Des milliers de Palestiniens ont manifesté jeudi 15 mai en Cisjordanie et dans la bande de Gaza pour marquer l’anniversaire de la Nakba, la catastrophe que fut pour eux la création d’Israël il y a soixante ans. La presse palestinienne exprime son amertume et ses espoirs. 

« Les médias et responsables israéliens se plaisent à souligner que ce sont les Palestiniens qui ont rejeté en 1947 le partage de la Palestine [sous mandat britannique] décidé par les Nations unies [résolution votée le 29 novembre 1947 et qui divise la Palestine entre un Etat juif et un Etat arabe et place Jérusalem sous contrôle international]. Selon cette logique, les Palestiniens seraient donc en partie responsable de la Nakba [catastrophe] qui s’est abattue sur eux », relève Al-Quds.

« Les Israéliens passent ainsi sous silence le fait que la communauté internationale a soutenu à cette époque la création de l’Etat d’Israël alors que les Palestiniens aspiraient à l’indépendance de leur pays et à l’égalité des droits pour tous ses habitants, chrétiens, juifs et musulmans », poursuit le quotidien palestinien. Plus déplorable encore est « la partialité de la communauté internationale qui sombre dans l’oubli et fait semblant d’ignorer la réalité des choses, d’ignorer qu’Israël a vu le jour sur les ruines de la tragédie palestinienne et en dépossédant le peuple palestinien de sa terre ».

Et de regretter : « La position américaine aurait été tellement plus équilibrée si le président américain George W. Bush [en visite à Tel-Aviv dans le cadre des festivités des 60 ans de l'Etat hébreu] avait eu le moindre geste, même symbolique, à l’égard des Palestiniens, qui commémorent la Nakba de leur côté. »

« Mais la présence d’Israël et son maintien sur une partie de la terre de la Palestine grâce à l’usage de la force et à un soutien, financier et militaire, venant de l’extérieur, n’est qu’une forme de colonisation. Et un peuple qui vit en en réprimant un autre ne peut être libre », enchaîne le site Amin. « Depuis 1967, Israël se développe en accélérant la colonisation de la Cisjordanie. Et aujourd’hui ce pays construit un mur de séparation, œuvre pour la judaïsation de Jérusalem et isole la bande de Gaza en lui imposant un blocus. Des agissements qui sont en violation de la convention de Genève, laquelle définit les limites du pouvoir de l’occupant et protège les droits fondamentaux des civils subissant l’occupation », poursuit le site palestinien, rappelant le contenu du livre de l’ancien président américain Jimmy Carter, Palestine : la paix, pas l’apartheid.

Pour Amin, la commémoration de la Nakba est l’occasion de lancer un appel pour « une refonte de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) afin de lui insuffler un esprit plus démocratique et de la rendre plus efficace pour défendre les droits des Palestiniens ».

Même son de cloche dans le quotidien Al-Ayyam, qui appelle à l’union des factions palestiniennes et regrette les divisions et dissensions entre le Hamas et le Fatah. Le quotidien, proche de l’Autorité palestinienne, souligne que la solution doit être recherchée « en mettant l’accent sur une stratégie où l’offensive politique est privilégiée ».

Hoda Saliby