mai 2008

Archive mensuelle

Plus belle la gauche, première sitcom socialiste

Créé par le 31 mai 2008 | Dans : Parti socialiste

Pour patienter jusqu’au Congrès du PS, qui aura lieu dans six mois, Marianne2.fr vous propose « Plus belle la gauche » : le premier feuilleton-fleuve 100% socialiste.

Résumé des 421378 épisodes précédents : A six mois du Congrès du PS, rien ne va plus à Gaucheville. Bertrand tente d’occuper la scène médiatique, talonné par Ségolène. Du côté des Reconstructeurs, les discussions vont bon train pour empêcher l’un de ces deux-là de devenir chef du village. Pierre (Moscovici) s’est finalement rabiboché avec son vieux copain Jean-Christophe (Cambadélis) pour sauver les restes du courant strauss-kahnien, mais ses ambitions pour devenir premier secrétaire se heurtent à celles de Martine (Aubry), plus consensuelle. Dimanche, l’oncle Jack a lâché qu’il pourrait lui aussi occuper le poste… et a bien fait rigoler tout le monde.

A l’Assemblée nationale, mercredi 28 mai, la famille Nouveau Parti socialiste (NPS) est au complet. Devant un parterre de journalistes, les jeunes cadres – Razzy Hammadi, Bruno Julliard et Benoît Hamon – entourent le patriarche, Henri Emmanuelli. Ils ont une bonne nouvelle à annoncer : eux aussi déposent une contribution en vue du Congrès ! En plus, la leur est plus chouette que les autres parce qu’elle est « vraiment à gauche », contrairement à celles de Bertrand et Ségolène. Ils l’ont appelée «Reconquête».
- Ségolène et Bertrand, c’est « je, je, je », « moi, moi, moi! », tempête Henri Emmanuelli
-Ils proposent une offre politique de centre gauche. C’est ringard. Les partis sociaux-démocrates perdent toutes les élections en Europe depuis des années !, ajoute Benoît Hamon.
Henri explique qu’il ne digère pas le coup du « libéralisme » de Bertrand, avec qui il était encore copain
pas plus tard qu’il y a trois mois.Mais la veille, son voisin de palier idéologique, Jean-Luc Mélenchon, lui a lancé un appel. Henri lui a-t-il répondu ??
-Oui, oui, on l’a croisé au bureau national, on a parlé…, marmonne Benoît.
En fait, Benoît et Henri ne veulent pas emménager avec Jean-Luc dans le pavillon « entouré de barbelés » des gauchistes du PS qui font peur à tout le monde. « On veut faire un axe majoritaire ! » Du coup, les journalistes comptent mentalement sur leurs doigts. Si c’est pas avec Bertrand, si c’est pas avec Ségo, si c’est pas avec Méluche…il ne leur reste plus qu’une alliance possible : les Reconstructeurs!
-On n’a pas de problème avec Martine, poursuit Benoît.
Le début d’un flirt ? Les journalistes continuent de réfléchir : chez les Reconstructeurs, qui rassemblent fabuisiens et strauss-kahniens, c’est quand même truffé de sociaux-démocrates… Mais il est 13h00, tout le monde part déjeuner avant qu’il n’y ait plus de place à la terrasse du Bourbon, le bistrot qui jouxte l’Assemblée.

Pendant ce temps, David Assouline planche sur la campagne de Ségolène avec sa task force, les rénovateurs. Plus que six mois pour rallier les militants et refaire le coup des primaires. C’est à la fois beaucoup et très peu. Elle a enfin annoncé qu’elle était candidate au poste de premier secrétaire, mais du coup… il n’y a plus grand-chose d’autre à annoncer. Pour «créer l’événement», les gentils militants de Désirs d’avenir Paris ont pourtant eu une idée:
-Et si, le 31 mai, on allait dans tout Paris avec
le questionnaire du forum participatif et qu’on demandait aux gens de répondre ? Et après, on se retrouverait quelque part et on ferait une grande réunion !
David refuse tout net ! C’est la pire idée qu’il ait entendue… Ils sont gentils ces militants, mais presque aussi dangereux que les ennemis de sa candidate ! Et des ennemis, c’est pas ça qui manque. Heureusement, Ségo n’est pas du genre à se laisser faire. Dans VSD, ce mercredi, elle répète ce qu’elle avait dit sur TF1 : il devrait y avoir des « sanctions » pour les méchants socialistes qui disent du mal du Parti. C’est Jean-Christophe, l’artisan des Reconstructeurs, qui est visé parce qu’il a dit que le PS ressemblait à une
« pétaudière». Mais en le prenant pour cible, Ségolène lui donne le rôle d’ennemi numéro 1. Ça tombe d’autant mieux pour lui que ses Reconstructeurs font leur meeting dimanche prochain… Il ne faudra pas oublier de reparler du « libéralisme » de Delanoë pour faire bonne mesure.
David réfléchit encore. Il faudrait trouver un événement au début de l’été, un truc qui marque le coup avant les vacances. Bon, on verra bien… En attendant, sa candidate prépare déjà une sacrée surprise dans le Marianne de samedi prochain.

Pendant ce temps, rue de Solférino, François Hollande fait des petits dessins sur un carnet en même temps qu’il téléphone, le combiné calé sur l’épaule.
-…tu verras qu’ils me regretteront ! Ils vont se rendre compte que mon bilan n’est pas si mauvais. Mine de rien, j’ai quand même réussi à tenir le parti pendant dix ans ! Vous rirez moins quand il y aura des «sanctions», haha ! Enfin bon, on se rappelle. Allez, salut.
Il raccroche. Le téléphone sonne à nouveau :
-Allô ? Oui, formidable ta contribution !… Oh, tu sais c’est très ouvert. Six mois, c’est long. Il peut se passer n’importe quoi, tout le monde a ses chances. Bon, on se rappelle. Allez, salut.
L’essentiel est dit : surtout, ne décourager personne et faire mousser son bilan. Sur son petit carnet, il a écrit en lettres stylisées avec des arabesques : « MOTION ». Un sourire éclaire son visage : et si lui aussi préparait une motion pour le Congrès ? Voilà qui serait amusant !
Martine parviendra-t-elle à séduire Arnaud, Jean-Christophe et Lolo ? Ségolène réussira-t-elle à faire plier Bertrand ? Jean-Luc va-t-il bouder parce que Henri l’a laissé tomber ? Et Jack dans tout ça ? Vous le saurez la semaine prochaine en suivant votre nouveau feuilleton : Plus belle la gauche !


Vendredi 30 Mai 2008

Anna Borrel dans Marianne en ligne

Plus belle la gauche(2) : une autre femme est possible

Pour patienter jusqu’au Congrès du PS, qui aura lieu dans six mois, Marianne2.fr vous propose « Plus belle la gauche » : le premier feuilleton-fleuve 100% socialiste. Aujourd’hui : Martine met Gaucheville dans tous ses états.

Résumé des Résumés des 421379 épisodes précédents : Tout le monde veut devenir chef de Gaucheville à la place du chef de Gaucheville.

Jean-Christophe (Cambadélis) est tout excité. Dimanche, son nouveau groupe se produit pour la première fois sur scène, il espère que le public sera au rendez-vous. Ils se sont appelés les « Reconstructeurs » : leur but est de dézinguer les stars de Gaucheville, Bertrand et Ségolène. Surtout Ségo… Au moins, avec Bertrand, on peut discuter. Le problème, c’est que ce super groupe qui rassemble les amis de Dominique (Strauss-Kahn), ceux de Lolo (Fabius), mais aussi Martine (Aubry) et Arnaud (Montebourg) est composé de plein de copains qui ne se sont pas toujours bien entendus. Alors il leur a écrit un mail. Il le lit à son ami, le fabiusien Claude (Bartolone) :
-Tu me dis ce que tu en penses. Tu vois, j’ai mis des formules sympas. Pour la table ronde de 10h00, je marque : « Je suggère d’être le moins polémique possible ». Pour celle de 11h30, j’écris « Là encore, n’entrons pas dans une polémique avec d’autres. »
-Ah oui, c’est bien. Oh lala, j’espère qu’ils vont pas s’engueuler…
-Moi aussi, ce serait trop bête. A nous tous, on pèse au moins 40% du PS et avec ça, on peut devenir chefs de Gaucheville à la place de Bertrand et Ségo. En plus il y a Manuel (Valls) qui veut rejoindre Arnaud maintenant. Et Benoît (Hamon) a dit qu’il passerait nous voir. Mais il ne faudrait pas que Pierre (Moscovici) et Martine se fâchent… Alors à la fin du mail, j’ai écrit : « Indiquons à nos camarades les plus en vue, les plus capés, que leur présence toujours nécessaire n’implique pas obligatoirement une prise de parole. (…) Nous aurons d’autres occasions pour faire parler la poudre des lourds bataillons. » Et j’ai mis que 5 minutes de temps de parole à Martine.
-Super, l’encourage Claude. J’adore le coup des bataillons.
-Merci. Mais tu sais, bientôt viendra l’heure de choisir un porte-parole pour les Reconstructeurs. On ne pourra pas laisser croire éternellement à Martine et à Pierre qu’ils pourront tous les deux être chef de Gaucheville.
-Et si c’était moi plutôt ?
-Heu… Tu rigoles là, pas vrai ?

Quelques jours plus tard, le 1er juin, les Reconstructeurs s’installent sur scène. Jean-Christophe a un peu le trac, mais la salle se remplit, ça le rassure : il y a au moins 800 militants. Les copains sont tous venus : Arnaud, Martine, Claude… Pierre doit arriver plus tard dans la matinée. Il y a même Jean-Paul (Huchon), le président de la région Ile-de-France. Benoît se fait remplacer par les jeunes de son courant : Razzye Hammadi et Bruno Julliard. Ce dernier est venu avec son blouson « Gangsta raw », c’est vachement bath. Mais, catastrophe ! iI découvre que Martine est dans tous les journaux ce matin, du Parisien au JDD ! Patatras ! La bonne ambiance est à l’eau !
Une copine de Martine, Laurence (Rossignol), fait même circuler auprès des élus un « appel » intitulé « Une autre femme est possible » pour leur expliquer que Martine est mieux que Ségo. Du coup, ça ne rate pas, Pierre le prend super mal et lâche devant les journalistes :
-Le dynamisme de Martine, je ne le sens pas dans la salle, je le sens surtout dans la presse. Je ne suis pas venu pour adouber un troisième présidentiable alors que j’ai toujours milité contre la présidentialisation !
Rien ne va plus entre Martine et Pierre…

Puis le spectacle commence. Dans le JDD, il y a écrit qu’un copain de la bande à Ségo a dit que les Reconstructeurs c’était « le mariage de la carpe et du lapin ». Tout le monde y va de son petit couplet sur les carpes, les lapins… au moins, là-dessus, on est d’accord, on n’est pas des « bestioles », on est des socialistes ! Et puis, l’après-midi, c’est à Martine de parler…
-Je suis fière des congés payés, de la suppression de la peine de mort, de la parité, des 35 heures… !, lance-t-elle à la tribune.
Elle parle beaucoup plus que 5 minutes ! Et la salle est électrique, les militants hurlent… Puis, c’est la standing ovation ! Le public en délire se lève pour l’applaudir ! C’est le plus gros succès de la journée. Dans le brouhaha, Jean-Christophe se tourne vers Claude. Les deux copains se regardent…Ça va être chaud de tenir jusqu’en novembre, songent-t-il.

Jean-Christophe arrivera-t-il à réconcilier Martine et Pierre ? Ségolène réussira-t-elle à préparer du lapin chasseur et de la carpe farcie pour le dîner ? Et pourquoi Benoît n’est-il pas venu… ? Vous le saurez en regardant le prochain épisode de « Plus belle la gauche » !


Dimanche 01 Juin 2008 – 20:00

Anna Borrel

La gauche saura-t-elle retrouver ses raisons d’être et d’agir ?

Créé par le 30 mai 2008 | Dans : a1-Abc d'une critique de gauche. Le billet de XD

Entre non sens, contre sens et sens commun, ainsi va la gauche depuis maintenant trop longtemps dans sa politique des petits pas ou des grandes enjambées idéologiques, mal aimée et toujours sous le charme des sirènes du renoncement.

De l’audace, n’en manque-t-elle pas singulièrement lorsqu’elle ne trouve rien d’autre à opposer aux politiques économiques en oeuvre en France et en Europe, qu’une trop vague dénonciation de choix inopportuns dans le paquet fiscal qui prive toujours la France des ressources utiles pour donner du souffle à une économie en voie d’asphyxie quelque soit, par ailleurs le chipotage sur des fractions de points en plus ou en moins de croissance ? Comment serait-elle alors encore crédible pour dénoncer une logique d’ensemble à laquelle elle a fait à nouveau acte d’allégeance au parlement lors de l’adoption du traité de Lisbonne ? D’où cet exercice funambuliste consistant chez certains à donner crédit d’une voix aux critiques de la commission de Bruxelles, laquelle  applique  la lettre et l’esprit des critères de convergences économiques – inflation, déficit public, endettement – définis à Maastricht et précisés à Amsterdam, en reprochant presque au gouvernement son manque de rigueur dans la gestion économique du pays. Il y avait pourtant un boulevard qui s’ouvrait à la gauche en ce début d’année, si prenant au mot Nicolas Sarkozy dans ses discours de campagne, elle avait osé lier la question de la politique économique et monétaire, celle de la Banque centrale européenne et des gouvernements de la zone euro, au contenu du nouveau traité !

Les petits mots suréalistes autour du libéralisme et du socialisme parachèvent dans certains secteurs sociaux-libéraux un processus au long cours entamé il y a plus de vingt cinq années avec l’entrée dans la mal nommée parenthèse libérale, jamais refermée mais au contraire renforcée par les effets de cliquet des réformes dans le champ socio-économique qui accompagnent et accélèrent les mutations des modes de gouvernance des entreprises, des états, de l’Europe et du monde. A force de se ranger aux raisons inavouées des  tenants d’une liquidation de l’état-social et des politiques publiques volontaristes, on en vient tout naturellement à franchir le Rubicon dans un amalgame de fort mauvais goût entre libéralisme et socialisme, comme pour mieux vider ce dernier de ses quelques restes de vélléités réformatrices !

Dans ce contexte, ne doit-on pas accueillir plutôt favorablement le questionnement pragmatique s’il part du réel pour aller à l’idéal ? Lorsqu’il s’accompagne de l’idée d’une possible convergence des familles socialistes, communistes, républicaines, écologiques et radicales – sous forme de fédération autour d’un contrat de gouvernement –  la logique de ce questionnement n’appelle-t-elle pas alors des éléments de réponse plus offensifs vis à vis du prêt à penser néolibéral ? Quand il semble que les prétentions de l’extrême gauche à couvrir l’espace en jachère de la radicalité, face aux ravages du capitalisme financier mondialisé, inquiètent même Clémentine Autain et les partisans d’un pôle de gauche de la gauche, il y a certainement autre chose à dire et à faire que d’attirer l’attention avec des oxymores qui décribilisent toute stratégie alternative ! C’est aussi ce que l’on pourrait attendre de la gauche socialiste. D’où la posture unitaire du mouvement républicain et citoyen, sur la base d’une réflexion de fond sur la nature du capitalisme financier, secoué par de fortes turbulences, pour apporter des réponses réalistes et sortir des ornières du néolibéralisme en opposant un dessein de progrès, une véritable politique de civilisation, aux forces obscurantistes du néoconservatisme libéral à la française.

X D

P.S : En rentrant dans le jeu, Martine Aubry fait coup double : elle polarise une attention jusqu’alors captée par le duel Royal/Delanoë ; elle neutralise les vélléités de leadership de Moscovici sur les larges franges indépendantes des deux principaux protagonistes. Une question apparaît cependant. Passé l’effet de surprise et de sagesse, les reconstructeurs oseront-ils aller au fond des choses ? Quel projet ? Quelles alliances ? Pour une alternative au capitalisme financier mondialisé ? Comment penser que les Strauss-Kahniens puissent se laisser entraîner sur une pente de radicalité ? Faute de quoi, la gauche du NPS ne ralliera pas cette candidate providentielle ! Et d’ailleurs, candidate à quoi ?

Le combat au PS fait la joie de Besancenot

Créé par le 30 mai 2008 | Dans : Gauche anti-libérale

MATTHIEU ÉCOIFFIER

QUOTIDIEN LIBERATION : vendredi 30 mai 2008

Bonne semaine pour Olivier Besancenot. Quand l’entourage de Bertrand Delanoë surnomme Ségolène Royal « »Che »golène» parce qu’elle «cite Jaurès quatorze fois par phrase et déclare le libéralisme incompatible avec le socialisme», le leader de la LCR, qui tient meeting ce soir à la Mutualité, à Paris, se frotte les mains. Idem lorsque l’ex-candidate assure que «le capitalisme détruit les hommes et les femmes. […] C’est ça, le libéralisme».

«Drapeau». A la LCR, on sait qu’en matière d’anticapitalisme et de référence au Che, la crédibilité de Besancenot n’a pas d’égal. Et que les saillies «gauchistes» de Royal apportent une légitimité supplémentaire au Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), en cours de lancement par la Ligue. «C’est l’hommage du vice à la vertu, ironise Alain Krivine, porte-parole de la formation trotskiste. Ce faux débat sémantique discrédite encore plus le PS. Tout le monde sait qu’ils défendent tous les deux l’économie de profit ! Et qu’ils se font concurrence uniquement pour savoir lequel sera premier secrétaire et candidat en 2012.» Non content de relever dans beaucoup de déclarations des socialistes «un nouveau signe que le PS est obsédé par Olivier Besancenot», Alain Krivine se félicite qu’«ils se rendent comptent qu’une partie de la gauche se détache d’eux et se radicalise. Et ils ont peur que cet électorat ne se reporte plus sur eux».

Lundi, Julien Dray, porte-parole du PS, en faisait le constat dans Libération : «Si nous donnons le sentiment de laisser tomber le drapeau, d’autres, comme Olivier Besancenot, se chargeront de le ramasser.» Une analyse reprise par Razzye Hammadi, membre de l’aile gauche du PS : «A chaque fois qu’on papillonne et qu’on laisse Besancenot s’exprimer sur l’essentiel- la répartition capital-travail, l’investissement public et la défense des salariés -, cela ne peut que lui profiter !» Son courant, le NPS, espère lui aussi engranger sur l’antilibéralisme au sein du PS. Pour Razzye Hammadi la sociologie uniforme et notabilisée du PS l’empêche de contrer «la synthèse politique et culturelle que Besancenot est en train de réussir entre les jeunes des quartiers populaires et les déçus de la gauche de gouvernement appartenant aux catégories populaires».

«Pré carré». Le NPA mord en effet les mollets du PS. Selon une note interne à la LCR, qui circule chez les dirigeants socialistes et que Libération s’est procurée, «la première phase du processus de lancement du NPA est un succès». Les socialistes ont la désagréable surprise de relever que «les points forts [du NPA] s ont sur les lieux où le PS est implanté à l’ancienne : Seine-Maritime, Pas-de-Calais, Bouches-du-Rhône, région toulousaine». «Révélateur de notre non-évolution/notabilisation ?» interroge un cadre socialiste.

Grâce à la polémique sur le libéralisme, Besancenot apparaît comme le troisième homme. «C’est vers le NPA que beaucoup de militants de gauche, perturbés, se tournent. Et pas vers le PCF. Le jeu s’est polarisé entre Royal, Delanoë et Besancenot» , constate l’antilibérale Clémentine Autain (lire son entretien sur Libération.fr), pour qui «l’enjeu est de savoir si le NPA est prêt à s’ouvrir à d’autres sensibilités ou cultivera son pré carré d’extrême gauche».

La gauche du PS sort du bois

Créé par le 30 mai 2008 | Dans : Parti socialiste

MATTHIEU ÉCOIFFIER

QUOTIDIEN LIBERATION : jeudi 29 mai 2008

Sur le boulevard antilibéral, quand Bertrand Delanoë et Ségolène Royal se crêpent le chignon sur «libéralisme et socialisme», la gauche du PS reprend du poil de la bête. Ses chefs de file, l’eurodéputé Benoît Hamon et l’ancien ministre Henri Emmanuelli, ont jugé hier la polémique «surréaliste» et «archaïque» au moment ou «la crise financière, alimentaire et énergétique» marque «un renversement de cycle». Les voilà donc en piste pour construire un «rassemblement à vocation majoritaire» au PS qui tire les «leçons de l’échec du libéralisme».

«Ringard». La contribution de leur courant, le Nouveau Parti socialiste (NPS), au congrès de Reims en novembre se veut une «offre politique distincte de la ligne partagée par Ségolène Royal et Bertrand Delanoë», a expliqué Benoît Hamon, 41 ans, flanqué de deux porte-parole de moins de 30 ans : Razzye Hammadi et Bruno Julliard. Façon aussi «d’incarner le renouveau et la respiration à l’intérieur du PS» face au «monolithisme générationnel» des deux présidentiables.

Si l’aile gauche la joue modeste – «nous n’avons pas la prétention d’incarner l’alternative» -, il s’agit bien d’engranger sur la «déception des militants» face «à la querelle, au jeu de ping-pong entre Royal et Delanoë , a assuré l’eurodéputé. Je n’ai pas senti un vent se lever ni dans un sens ni dans l’autre». Après les avoir renvoyés dos à dos et dénoncé «le haut niveau d’improvisation que l’on entend à la droite du PS». «Il n’y a pas beaucoup d’audace, dans les contributions de l’un ou de l’autre, à nous régurgiter des solutions expérimentées dans les années 90», a-t-il ajouté. Taclant le «blairisme parfaitement ringard» de Delanoë pour qui «le passé de la social-démocratie européenne ferait office d’avenir pour le PS», Hamon a invité les socialistes «à rompre avec le discours CSP ++».

Elargir. Vocation majoritaire oblige, le NPS se recentre. Dénonçant un «discours du sacrifice insupportable» demandé aux classes populaires et moyennes, Hamon a prôné de «l’imagination pour penser de nouveaux droits et de nouveaux pouvoirs sans tomber dans le Grand Soir». Pour élargir son audience, le courant ne lorgne pas sa gauche : l’eurodéputé a renvoyé le sénateur Jean-Luc Mélenchon à «ses barbelés autour de la vraie gauche». Des discussions ont lieu, notamment avec les «reconstructeurs», amis de DSK, de Fabius et de Montebourg, avec Martine Aubry, «dont les mots sont doux à nos oreilles», a reconnu Benoît Hamon. Sauf que pour le NPS le «tout sauf Ségolène ou le tout sauf Delanoë ne peut être le ciment» d’un rassemblement majoritaire.Reste à convaincre les militants que le congrès se prendra par la gauche. Et pour le leadership ? Hamon candidat au poste de premier secrétaire ? «Non» , a répondu l’intéressé. «Oui» , a susurré Emmanuelli.

PS : dix questions pour un congrès réussi, par François Hollande

Créé par le 29 mai 2008 | Dans : Parti socialiste

Le Parti socialiste est dans une situation paradoxale : il vient de remporter des élections locales qui font de lui le premier parti de France, mais il s’est révélé incapable de gagner l’élection présidentielle, faute d’avoir réussi à assumer son identité. Il représente la seule force d’alternative à la droite, mais il peine à rassembler autour de lui, faute d’alliances stabilisées. Enfin, s’il est devenu plus homogène sur le plan des idées – la nouvelle déclaration de principes en est l’illustration -, il peine à faire vivre sa cohérence, faute de bien régler la question présidentielle.

L’enjeu du congrès qui s’annonce est donc de relever ces trois défis : le projet, la stratégie, les rôles respectifs du parti et du candidat. Ce sont les conditions nécessaires pour pouvoir être en situation de vaincre en 2012.

J’avais pris l’engagement, en 2005, de ne pas prétendre à ma propre succession. Je le respecte, après plus de dix ans passés à la tête du PS. Je suis conscient des atouts considérables que recèle cette formation politique : le dévouement de ses militants, la densité de son réseau d’élus, la crédibilité dans son exercice du pouvoir – local comme national. Mais je suis lucide sur ses fragilités : individualisme des comportements au sommet, étroitesse sociologique de sa base, vulnérabilité de son assise électorale.

Je sais aussi que l’unité est un combat, tant la propension aux querelles – parfois tactiquement entretenues – est récurrente. Et je ne me reprocherai jamais d’avoir su les surmonter dans des moments difficiles (2002, 2005, 2007). La première qualité de mon successeur sera d’y parvenir sur la base d’une ligne politique cohérente présentée par une majorité regroupant, autour d’un contrat, ceux qui pensent tout simplement la même chose.

Aujourd’hui, le PS est devant ses responsabilités. La droite échoue. Le sarkozysme ne marche pas. Ce mélange détonant en campagne, explosif au pouvoir, fait de fausses promesses et de culte de la méritocratie, ne donne rien de bon en termes économiques : l’offre productive comme la demande solvable sont découragées – et pas davantage en termes sociaux : le salariat subit seul la pression de l’adaptation à la mondialisation et les Français sont mis en conflit quant à la gestion de leurs propres intérêts ; l’individualisation est érigée en système. Et le modèle est exhibé au plus haut niveau : « L’Etat, c’est le Moi ».

La gauche n’a pas simplement à préparer une victoire électorale. Elle doit mener une offensive idéologique. Faire la démonstration, notamment auprès des couches populaires et moyennes, que ce sont ses valeurs, ses propositions, ses méthodes qui correspondent aux aspirations de la France dans le monde tel qu’il est. Face à l’ampleur de la mutation économique, énergétique, démographique, géopolitique, l’intervention de l’Etat, la nécessité d’un effort partagé et l’émergence de la cohésion sociale ne sont jamais apparues aussi évidentes.

Les socialistes ne peuvent, à l’occasion de leur congrès, en rester aux pétitions de principe ou à une bataille de mots. Ils doivent savoir poser les légitimes décisions de personnes et de leadership au terme d’un débat et non à son commencement. Ils doivent régler les dix grandes questions qui leur sont posées dans leur rapport aux Français.

COMMENT ÊTRE PLUS FORT DANS LA MONDIALISATION ?

Depuis au moins cinq ans, la France décroche. Le déficit du commerce extérieur atteint 40 milliards d’euros, quand l’excédent allemand dépasse 200 milliards. La modération des coûts salariaux et la déréglementation du droit du travail n’y feront rien. La cause tient au retard pris dans l’investissement productif, au défaut de spécialisation industrielle, mais aussi à une porosité par rapport aux produits venant de pays à bas coût. Ajoutée aux délocalisations, cette dégradation de notre position commerciale nous expose à une dépendance accrue à l’égard des capitaux étrangers.

La réponse passe par la définition d’un pacte de croissance et de compétitivité associant Etat, partenaires sociaux et collectivités locales, dont l’objet essentiel serait de mobiliser les financements pour relever le niveau d’investissements privés et publics du pays.

COMMENT ÊTRE PLUS JUSTE DANS LA RÉPARTITION ?

Les inégalités se creusent depuis cinq ans. La dérive des rémunérations les plus élevées, conjuguée à la détaxation des patrimoines et des revenus des capitaux, a engendré une perte de confiance d’autant plus grande que l’Etat-providence est contesté dans son efficacité comme dans son équité.

La politique fiscale ne peut pas être un projet, mais il n’y a pas de projet sans stratégie fiscale. La campagne de Nicolas Sarkozy l’a démontré, et je continue de penser qu’il aurait fallu le contester sur ce terrain-là avant que l’injustice du paquet fiscal n’ouvre les yeux à beaucoup. Mais il était trop tard.

Les socialistes doivent y revenir en évitant les caricatures : tant que les déficits perdurent, il ne peut y avoir de diminution globale des prélèvements – sinon les allégements fiscaux sont payés à crédit par les Français au bénéfice des plus favorisés ! De même doit être proposée une réforme fiscale qui harmonise les impositions entre le travail et le capital et qui fasse du revenu réel la base du prélèvement local comme social. Mais c’est au niveau de l’entreprise que se situe le coeur même de la répartition, et le salarié doit d’abord être rémunéré par son salaire, au risque sinon d’en faire, avec la protection sociale qui lui est liée, une peau de chagrin. Et la fiscalité des entreprises doit d’abord prendre en compte cette dimension plutôt que de privilégier l’intéressement et les revenus accessoires.

COMMENT PRÉPARER LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION ?

L’allongement de l’espérance de vie – progrès majeur de civilisation – oblige à prévoir le financement des retraites, mais aussi à organiser la vie sociale au-delà de la période d’activité et à couvrir les aléas de la dépendance. Ce n’est pas qu’une problématique électorale – avec le poids des plus de 60 ans dans les votes – mais un sujet politique majeur en termes de mode de vie, d’équilibre des générations et de financement. Elle oblige à repenser les rapports au temps de travail, qui ne doit plus être conçu sur la semaine ou même sur l’année, mais sur l’ensemble de la vie professionnelle ; les règles de calcul de la retraite devront prendre en compte cette nouvelle organisation du travail, laquelle doit offrir cette souplesse, à condition de préserver l’employabilité de chacun. 

De même, les socialistes ont à promouvoir une politique familiale dynamique permettant l’accueil et la réussite de l’enfant afin de conjuguer un niveau élevé à la fois de natalité et d’activité des parents. Enfin, la charge de la fin de vie et de la dépendance conduit à délimiter la part de la responsabilité individuelle et de la solidarité nationale. Et, face à la logique assurantielle, il faut assumer le financement collectif d’une large part de cet aléa. 

COMMENT MENER SOLIDAIREMENT LA MUTATION ÉNERGÉTIQUE ?

La hausse du prix du pétrole, aussi spéculative qu’elle soit, annonce ce que l’on sait depuis longtemps : la fin programmée des énergies fossiles à l’horizon de 2040/2050. Il convient de hâter la transition d’un mode de développement vers un autre, en compensant les conséquences sociales douloureuses pour le plus grand nombre.

 

Des choix sont nécessaires : en matière d’énergies renouvelables, de modernisation sécurisée de la filière nucléaire, d’incitations fiscales massives sur les économies d’énergies, le transport collectif et les véhicules propres, mais aussi en matière d’aménagement du territoire, en valorisant les villes et en proposant des logements et des commerces intégrés. Les règles du marché seront féroces dans l’ajustement énergétique. Les plus pauvres n’y résisteront pas, et des conflits d’un type nouveau sont à craindre. C’est là que les socialistes peuvent réhabiliter le rôle de la puissance publique, de l’intérêt général, du long terme et de la justice sociale.

COMMENT MAÎTRISER SEREINEMENT L’IMMIGRATION ?

La chimère de « l’immigration zéro » a vécu, même à droite. Les contraintes de la démographie et les besoins de l’économie ont fini par avoir raison des plus démagogues. Mais le caractère incontrôlé du processus, l’inexistence de l’accueil, la ségrégation accentuée de l’habitat font de cette tension un ressort à leur instrumentalisation politique. La gauche a tout avantage à une politique de vérité : il faudra régulariser sur la base de critères les étrangers présents depuis plusieurs années sur notre territoire, justifier le raccompagnement dans des conditions humaines de ceux qui n’y ont pas droit, organiser des règles avec les pays d’émigration et définir avec les Européens une politique commune de contrôle, mais aussi de développement (d’abord avec l’Afrique), sans laquelle les frontières, même protégées par je ne sais quel barbelé, ne résisteront pas.

COMMENT RÉGLER DÉMOCRATIQUEMENT LA PRÉSIDENTIALISATION DE NOS INSTITUTIONS ?

Depuis le quinquennat et l’inversion du calendrier, les socialistes tournent autour du pot. Il est vrai que la manière avec laquelle Nicolas Sarkozy y est tombé prête à réfléchir. Il faut admettre le fait présidentiel au sein de l’exécutif. Mais reconnaître cette prééminence oblige à renforcer les droits du Parlement, à démocratiser les modes de scrutin – à l’Assemblée nationale comme au Sénat -, à organiser un véritable pluralisme dans l’audiovisuel et à rendre indépendantes les fonctions juridictionnelles à travers la composition du Conseil constitutionnel et du Conseil supérieur de la magistrature.

 

La réforme actuellement en débat ne va pas jusque-là. Mais aux socialistes de faire la lumière sur leur propre schéma institutionnel. Je refuse le régime présidentiel, mais j’écarte tout autant le régime primo-ministériel. Je propose la solution de l’équilibre entre l’exécutif et le législatif et le lancement d’une nouvelle étape de décentralisation qui deviendra la vraie réforme de l’Etat, si elle clarifie les compétences, unifie les modes de scrutin et modernise la fiscalité.

COMMENT RELANCER LE PROJET EUROPÉEN ?

Le débat institutionnel a suffisamment divisé les socialistes pour que l’on ne se plaigne pas de son dénouement. Une autre phase s’ouvre : celle des contenus et des politiques. Nous avons à faire des choix : quelles frontières et jusqu’où ? Quelle défense et avec qui ? Quelle protection de notre espace européen ? Quelles politiques communes, quels investissements et dans quels secteurs ? Quels rapports avec l’Allemagne ?

 

Les socialistes français ont besoin de rehausser leur crédibilité européenne. Elle en a pris un coup. Et, ce qui est attendu d’eux, c’est un engagement renouvelé sur l’avenir de l’Europe. Il est espéré de nos électeurs qui, ayant voté oui ou non, sont européens, et surtout de nos partenaires qui constatent que le président actuel est plus atlantiste que son prédécesseur, mais n’est pas plus européen.

COMMENT RENDRE COHÉRENTE LA PAROLE SOCIALISTE ?

La déclaration de principes qui est soumise au vote des adhérents du PS a été élaborée et approuvée par l’ensemble des sensibilités qui le structurent. Bel acte de rénovation. Depuis le temps que l’on nous sommait de faire notre aggiornamento ou notre Bad Godesberg, voilà qui est fait. Le PS est plus uni sur l’essentiel qu’il ne le laisse paraître. Alors, où est le problème ? Il est dans la difficulté, avivée par le quinquennat, de maîtriser le processus présidentiel. Là se situent toutes les ambiguïtés de la préparation de notre congrès et la complexité de la tâche du prochain premier secrétaire. Respecter les ambitions légitimes de celles et ceux qui peuvent prétendre et ne pas renoncer à la sienne.

 

J’estime que c’est fin 2010 que le choix devra se faire et que, d’ici là, c’est un travail collectif que nous devons mener sur le projet et sur les modalités du rassemblement de la gauche. Cette gestion du calendrier exige une cohérence dans la direction du PS. Notre diversité est une chance, à la double condition de mener les débats nécessaires, mais aussi de les clore par une décision qui s’impose à tous. La discipline de vote – celle issue des délibérations des instances représentatives des adhérents et a fortiori des militants eux-mêmes – est la première condition de la crédibilité du PS. C’est la clé. On ne peut prétendre vouloir lutter contre l’individualisme qui ronge notre société et l’installer au coeur de notre propre formation politique.

COMMENT RASSEMBLER LA GAUCHE ?

Le PS domine électoralement la gauche. Il n’en a pas le monopole. Des cultures politiques demeurent : écologique, communiste, républicaine, radicale. Elles ne se dilueront pas avant longtemps dans un parti unique.

 

En revanche, un rassemblement de la gauche de gouvernement, dans une structure fédérative, est possible dans un délai rapide. C’est dans ce cadre que s’élaborerait le futur contrat de gouvernement et que s’organiserait la prochaine majorité parlementaire. C’est également là que serait décidée la présentation d’un candidat commun au premier tour de l’élection présidentielle, à partir d’une procédure qui pourrait être élargie aux citoyens eux-mêmes.

COMMENT ÉLARGIR POUR GAGNER ?

Arithmétiquement, la gauche n’est pas majoritaire. Mais l’a-t-elle jamais été ? La victoire vient forcément d’un processus d’élargissement. Conduit-elle à un changement d’alliances ? Du côté de l’extrême gauche, elle est improbable programmatiquement et elle est refusée politiquement. La stratégie du nouveau parti destiné à se substituer à la LCR n’est pas de participer à une coalition avec la gauche, mais de la mettre en cause, voire en accusation. Il ne vise pas à créer un aiguillon mais une coupure.

 

Quant au MoDem, il est soumis à l’ambition présidentielle de François Bayrou, qui, jusqu’en 2012, opposera une fin de non-recevoir à toute sollicitation. Et les convergences ne peuvent simplement se réduire à l’anti-sarkozysme. A nous de convaincre les électeurs que, pour changer effectivement de politique, le Parti socialiste donne davantage de garanties.

Si les socialistes répondent à ces dix questions, les Français s’intéresseront à nous parce que l’on aura su s’adresser à eux. La gauche se structurera autour du PS, car nous aurons su lui offrir une perspective, et l’opposition aura gagné en crédibilité ce qui, en ces temps de transgression et de confusion, sera précieux pour la démocratie.

Le prochain premier secrétaire doit avoir l’autorité, la légitimité et la majorité lui permettant de donner de la force à l’expression du PS. Mais cette réponse sur le leadership ne peut être la seule. Elle doit procéder d’un grand débat politique permettant cette cohérence pour l’action.



François Hollande est premier secrétaire du Parti socialiste.

 

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