Par Nicolas MOSCOVICI
leJDD.fr

 Pour ne pas seulement s’opposer à la politique de Nicolas Sarkozy alors que la crise économique frappe à la porte du pays, le PS, par la voix de François Hollande, a proposé lundi « un plan en six points » censé faire face à la situation. Un plan tourné vers les PME et la relance du pouvoir d’achat qui trouverait son financement dans la remise en cause du « paquet fiscal ».

Il ne fallait pas compter sur François Hollande pour commenter, lundi, le show Ségolène Royal du week-end. En fin de matinée, le premier secrétaire du PS a fait montre de gravité devant les journalistes, pour une conférence de presse « exceptionnelle » tenue au siège du parti, rue de Solferino, à Paris. Au programme, un seul sujet, la crise financière qui ébranle les marchés financiers, ou pour être plus exact, « la double crise« , François Hollande ayant pris soin de relever que les tourments actuels avaient pour origine l’explosion de la bulle des « subprime » sur le marché immobilier à l’été 2007. « C’est l’échec des libéraux« , a-t-il tonné, accusant, au niveau français, le pouvoir en place d’avoir non seulement « mal estimé » l’ampleur du désastre, mais d’avoir également fait « les mauvais choix » – expression également utilisée dimanche par François Bayrou – en matière économique.  

« Le paquet fiscal? Un crédit pourri« 

Des choix qui, en ces temps moroses, rendent selon lui l’économie française « vulnérable« , plombée par de trop lourds déficits – commercial et budgétaire – et victime de « la médiocre compétitivité des entreprises« . Résultat: « La récession est devant nous« , annonce Hollande, qui, à son tour, s’attend à de fortes retombées de la crise financière sur l’économie réelle. Dans cette optique, et soucieux de sortir « des discours commodes« , le leader socialiste fait le choix de la « responsabilité » en présentant à la presse, au nom du PS, « un plan en six points » à même de répondre à la situation (lire ci-contre). Axées sur le soutien aux PME, victimes toute désignées du resserrement du crédit et qui pourraient bénéficier d’un fonds de garantie nationale, les propositions socialistes visent également à soutenir le pouvoir d’achat des ménages, avec, par exemple, la généralisation du chèque transport à toutes les entreprises ou encore une hausse des allocations familiales. Le PS prévoit également « une modulation de l’impôt sur les sociétés pour favoriser l’investissement plutôt que la rémunération des actionnaires« . Au moment où Nicolas Sarkozy « essaye d’exonérer sa responsabilité » par des « incantations sans propositions« , le PS entend lui faire dans le concret.

Avec quel financement? La question gêne aux entournures. « Tout a un coût« , concède même François Hollande avant de se jeter sur un « magot » tout trouvé: celui du paquet fiscal voté en 2007 par la majorité. Abhorré par l’ensemble de l’opposition, le dispositif a de nouveau été accablé de tous les maux par le numéro 1 du PS lundi matin. « Jamais on ne dira assez combien la faute du paquet fiscal est inexcusable dans la conjoncture d’aujourd’hui« , a-t-il asséné en le qualifiant dans un sourire de « subprime » et de « crédit pourri« . « Avoir privé l’Etat de près de 15 milliards d’euros alors même que l’Etat est à découvert fait que l’imprévoyance s’ajoute à l’injustice« , a-t-il ajouté, faisant de son démantèlement pur et simple, l’une des conditions sine qua non pour que le PS saisisse la main tendue vendredi par François Fillon (lire: Fillon: « La crise nous donne raison« ). « Unité nationale! D’accord! Chiche! Mais que l’on commence par supprimer, ensemble, le paquet fiscal!« , a ainsi envoyé le député de Corrèze en direction de Matignon. Sans espoir, mais avec la ferme intention de concurrencer le gouvernement sur le terrain de la crise. Signe que la situation inquiète grandement au PS? « Je suis surtout très inquiet de la politique de Nicolas Sarkozy« , préfère pour l’heure ironiser Hollande.

Lundi 29 Septembre 2008