvoir.
L’audience du blog est rapidement montée en flèche et les médias s’interrogeait: « Mais qui se cache derrière François Mitterrand? » Supposons que l’ADSL n’est pas arrivé dans l’au-delà, il faut donc se pencher sur les « survivants ». Qui arpentait assez les arcanes du pouvoir durant la période Mitterrand? Quel héraut du PS a l’oeil toujours aussi vif aujourd’hui? De nombreux noms avaient été lancés, sur des blogs: Pierre Joxe, Jean Glavany, Jean-Pierre Chevènement, Jacques Attali, parmi les politiques. On a même soupçonné des journalistes, comme Guy Birenbaum, Claude Estier ou Alexandre Boussageon. L’hypothèse la plus vigoureuse avait été celle d’un duo: le journaliste Bruno-Roger Petit et Arnaud Montebourg. Les intéressés avaient vigoureusement démenti. Et les suspicions ont fait fuir le revenant, qui a fermé boutique. « L’heure est venue pour moi de m’en retourner. Je n’ai plus rien à ajouter. Ces derniers jours, la curiosité naturelle des uns et des autres a pris le pas sur tout le reste et je le déplore. Cette frénésie ‘d’enquêtes’ aboutit aujourd’hui à une situation aussi insupportable que grotesque », disait-il en mai 2007.
Sur les cendres du blog, un autre est arrivé, alimenté par un double du fantôme de François Mitterrand sur http://francoismitterrand2008.hautetfort.com/. S’ensuit des procès en supercherie et en légitimité. Quel imposteur a le mieux le droit de reprendre la parole tontonesque? Le plus anciens, le vrai? Ou l’autre, jugé par certains plus dans la ligne défendue par François Mitterrand?
Alors la plume de Tonton 1 (vous suivez toujours?) frémit. « Je sens qu’un nouvel esprit m’habite et je m’interroge. Puis-je vraiment laisser les choses en l’état, voyant ce que je vois, entendant ce que j’entends? Les forces de l’Esprit m’ont fait un bien beau cadeau encore. Dois-je en user? »
Quelques billets épars encore et voilà celui du samedi 26, qui éclaire le projet de François Mitterrand 2007. « Le 14 mai prochain, mon retour sera effectif en librairie. Qu’il me soit permis de remercier les éditions Ramsay. »
Pas sûr pour autant que l’identité de FM soit révélée. Toujours est-il que c’est un excellent teasing et buzz par la même occasion pour assurer la promotion de son ouvrage. Rusé et habile Tonton, on le savait.
Le JDD
François Mitterrand n’est pas mort. Souvenez-vous, il avait resurgi au printemps dernier, commentant, la plume et l’esprit aiguisés, la campagne présidentielle depuis son blog.
Las, le 10 juin 2007, sommé par le monde médiatique de rompre son anonymat, l’ancien président jugeait que «l’heure était venue de (s’en) retourner»… Non sans prévenir: «Je crois aux forces de l’esprit, je ne vous quitterai pas.»
Depuis, plus rien, ou presque. Le 13 septembre 2007, «Tonton» s’interroge tout de même: «Et si, plus que jamais, il était temps de croire aux forces de l’esprit…». Le 8 octobre, dans une note intitulée «revenir», il fait pourtant mine d’hésiter: «Je sens qu’un nouvel esprit m’habite et je m’interroge. Puis-je vraiment laisser les choses en l’état, voyant ce que je vois, entendant ce que j’entends? Les forces de l’Esprit m’ont fait un bien beau cadeau encore. Dois-je en user?»
En décembre, deux posts un peu plus longs trahissaient clairement le fait que la blogosphère continuait de chatouiller le commentateur. Un retour timide, remarqué par quelques blogueurs, comme Nicolas Delaunay.
Enfin, samedi 26 avril, vingt-sept ans jour pour jour après le premier tour de l’élection présidentielle de 1981, le François Mitterrand posthume lâche le morceau : «J’ai continué, tout au long de ces derniers mois, à consigner ce que l’observation (…) me dictait. Au cours de l’année écoulée, je n’ai eu d’autre but que de tout voir et tout entendre (…) afin de tout vous dire le jour venu. Enfin! Nous y sommes.»
Le 14 mai prochain, celui qui se cache derrière François Mitterrand sera donc de retour. Mais délaissant la blogosphère, il aurait choisi les éditions Ramsay.
Selon vous, qui se cache derrière François Mitterrand? Donnez-nous vos pronostics ci-dessous.
AFP/Archives ¦ François Mitterrand lors de la cérémonie d’investiture le 21 mai 1981 au Panthéon
Johana Sabroux
20Minutes.fr, éditions du 26/04/2008 – 11h02
http://francoismitterrand2007.hautetfort.com/
Le 26 avril 1981 au soir, au vu des résultats du premier tour de l’élection présidentielle, j’ai su que les Français allaient me confier quinze jours plus tard la plus haute des charges. Je me suis dit que ce jour anniversaire convenait pour vous délivrer une annonce.
L’an passé, sollicité par ces forces de l’esprit qui jamais ne me quittent, je m’étais laissé convaincre de tenir ce que l’on dénomme un blog. Chaque jour durant la campagne présidentielle, j’avais livré le fruit de mes observations, réflexions et suggestions. J’ai cru comprendre que cette intervention avait recueilli un accueil plutôt favorable et que vous fûtes nombreux à regretter mon départ consécutif à une campagne d’une violence inouïe.
Je ne vous ai pas abandonné. D’autres forces de l’esprit sont intervenues qui m’ont convaincu de poursuivre.
J’ai toujours cru qu’il n’y a d’écriture qu’exacte et j’ai donc continué, tout au long de ces derniers mois, à consigner ce que l’observation des activités de mon lointain successeur, du gouvernement, du Parti socialiste, de la presse me dictait.
Au cours de l’année écoulée, je n’ai eu d’autre but que de tout voir et tout entendre. A l’Elysée, à Matignon, au Palais Bourbon, rue de Solférino, partout, afin de tout vous dire le jour venu. Enfin ! Nous y sommes.
Le 14 mai prochain, mon retour sera effectif en librairie. Qu’il me soit permis de remercier les éditions Ramsay.