septembre 2008
Archive mensuelle
Archive mensuelle
Créé par sr07 le 26 sept 2008 | Dans : Articles de fond
Plusieurs anciens dirigeants communistes sont poursuivis dans ce procès intenté par l’Institut de la mémoire nationale (IPN) en avril 2007. Le début du procès avait été ajourné pour complément d’enquête. La défense avait demandé d’interroger des responsables internationaux de l’époque : l’ex-numéro un soviétique Mikhaïl Gorbatchev, l’ex-premier ministre britannique Margaret Thatcher, ou encore Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller pour la sécurité du président américain Jimmy Carter. En mai, la cour d’appel a refusé cette requête. La plupart des anciens dirigeants avaient refusé de témoigner dans ce procès, qualifié par M. Gorbatchev de « persécution contre un vieil homme malade ». Le général a 85 ans et a été hospitalisé en mars pour une pneumonie.
Wojciech Jaruzelski est accusé d’avoir « dirigé une association criminelle à caractère armé » pour instaurer en Pologne l’état de siège, le 13 décembre 1981. Cette formulation de l’acte de l’accusation provoque des interrogations des juristes. Selon la plupart d’entre eux, on ne pourra pas juger le général comme un simple « chef d’une bande armée ».
« IL A DÉTRUIT SOLIDARITÉ »
Le général Jaruzelski et ses coaccusés rejettent les accusations. Sa ligne de défense n’a pas changé depuis des années. Selon lui, l’état de siège destiné à mettre fin à la mise en cause du régime par le syndicat Solidarnosc a sauvé la Pologne d’une invasion soviétique sanglante. En 2006, lorsque l’IPN avait annoncé l’intention de le traduire devant la justice, il s’était déclaré confiant : « Un tribunal saura juger la douloureuse vérité », avait-il alors déclaré.
Accusé de « crime communiste » pour avoir imposé la loi martiale à la Pologne en 1981, le général Wojciech Jaruzelski fait face à ses juges. Le procès, qui avait repris le 12 septembre, se poursuivra le 2 octobre, après une brève séance interrompue jeudi 25 septembre pour des questions de procédure.
La mise en jugement de l’ex-chef d’Etat communiste divise la Pologne. « Depuis vingt ans, j’attends qu’il soit jugé », lance Piotr Semka, commentateur du quotidien Rzeczpospolita (droite). « Pinochet était jugé vingt-cinq ans après », souligne-t-il, « ces crimes ne doivent pas être prescrits ». Mais les partisans du général estiment, quant à eux, que le temps a guéri les blessures et fermé les plaies du passé.
Certains, comme Andrzej Pastwiak, un étudiant de 23 ans, défendent le général et estiment que l’état de siège constituait « le moindre mal ». « C’était la seule possibilité d’éviter le bain de sang et les chars soviétiques dans les rues. On ne peut pas le juger tant que toutes les archives n’ont pas été ouvertes, alors que celles de Moscou restent fermées », explique-t-il. « Et puis, le général a rendu son pouvoir de façon pacifique en 1989″, ajoute-t-il encore.
Piotr Semka refuse cette approche. « La ligne de défense du général sera toujours la même. Il jouera toujours le même spectacle, d’un responsable digne et respectable. Mais ce qui m’intéresse, ce sont ses actes. En 1981, il a détruit Solidarité », déclare M. Semka. Après l’instauration de l’état de siège, plus de 5 000 personnes, principalement des militants de Solidarité, ont été arrêtées, puis emprisonnées. Une centaine ont trouvé la mort.
Le général est passible d’une peine de dix ans de prison. Mercredi, le gouvernement libéral de Donald Tusk a décidé de régler ses comptes à sa façon avec le général Jaruselski, qui pourrait voir sa retraite fortement diminuée, ainsi que celle des autres membres du Comité militaire qui a introduit l’état de siège.
Article paru dans l’édition du Monde du 27.09.08.
Créé par sr07 le 26 sept 2008 | Dans : Gouvernement
Sacré Nicolas Sarkozy ! Voilà un homme capable de proclamer, dans un même discours, que « le laissez-faire, c’est fini » dans le monde et que la France, elle, doit « accélérer le rythme des réformes » d’inspiration libérale. Curieux propos que celui tenu hier soir à Toulon par le chef de l’État : visiblement inspiré par Henri Guaino, la première partie de son intervention semblait prendre la mesure de la gravité des événements actuels. S’il met en garde contre la peur, Sarkozy reconnaît que le monde fait face à une « crise sans équivalent depuis les années trente ». Découvrant que « l’idée de toute-puissance des marchés » était une « idée folle », il proclame haut et fort « la fin du capitalisme financier » débridé. Bref, il serait urgent d’imposer de « nouvelles règlementations »
On retient alors son souffle. Hélas, peu de propositions concrètes accompagnent cet audacieux diagnostic. Sur la même longueur d’onde que le Medef, Sarkozy promet la fin des « parachutes dorés ». Le président de la République menace les patrons d’une « loi avant la fin de l’année » s’ils ne se mettent pas d’accord pour en finir avec la distribution d’actions gratuites ou les rémunérations qui ne sont pas liées aux performances économiques réelles des entreprises. Il est aussi question d’imposer de nouvelles règles au système bancaire. Mais Sarkozy n’entre guère dans les détails. Il demeure également flou lorsqu’il en appelle à mettre un terme au « désordre des monnaies » en se référant aux fameux accords de Bretton Woods.
Des mesures, quelles mesures ?
La deuxième partie du discours sera plus décevante. Quelle politique les pouvoirs publics choisiront-ils pour répondre à la récession économique qui menace le pays ? Sarkozy se contente de promettre, la main sur le cœur, qu’aucun épargnant ne perdra « un euro » de ses économies déposées dans les banques. Il s’engage, sans plus de précision, à ce que l’État intervienne si la nouvelle donne du crédit privait de financement l’économie française. « Je n’hésiterai pas à prendre des mesures » si la récession l’emporte, proclame le chef de l’État. On n’en saura pas plus.
Sarkozy est curieusement plus précis lorsqu’il s’engage à poursuivre et même amplifier le « changement » conduit depuis son élection. Après avoir noté que la crise actuelle légitime l’intervention de l’État dans l’économie, le voilà qui fait applaudir de nouvelles et massives réductions d’emplois publics. Il annonce également une réduction du nombre d’échelons des collectivités locales pour faire quelques économies. Le fait que ces collectivités soient aujourd’hui souvent dirigées par la gauche durcira la bataille qu’un tel projet provoquera inévitablement. Pour le reste, Sarkozy s’est limité à un plaidoyer pro domo vantant la politique conduite depuis son élection. Le monde change, la France est sommée de changer, mais Sarkozy demeure égal à lui-même.
Jeudi 25 Septembre 2008 – 20:13
Eric Dupin dans Marianne en ligne
Créé par sr07 le 26 sept 2008 | Dans : Articles de fond
Julia Kristeva
QUOTIDIEN LIBERATION : jeudi 25 septembre 2008
Le XXIe sera celui des femmes : pour le meilleur et pour le pire. Le fait est que si l’on braque les projecteurs sur l’émergence des femmes dans tous les domaines de la vie sociale, politique et culturelle, c’est tout le corps social que l’on voit confronté plus radicalement que jamais aux problèmes fondamentaux, éthiques et civilisationnels que précisément ce «corps» – forcément consensuel – s’arrange à dénier. Tandis qu’au contraire, le corps et la psyché des femmes les manifestent en pleine lumière dans l’empire omniprésent du spectacle.
Un symptôme massif se profile dans la campagne présidentielle des Etats-Unis – qui sont peut-être encore notre troisième Rome, après Moscou. Le «phénomène» Palin place les femmes au cœur du vote : moins parce que les électrices sont tentées de voter (ou non) pour une femme, et que les électeurs vont choisir (ou non) pour la première fois dans l’histoire du pays, l’autre sexe à la vice-présidence (voire plus), que parce que la colistière républicaine se présente comme une femme au dynamisme moderne, tout en incarnant de fait un projet de civilisation axé sur des valeurs ultraconservatrices, appuyé sur le bon sens le plus traditionaliste. Là se manifeste à mes yeux l’impasse d’une certaine Amérique – et peut-être du monde occidental.
Sexy, active, entreprenante, star, mannequin, télégénique, mère de famille nombreuse comptant même un enfant trisomique (exhibé triomphalement pour faire honte à ceux qui ont peur du handicap), Sarah Palin diminue les impôts en exploitant à fond les gisements de pétrole et de gaz (qui dit mieux ?). Convaincue que la guerre en Irak est juste «par la volonté de Dieu», partisane farouche du port d’armes, la chasseresse réputée y envoie joyeusement son fils : s’il lui arrive de trépasser, qu’à Dieu ne plaise, le Seigneur nous en fera d’autres !
Et de décréter qu’il n’y a pas de réchauffement climatique. Et d’envoyer des hélicoptères tirer sur les ours blancs et autres espèces polaires rarissimes !
Et de chercher à interdire pêle-mêle Anthony Burgess, William Faulkner, Geoffrey Chaucer, Jean-Jacques Rousseau, Arthur Miller, le Décaméron de Boccace, John Steinbeck, Harry Potter (instinct maternel oblige !), Mark Twain, D.-H. Lawrence (l’axe du mal ?), William Golding, Aristophane (qui était-ce, déjà ?), George Eliot et William Shakespeare (tant qu’on y est !) à la bibliothèque municipale de Wasilla; voire de limoger le (ou la) bibliothécaire.
Blogs et autres sites féministes et démocrates regorgent de données pareillement exemplaires et aberrantes sur la candidate vice-présidente, qui n’en continue pas moins de séduire la «base» avec sa fille collégienne enceinte, son opposition à l’avortement des femmes blanches, son opposition à l’éducation sexuelle des jeunes, à l’aide aux parents, au congé maternel, à la sécurité sociale universelle…
Les supporters de Barack Obama ne manquent pas de réagir. Mais je quitte mes amis avec un sentiment de malaise croissant : sommes-nous à la hauteur du symptôme Palin ? Les mesures sociales ou juridiques envisagées pour le contrer, aussi nécessaires soient-elles, risquent de fondre au soleil des restrictions budgétaires prévisibles : par définition, «les mesures» passent sous silence les causes anthropologiques et morales du phénomène.
Aucune vision politique n’intègre des objectifs éthiques alternatifs capables d’opposer aux crispations identitaires et aux conservatismes sécuritaires une philosophie contemporaine de la différence sexuelle, de la reproduction, de la famille, de la liberté et de ses risques : bref, du bien-vivre individuel et collectif qui préoccupait déjà… Aristote. Est-ce trop demander d’une campagne électorale ? Bien sûr. Est-ce trop tard ? Evidemment.
Mais l’exhibition de cette gestion intégriste de la féminité et de la maternité dans la présidentielle américaine nous concerne tous, et à long terme. Banalité du mal ou caricature tragique, cet étranglement de l’émancipation féminine dans un conservatisme starisé en protection d’une identité contre d’autres, d’une communauté contre d’autres, dans un contexte d’insécurité aggravée, peut-il s’inverser ? Déclencher un cri d’alarme ? Devenir une chance ?
Premier constat : l’appartenance à la communauté des femmes, pas plus que celles à d’autres communautés soi-disant providentielles dans l’histoire (les bourgeois, les prolétaires, le tiers-monde, etc.), ne confère pas la moindre vertu libératrice aux individus qui en font partie. Car la liberté se conjugue au singulier, et une femme peut y contribuer à condition qu’elle puisse s’approprier ses déterminations biologiques et sociales, afin de mieux les transcender : aventure exigeante et de longue haleine.
Les contradictions et les apories du féminisme, jusqu’à ses revers évangélistes actuels, laissent entendre que le culte de la femme n’aura été qu’une ruse de l’histoire occidentale : tout en bouleversant le système sexuel binaire par l’expérience de nouvelles sexualités «recomposées», cette «ruse» finit par inclure les femmes aussi dans l’universalité de l’intérêt général. Lequel, aujourd’hui globalisé, met chacune à l’épreuve et lui réclame de mettre en question sa pensée, son langage, ses croyances, ses tentations d’uniformité et d’absolu, au profit du respect des diversités.
L’action novatrice et courageuse de nombreuses femmes appartenant à diverses familles politiques, dont le réalisme et la probité restituent souvent sa crédibilité au débat politique national et international, répond à ce défi. C’est dire que le symptôme Sarah Palin et autres passages à l’acte au féminin, qui signent le malaise actuel de civilisation, relèvent moins d’une virtuelle «essence féminine» que d’une crise hystérique destructrice sous son masque salutaire. Avec ses dérives borderline de toute-puissance maternelle, sexuelle et divine, une telle posture défigure l’expérience complexe de la maternité, qu’elle fige dans l’impénétrable pouvoir de la matrone phallique, fantasmée comme prothèse des mâles défaillants et châtrés. Mais elle est choisie, encouragée et valorisée pour faire contrepoids aux molles techniques des politiciens, pour colmater les trous du nihilisme ambiant. C’est «ça» qui séduit hommes et femmes en manque de repères : faudrait-il y voir une logique profonde de l’humaine condition ? Aucun «droit de l’homme» en tout cas ne se risque à affronter tel quel cet explosif secret.
Pour cela même, et bien que le krach financier puisse minorer – sans l’éradiquer – le trouble causé par le phénomène Palin, les Etats-Unis d’Amérique remettent les enjeux historiques au carrefour redoutable de la politique et de la religion. Maintenir la séparation de ces deux univers, tout en interrogeant leur voisinage et leurs interférences : tel est le défi de notre temps.
Avec la femme, terre promise à ce croisement, nous sommes donc au cœur d’une autre actualité : bénéfices et limites de la sécularisation.
La République française, qui a longuement pratiqué une laïcité inconcevable outre-Atlantique, semble apte à affronter le problème, puisqu’elle admet depuis peu qu’il en existe un. Tandis que l’Amérique profonde, qui a imprimé «In God We Trust» sur son dollar sacré, n’a même pas l’air de voir où est le problème. Avant de devenir «positive», et sans être forcément «négative», la laïcité à la française n’est-elle pas le terrain propice sur lequel les sciences humaines, la psychanalyse, la pensée féministe elle-même, et bien sûr les arts et les lettres, par leur insolence fabuleuse, peuvent reconnaître et explorer l’emprise rassurante du besoin de croire aussi bien que l’attrait libérateur du désir de savoir ?
Je m’éloigne des femmes, de la campagne présidentielle, de l’actualité politique du monde ? Pas vraiment, si l’on admet que, face à la montée de l’arrogance conservatrice susceptible de s’installer bientôt au sommet de la plus grande puissance, un profond malaise de civilisation est en train d’envahir la planète à la veille des élections américaines, autrement et plus sournoisement que ne le font la crise financière et la menace terroriste. Et si l’on admet que le «phénomène américain» appelle lui aussi une micropolitique – entre psychanalyse et histoire des religions – qui ne fasse pas l’économie des différences sexuelles et… de leurs impasses, pour ne pas oublier non plus l’emprise des croyances sur les individus et sur les masses.
Attentif à ses antécédents grecs et à la fondation juive, l’humanisme a longuement dénié ses liens conflictuels avec la tradition chrétienne. Pour que le retour de ce refoulé ne se verrouille pas en libéralisme intégriste sur la place politique, pour qu’il ne se crispe pas en fondamentalisme réactif dans les comportements des hommes et des femmes, une nouvelle attitude est désormais nécessaire : il s’agit de reconnaître ce que nous devons aux continents religieux, à leur philosophie, à leur morale, à leur esthétique. Notre rupture en est l’héritière rebelle, mais avec devoir d’anamnèse. Aucune autre tradition n’a engendré cette liberté inouïe dont se réclament les lumières européennes et les droits de l’homme.
Alors cessons de nous plaindre de ce que les civilisations sont mortelles, et de chercher désespérément des interdits et des croyances de substitution. La «transvaluation» des religions est une tâche historiale : n’ayons pas peur de penser qu’il est urgent de l’entreprendre.
Exemples ? Loi (biblique) et amour (christique) à la place des «deals» techniques et des oukazes meurtriers : le besoin diffus de spiritualité les réclame. Révolution baroque des sens et des langages annonciatrice des lumières, contre le refoulement puritain et sa jumelle, l’industrie du hard-sex.
Parce que la sécularisation, et elle seule, a su «couper le fil de la tradition», nous pouvons enfin penser toutes les traditions. Sans œcuménisme, en les mettant en résonance et en perspective. Tel est notre avantage, et c’est une exorbitante ambition.
Quant à Mme Palin, oserais-je lui proposer d’apprendre quelques langues étrangères, par exemple européennes ? Elle en connaît ? Jamais assez, qu’elle continue ! Après la Deuxième Guerre mondiale, les jésuites de l’université Georgetown à Washington ont donné une belle réponse pour contrer d’éventuels retours du totalitarisme : apprendre aux jeunes le plus possible de langues étrangères et faire de la littérature comparée.
Notre Union européenne si fragile, si improbable, avec ses vingt-cinq langues et le pari que le multilinguisme est traduisible, voudrait créer un nouvel habitant de la mondialisation - le citoyen européen au verbe kaléïdoscopique et à l’identité plurielle, capable de résister à la banalisation et à l’automatisation pour mieux partager langages, sensibilités, histoires, nations, sexualités, identités. Laboratoire de cette diversité partageable, le multilinguisme est le fondement d’une civilisation et d’une laïcité qui sauront faire face aux heurts des religions. Quand la gouverneure de l’Alaska se rapprochera de l’Europe qui, si elle n’existait pas, devrait être inventé, alors…
Le psychodrame électoral aura déchiré un temps le sparadrap de la politique gestionnaire, pour ramener à la surface du débat politique ces mouvements telluriques fondamentaux qui conditionnent la vie et la mort des civilisations.
Avant que les manœuvres des prochains vainqueurs ne viennent les recouvrir, essayons de mettre en lumière ces logiques profondes.
Dernier ouvrage paru : Thérèse mon amour,Fayard.
Créé par sr07 le 26 sept 2008 | Dans : Monde arabe, Proche et Moyen-Orient
D.M. (à Jérusalem)
QUOTIDIEN LIBERATION : vendredi 26 septembre 2008
Historien de renom, spécialiste des mouvements fascistes et critique virulent de la colonisation dans les Territoires palestiniens, Zeev Sternhell, 73 ans, a, selon toute vraisemblance, été victime hier d’une attaque de l’extrême droite nationaliste israélienne. Ce professeur de sciences politiques à l’université hébraïque de Jérusalem a été atteint par l’explosion d’un engin piégé dans la nuit de mercredi à jeudi, alors qu’il fermait la clôture de sa maison, située dans le centre de la capitale. Il a été légèrement blessé à la jambe.
Tracts. La piste de l’extrême droite israélienne est privilégiée par la police qui a retrouvé, près du domicile de Sternhell, des prospectus promettant plus d’un million de shekels (environ 200 000 euros) à quiconque tuerait un membre du mouvement de gauche israélien la Paix maintenant, opposé à la colonisation en Cisjordanie et dont Sternhell est un des fondateurs. «Le temps est venu pour un Etat respectueux de la halacha [la loi religieuse juive, ndlr] en Judée et en Samarie [référence aux royaumes juifs antiques, Cisjordanie actuelle]», pouvait-on par ailleurs lire sur les tracts.
«L’extrême droite représente un danger existentiel pour la démocratie israélienne. Les forces de l’ordre doivent abandonner leur politique laxiste à l’égard des colons qui enfreignent la loi si nous ne voulons pas assister à un autre assassinat politique en Israël», s’est indigné le secrétaire général de la Paix maintenant, Yariv Oppenheimer, faisant allusion à l’assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin en 1995 par un extrémiste de droite. La police a pris des mesures pour assurer la sécurité d’Oppenheimer.
Né en Pologne, rescapé de la Shoah, Zeev Sternhell a passé une partie de son enfance en France avant d’émigrer, seul, en Israël, en 1951, à l’âge de 16 ans. Il s’est défini, dans un entretien récent au magazine du quotidien israélien de gauche Haaretz, comme un «supersioniste» pour expliquer son enthousiasme de l’époque et son soutien actuel à l’Etat d’Israël. Il estime cependant que la colonisation des Territoires palestiniens suite au conflit israélo-arabe de 1967 (guerre des Six Jours) est contraire aux idéaux originels du sionisme et pourrait être, à terme, fatale à l’Etat juif.
«Clairvoyance». Ces tribunes virulentes contre les colons, la plupart publiées dans Haaretz , ont déclenché les foudres d’une partie de la droite et de l’extrême droite israélienne. Dans un de ses articles les plus polémiques, publié en 2001, il écrit ainsi : «Si les Palestiniens faisaient preuve de plus de clairvoyance, ils concentreraient leurs actions contre les colonies au lieu de mettre des bombes en territoire israélien.»
Accusé d’inciter les Palestiniens à la violence, l’historien, qui a été gratifié en début d’année du prix Israël, la récompense civile la plus prestigieuse du pays, avait récemment reçu des menaces téléphoniques.
Les recherches de Zeev Sternhell, dans les années 80, sur les origines françaises du fascisme (Ni droite, ni gauche, l’idéologie fasciste en France, Seuil, 1983) ont eu un grand écho dans l’Hexagone où elles ont été âprement discutées.
Créé par sr07 le 25 sept 2008 | Dans : Parti socialiste
Le rôle du parti
ELANOË
« (…) Nous avons besoin (…) d’une équipe diverse et cohérente, avec des instances qui seront, sans exception, rigoureusement paritaires (…). Il y a urgence à mettre un terme aux dérives vers l’hyper-personnalisation, vers une « présidentialisation » rampante de nos modes de fonctionnement, vers la transformation des courants d’idées (…) en clubs de supporteurs. Les militants (…) ne sont pas idolâtres ni serviles. L’urgence est de redynamiser un parti de militants, de retrouver le goût et la pratique du travail collectif, de l’activité sur le terrain, de la production intellectuelle et du respect des décisions prises (…).
Il est nécessaire d’organiser (…) à chaque étape des conventions dans lesquelles les militants seront (…) impliqués et qui trancheront par des votes. Une convention sera organisée pour fixer les modalités de désignation du candidat socialiste avec l’objectif de créer une dynamique populaire à gauche et de ne pas dessaisir les militants socialistes de leur choix (…). »
COLLOMB-ROYAL
« (…) La parité homme-femme et la diversité des origines (…) sont une exigence politique et éthique mais aussi la condition de l’attractivité et du succès du PS (…). Dans la phase de préparation de nos conventions et de nos congrès, un droit d’interpellation et d’amendement sera donné aux associations, syndicats et groupements. Leurs questions seront enregistrées et prises en compte par nos instances statutaires (…). Il est nécessaire de généraliser la carte à 20 euros pour ouvrir le PS au plus grand nombre pour les premières adhésions (…). Un effort stratégique sera accompli en direction d’une augmentation massive du nombre des adhérents du parti. Parallèlement, un élargissement du collège électoral de désignation du candidat (à l’élection présidentielle) sera mis en place en direction des sympathisants. L’organisation de ces primaires de masse sera soumise à une procédure validée par les adhérents du PS. »
AUBRY
« (…) Finissons-en avec l’obsession présidentielle ! Historiquement, le socialisme est indissociable du parlementarisme. Nous refusons de croire au mythe de l’homme ou de la femme providentiel(le). Soyons cohérents : alors que nous combattons à juste titre l’hyper-présidentialisme dans le pays, quel sens y aurait-il à présidentialiser notre parti ? D’ici à 2010, nous organiserons cinq conventions nationales. »
La fiscalité
ÔLE ÉCOLOGIQUE
« (…) Il est indispensable d’instaurer, sur le plan national, une taxe carbone. Son calendrier et ses modalités de mise en place doivent être soigneusement étudiés et intégrer une logique redistributive. Ceci est incompatible avec toute possibilité de baisse de la fiscalité pétrolière (…). La France pourrait en outre agir pour que cette taxe carbone soit étendue au niveau de l’Union européenne, également dans sa dimension externe, aux frontières de l’Union, pour les importations des pays qui refuseraient de participer aux accords internationaux sur le climat. »
HAMON
« (…) La réforme fiscale doit reposer en premier lieu sur la création d’un grand impôt progressif sur le revenu, assis sur une assiette large, afin de financer, selon la capacité contributive de chaque citoyen, toutes les dépenses à caractère universel, notamment les dépenses de protection sociale. La progressivité de cet impôt sur le revenu doit être améliorée (augmentation du nombre de tranches) et les différentes niches fiscales doivent être reconsidérées une à une. »
DELANOË
« (…) La différenciation du taux de l’impôt sur les bénéfices en fonction du réinvestissement ou non de ces bénéfices est un impératif (…). Nous devrons être clairs avec les Français et leur dire qu’il ne peut y avoir de diminution globale des prélèvements tant que les déficits perdurent (…). La France vivant à crédit depuis des décennies, nous devrons appliquer à l’Etat et à la Sécurité sociale le même principe de bonne gestion qui prévaut déjà pour les collectivités locales : l’emprunt ne doit servir qu’à financer les investissements. »
COLLOMB-ROYAL
« (…) La première inégalité aujourd’hui, c’est peut-être l’inégalité fiscale. L’impôt sur le revenu et la CSG seront fusionnés en un seul impôt progressif. Il sera prélevé à la source pour simplifier la vie des contribuables (…) et calculé au niveau de l’individu et non du couple. »
AUBRY
« (…) Pourquoi ne pas permettre aux collectivités territoriales de prendre des participations dans les entreprises particulièrement importantes pour leur territoire, comme en Allemagne ? D’une manière générale, la conditionnalité des aides économiques doit devenir la norme. »
Les alliances
OLLOMB-ROYAL
« (…) C’est une question que l’on doit aborder avec franchise, en regardant les réalités en face, en évitant (…) le double langage des alliances locales les plus diverses, combinées à un discours très fermé, voire sectaire au plan national (…). Nous gardons (…) la stratégie d’alliance née à Epinay. Elle consiste (…) à rassembler la gauche, toute la gauche. C’est à partir de cette stratégie que nous ferons appel, lors des élections, à ceux qui se reconnaîtront dans notre projet et dans ce rassemblement de la gauche ouvert à (…) ceux qui veulent offrir à la France des perspectives nouvelles (…). »
DELANOË
« (…) Les alliances sont indispensables. Plus encore qu’un moyen, elles sont un élément d’identification de notre orientation politique et de notre stratégie de conquête du pouvoir. Elles doivent être à gauche avec tous ceux qui veulent participer à la construction de majorités nationales et locales pour gouverner ensemble et (…) réaliser les changements nécessaires (…). Quant au centre, constatons lucidement qu’il n’est pas à gauche… (…). Le MoDem et son leader ont les yeux rivés sur 2012, misant sur l’échec de Nicolas Sarkozy et sur le nôtre. La question n’est pas ici de porter un jugement sur les circonstances électorales locales qui ont amené des camarades à conclure des accords municipaux avec ce parti. Mais une circonstance ne fait pas une stratégie d’ensemble (…). »
AUBRY
« (…) Notre congrès doit mettre fin à la ligne politique en zigzag illustrée, notamment, entre les deux tours de la dernière élection présidentielle. Posons la (…) question : le PS confirme-t-il son adhésion au rassemblement de la gauche ou lui préfère-t-il une autre perspective, celle des alliances avec le centre et le centre droit ? Avec nous, c’est clair : il n’y aura pas de renversement d’alliances avec le centre (…). »
HAMON
« (…) Il est inconcevable qu’un parti de gouvernement comme le PS s’exonère d’une réflexion (…) sur les questions stratégiques. Surtout lorsque certains théorisent une différence entre le niveau local, qui admettrait des alliances avec le MoDem, et le niveau national où il deviendrait infréquentable, et que d’autres plaident pour un rapprochement pur et simple. Nous ne saurions accepter ce nouvel avatar de la « troisième force » (…). »
L’écologie
ÔLE ÉCOLOGIQUE
« L’objectif doit être une transformation radicale de notre mode de développement (…). Au-delà des multiples déclarations de bonnes intentions sur l’importance de nos idées et de leurs prises en compte, il subsiste encore des divergences, par exemple sur les conséquences à tirer de la crise majeure d’épuisement des ressources non renouvelables, la place à donner à la double priorité sociale et écologique, les choix en matière de politique énergétique ou le rôle de la fiscalité (…).
Les deux chocs pétroliers des années 1970 ont été imputés au cartel de l’OPEP et à l’instabilité politique au Proche-Orient sans que d’autres conclusions soient tirées. Nous n’avons pas su (…), lorsque nous étions en responsabilité, préparer le pays à la mutation énergétique et écologique (…). Il s’agit de mettre enfin en accord nos textes, nos discours et notre pratique avec ce que nous proposons depuis de longues années, c’est-à-dire de ne plus évoquer la croissance sans la relier à son contenu et à la manière de la mesurer. Cela suppose que nos objectifs prioritaires ne s’appuient plus sur le seul instrument de mesure que constitue le produit intérieur brut, mais fassent toute leur place aux indicateurs de développement, de bien-être et de solidarité. »
COLLOMB-ROYAL
« (…) Nous proposons de taxer les profits de Total pour créer et financer le fonds « après pétrole », donner au fonds deux objectifs – subventionner les installations en énergie renouvelable et financer les transports alternatifs propres -, plus largement (d’)engager une diversification des sources d’énergie destinées à la production d’électricité. Les axes de cette nouvelle politique feront l’objet d’une convention thématique dès 2009. Ce changement de politique ne doit pas conduire à méconnaître le rôle de l’électricité d’origine nucléaire, qui, si elle n’est pas renouvelable, permet de limiter les émissions de CO2, avec un coût limité pour les ménages (…). »
AUBRY
« (…) L’écologie est incompatible avec le laisser-faire prôné par la droite. Elle suppose au contraire un volontarisme dont seule la gauche est porteuse. Il nous faudra réellement préparer l’après-pétrole, en refondant la politique énergétique sur une priorité absolue à l’efficacité et à la sobriété, autant que sur la recherche et l’innovation. Cela passera par la fixation d’objectifs quantitatifs et d’un calendrier précis dans un plan climat digne de ce nom (…). »
La crise bancaire
OLLOMB-ROYAL
« (…) L’urgence appelle enfin à un nouveau Bretton Woods, donnant tout son rôle au FMI et imposant les réglementations prudentielles dont le monde a besoin. Dans ce cadre, nous proposons donc d’interdire aux fonds spéculatifs d’engager plus d’argent que ne le permettent leurs réserves. »
UTOPIA
« Le dépassement du système capitaliste implique la mise en oeuvre d’un nouveau projet politique. Cet autre projet, notre alterdéveloppement, nécessite d’abord une rupture culturelle indispensable à la remise en cause des dogmes de la croissance, de la consommation et de la valeur travail afin de créer un nouvel imaginaire. »
AUBRY
« (…) Renforcer les mécanismes d’alerte précoce au niveau du FMI et des superviseurs européens ; lutter réellement contre les paradis fiscaux. Une taxe mondiale pour ralentir les mouvements de capitaux doit rester un objectif. »
HAMON
« Les socialistes doivent anticiper la société postlibérale et proposer un Etat régulateur et innovateur (…). Mais, pour cela, il faut commencer par le commencement et dire clairement que le vieux système libéral en bout de course est aux antipodes de notre projet. »
DELANOË
« (…) Création d’un pôle de régulation mondiale des marchés financiers pour avancer, au plan européen, sur des réformes (…) : réforme des agences de notation, obligation d’une information détaillée pour les épargnants, instauration d’un régime de responsabilité pour les acteurs du secteur financier. »