juillet 2008
Archive mensuelle
Archive mensuelle
Créé par sr07 le 31 juil 2008 | Dans : Articles de fond
Gilles Candar historien jaurèsien, signataire de l’appel de Gauche Avenir, a publié un rebond dans Libération
Que ferait Jaurès aujourd’hui ? Quels seraient ses choix ? Personne, bien sûr, ne peut le dire. Personne ne peut parler à sa place. Mais si nous aimons Jaurès, ce n’est pas seulement en songeant à un passé glorieux et tragique, c’est aussi parce que nous pensons qu’il peut nous aider à réfléchir, non nous donner des solutions toutes faites.
D’abord, un message de liberté et de fierté. Jaurès ne cesse de le dire, à ses élèves ou étudiants, comme à ses électeurs, aux militants et aux citoyens : soyez vous-mêmes, n’abdiquez pas votre liberté, soyez des citoyens et des citoyennes agissantes. C’est tout le sens de la phrase, si souvent répétée, du discours d’Albi à la jeunesse : «Le courage, c’est dire la vérité sans subir la loi du mensonge triomphant qui passe.» Propos général et consensuel ? En tout cas, pas inactuel : dans un monde complexe, incertain, la tentation est grande de laisser faire les leaders d’opinion, de suivre le courant… Des exemples récents ont montré la limite de l’exercice : se laisser porter par les vents dominants n’est pas la garantie d’un beau voyage.
Ensuite, que voulait Jaurès ? Une société plus humaine, plus fraternelle, moins déchirée et inégalitaire… Il s’en est souvent expliqué, de même qu’il a souvent dit pourquoi il avait fini par penser que ce rêve serait possible en développant toutes les formes de la propriété sociale. Ses réponses valent-elles toujours aujourd’hui ? On peut en discuter et, sans grand danger, présumer que beaucoup ont vieilli, évidemment. Lui-même appelait à ne pas trop se retourner sur le passé, à préférer la flamme vive de la pensée aux cendres refroidies du foyer…
Mais deux aspects ne vieillissent pas et ne peuvent pas vieillir, car ils ne tiennent pas aux évolutions de la société mais à une attitude générale devant la vie, à ce qu’on veut faire de soi, et à son rapport aux autres. Soit dit en passant, Jaurès a eu l’occasion d’expliquer un jour sa conception de la sottise : c’était, pour lui, «l’exagération de soi-même» (1), il ne l’oubliait pas pour lui-même et il est permis d’espérer que nos meilleurs dirigeants, à gauche et ailleurs, ne l’oublient pas non plus…
Ce qui ne vieillit pas, donc, chez Jaurès, c’est d’abord son respect des autres. Il écoute, il argumente, il expose ses raisons, les confronte à celles des autres. Ce n’est sans doute pas la plus mauvaise façon de faire de la politique. Le reste passe.
Mais, me semble-t-il, ce qui garde aussi toute sa vitalité, c’est son refus de la simple gestion, de la technique des affaires, du pouvoir conçu comme un savoir-faire demandant seulement de la bonne volonté et de la compétence technique.
À rebours, de son temps, les commentateurs de la «presse intelligente» (le Temps, les Débats…) lui reprochaient souvent d’être dans les nuées et les idées générales, de manquer de sens pratique. Aujourd’hui, où heureusement existe toujours, mais pas suffisamment, une presse intelligente, les idées sont à peu près les mêmes, même si les mots ont changé un peu : les formules passe-partout évoquent le respect de l’économie de marché, le réformisme assumé…
Jaurès pouvait déjà noter la propension des professionnels de la politique et des affaires à abriter leur conservatisme foncier derrière le refus des utopies, la volonté autoproclamée de l’efficacité dont ils seraient les meilleurs juges… Lui qui, élu local ou national, avait le sens de la réalisation, de la vitesse et de la prudence, de l’ensemble et du détail, se moquait de ces «hommes pratiques […] qui emploient quelques mots humanitaires pour amorcer les suffrages du peuple et qui, sous ces mots, ne mettent aucun sentiment ardent, aucune idée précise qui puisse inquiéter les privilégiés» (2). Et il précisait, s’agissant de lui-même : «Il y en a qui me reprochent de me tenir toujours dans des généralités, et je sais que les mêmes personnes ne me reprocheraient rien si je ne m’étais, en effet, toujours tenu dans les généralités.» Avant de conclure par ce dernier mot à ses contradicteurs : «Vous me comprendriez mieux si je n’étais pas aussi clair.» Pouvons-nous – faut-il ? – chercher à être plus clairs que Jaurès lui-même ?
Responsabilité, réformisme, et tout ce que l’on veut, bien sûr mais à condition, comme Jaurès, de se rappeler que l’objectif, ce qui importe, est toujours «d’aller chercher la justice dans les nuées où les habiles l’enveloppent».
(1) Chambre des députés, séance du 12 juillet 1912.
(2) Jean Jaurès, «Les moyens pratiques», la Dépêche, 12 mars 1890. Mêmes références pour les citations suivantes.
Créé par sr07 le 31 juil 2008 | Dans : Articles de fond
Paul Quilès ancien ministre, maire de Cordes-sur-Ciel (Tarn), député de la circonscription de Jean Jaurès (1993-2007) a publié un rebond dans Libération
Ce 31 juillet 1914, un cri s’élève dans les rues de Carmaux : «Ils ont tué Jaurès !»… Terrible tragédie, qui se poursuit le lendemain par la déclaration de guerre. C’est à Carmaux que le grand tribun que fut Jean Jaurès a mené ses premiers combats aux côtés des mineurs et des verriers et qu’il a façonné les chemins de sa pensée politique.
Je me souviens de la remarque ironique du patron du Café du croissant, lorsque, le 31 juillet 1994, avec Pierre Mauroy, nous avions déposé une gerbe sur les lieux du drame : «Vous, les socialistes, on ne vous entend parler de Jaurès qu’au moment des commémorations !»
C’était un peu injuste. Sinon, quelle erreur ce serait pour les socialistes d’oublier la modernité et l’actualité de la pensée de Jaurès !
Modernité et actualité… que d’affirmer la nécessité d’aller plus loin dans l’approfondissement de la République, que de répéter que les droits sociaux sont indissociables des droits politiques, que de combattre pour l’abolition de la peine de mort, que de plaider pour l’arbitrage international des conflits et de rejeter les solutions militaires pour les résoudre. Il faut relire Jaurès, quand on est de gauche. Méditer son histoire, sa pensée et surtout sa pratique. Celle d’un Jaurès à la fois intellectuel et philosophe brillant, homme politique influent, journaliste courageux, militant socialiste ardent et sans tache, parlementaire actif, présent sur tous les terrains, sachant faire la synthèse entre l’action locale, les discours à la tribune de la Chambre des députés, les débats dans les congrès de son parti et l’action au sein de l’Internationale socialiste.
Orateur exceptionnel, qui maniait le verbe avec un rare bonheur devant tous les publics, Jaurès ne cédait jamais à la démagogie, même sur la forme, puisqu’il considérait qu’il ne fallait pas mépriser le peuple en réservant la belle langue aux élites.
Mais la grandeur de Jaurès, c’était probablement d’agir, car qu’est-ce que la parole sans l’acte ? Et Jaurès n’a cessé d’agir : pour la paix, contre la guerre ; pour l’unité des socialistes ; pour la défense des plus humbles ; pour la justice (son combat pour la réhabilitation du capitaine Dreyfus). Comme il agissait, il était critiqué, détesté. Nul ne fut plus que Jaurès l’objet d’un tel dénigrement, d’une telle haine.
Avec le temps, on a parfois tendance à donner de lui une image consensuelle, presque «bonhomme», alors qu’il était un homme au tempérament fort, un lutteur déterminé à défendre à tout prix ses convictions. Il en fut d’ailleurs la victime, le 31 juillet 1914. Ce jour-là, son assassin pensait tuer tout ce qu’il représentait. Près d’un siècle plus tard, sa mémoire demeure bien vivante, son message de paix reste toujours actuel.
Sa pensée porte l’espoir, plus que jamais. François Mitterrand disait qu’«il faut toujours revenir à Jaurès», dont il décrivait la pensée en ces termes : «Elle est une espérance, mais jamais un système. Parce qu’elle plonge ses racines dans le goût pour la vie, elle en affronte toutes les contradictions. Ce sont les contradictions de la République elle-même : entre ordre et progrès, entre raison et liberté. Jaurès aura tenté, sans jamais se lasser malgré les épreuves, cette difficile synthèse. […] Il a toujours su s’écarter des deux périls opposés qui menacent tout engagement politique : l’excès d’idéalisme et l’excès d’opportunisme ; la tentation de préférer à l’homme une théorie de l’homme ; la tentation de capituler, au nom de la raison, devant les résistances du réel. C’est l’honneur de Jaurès d’avoir conjuré ces périls : d’avoir affirmé qu’il n’y a science, ni progrès hors de la démocratie ; d’avoir tracé la voie entre les dogmatismes qui conduisent à la terreur et les renoncements qui fomentent les servitudes. Puisse cet exemple de courage demeurer vivant dans les mémoires.»
Créé par sr07 le 31 juil 2008 | Dans : Economie
LEMONDE.FR avec AFP et AP | 31.07.08
La production pétrolière stagne, mais le prix du baril a presque triplé en un an et demi : en février 2007, le baril de light sweet crude tournait autour des 55 dollars à la Bourse de New York, et a atteint fin juillet les 147 dollars. Les compagnies pétrolières ont enregistré des bénéfices au deuxième trimestre, certes en dessous des prévisions du marché, mais très importants.
ExxonMobil, le géant américain qui publie ses résultats, jeudi 31 juillet, a enregistré au deuxième trimestre, un bénéfice en hausse de 14 %, à 11,68 milliards de dollars. Son bénéfice par action atteint 2,22 dollars, soit un peu moins que ce qu’attendaient les marchés, qui tablaient sur 2,52 dollars. Son chiffre d’affaires a bondi de 40 %, à 138,07 milliards de dollars. De son côté, le groupe pétrolier anglo-néerlandais Royal Dutch Shell, qui a publié ses résultats le même jour, a enregistré une hausse de 33 % de son bénéfice net part du groupe au deuxième trimestre, à 11,556 milliards de dollars. Si sa production de pétrole a baissé de 1,6 % et celle de gaz liquéfié naturel de 5 %, son chiffre d’affaires, lui, s’est monté à 131,419 milliards de dollars, en hausse de 55 % grâce à l’augmentation des prix du baril.
Même situation pour le britannique BP, qui avait annoncé ses résultats mardi 29 juillet, et dont le bénéfice net a augmenté de 28 % au deuxième trimestre à plus de 9 milliards de dollars, malgré une stagnation de sa production. BP a commercialisé un baril en moyenne à 109,95 dollars au deuxième trimestre, contre 62,58 dollars un an auparavant, soit une hausse de prix de 75,7 %. Quant au groupe pétrolier italien Eni, il a dégagé un bénéfice net de 52 % à 3,44 milliards d’euros, alors que sa production moyenne d’hydrocarbures, elle, s’est élevée à 1,77 million de barils par jour sur le trimestre, soit une hausse de 2,1 %.
Toujours grâce à la flambée du brut, la compagnie pétrolière française Total avait annoncé pour l’exercice de son premier trimestre, mercredi 7 mai, un bénéfice net ajusté en hausse de 9 %, à 3,254 milliards d’euros. En dollars, son résultat progressait même de 24 %.
Créé par sr07 le 31 juil 2008 | Dans : Parti socialiste
M.É.
QUOTIDIEN Libération : jeudi 31 juillet 2008
Petits rapprochements estivaux au PS, où la recherche d’une majorité pour le congrès ne connaît pas de trêve. Lundi, la garde rapprochée de François Hollande, rejointe par quelques fidèles de Ségolène Royal et de Bertrand Delanoë, a appelé à une union sacrée dans Libération. «L’ossature d’une future motion», a martelé Julien Dray, candidat au poste de premier secrétaire. Le même jour, les reconstructeurs Martine Aubry, Arnaud Montebourg, Pierre Moscovici et Marylise Lebranchu ont eux aussi pondu un projet de fusion de leurs contributions «qui sera soumis au vote à La Rochelle [l’université d’été fin août, ndlr]», précise Montebourg. Ces deux initiatives ont fait chauffer les portables. «L’appel du Hollandais volant dans Libé ? Le Flying Dutchman, c’est pathétique : l’unité de façade et l’immobilisme sont toujours là», tonne un proche de Moscovici. Sauf que l’alliance prônée par les strausskhaniens avec les barons locaux, Jean-Noël Guérini, Gérard Collomb et Manuel Valls, pose aussi «problème» : «Pour beaucoup de nos militants, Valls est trop à droite. Martine et moi, on se sent plus à gauche», reconnaît Lebranchu. Autre «problème» : Moscovici se voit premier secrétaire… tout comme Aubry, Bertrand Delanoë et Royal.
Créé par sr07 le 31 juil 2008 | Dans : Parti socialiste
Vacances. Si les ténors partent se reposer, les téléphones, eux, vont continuer de chauffer.
DAVID REVAULT D’ALLONNES
QUOTIDIEN Libération : jeudi 31 juillet 2008
Plus d’un mois sans se voir : les socialistes vont-ils tenir ? En attendant de goûter à nouveau aux joies du «vivre ensemble» – nouvelle philosophie solférinienne – fin août, à l’université d’été de La Rochelle, voici donc les ténors partis chacun de leur côté, pour des vacances bien méritées. Avec, au terme de cette année intense en alliances et trahisons, coups fourrés et stratagèmes de toutes sortes, un plaisir non dissimulé. «C’est un vrai bonheur de partir en vacances, résume le député européen Benoît Hamon, qui se rend dans les Pyrénées et en Bretagne. Et surtout des vacances sans socialistes…»
Pourtant, jusqu’au dernier moment, des tractations tous azimuts sont venues émailler la vie quotidienne du PS (lire ci-contre). En tout cas, sur un point au moins, les poids lourds du parti sont sur la même ligne : faire le break est un impératif. C’est le cas de Martine Aubry qui s’échappe une semaine en Bretagne et deux au Maroc. Et emporte «plein de romans pour se vider la tête». C’est que la maire de Lille est résolue à couper le cordon téléphonique : «Je vais à l’hôtel, pour qu’on ne puisse pas me donner des nouvelles du PS tout le temps. On aura le temps de se voir à la rentrée…» Voilà déjà une convergence avec son possible allié Laurent Fabius, plus que jamais déterminé à garder, depuis l’Ariège, une certaine hauteur de vues : «Moi, je prends de vraies vacances. Quand j’arrête, j’arrête. On a beaucoup travaillé cette année», explique l’ancien Premier ministre, qui ne se désintéresse pas pour autant totalement des opérations. «Je suis sûr que certains amis vont être très actifs, passer des coups de fil et se déplacer. Je les y encourage…»
«Paparazzi». Quant à Ségolène Royal, toujours plus secrète que ses camarades sur sa stratégie politique, elle a opté pour des vacances «en France», avec «des allers-retours dans sa région» Poitou-Charentes, indique son entourage. «Paparazzi obligent», rien de plus ne filtrera. Son rival Bertrand Delanoë, soucieux, lui aussi, de «souffler un petit peu», indique son staff, s’offre une quinzaine de jours chez lui à Bizerte, en Tunisie. Comme toujours. Commentaire d’un parlementaire : «Tout le monde va décrocher. Il n’y a que Julien Dray qui va continuer à construire dans son coin son château de cartes, qui, à la fin, va s’écrouler…»
Reste qu’à trois mois d’un congrès qui s’annonce des plus agités, ces congés d’été devraient tout de même être mis à profit par certains socialistes soucieux d’œuvrer à des rapprochements. Les amis de François Hollande viennent de lancer dans Libération de lundi un appel au rassemblement. L’idée : construire une majorité intégrant, outre le premier secrétaire, Ségolène Royal et Bertrand Delanoë, mais aussi Pierre Moscovici (député du Doubs) et les soutiens de «la ligne claire», la contribution de Gérard Collomb (sénateur et maire de Lyon), Jean-Noël Guérini (président du conseil général des Bouches-du-Rhône) et Manuel Valls (député et maire d’Evry). «Il faut que, avant l’université d’été, on voie qui peut se rapprocher de qui et que ceux qui ont signé des textes susceptibles de converger le disent, explique un proche du premier secrétaire. On ne peut passer tout l’été avec un PS en voie de balkanisation.»
Amourettes. Un plan de route partagé par les reconstructeurs, cet attelage rassemblant les amis de Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius, Martine Aubry et Arnaud Montebourg. «Sachant que la date butoir de dépôt des motions est le 13 septembre, si des gens ont envie de faire des textes communs, il faudrait quand même le savoir avant», glisse Philippe Martin. Cet ami de Laurent Fabius en est persuadé : «Le courant Orange et la motion SFR seront les plus actifs du PS cet été !» «On va exploser nos forfaits téléphoniques», confirme François Lamy, proche de Martine Aubry.
Au repos, donc. Mais pas à l’arrêt, loin de là. Même si Jean-Christophe Cambadélis, lui, ne nourrit guère d’espoir sur la durabilité de ces amourettes de vacances : «Les gens vont se téléphoner et se parler. Mais comme tout le monde est éloigné, personne ne pourra conclure.» Il n’est pourtant pas dans les habitudes du premier lieutenant de DSK, qui profitera des vacances pour travailler à son prochain livre, d’ores et déjà intitulé le Génie du socialisme, de sacrifier à la pause estivale : «Moi, je ne vais rien changer : je vais tous les emmerder pendant toutes les vacances…»