juin 2008
Archive mensuelle
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Créé par sr07 le 30 juin 2008 | Dans : Parti socialiste
Ce sont de petits conseils que les socialistes se donnent entre eux, en vue de leur congrès de Reims, du 14 au 16 novembre, d’où ils espèrent sortir avec une identité réformiste claire et… un leader. Dans son livre L’Impasse (Flammarion, 2007), Lionel Jospin suggérait aux postulants à la succession du premier secrétaire, François Hollande, de « se dépouiller un peu de leur ego ». En « sage (très) actif », Laurent Fabius a aussi souhaité que le PS « laisse un peu tomber les affaires d’ego et qu’il s’occupe du fond ». Paroles d’experts. A Lille, le 19 juin, et après sa rencontre très surjouée et surmédiatisée avec Martine Aubry, Bertrand Delanoë n’a pas hésité à y faire écho : « Le congrès de Reims ne doit pas être le congrès de Bertrand, de Martine, de Ségolène, de François ou de Pierre, c’est le congrès du Parti socialiste. »
Alors qu’Olivier Besancenot espère profiter de sa crise pour construire son Nouveau Parti anticapitaliste, le PS se déchire. Au conseil national du 2 juillet, une douzaine de contributions générales – un peu plus que de prétendants officiels, déclarés, virtuels, possibles ou masqués au poste de premier secrétaire – vont fleurir. Elles ont peu de chance de passionner des militants déboussolés et déroutés par la guerre des chefs et de mobiliser des barons fédéraux réfugiés dans l’attentisme. Jean-Christophe Cambadélis, un des lieutenants de Dominique Strauss-Kahn, a comparé ce rituel au haka, cette geste guerrière des All Blacks destinée à impressionner l’adversaire au rugby. Mais les militants seront plus attentifs aux signataires qu’aux textes, sachant que ce sont les motions – déposées au « conseil national de synthèse » du 13 septembre -, celles sur lesquelles ils voteront, qui fixeront les clivages.
Aujourd’hui, le PS est encore le théâtre de combats d’ego – chaque candidat estimant naturellement être le meilleur pour devenir le leader – sur sables mouvants. Les stratégies, les lignes, les candidatures, les alliances, tout est susceptible de bouger. Les trois principaux prétendants – officiel pour Ségolène Royal, encore présumés pour Bertrand Delanoë et Martine Aubry – à la succession de M. Hollande ont trois points communs. Ils ont appartenu tous les trois, depuis 1997, à toutes les majorités qu’a dirigées le député de Corrèze. Il en est de même pour Pierre Moscovici, un autre candidat officiel.
Comme M. Jospin en 1995, quand il a repris la tête du PS, ils sont tous les trois non parlementaires. Mme Royal a abandonné son mandat de députée des Deux-Sèvres après sa défaite à la présidentielle de 2007. M. Delanoë a quitté le Sénat en 2001 après être devenu maire de Paris. Battue en 2002, Mme Aubry ne s’est pas présentée aux législatives de 2007. Enfin, ils ont tous les trois une légitimité, puisée dans les urnes, et un charisme suffisants pour afficher l’ambition de diriger le premier parti d’opposition. Mais, faute d’avoir suscité une véritable dynamique autour d’eux – qui se mesure à l’intérieur du PS plus que par des sondages -, aucun des trois n’a, à ce stade, le profil rassembleur requis par la fonction.
Si cinq camps se profilent confusément, chacun est confronté au défi de sa cohérence. Rejetée ou délaissée par l’appareil d’un parti avec lequel elle n’avait pas su, ou pas pu, être en empathie pendant sa campagne présidentielle, Mme Royal doit trouver les bonnes clefs pour revenir au PS par la porte et éviter de le contourner, comme pendant la primaire de 2006, en passant par la fenêtre. Pour conquérir le PS, il lui faut le réapprivoiser, se réconcilier avec ses us et coutumes. Mme Royal joue plutôt habilement – tentant de profiter d’un « TSS » (tout sauf Ségolène) qu’elle assimile dans son livre Si la gauche veut des idées, publié avec Alain Touraine chez Grasset, à « une sorte de loi salique » -, reprenant sa méthode participative et transformant le réalisme de gauche jospinien en « lucidité radicale ». Mais elle devra convaincre, alors qu’elle a gardé ses idées iconoclastes et qu’elle a juste mis en veilleuse son ouverture au centre, de sa capacité à présidentialiser une gauche « qui ne se résigne pas ».
MARIAGE D’OXYMORES
En apparence, M. Delanoë a réussi à élargir ses bases au-delà des derniers cercles jospinistes. Son nouveau credo « libéral et socialiste » a dérouté jusque chez ses partisans, mais il a facilité le ralliement de la frange rocardienne des amis de M. Strauss-Kahn. Quitte à ce que sa cohérence en pâtisse. Ainsi, Michel Destot, le maire de Grenoble, qui s’est allié au MoDem dès le premier tour aux municipales, a rejoint celui qui fustige un centre animé par le « seul objectif » d’affaiblir le PS « pour se substituer à nous et incarner l’alternance en 2012″. M. Delanoë, avec le soutien de quelques grands maires, a atténué son image « parisianiste » sans la gommer. Il lui reste à réaliser la synthèse entre première et deuxième gauche tout en incarnant la rénovation.
Dépourvue de troupes, même si elle a conforté ses positions dans le Nord, Mme Aubry est obligée de s’entendre avec le groupe des Reconstructeurs, fondé sur un mariage d’oxymores. Une poignée de strauss-kahniens, une majorité de fabiusiens et Arnaud Montebourg… l’attelage est hétéroclite. La maire de Lille affiche son volontarisme pour « restaurer les valeurs historiques du socialisme ». Mais la fille de Jacques Delors, qui a toujours professé des convictions européennes, apparaît tributaire des « nonistes » du référendum européen de 2005, dont elle avait dénoncé l’indiscipline, surtout si l’aile gauche de Benoît Hamon rejoint son éventuelle motion. Cela rend très aléatoire une alliance « TSS » avec M. Delanoë.
Ayant renoncé à se représenter une quatrième fois à la tête du PS, M. Hollande semble chercher « son Medvedev », celui qui lui permettrait de garder la main en quittant le pouvoir. Et empêcherait un leader présidentiable de barrer la route à ses ambitions pour 2012. Julien Dray n’a pas les habits du rôle. Avec derrière son panache les deux tiers des strauss-kahniens, M. Moscovici peut-il être l’outsider qui gagne sur le fil ? Pour que le député du Doubs ait une chance de franchir l’obstacle, cela suppose que, selon le voeu de M. Hollande, une même motion rassemble – et neutralise – à la fois Mme Royal et M. Delanoë. L’hypothèse n’est pas la plus probable. Et, dans ce cas, M. Moscovici devrait sans doute laisser la place à un candidat plus consensuel. Le combat d’ego risque donc de se poursuivre. Mais si on ne sort pas des sables mouvants, on s’y enlise !
Editorialiste
Courriel :
noblecourt@lemonde.fr
Article paru dans l’édition du Monde du 01.07.08
Créé par sr07 le 30 juin 2008 | Dans : Débats autour de la refondation de la gauche, Le Che, Projet politique
Je veux d’abord remercier Jean-Luc Laurent, maire du Kremlin-Bicêtre, et Béatrice Desmartin, Première Secrétaire du Val-de-Marne, pour l’organisation de ce quatrième Congrès du MRC parfaitement réussi. Mes remerciements vont aussi à la petite équipe du Val-de-Marne, Marianne Picard et Bastien Faudot notamment qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour nous accueillir tous dans les meilleures conditions. Je veux saluer amicalement nos invités, représentants des partis de gauche, des syndicats et du mouvement associatif. Merci à l’ensemble des militants qui ont bénévolement assuré le fonctionnement et la présence de notre parti depuis le Congrès d’avril 2006. J’ai une pensée particulière pour Georges Sarre qui a tenu bon à la direction du parti pendant ces années difficiles. Je n’oublie rien des services éminents que Georges a rendus et je sais pouvoir compter sur son jugement et son expérience dans les fonctions qu’il exercera demain à mes côtés comme secrétaire national aux relations extérieures. Hommage et honneur à ceux qui nous ont quittés et qui laissent derrière eux une trace qui ne s’effacera pas : Nicole Morichaud, conseillère régionale d’Ile de France, infatigable militante du CERES, de Socialisme et République, du MDC et du MRC, et Jean-Louis Dieux, pilier du Mouvement depuis toujours et Conseiller Régional de P.A.C.A. Un nouveau départ est nécessaire après l’échec de 2007 qui a illustré l’impréparation idéologique et politique de la gauche dans son ensemble, quelque effort que nous ayons fait pour y remédier.
A moins de quatre ans de la prochaine élection présidentielle qui est devenue, dans notre système politique, l’élection directrice, celle autour de laquelle toutes les autres s’ordonnent, nous devons porter un regard lucide sur le rapport des forces à l’échelle mondiale afin de créer l’évènement qui permettra d’ouvrir à la France un nouveau chemin de progrès.
Trois échecs successifs à l’élection présidentielle depuis 1995 n’ont pas été l’effet du hasard. Ils s‘enracinent dans la distance prise à l’égard de la gauche par l’électorat populaire. Cette distanciation a elle-même des causes anciennes et profondes. Le projet que nous portions dans les années soixante-dix s’est heurté de plein fouet à la victoire du néo-conservatisme libéral, au tournant des années quatre-vingt et à la politique d’ouverture généralisée des marchés, y compris des marchés de capitaux. De cette défaite de la gauche, largement consentie, nous subissons encore aujourd’hui les conséquences. Le capitalisme financier a pris progressivement le pas sur le capitalisme industriel. Avec l’effondrement du communisme, les multinationales ont mis en concurrence les territoires et les main-d’œuvre à l’échelle mondiale. Il en est résulté une délocalisation ouverte ou sournoise des activités des pays anciennement industrialisés vers les pays émergents à bas coût salarial, dont certains sont dotés d’immenses « armées de réserve industrielles ». Le développement des fonds spéculatifs et des fonds de pension a abouti à l’instauration d’une véritable « dictature » de l’actionnariat. Mais, la « globalisation » est entrée en crise profonde en son centre même : crise bancaire et financière, crise énergétique et crise alimentaire, crise du réchauffement climatique enfin.
I – Il faut d’abord comprendre la nature de cette globalisation aujourd’hui en crise.
Cette « globalisation », en effet, est un phénomène à la fois économique et politique. Ce serait rester à la surface des choses que de voir dans les « subprimes » américaines et les dérives du capitalisme financier à l’échelle mondiale la cause essentielle de la crise actuelle. Le surendettement des ménages américains a été encouragé par les autorités publiques américaines pour sortir de la précédente crise née de l’explosion de la bulle technologique, en septembre 2000. La réalité est que les Etats-Unis, artisans principaux de la globalisation depuis les années quatre-vingt, ont vécu à crédit. Ils ont depuis longtemps un train de vie qui dépasse leurs moyens. Ils ont proclamé imprudemment la fin de l’Histoire après la chute de l’Union Soviétique. L’Histoire les a rattrapés. Les pays émergents se sont autonomisés du FMI depuis 1998 en se désendettant. L’Hyperpuissance américaine a cru pouvoir pratiquer une politique de fuite en avant avec un déficit commercial abyssal. L’Administration Bush a entraîné ses alliés dans l’invasion de l’Irak, provoquant, à des fins principalement pétrolières et au nom de « la guerre contre la terreur », un véritable « clash des civilisations ».
Les Etats-Unis se trouvent confrontés aujourd’hui à trois problèmes cumulatifs : la récession économique, la chute du dollar, l’enlisement en Irak et au Moyen-Orient. Ils n’ont plus les moyens de maintenir seuls leur domination mondiale. Avec un budget militaire de 640 Milliards de dollars (plus de la moitié des budgets de défense à l’échelle mondiale), les Etats-Unis cherchent en Europe et en Asie des supplétifs. M. Sarkozy, en réduisant l’armée française à la dimension d’un petit corps expéditionnaire à la disposition de l’OTAN, est prêt à les leur fournir. Cette situation est très dangereuse pour les intérêts de sécurité de
la France. Nous n’avons pas à nous mettre à la remorque d’une politique américaine sur laquelle nous n’exerçons aucun contrôle.
C’est seulement en restant indépendants ou en se donnant les moyens de le devenir, que la France et l’Europe se feront respecter et pourront modérer utilement et orienter l’usage de l’Hyperpuissance américaine.
En effet, ce sont les règles du jeu à l’échelle mondiale qui doivent être modifiées, dans le cadre d’un monde multipolaire dont l’avènement est rendu d’ailleurs inévitable par la montée des grands pays émergents (Chine – Inde – Brésil, etc.) et le retour de
la Russie. Nous voulons que ce monde soit régi par le droit car c’est la condition de la paix.
Là sont les rôles de l’Europe et de la France, levier de notre responsabilité au monde. Nous voulons rester les alliés des Etats-Unis mais nous ne voulons pas être leurs vassaux. L’opinion publique européenne est éprise de paix. Elle souhaite que les Etats-Unis redeviennent la grande nation qu’ils sont, en acceptant la réalité d’un monde multipolaire nourri par le dialogue des cultures.
La crise de la « globalisation » bat en brèche les postulats libéraux auxquels la gauche française s’est heurtée depuis plus de deux décennies : ainsi le libre-échangisme, car personne n’attend plus d’une nouvelle libéralisation des échanges à l’OMC un rebond de la croissance à l’échelle mondiale. Ainsi encore le refus des politiques industrielles au nom d’une conception idéologique de la concurrence qui a fini par paralyser l’action publique. Enfin, le refus de l’intervention des Etats, car même les pays les plus libéraux renflouent, sur fonds publics, leur système financier et même leurs grandes entreprises industrielles. Tout montre qu’après trois décennies de « globalisation » succédant aux « trente glorieuses » du New Deal, un nouveau cycle historique est près de s’ouvrir. C’est là le rôle du MRC, servir d’aiguillon idéologique pour réveiller la gauche française et la mettre en état de peser sur les équilibres du monde.
II – En second lieu, il faut comprendre les potentialités de réorientation qu’offre cette crise.
A) C’est d’abord à l’échelle mondiale qu’il faut agir.
Les désordres monétaires sont devenus insupportables. Des fourchettes de parités doivent être définies et défendues collectivement. Les Etats-Unis doivent rétablir leur épargne. Ils peuvent être aidés à retrouver l’équilibre de leur balance commerciale par une croissance concertée des autres parties du monde et d’abord de l’Europe.
Il faut aussi que les grands pays émergents prennent davantage en compte chez eux les besoins de leur population, ainsi que le respect, au Nord, des équilibres sociaux et, dans le monde, des exigences environnementales. C’est à ce prix seulement que les pays anciennement industrialisés pourront continuer à ouvrir leurs marchés à une concurrence qui repose trop exclusivement sur l’avantage comparatif d’un très bas coût de main d’œuvre. Une régulation concertée des échanges internationaux est nécessaire.
Elle devra ménager l’accès libre aux marchés des pays riches des produits des pays les moins avancés, et notamment de l’Afrique. Leurs productions, à l’inverse, doivent être protégées. L’aide publique au développement, scandaleusement négligée, devra être rétablie et accrue. Les institutions financières internationales devraient trouver une nouvelle vocation dans la correction des inégalités croissantes de développement. Cette nouvelle donne ne sera rendue possible que par une mobilisation de l’opinion mondiale et par la réunion de grandes conférences internationales sur le modèle de Bretton-Woods en 1944-45.
B) Parallèlement, la réorientation de la construction européenne est nécessaire.
L’Europe ne se redressera pas sans la France et sans que la gauche française fasse entendre sa voix. L’Europe ne trouvera sa place dans le monde multipolaire de demain que si elle-même se révèle capable d’organiser un modèle équilibré de développement. Le « non » irlandais révèle encore une fois le rejet par les peuples d’une Europe technocratique et antisociale.
À cet égard l’instauration d’un gouvernement économique de la zone euro est un enjeu décisif. Une politique de change moins pénalisante pour l’activité, la mise en œuvre de politiques contracycliques fondées sur l’investissement et la recherche pourraient créer un environnement propice pour l’harmonisation sociale et fiscale et la promotion des services publics. L’Europe ne peut se résumer à la mise en concurrence des systèmes sociaux. Il est temps de lui donner un contenu progressiste. Le rôle de l’Allemagne sera déterminant car la politique de compression des coûts salariaux mise en œuvre depuis 2000 pénalise gravement la croissance européenne. L’excédent commercial allemand se réalise pour l’essentiel au détriment de ses partenaires européens. Le rôle de la France n’est pas moins important comme catalyseur politique pour réorienter la construction européenne dans le nouveau contexte mondial. Les institutions européennes auraient l’impérieux devoir de s’appuyer davantage sur les Etats qui restent les principaux acteurs de l’initiative publique. Malheureusement ce n’est pas le sens du Conseil européen des 19 et 20 juin.
Le « non » irlandais rend manifeste le fossé entre les élites dirigeantes européennes et les aspirations des peuples. Vouloir extorquer un « oui » au peuple irlandais en le soumettant à la « question » serait une nouvelle forfaiture.
L’Europe contre les peuples ne marche pas. La France quant à elle serait aussi fondée que les pays dérogatoires (Grande-Bretagne, Irlande, Danemark, Suède) à réclamer des garanties et des exemptions.
C’est ce que nous réclamons depuis longtemps en matière de service public, de fiscalité, d’élargissement des marges de manœuvre budgétaires. L’argument qu’on nous oppose c’est que la France, à l’initiative et au cœur du processus européen, doit montrer l’exemple. Mais tout montre au contraire qu’il s’agit, au prétexte de l’Europe, d’imposer à la France une procédure quasi disciplinaire : il est comme entendu que le peuple français n’est pas mûr pour une démocratie responsable et qu’il n’a donc pas la latitude d’exercer ses droits. Cette politique caporalisatrice est insoutenable.
C’est avec cette conception qu’il faut rompre pour aller franchement vers une Europe à géométrie variable s’appuyant sur la démocratie qui vit dans les nations.
C) Au niveau national.
L’urgence première sera de faire face à la récession qui vient. Aucun moyen ne devra être négligé, y compris l’intervention de l’Etat ou de compagnies publiques dans le capital des entreprises stratégiques, afin de préserver le tissu industriel. Il faut contenir les exigences du capitalisme financier, stabiliser le capital de nos entreprises et fonder de nouvelles relations sociales sur la base d’une « Charte de l’entreprise ». L’éducation, la recherche, seront favorisées. La cohésion sociale, l’activation du sentiment républicain, la solidarité civique face à toutes les formes de communautarisme seront mises à l’ordre du jour. Une véritable écologie, au service de l’humanité tout entière, ne saurait s’enraciner que dans le terreau des Lumières, rejetant toutes les formes d’obscurantisme. Tel est notamment le cas pour ce qui est de la lutte contre le réchauffement climatique et pour un développement durable. La science et la culture doivent, en effet, rester au cœur de notre action.
III – Pour toute la gauche un nouveau départ est nécessaire. C’est le sens de l’appel que le MRC lance à ses partenaires.
A) Un nouveau départ
Pour porter cette ambition de changement, la gauche française doit impérativement dépasser ses tropismes régressifs. Il est urgent pour elle d’organiser « l’évènement » qui, trente-sept ans après Epinay, permettra une nouvelle refondation, comme elle a su le faire à chaque étape de son histoire. Cet évènement ne saurait être que la création d’un grand rassemblement de toute la gauche, ouvert à toutes ses sensibilités, radicales voire utopiques ou au contraire plus gestionnaires. La question n’est pas de savoir jusqu’où ira le rassemblement. L’impératif c’est le rassemblement lui-même qui doit se faire avec l’ensemble des hommes et des femmes de gauche et de progrès, mais en conservant la visée unitaire qui a toujours permis les grandes avancées de
la gauche. Beaucoup des clivages hérités du passé ont été tranchés par l’Histoire. D’autres se sont déplacés et doivent être résolus par le débat.
La ligne politique du MRC est très volontariste. Elle vise, en créant un grand parti de toute la gauche reposant sur des analyses de principe, à contrarier dans son intérêt même le glissement à droite du parti socialiste et l’enfermement sur lui-même du parti communiste. Qui ne voit que la création d’un parti soi disant révolutionnaire à côté d’un parti devenu franchement social libéral offrirait pour longtemps un boulevard à la droite ?
Il faut contrarier ces tendances mortifères pour la gauche et pour le pays. A chacun de nos partenaires nous parlerons avec la franchise de l’amitié.
1. S’agissant du Parti socialiste
Ségolène Royal a été déséquilibrée pendant sa campagne par les manœuvres de l’aile libérale de son parti (les Gracques d’abord puis les prises de positions de Bernard Kouchner et de Michel Rocard). Il ne sert à rien au PS d’être hégémonique à gauche s’il n’est pas capable de devenir majoritaire dans le pays. Le PS doit tenir compte des autres sensibilités de la gauche pour renouer avec les couches populaires. Or, le PS, après l’échec de mai 2007, a montré son absence de détermination sur le fond en faisant voter majoritairement le traité de Lisbonne. En recherchant des alliances sans principes avec le MODEM, certains, en son sein, ont oublié qu’avant de s’allier, il faut soi-même savoir où on habite. La déclaration de principes du PS, malgré des références républicaines appréciables, ne comporte pas d’analyse de
la mondialisation. Elle est enfin marquée par un européisme que bat en brèche la volonté des peuples.
L’éloignement de la gauche des couches populaires est un problème déjà ancien. Le risque est grand qu’en 2012 le PS aborde l’échéance décisive avec les mêmes handicaps qu’au cours des trois élections présidentielles précédentes.
Il est vital de redresser cette évolution. L’aile gauche du PS le peut-elle ? Il semble qu’elle soit profondément affaiblie et elle est elle-même divisée.
Seul un évènement né d’un choc externe pourrait redresser cette évolution. Or le prochain Congrès du PS ne sera vraisemblablement pas décisif. Seul, le PS n’opérera pas le redressement nécessaire. Il lui faut renouer à travers un projet clair avec les couches populaires. Ce projet dynamique, nous pouvons contribuer à l’apporter. Le temps presse. Cet « événement » que le MRC appelle de ses vœux doit être créé au printemps 2011 au plus tard.
2. S’agissant du PCF.
Près d’un siècle après le Congrès de Tours les raisons du divorce entre communistes et socialistes se sont estompées.
L’URSS et le communisme soviétique se sont effondrés. La théorie léniniste de la conscience révolutionnaire, importée dans une classe ouvrière spontanément réformiste et dominée par l’aristocratie ouvrière, et cela grâce à un parti appuyé sur le « socialisme scientifique », a fait long feu. Non que la théorie et l’analyse des phénomènes sociaux doivent être rejetées. Au contraire ! Mais c’est à travers le débat et la démocratie que les classes populaires doivent se doter d’un parti et d’une conscience politique à la hauteur des défis du monde d’aujourd’hui. Il ne s’agit pas d’en rabattre sur l’ambition transformatrice mais de rompre avec le dogmatisme et la stérilisation de forces militantes précieuses.
Le PCF est tiraillé aujourd’hui entre plusieurs tentations : celle de créer une nouvelle formation à gauche du PS, avec ou sans Besancenot, et en association avec des groupes plus ou moins spontanéistes. L’échec du rassemblement autour du « non de gauche » purement anti-libéral et a-républicain a manifesté la vanité d’une telle démarche qui ne peut que dissoudre le PCF dans une idéologie victimaire compassionnelle teintée d’anarchisme.
L’autre perspective est le repli sur soi maquillé, soit aux couleurs de l’orthodoxie, soit d’une rénovation superficielle. En réalité, le PCF a atteint un étiage si préoccupant que sa réalité politique et sociologique qui reste estimable risque de subir un coup fatal dès lors que le candidat du PCF aux élections risque de rééditer en moins bien les scores de Robert Hue en 2002 et de Marie-George Buffet en 2007. Le PCF dont nous apprécions la valeur de ses militants doit éviter d’aller dans le mur et nous voulons l’y aider.
Combien plus efficace en effet serait le potentiel de réflexion et d’action des militants communistes ancrés pour beaucoup encore dans la réalité populaire, s’il trouvait à se déployer à l’intérieur d’un grand parti de toute la gauche ! Ce potentiel aujourd’hui stérilisé trouverait un débouché porteur d’avenir.
3. S’agissant des radicaux et des écologistes leur sensibilité a sa place dans un grand parti de toute
la gauche. Les premiers parce que la République est dans leurs gènes, les seconds parce qu’ils peuvent renouveler les approches traditionnelles de la gauche dès lors qu’ils se situeront fermement sur le terreau des Lumières.
4. La situation actuelle – dérive du PS, enfermement du PCF sur lui-même – dispersion des différentes formations de la gauche ex plurielle – offre un espace pour la tentative d’Olivier Besancenot et de
la Ligue Communiste Révolutionnaire de créer à la gauche d’un PS définitivement social libéral, une force soi-disant révolutionnaire. Mais qui ne voit que l’antagonisme de ces deux forces dont l’une se voudrait toute la gauche, offrirait pour longtemps un boulevard à la droite ? C’est ce qu’escompte ouvertement Nicolas Sarkozy.
B) Une refondation républicaine
Plus que jamais s’impose avant 2012 la nécessité d’une refondation républicaine de
la gauche. Refondation républicaine parce qu’après l’effondrement du communisme soviétique qui a pendant des décennies barré l’horizon du socialisme démocratique, il est temps de repartir de la synthèse jaurésienne du socialisme et de la République.
L’exigence républicaine n’a rien de passéiste. Elle seule permettra de contrarier l’évolution de nos sociétés vers la fragmentation sociale et les replis identitaires, ethniques, religieux et communautaristes. Seule l’idée exigeante de l’intérêt général dont la nation républicaine reste le lieu d’élection sans que d’autres niveaux d’appartenance doivent être gommés, peut permettre de fournir à une société déboussolée des repères convaincants. La nation républicaine est fermement ancrée dans le terreau des Lumières, celui du rationalisme et de l’humanisme. Sachons nous y maintenir fermement.
Oui, notre ligne est volontariste :
La refondation républicaine de toute la gauche est une ambition que nous devons faire partager. Elle s’imposera demain sous l’empire des nécessités. Le PS en a besoin. Le PCF n’a pas, selon moi, d’autre perspective valable, mais il n’y viendra que progressivement. Le pays surtout y aspire.
Il y a dans la société française des réserves de citoyenneté active, de civisme, de désintéressement que nous devons mobiliser. Les réticences du PCF, l’autosuffisance et la tentation hégémonique du PS sont des obstacles que nous ne nous cachons pas. Mais nous n’entendons pas nous enfermer dans des règlements de comptes qui n’intéressent pas les générations nouvelles. Nous devrons lutter dans les prochaines années pour affirmer notre cap, faire un travail de conviction, nouer des alliances, provoquer la levée des blocages actuels qui réduisent la gauche à l’impuissance. Encore une fois, le problème pour le PS n’est pas de conquérir l’hégémonie à gauche. C’est de faire en sorte que la gauche puisse devenir majoritaire en France. Notre projet d’un grand parti de toute la gauche serait un puissant atout pour la gauche et le serait pour son candidat s’il savait se l’approprier assez tôt, ce qui n’a pas été possible en 2007.
Le MRC, pour ce qui le concerne, sera l’inlassable artisan de cette refondation républicaine. Pour créer un cadre politique commun, il faut que nous soyons capables de porter et faire connaître notre projet à travers des forums de l’Unité et des Assises de la gauche qui pourraient se tenir dès 2009.
Dans le débat intellectuel contemporain, le MRC a un rôle essentiel à jouer : celui d’aiguillon idéologique et de formation militante. Dans l’immédiat, notre parti doit se fixer quelques objectifs simples d’ici notre Prochain Congrès :
1. la réussite de notre Université d’été à Belfort dont la date est fixée aux 6 et 7 septembre, et dont le thème sera l’état de la gauche et les perspectives de sa refondation ;
2. le doublement de nos effectifs et la création de réseaux de sympathisants ;
3. l’affirmation de notre cohérence politique par l’organisation de manifestations publiques, en liaison ou non avec d’autres organisations ou sociétés de pensée ;
4. la diffusion de « Citoyens militants » et de la ligne républicaine dans les milieux de sympathisants qui un jour pourront rejoindre le grand parti de toute la gauche et en attendant le MRC ;
5. la création d’une Ecole des cadres en vue de former au moins une cinquantaine de « leaders » potentiels, articulés idéologiquement et capables de s’exprimer dans les médias ; 6. financièrement je renouvelle l’appel à une souscription nationale et je demande à tous les élus qui touchent une indemnité d’en consacrer une partie pour assurer la réussite de notre projet. C’est pour remplir ces tâches qu’un secrétariat national renouvelé plus qu’à moitié, à la fois expérimenté et rajeuni, vous a été proposé ;
7. Enfin, je n’oublie pas que nous devons préparer les prochaines échéances électorales. Les sénatoriales d’abord, en septembre prochain, où je serai candidat pour faire entendre, avec nos deux autres parlementaires, une voix républicaine au sein du Parlement.
Ensuite viendront les élections européennes, les élections régionales, puis les cantonales. Nous n’entendons pas, comme certains essayent de le faire croire, rejoindre le PS avec armes et bagages. La refondation républicaine a un contenu idéologique. Elle a une assise politique. Aucune décision ne sera donc prise par le MRC pour participer à quelque recomposition de la gauche que ce soit, en dehors d’un Congrès extraordinaire.
Aucune refondation de la gauche en effet ne peut se faire qu’à travers une analyse du monde et précisément une critique de la globalisation libérale et, par ailleurs, à travers un projet comportant des éléments programmatiques réalisables.
Avant de se poser le problème des alliances, la gauche doit savoir où elle habite. Elle vise à rassembler le monde du travail sur un projet humaniste. Elle porte l’héritage républicain qui, à partir de la notion d’intérêt général, permet le dépassement des intérêts particuliers, des égoïsmes, des corporatismes et des communautarismes. La pluralité d’appartenances conduit à définir une multiplicité d’intérêts généraux qu’il faudra savoir hiérarchiser à travers un projet nouant ensemble l’intérêt national, l’intérêt européen et les intérêts de l’humanité dans son ensemble. Rien là qui ne soit conforme au patriotisme républicain et à l’internationalisme, dont Jaurès avait su montrer la complémentarité.
La valorisation du travail, la recherche de l’égalité et d’un progrès mieux partagé, l’épanouissement individuel prenant tout son sens dans un dessin de réussite collective, la promotion du sens des responsabilités, bref du civisme, constituent un socle de valeurs solides pour l’édification d’une République moderne, démocratique et sociale.
A partir de ces orientations, nous proposons que toutes les organisations et toutes les personnalités de gauche et de progrès qui le voudront réunissent dans tous les départements des forums de l’Unité. Ces forums, largement ouverts, auraient à traiter quelques sujets clés :
1. l’analyse de la globalisation et les conséquences à en tirer pour l’action de la gauche au gouvernement ;
2. la valorisation du travail ;
3. la réorientation de la construction européenne ;
4. la forme du nouveau rassemblement de la gauche à créer.
Ces forums pourraient déboucher sur des Assises de la gauche en 2009 qui prépareraient, sur la base d’un projet clair, un Congrès de rassemblement de toute la gauche au sein d’un grand parti. C’est à cette occasion que serait élu, au suffrage universel des militants, le candidat de la gauche à l’élection présidentielle de 2012. Ce candidat ne serait pas seul. Il serait porté par un projet collectif et par un élan qu’il nous appartient de faire lever sans attendre dans le pays.
Voilà
la perspective. Elle demandera du travail, de la persévérance, de l’enthousiasme, mais il n’y en a pas d’autre pour offrir à la France un avenir et les repères républicains qui lui manquent cruellement aujourd’hui.
Soyons sûrs de nous, de nos valeurs républicaines, de nos analyses de ce qu’est le capitalisme financier contemporain, de la pertinence de notre projet. Nous sommes la pointe émergée d’un iceberg républicain qui a dans le pays une réalité ancienne et profonde. Toutes les dernières élections nationales l’ont démontré : il y a dans le pays entre deux ou trois millions de citoyens qui ont encore une idée assez haute de l’intérêt national pour en faire dépendre leur vote et qui, en définitive, font pencher la balance.
Mais nous ne sommes pas qu’une réserve de voix potentielle. Nous offrons à la gauche des repères et un cadre de références dont elle a besoin pour retrouver la confiance du pays et d’abord celle des couches populaires.
Tenez bon ! Camarades, citoyens, les évènements viendront à notre rencontre. Déjà notre appel rencontre de puissants échos à gauche et notamment au sein du parti socialiste. Des convergences s’organisent naturellement. Le pouvoir de M. Sarkozy ne se soutient que par l’absence d’un projet réellement alternatif sur lequel la gauche pourrait se rassembler. La France se réveillera et la gauche se redressera. A une condition : que vous-mêmes vous teniez le cap républicain !
Le Kremlin Bicêtre, dimanche 22 juin 2008
Créé par sr07 le 30 juin 2008 | Dans : Débats autour de la refondation de la gauche
Citoyennes, Citoyens,
Nous avons engagé une longue marche, une grande traversée. Depuis 1992, à la lumière des mutations politiques, sociales et économiques que notre Nation a connue au fil des années, nous avons tenu le cap.
Le bon cap : celui de l’intégrité, de la responsabilité et – faisons œuvre d’immodestie – du courage. Cette longue marche s’est révélée parfois douloureuse, souvent rugueuse. Et aujourd’hui, nous pouvons regarder ce parcours avec sérénité.
Dans le temps, à distance, les événements sont venus à notre rencontre et entrent en résonnance. La guerre du Golfe et le traité de Maastricht ont connu des répliques dont l’ampleur et la signification politique n’ont fait que confirmer le bien fondé de nos analyses et de notre engagement. Depuis 5 ans, pour des raisons profondément inavouables, les Etats-Unis ont engagés une guerre injustifiable de laquelle la France s’est désolidarisée à juste titre. 1991 en était la préfiguration.
La question européenne, quant à elle, continue de se fracasser régulièrement contre la souveraineté des peuples sans que cela ne semble modifier substantiellement la teneur des réponses prescrites par leurs élites.
En 2005, notre peuple, et nos voisins néerlandais ont refusé en conscience le traité constitutionnel qui leur avait été soumis.
En 2008, le Président de la République Nicolas Sarkozy a organisé un hold-up parlementaire reniant le peuple, dont il procède.
Lorsqu’à 10.000 km d’ici, une région ou un groupe ethnique manifeste sa volonté d’indépendance, j’entends souvent à Paris, de belles âmes défendre le droit des peuples à disposer d’eux mêmes. Les mêmes esprits ne peuvent s’exonérer d’être conséquents : qu’en est-il du droit de notre peuple à disposer de lui-même ? Là-dessus, le silence est assourdissant.
Voici dix jours, le peuple irlandais, en bouée de secours d’une démocratie méprisée par ceux là-même qui se drapent de ses vertus, a eu la « chance » de pouvoir s’exprimer sur le Traité de Lisbonne, reconfiguration sémantique du précédent. Je remercie Yvon Grinda d’avoir planté le drapeau irlandais ici, à cette tribune. Il convenait d’y associer notre drapeau tricolore car on peut dire que le peuple de France a voté par procuration.
Malgré ces camouflets répétés, les dirigeants européens se contorsionnent pour imposer aux peuples d’Europe un destin qu’ils refusent. Déjà, certains formulent l’hypothèse d’appeler les Irlandais à se prononcer à nouveau et de les sommer de revoter. Les élites européennes pratiquent désormais « le referendum jusqu’à ce que oui s’en suive », pour reprendre les mots savamment dosés d’Elisabeth Levy dans Les maîtres-censeurs. Voilà pourquoi, nous devons encore et toujours redoubler de vigilance pour veiller à ce que les démocraties modernes ne deviennent pas définitivement des coquilles vides.
Je pourrais ainsi continuer la longue liste des choix politiques que nous avons assumé, parfois trop tôt, et qui ont rencontré le principe de réalité comme le plus fidèle de nos alliés : sur l’éducation et l’autorité des maîtres, sur la sécurité publique que l’on ne peut se payer le luxe de discréditer par une approche exclusivement sociologique en omettant que la citoyenneté constitue un ensemble de droits et de devoirs, sur la défense nationale – aujourd’hui malmenée – condition de notre indépendance et d’une diplomatie digne de la France, sur l’unité de notre République dont on croit aujourd’hui opportun de flatter les folklores régionaux jusque dans sa constitution, sur la politique de recherche pour donner toutes ses chances aux générations futures, sur la politique industrielle, le volontarisme de l’Etat.
En un mot, nous avons toujours défendu la légitimité de la puissance publique articulée à la souveraineté du peuple. On a souvent reproché au Mouvement Républicain et Citoyen une certaine inclinaison à l’archaïsme. Chers amis, nous ne sommes pas démodés puisque nous n’avons jamais été à la mode.
Nous ne sommes pas des renifleurs de modes.
En regardant ces quinze dernières années de vie politique pendant lesquelles nous avons fait le choix de nos convictions, nous pouvons avoir la tête haute. C’était tout le sens de la candidature de Jean-Pierre Chevènement à l’élection présidentielle en 2002. C’était tout le sens du discours de Vincennes. C’était aussi le sens de l’accord MRC-PS de 2007, ayant constaté l’absence d’espace politique. A chaque fois, nos choix ont été pertinents.
Aujourd’hui, la crise systémique de la mondialisation financière et son cortège de délocalisations, de remise en cause des services publics, de défaisance et de démission de l’Etat, ne trouve aucune réponse cohérente.
La gauche, a pris ses distances avec les couches populaires et les classes laborieuses. Elle a perdu sa boussole en substituant peu à peu les réformes sociétales au progrès économique et social et donc à la croissance.
Chers camarades, si nous nous assignons encore pour mission de « Changer la vie », nous devons dès à présent nous engager pour changer
la gauche. Elle doit se refonder sur une base républicaine et réaffirmer le rôle majeur, prépondérant de la puissance publique. Lacordaire disait en 1848 : « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, c’est la liberté qui opprime, et l’Etat qui affranchit. » Voilà, à mon sens, une maxime qui doit animer la gauche dans ses réflexions.
Depuis 2007, le MRC est redevenu fréquentable. La gauche ne pourra pas faire sans nous ni contre nous. La présence de l’ensemble des partis de gauche à notre congrès en est la manifestation.
Pour autant, les échanges réguliers que nous avons avec le Parti socialiste, le Parti communiste, le Parti radical de gauche et les Verts sont nécessaires mais doivent s’approfondir et s’amplifier au-delà du cadre du groupe de liaison pour avoir lieu devant les citoyens.
Après nos congrès respectifs, ces débats publics devront jeter les bases d’un grand parti de toute la gauche. Un cycle s’achève comme cela est déjà intervenu à plusieurs reprises dans l’histoire de notre République. Quelles sont les pertinences, à l’époque actuelle, de perpétuer les congrès de Tours et d’Epinay ? Aucune. Chacun le mesure, le temps presse. Pour aborder les prochaines échéances nationales en 2012, l’ensemble des partis de gauche doivent débattre d’un projet. Nous devons mettre en place toutes les conditions pour la création d’un nouvel outil que serait un parti de toute
la gauche. Car l’enjeu pour la gauche, c’est de reconstruire une hégémonie intellectuelle et militante en créant un électrochoc.
Camarades, militants et sympathisants du Mouvement Républicain et Citoyen, vous avez eu raison de tenir bon. Je veux saluer votre courage, votre solidité et votre fidélité à vos convictions et à vos idées. Nous avons pour nous la cohérence de notre parcours, mais aussi la probité qui le caractérise. Au regard de la représentation politique, cela peut paraître être une bien maigre pitance. C’était le prix à payer. Depuis 2002 et jusqu’à aujourd’hui, les directions successives du MRC ont affronté avec courage les vents forts et les turbulences. Nous sommes toujours là et plein d’allant.
L’époque qui s’ouvre est celle d’un nouveau départ pour notre parti, pour la force de nos idées.
Pour porter l’exigence républicaine sous l’augure de laquelle a été placé notre Congrès, le Mouvement Républicain et Citoyen doit changer de braquet. Nos tâches sont nombreuses. Pour le MRC, il en va comme de la citoyenneté : nous avons des droits auxquels correspondent des devoirs.
Devoir tout d’abord de porter notre projet, de le faire vivre dans les départements et de nous organiser en conséquence pour développer notre influence.
Devoir de se faire pleinement respecter. Comme tout parti politique, nous avons vocation à présenter des candidats aux élections. A ce titre, pour le prochain rendez-vous des élections sénatoriales, le MRC sera présent. Nous présenterons des candidats dans les départements en septembre prochain, soit sur des listes d’union, soit sous nos propres couleurs. Jean-Pierre Chevènement s’est d’ores et déjà porté candidat pour représenter le Territoire de Belfort au Parlement. Le Territoire de Belfort a besoin de lui. La France a besoin de sa voix pour faire entendre une conception exigeante et généreuse de la République aux cotés de nos autres parlementaires.
Nous avons un autre devoir : nous rassembler. Entre camarades qui partagent depuis si longtemps les mêmes idées et une longue histoire commune, nous avons un devoir de confiance, de transparence et j’ajoute de relations amicales.
Citoyennes, citoyens, notre mission sera difficile mais je connais la qualité des troupes. Notre mission est exigeante, mais elle se révélera profondément enthousiasmante. C’est une tâche exaltante qui s’offre à nous. Pour ce nouveau départ, nous devrons assurément muter dans nos façons d’agir et dans notre mode de fonctionnement. C’est ainsi que nous pourrons prolonger l’histoire du MDC, du Pôle Républicain puis du MRC et développer notre influence.
Pour ce nouveau départ, pour conduire la refondation républicaine, le MRC devra être rassemblé pour mettre en œuvre notre motion d’orientation politique et notre projet adaptés massivement par le congrès. Pour garantir le succès de cette entreprise, il convient de confier le gouvernail de notre navire à un homme expérimenté qui depuis la création du MDC jusqu’à aujourd’hui, a su hisser haut l’exigence républicaine.
Jean-Pierre Chevènement vous a informé de sa disponibilité pour prendre la direction effective du MRC dans la nouvelle période qui s’ouvre et nécessite un nouveau départ pour notre parti. Comme vous j’en suis heureux.
Nous connaissons ses qualités, sa stature d’homme d’état mais je ne veux pas froisser la modestie que nous lui connaissons également.
Je veux donc en votre nom le remercier de se placer au premier rang de façon effective et clairement, et l’assurer de notre soutien et de notre engagement actif et total en retour.
C’est donc avec enthousiasme que je vous propose la candidature de Jean-Pierre Chevènement à la fonction de Président du MRC.
Dimanche 22 juin 2008
Créé par sr07 le 30 juin 2008 | Dans : a1-Abc d'une critique de gauche. Le billet de XD
Une vie à changer disait-on en écho au changer la vie. De l’une ou de l’autre, il n’est guère question à présent. En guise d’expression, celle de changer d’avis sied peut être mieux à la situation présente !
C’est qu’ils en ont rabattu des ambitions collectives pour en arriver là. Pâle spectacle, ce théatre d’ombres qui transforme presque les militants en spectateurs de guignol. Comprenne qui pourra à ces tirs croisés des figurants, épargnant subtilement le sauveur suprême dont on ne sait pas encore s’il sera le fédérateur ou l’allié de circonstance. Ainsi va le PS. A l’exception notable de ses franges bien déterminées à ne pas s’en laisser conter, expérience faite de la terrible compromission du congrès de Versailles qui ne voulut point imposer avec le référendum sur le traité de Lisbonne, le respect de la parole donnée ! On s’en souviendra sans doute encore longtemps !
Est-ce à dire qu’il faudrait pour autant jouer les cobras devant la flûte enchantée du petit facteur, toujours allant et ma foi, fort sympathique ? Quitte à laisser de côté la gauche de gauche qui pose quand même la question du débouché politique et de l’alternative tout en rêvant d’une stratégie de type Die Link. Mais le dit NPA peut bien passer outre les interpellations d’un Christian Picquet ou d’une Clémentine Autain. Il n’a cure de ces empêcheurs de tourner en rond. Il faut que ça tourne bruyamment et chaudement. C’est dans l’air du temps et, au demeurant, ça n’effraie plus personne.
D’ailleurs, s’il y en avait un pour se réjouir d’un tel spectacle, ce serait d’abord le locataire de l’Elysée. Presqu’assuré d’un nouveau bail avec un centre gauche, sorte de parti démocrate à l’américaine, et dans ses franges une gauche radicale actionnant tous les poncifs, jusqu’aux plus éculés, histoire de désamorcer toute vélléité de repositionnement républicain d’une gauche invertébrée et à bout de souffle idéologique !
Tout le contraire de cette idée géniale d’un parti de toute la gauche, des couches populaires et intellectuelles pour la reconquête d’une hégémonie culturelle. Elle fait déjà son chemin au MRC (voir nos entretiens sur ce blog) et au PS dans la remarquable contribution signée notamment par Paul Quilès et Marie Noëlle-Lienemann. Ceux-ci avancent à découvert. Et nous les en louons.
En attendant la suite, la meilleure façon de marcher c’est encore la nôtre, c’est de mettre un pied devant l’autre et de recommencer !
X D
Créé par sr07 le 30 juin 2008 | Dans : Parti socialiste
LAURE EQUY et DAVID REVAULT D’ALLONNES
QUOTIDIEN LIBERATION : lundi 30 juin 2008
Au PS, une contribution chasse l’autre. Lancées la semaine dernière (Libération de samedi), les cérémonies officielles de présentation des textes des différentes écuries socialiste en vue du congrès de novembre se sont poursuivies ce week-end.
Samedi, 10 heures , meeting matinal pour Ségolène Royal
La candidate est de retour. Autant qu’une présentation de sa contribution, ce fut, pour Ségolène Royal, l’occasion de s’offrir un moment de communion militante. Un véritable meeting, où flottaient d’insistants effluves de sa campagne présidentielle. «Présenter la contribution avec douze vieux mecs en costume derrière un bureau, c’était pas possible», explique Vincent Peillon, proche de Royal. Pour faire à la fois neuf, ouvert et massif, le dispositif a donc été réglé au laser. Après une vidéo façon clip pour assemblée générale d’actionnaires, avec musique électro douce, puis des interventions d’invités – un délégué CFDT d’Arcelor Mittal, Edwy Plenel, directeur de Médiapart, Ariane Mnouchkine, le président de Sauvons la recherche – les proches de Royal se succèdent au micro, tentant de préempter le monopole de la rénovation. Et de l’opposition. Najat Belkacem : «Nous devons nous adapter à de nouvelles formes de militantisme. De l’air ! De l’air !» François Rebsamen, en réponse à la une de Libé de samedi : «Où est le PS ? Il est là !» Jean-Pierre Mignard, président de Désirs d’avenir : «Nous sommes en train de faire le premier grand meeting d’opposition à ce régime depuis un an !» Au tour de l’intéressée, enfin, toute son équipe derrière elle, debout comme une seule femme, pour combattre l’idée d’une Ségolène Royal affaiblie par les défections : «Rassurez vous, je n’ai pas de nostalgie. Mais je ne veux pas qu’il y ait des impasses sur ce qui s’est passé» pendant la présidentielle. De quoi susciter de véritables transports chez ses fidèles, qui entonnent des «Ségolène présidente» ou des «On va gagner», sur l’air des supporters. Une présidentialisation assumée : «Oui, la politique a quelque chose à voir avec les ferveurs populaires», avance Royal. Vincent Peillon, à la sortie : «C’est déjà un autre parti.»
Samedi, 15 heures, Laurent Fabius s’invite au NPS
La réplique n’a pas tardé à tomber. Elle est venue du NPS, l’aile gauche du parti, réuni dans un amphi Richelieu surchauffé. «Ségolène a donné à sa réunion le titre de premier meeting de l’opposition ?», s’étonne Benoît Hamon, qui tacle : «Je suis content que vos vacances soient terminées : vous nous avez manqué ! Sur l’allongement de la durée de cotisation, les retraites, la défense des 35 heures.» Un peu plus tôt, Henri Emmanuelli avait déjà porté le fer, au chapitre de la démocratie participative cette fois : «Moi, je suis pour le suffrage universel, la démocratie représentative», expliquait le député des Landes, contestant «l’idée qu’il faudrait se mettre à l’écoute de l’opinion publique pour savoir que décider. Tout ça n’est pas sérieux.» Et au-delà, de redouter, en aparté, «qu’on veuille nous refaire le congrès de Dijon, le conglomérat invertébré où il y aura tout le monde» .Pascal Cherki, adjoint au maire de Paris, résume : «Deux hypothèses. Soit le syndicat du crime se reforme, et là il y aura une motion en face : la nôtre. Soit la majorité explose, et là on est disponible.» Notamment pour un rapprochement avec Laurent Fabius, présent samedi, et qui laisse la porte grande ouverte : «Il y a beaucoup de convergences. Je souhaite qu’elle se traduisent pas des décisions et actions communes dans les mois qui viennent.»
Dimanche, 11 heures, désir et réalité des reconstructeurs
D’action commune, il était aussi question hier matin, avec la présentation de la contribution partagée par les amis de Dominique Strauss-Kahn et d’Arnaud Montebourg. Certes, celle-ci ne présage pas encore, loin de là, d’une motion rassemblant tous les «reconstructeurs», alliant, outre les précédents, les camarades de Laurent Fabius et Martine Aubry : «Il y a encore de tas de choses à vérifier. Faut pas aller trop vite», freine Montebourg. Mais elle a l’avantage de maintenir, quoique provisoirement et cahin-caha, un semblant d’unité dans des courants sérieusement menacés par les OPA. «Cette contribution n’est pas une péripétie, un groupement de circonstance : c’est une force nouvelle qui va compter», veut croire son premier signataire, Pierre Moscovici, qui a fait le compte : «35 parlementaires, 12 premiers fédéraux, 8 présidents de conseil généraux, plus de 50 maires…» Et le député du Doubs, après la présentation du produit, de passer au marketing politique : «Nous ne sommes pas en position de quémander. Nous sommes plutôt désirables pour les autres.»
Dimanche, 12 h 30, Delanoë, «un ami» en campagne
Il est venu «en ami». et il ne fallait voir dans ce dimanche à la campagne, à la fête de la rose d’Avallon (Yonne), «aucun lien avec l’actualité du PS». En bras de chemise, Bertrand Delanoë enchaîne les dédicaces, fait le tour des stands, balaie l’étiquette parisienne qu’on veut lui coller, «qui consiste à dire : Delanoë, sorti du périph, il ne sait pas ce qui se passe». Fin de la séquence Carpe diem. La contribution des delanoïstes, «Clarté, créativité, courage», avec pour sous-titre «choisir maintenant pour agir demain», doit être mise en ligne aujourd’hui. Le maire de Paris en a brossé les grandes lignes : supprimer le paquet fiscal pour injecter 3 % du PIB dans la recherche , taxer les stock-options, faire le ménage dans les niches fiscales, rendre «indissociables les termes socialiste et écologiste». Tout en assurant n’avoir «de sentiments agressifs envers personne», il a distribué des mises en garde. Aux signataires de «contributions régionales : il ne faut pas revenir à l’avant Epinay, quand les barons régionaux trouvaient plus simple de se contenter de gagner des élections locales». Et à ceux tentés de flirter avec le Modem : «Je propose que le PS refuse des alliances à géométrie variable avec des partis qui se disent de droite et de gauche.» Après une mise au point sur le terme «libéral», Delanoë, caustique à l’adresse des prétendants au poste de premier secrétaire : «Ils ne veulent pas de libéralisme philosophique, mais qu’est ce qu’ils aiment le libéralisme individuel !»