septembre 2008
Archive mensuelle
Archive mensuelle
Créé par sr07 le 25 sept 2008 | Dans : Articles de fond
Ce texte a été publié dans la rubrique « Courrier des lecteurs » du n°1019 de Politis du jeudi 25 septembre 2008.
L’ardeur et l’insistance avec lesquelles le président de la République s’échine à promouvoir le concept de laïcité positive ne doivent pas induire en erreur qui que ce soit. Ce n’est pas vers un raffermissement de la nécessaire séparation des sphères publique et privée que les efforts de Nicolas Sarkozy tendent, mais davantage à l’émergence d’une forme renouvelée de cléricalisme visant à inscrire plus profondément le fait religieux à la fois dans l’espace public et les mentalités, à l’imitation du modèle américain. En réalité, c’est la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 qui se trouve dans la ligne de mire. S’y attaquer frontalement s’avèrerait contreproductif tant nos concitoyens y restent malgré tout attachés : la stratégie consiste par conséquent à la saper dans ses fondements de manière détournée en feignant même de porter un vague attachement à une laïcité mal identifiée ou dénaturée.
Il est bien difficile de discerner des différences significatives entre cette laïcité positive, que même le pape Benoît XVI s’empresse de reprendre à son compte, et la laïcité ouverte qui avait été abondamment relayée par certains adversaires de gauche d’une loi interdisant les signes religieux à l’école. Les similitudes sont en effet très grandes entre ces deux conceptions. La laïcité est au contraire une notion qui se suffit à elle-même : il n’est nul besoin d’y accoler de quelconques adjectifs pour la désigner, sauf à vouloir en offrir une version singulièrement rabougrie et restrictive. Cette profusion d’épithètes (comme si la laïcité, principe dont la finalité est de dépasser les différences en vue de constituer un espace commun cimenté par des valeurs à visée universaliste, pouvait être négative et fermée) la vide de sa substance. Cette logique conduit à ignorer ou à obscurcir le rôle fondamental de la laïcité dans les processus d’enracinement de la République et d’approfondissement de la démocratie, ne serait-ce qu’en termes d’égalité, de souveraineté populaire et de libertés. La laïcité possède à la fois un patrimoine, une actualité et un avenir.
Francis DASPE 15 / 09 / 2008
Créé par sr07 le 25 sept 2008 | Dans : a1-Abc d'une critique de gauche. Le billet de XD
La belle mystification ! Il fallait y penser et oser le dire ! Un pas de plus vers la chiraquisation d’un président subitement mal à l’aise dans son registre de campagne et dans les actes fondateurs d’une politique néo-libérale conservatrice au sommet de l’Etat. Comme Chirac qui s’interrogeait à haute voix sur les dérèglements du capitalisme mondial sans jamais y apporter une ébauche de solution, l’actuel locataire de l’Elysée semble mettre au placard ses habits de flambeur. En père la morale et apologiste de l’effort récompensé, ce néo-conservateur toujours à l’aise dans les souliers du donneur de leçon évoque les aberrations du système.
On croyait pourtant qu’il avait partie liée avec ce capitalisme financier mondialisé ! Et que le bouclier fiscal participait de cet engouement pour l’essor des pratiques spéculatives quand le traité de Lisbonne assurait la perennité d’une Europe libérale.
Etions-nous en retard d’une guerre ou marquions-nous un temps d’avance dans ce combat implacable quand nos adversaires disaient avoir gagné la bataille idéologique ? Les faits sont têtus mais les élites mondialisées ont plus d’un tour dans leur sac et bien des réserves en coffre pour imposer leur ordre injuste aux nations et aux peuples. La destruction de valeurs fait partie du jeux économique et le retournement de veste une vieille recette politique. Depuis Marx et Machiavel tout a été dit et écrit sur le sujet.
On attend à présent la suite : Comment réguler ? Pour quoi faire et pour qui ? Et d’abord que signifie cette fameuse régulation dont se repaissent à satiété économistes et politiques qui prétendent dompter un capitalisme débridé dans un monde sans foi ni loi ?
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Créé par sr07 le 24 sept 2008 | Dans : Parti socialiste
DAVID REVAULT D’ALLONNES
QUOTIDIEN LIBERATION: mercredi 24 septembre 2008
«Il n’est pas de bon vent pour le marin qui ne sait pas où il va. C’est la situation du PS.» Benoît Hamon, qui a usé de cette métaphore océanique, hier, en présentant sa motion au conseil national du parti, a fixé son cap : l’aile gauche. A l’heure où Delanoë, Royal et Aubry occupent le centre du terrain socialiste (à lire sur libération.fr), le député européen a beau jeu de renvoyer à leur proximité supposée «les trois composantes de la majorité». Oubliant au passage de préciser qu’il en fit longtemps partie…
A 41 ans, le député européen, conduira donc une motion comprenant, outre son associé Henri Emmanuelli, Paul Quilès et Marie-Noëlle Lienemann, l’ancien rocardien Pierre Larrouturou, Gérard Filoche, et depuis hier, le sénateur de l’Essonne Jean-Luc Mélenchon.
Contre-courant. «La candidature est le prolongement naturel de notre message», explique-t-il. Lequel porte sur des propositions : le «retour de la puissance publique dans le champ économique», les «restrictions indispensables au libre-échange», une «nouvelle répartition des revenus entre le travail et le capital». Et une position : «La gauche doit cesser de subir l’agenda de la droite, l’air du temps, la tyrannie de l’opinion.» A l’heure où le «réformisme assumé» est dans toutes les bouches socialistes, Benoît Hamon joue-t-il à contre-courant ? «Il est jeune, mais un peu à l’ancienne», estime un strauss-kahnien. L’intéressé, lui, est persuadé du contraire : «Il y a peu, nous étions de dangereux archaïques. En réalité, le contexte, entre la crise financière et l’intervention du Trésor américain, montre que nos idées ont un monde d’avance.»
Fort d’un réseau structuré dans le syndicalisme étudiant, mais n’ayant jamais pu remporter un mandat électif sur un scrutin uninominal, l’ancien patron du Mouvement des jeunes socialistes soigne sa présence sur le terrain des mouvements sociaux, déserté de longue date par les hiérarques de Solférino. Comme hier, à la manifestation pour la défense de La Poste. «Mais on ne fera pas le congrès en courant les manifs…»
A l’inverse de la tendance naturelle des socialistes, qui se droitisent avec l’âge, il a démarré chez les rocardiens, pour atterrir côté gauche. Des «jeunes» mis en lumière après la présidentielle de 2007 après des années sous l’éteignoir de la génération Mitterrand, comme Manuel Valls et Pierre Moscovici, ou encore Arnaud Montebourg et Vincent Peillon, il est, à l’arrivée, «le seul des quadras qui s’en sort et qui conduit une motion, résume un élu parisien. Sauf qu’il est dans un ghetto. S’il n’en sort pas à ce congrès, il y est pour dix ans.»
Corner. L’intéressé, pourtant, n’entend pas glisser de l’aile gauche au point de corner. Dans un congrès indécis, il espère faire la décision. «Avec trois grandes motions au coude à coude, s’ils font 15 %, ils pèsent», juge Laurent Baumel, proche de DSK. Un capital censé permettre des rapprochements. Avec qui ? «Toutes celles et ceux qui prendront en compte nos exigences. Et pas seulement une concession habile à l’actualité», prévient Hamon.
Créé par sr07 le 23 sept 2008 | Dans : Parti socialiste
Par Laure Bretton et Clément Dossin Reuters – PARIS (Reuters) – Le Parti socialiste est entré mardi dans la phase active du congrès de Reims en novembre, où quatre blocs principaux tenteront de rassembler une majorité après onze années sous la houlette de François Hollande. (Publicité) Réuni à Paris, le conseil national du parti a enregistré le dépôt de six « motions », les programmes électoraux soumis au vote des militants, consacrant l’implosion de la majorité sortante en trois morceaux: autour de Ségolène Royal, Martine Aubry et Bertrand Delanoë. A la tribune, le premier secrétaire sur le départ a de nouveau appelé au rassemblement, assurant qu’il s’engagerait au service de la motion qui sera majoritaire et qu’il soutiendrait « quel qu’il soit le premier secrétaire élu par nous ». A l’heure de la crise financière internationale, les « premiers signataires » de chaque texte d’orientation ont constaté de concert l’urgence à trouver des « nouvelles solutions » face au libéralisme financier, minimisant leurs divergences. Aujourd’hui, quand « les Etats-Unis nationalisent les banques, où est le libéralisme? Où sont leur dogmes? Ils sont en France » appliqués par Nicolas Sarkozy, a estimé Martine Aubry pour qui « l’avenir est à gauche ». Surtout, les orateurs, qui avaient 15 minutes pour défendre leur entrée en lice, ont répondu par avance aux procès intentés par leurs adversaires. Quand tout le monde parle de renouveau et de changement, Bertrand Delanoë ferait du neuf avec du vieux? Le maire de Paris s’est allié avec François Hollande et a le soutien de Lionel Jospin et de Michel Rocard. « Je veux avant tout être fidèle (…) J’assume tout de notre histoire », a-t-il tonné. « Si je deviens premier secrétaire, je porte tout l’héritage ». Sans port d’attache depuis qu’il avait été lâché par une grande partie du courant de Dominique Strauss-Kahn, Pierre Moscovici, rallié à la dernière minute au maire de Paris, avait pris place loin de la tribune, au septième rang. « J’ai fait le choix de ne pas fragmenter davantage le parti », a justifié l’ancien ministre des Affaires européennes. « C’EST PAS GAGNE » Depuis qu’elle a tendu la main à François Bayrou entre les deux tours de la présidentielle en 2007, Ségolène Royal est régulièrement accusée de droitiser le parti en prônant une alliance au centre. « Pour éviter à jamais les caricatures », François Rebsamen, l’un des 17 membres de « l’équipe Royal », a exposé la stratégie de rassemblement de la présidente de Poitou-Charentes, qui n’est pas intervenue à la tribune. Il faut d’abord rassembler les socialistes – « et c’est pas gagné, regardez-vous, regardons-nous! », a lancé le sénateur-maire de Dijon. Ensuite, le PS pourra se tourner vers l’extrême-gauche et « parce que le Parti socialiste n’a jamais dépassé les 36% » à une élection présidentielle, il faudra « accueillir sur notre projet des démocrates qui ne veulent pas de Nicolas Sarkozy ». Martine Aubry a fait assaut d’explication pour justifier son attelage, composé de partisans de Laurent Fabius et de Dominique Strauss-Kahn, pourtant ennemis de longue date, notamment sur les questions européennes. Il ne faut pas « être dans la continuité parce que les choses ont changé », a fait valoir la maire de Lille dont la motion s’intitule « Changer la gauche pour changer la France ». « Le traité constitutionnel, c’est terminé mais les bagarres pour les (élections) européennes, c’est devant nous! La primaire (présidentielle), c’est derrière nous, mais battre Sarkozy, c’est devant nous « , a-t-elle martelé. Fort du rassemblement de toute l’aile gauche du parti, Benoît Hamon a officialisé sa candidature au poste de premier secrétaire prônant un coup de barre à gauche. « Il n’est pas de bon vent pour le marin s’il ne sait pas où il va, c’est la situation du Parti socialiste », a-t-il estimé. A 41 ans et même s’il part à la bataille entouré des historiques Henri Emmanuelli et Jean-Luc Mélenchon, le député européen parie sur la volonté de renouveau au PS: « je suis fier d’être candidat pour que notre parti ne subisse plus le temps qui passe ». Édité par Pascal Liétout
Créé par sr07 le 23 sept 2008 | Dans : Parti socialiste
La géographie politique du Parti socialiste est bouleversée à quelques mois du congrès de Reims. Les quatre principales motions déposées hier dessinent un drôle de paysage. L’affrontement annoncé, depuis des mois et des mois, entre Ségolène Royal et Bertrand Delanoë a cédé la place à une bataille quadripolaire aussi ambiguë qu’incertaine.
Les deux présidentiables les plus en vue – celle qui a déjà été candidate et celui qui voudrait l’être – sont certes toujours dans la course. Mais Royal et Delanoë ont dû prendre des gants. Consciente de l’affaiblissement de son influence dans le parti, la présidente de Poitou-Charentes s’abrite désormais derrière Gérard Collomb et les barons d’une « Ligne claire » qui ne mérite plus vraiment ce nom. Quant à l’ambition du maire de Paris, elle doit encore plus être dissimulée depuis le ralliement de Pierre Moscovici, l’homme qui était prêt à faire don de sa personne aux socialistes pour leur éviter de passer sous la coupe d’un présidentiable.
Les militants savent pourtant qu’en choisissant l’une de ces deux motions, ils avantageront Royal ou Delanoë dans la perspective de la présidentielle de 2012. Car ce n’est pas l’orientation de fond qui diffère vraiment entre elles. La nuance qui les distingue porte plutôt sur la pratique politique. La motion Collomb-Royal porte en germe une mutation du PS tandis que la motion Delanoë-Hollande incarne une certaine fidélité à sa tradition. Ce n’est pas un hasard si c’est la question de l’alliance avec le MoDem – envisagée par la première et rejetée par la seconde – qui apparaît ici la plus clivante.
On n’en saurait cependant exagérer la cohérence de ces deux motions. Le camp de la « mutation » est soutenu par certaines grosses fédérations comme les Bouches-du-Rhône qui n’ont jamais brillé par leur sens de l’innovation. Et le camp « traditionnel » de l’appareil hollandais est tout de même appuyé par bon nombre de rocardiens historiques. La confusion atteint cependant des sommets avec la troisième motion, emmenée par Martine Aubry. Celle-ci mêle des partisans de Laurent Fabius et de Dominique Strauss-Kahn. Elle balaie tellement large qu’elle risque de donner le tournis aux militants. La question stratégique de l’alliance au centre va d’ailleurs mettre mal à l’aise le maire de Lille qui a passé un accord local avec le MoDem dans sa propre ville. La motion Aubry pourra, au mieux, proposer une vaste redistribution des cartes et, au pire, un front du refus aux deux principaux présidentiables.
La motion Hamon va peser
Reste la motion la plus aisée à définir : celle du député européen Benoît Hamon. Pour la première fois depuis des lustres, la gauche du PS s’est unie autour d’un seul texte à proposer aux militants. Cette motion rassemble à la fois les amis d’Henri Emmanuelli, ceux de Paul Quilès et Marie-Noëlle Lienemann, de Jean-Luc Mélenchon et même de Pierre Larrouturou. S’y mêlent à la fois des vétérans de la gauche historique et des figures plus récentes. La clarté de son discours devrait lui assurer une audience non négligeable.
Or il suffira que la gauche du parti recueille entre 15% et 20% des mandats, un score qui semble tout à fait à sa portée, pour qu’elle puisse être en position d’arbitrer l’issue du congrès. Les motions Royal et Delanoë auront le plus grand mal à s’allier, rivalité d’ambitions oblige. La motion Aubry tentera également de jouer sa propre carte. L’appoint de la motion Hamon a donc toutes les chances d’être décisif pour forger la future majorité du PS.
Mardi 23 Septembre 2008 – Marianne en ligne
Eric Dupin