octobre 2008
Archive mensuelle
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Créé par sr07 le 31 oct 2008 | Dans : Parti socialiste
PS. Bertrand Delanoë, maire de Paris et candidat au poste de premier secrétaire.
Recueilli par MATTHIEU ÉCOIFFIER et PASCAL VIROT
Candidat au poste de premier secrétaire du PS, Bertrand Delanoë, maire de Paris, explique ses propositions et revient sur la crise financière.
Il est condamné à réagir dans l’urgence pour colmater les brèches qu’il a lui-même ouvertes : le chômage, l’effondrement du commerce extérieur et du pouvoir d’achat étaient là avant les effets de la crise mondiale. Si l’on juge Nicolas Sarkozy sur ses résultats et non sur sa communication, on peut à peine le créditer d’avoir obtenu une position commune de l’Europe, puisque c’est grâce à une initiative de Gordon Brown. Quant à la perspective d’une réunion internationale à Washington, comment ne pas s’interroger sur son impact réel ? En fait, Nicolas Sarkozy, avocat depuis toujours des crédits hypothécaires à l’anglo-saxonne et de la dérégulation du droit du travail, dit exactement l’inverse dans cette crise.
Nicolas Sarkozy refuse de donner à la France les moyens de se redresser. Pour servir la justice sociale et la performance économique, il faut d’abord renflouer les caisses que ce pouvoir a vidées. Il n’y a qu’un moyen : annuler le paquet fiscal et le bouclier fiscal, remettre à plat les niches fiscales et taxer les stocks-options.
Si la gauche était en responsabilité, elle devrait tenir un discours de vérité. Pour dynamiser l’emploi, sa priorité devrait consister à investir massivement dans l’innovation, la recherche et le soutien aux PME. Elle devrait aussi impulser un plan de relance concerté, à travers un emprunt européen de 100 milliards d’euros, ciblé sur ces secteurs stratégiques. Parallèlement, elle devrait soutenir le pouvoir d’achat, en conditionnant notamment les exonérations de charges sociales à la conclusion d’accords salariaux dans l’entreprise. J’insiste d’ailleurs sur l’enjeu du dialogue social : la désespérance sociale est telle qu’il faut impérativement concevoir un chemin en concertation avec les syndicats. Or, ce gouvernement les méprise.
Je vous ai cité des pistes. Ensuite, nous serions malhonnêtes en prétendant qu’il n’y a pas d’effort à faire. La question est de savoir si cet effort est vraiment demandé à ceux qui en ont les moyens et si l’Etat soutient bien les citoyens qui en ont le plus besoin. Par exemple, nous sommes les seuls, dans notre motion, à proposer de mettre les prestations familiales sous conditions de ressources. Je l’assume parce que je suis de gauche et qu’il faut se donner les moyens d’aider d’abord les plus fragiles, comme les classes moyennes d’ailleurs.
J’y suis favorable, de façon maîtrisée. Mais si nous ne visons la croissance que par la relance de la consommation, nous irons dans le mur. C’est pourquoi, en même temps, il faut moderniser notre appareil productif.
En relisant les épreuves de mon livre (1), je savais que ce n’était pas vraiment une habileté tactique ! Mais ce sont mes convictions. Qu’ai-je écrit ? Que je ne suis pas social-libéral et que pour un progressiste, le libéralisme économique ne peut servir de fondement à une pensée économique ou sociétale. En revanche, oui, je suis un militant de la liberté ! C’est plus indispensable que jamais, à l’heure des tests ADN pour les immigrés ou du fichier Edvige, dont certaines menaces demeurent. Les socialistes devraient aussi s’approprier les combats pour le droit à mourir dans la dignité, pour le droit des individus - quelle que soit leur identité - à devenir des parents, et pour le vote des étrangers aux élections locales. Puisque pour moi l’engagement politique n’a de sens que dans la sincérité, je persiste et je signe.
Mais non ! Je mène une campagne de convictions. Et je suis aussi déterminé que serein. Ce débat se déroule dans un contexte de gravité. Les militants socialistes sont soucieux car leur pays va mal, les Français affrontent de lourdes difficultés sociales. En outre, depuis Epinay en 1971, c’est la première fois que nous avons à choisir en même temps une orientation politique, une conception du parti, une stratégie d’alliance et un leader. C’est normal que l’issue soit incertaine. Je comprends donc que cela pousse au sérieux.
Pour rénover le PS, faudrait-il avoir honte du bilan de ces hommes d’Etat qui ont fait le Pacs, la CMU, la parité ou la CSG ? Si je deviens premier secrétaire, le PS ne commencera pas avec moi. Il a une histoire, elle est imparfaite, mais elle est belle et j’en suis fier. Pour mériter d’écrire la suite, il faut commencer par dire merci.
Je serais un militant qui a déjà été secrétaire de section, responsable fédéral dans l’Aveyron, secrétaire national et qui gère une collectivité locale en n’ayant rien perdu de ses valeurs. J’ai toujours travaillé collectivement. L’équipe que j’anime à Paris rassemble toutes les composantes de la gauche et du PS. Ce n’est pas à 58 ans que je vais perdre ce goût pour le travail en équipe. Pour cela, s’il faut de l’autorité et de l’efficacité, je l’assume.
Elle crée les conditions d’une efficacité de gauche. Nous jouons cartes sur table : avec nous, les militants savent quelle orientation politique ils choisissent, quelle stratégie et quel animateur. Tout le monde ne peut pas en dire autant. Nous portons la culture d’un parti riche d’un projet crédible dans l’opposition et opérationnel si nous revenons au pouvoir. Nous refusons la démagogie, nous choisissons le respect des militants et de leur vote. C’est pourquoi j’espère que le 6 novembre, une motion, la nôtre de préférence, aura assez de force pour structurer politiquement le rassemblement indispensable des socialistes.
(1) De l’audace ! Robert Laffont, mai 2008.
Créé par sr07 le 31 oct 2008 | Dans : Gauche anti-libérale
Le PCF prépare aussi son congrès. Avant qu’il ne se déroule mi-décembre à Paris, les militants étaient appelés à voter pour l’une des trois motions proposées. Celle défendue par le Conseil National et Marie-George Buffet (Vouloir un monde nouveau, le construire au quotidien) est arrivée largement en tête, avec 60,91% des voix. Olivier Dartigolles, porte-parole du parti, décrypte ces résultats pour leJDD.fr.
Comment interprétez-vous ces résultats?Nous sommes satisfaits du niveau de participation. Près de 40.000 militants ont voté (36.000 en fait, Ndlr), sur 78.000 inscrits. Soit près de 50%, ce qui n’est pas négligeable vu le contexte actuel de crise à gauche. Nous avons réussi à mobiliser même s’il ne faut pas non plus se gargariser. L’autre enseignement de ce vote, c’est qu’un choix clair a été fait par les militants. Avec 60,91% des suffrages, le texte défendu par la direction est clairement majoritaire. Il y a eu un débat et dans un bon climat, d’ailleurs. Tous les textes proposés donnaient des orientations politiques différentes et l’option choisie est nette. Il va maintenant falloir enrichir le texte lors de nos prochaines discussions, d’ici le congrès. Ce n’est qu’une base.
Quelles sont les principales pistes offertes par cette motion?
D’abord nous nous posons clairement sur le plan de l’analyse du réel et de notre époque. Nous voulons nous servir de cet ancrage dans la société pour trouver des solutions. C’en est fini pour le PCF de partir d’un monde rêvé, utopiste. Nous voyons aujourd’hui que des débats qui étaient considérés comme archaïques, notamment sur le capitalisme et la redistribution de l’argent, sont aujourd’hui d’utilité publique. Ils sont bien ancrés dans la réalité. Ensuite, nous avons la volonté de moderniser nos idées. Il apparaît que nous portons des solutions qui sont trop datées, révolues. Il faut revoir cela. La question d’un nouveau mode de développement est prioritaire dans le texte. Enfin, et c’est surtout cela qui fait couler de l’encre au sein du PCF, nous souhaitons engager un processus de transformation du parti, pour devenir une force d’avenir. L’idée est de pouvoir accueillir des nouveaux militants, qui n’auraient pas forcément la même culture politique, le même itinéraire que nous. Cela peut passer par une nouvelle forme de militantisme, une nouvelle direction, une nouvelle manière de faire de la politique. C’est notamment ce point qu’il va falloir enrichir. Il faudra en préciser l’ampleur et la nature.
Ce résultat conforte la politique menée par Marie-George Buffet, cela peut-il la pousser à se représenter au poste de secrétaire nationale?
Ce texte n’était pas porté que par Marie-George Buffet, mais par la direction dans son ensemble. Elle a dit qu’elle réfléchissait et qu’elle souhaitait du renouvellement. Mais c’est à elle qu’il appartient de se prononcer sur le sujet.
Créé par sr07 le 31 oct 2008 | Dans : Parti socialiste
Ségolène Royal met en garde contre la crise sociale qui pourrait toucher la France à la suite de la crise économique mondiale, assurant qu’elle « est déjà là ». « Le nombre de travailleurs pauvres a augmenté, la précarité et le chômage aussi. Dans beaucoup d’entreprises, la colère monte », prévient-elle dans un entretien à paraître samedi dans « La Tribune ».
La présidente PS de la région Poitou-Charentes souligne que la crise « prend d’autant plus d’ampleur que, tout d’un coup les salariés, réduits au pain sec, découvrent que pour sauver le système financier on peut mobiliser très rapidement des dizaines de milliards d’euros. »
« Par ailleurs, les mêmes qui parlent aujourd’hui de mettre des règles dans le système financier, continuent à casser les règles du code du travail », dénonce l’ancienne candidate socialiste à l’élection présidentielle pour qui « tout cela (lui) semble très dangereux ».
Ségolène Royal propose à nouveau de faire « entrer l’Etat au capital des banques pour sauver les entreprises », de répercuter « la baisse du brut en baissant les prix de l’énergie » et d’augmenter « immédiatement le pouvoir d’achat en supprimant le paquet fiscal » pour le transformer « en un 13e mois pour huit millions de salariés ».
Mme Royal se montre par ailleurs très critique avec la façon dont Nicolas Sarkozy gère la crise. Selon elle, « l’annonce précipitée d’un plan tous les deux jours est la traduction de l’inertie qui a prévalu depuis son élection », alors qu’il « a été élu dans un contexte de crise économique qui appelait des mesures immédiates ».
« Or, qu’a-t-il fait depuis un an et demi sur le plan économique? », s’interroge-t-elle. « Le bouclier fiscal et les mesures les plus irresponsables demandées par un Medef ami du pouvoir, avec des riches qui paient moins et tous les autres qui sont précarisés ».
« L’Etat a trouvé de l’argent pour les coupables de la crise et ses victimes, les entreprises et les ménages, les contribuables, n’ont aucun moyen de savoir comment leur argent va être utilisé », déplore-t-elle.
« Quand l’Etat met 10 milliards dans les banques, il est en droit d’attendre que les banquiers lui obéissent », explique-t-elle: « Non seulement les banquiers qui ont failli sont toujours en place malgré les promesses de sanction, mais le crédit interbancaire n’est toujours pas débloqué ». AP
Créé par sr07 le 31 oct 2008 | Dans : Gauche anti-libérale
La motion défendue par Marie-George Buffet a obtenu une majorité de 61% en vue du 34e Congrès du PCF du 11 au 14 décembre en région parisienne, mais la moitié des militants se sont abstenus.
Appelés à départager entre trois motions, lors d’un scrutin organisé mercredi et jeudi, 39.692 militants communistes sur les 78.779 à jour de leur cotisation, ont pris part au vote, soit une participation de 50,3%. Parmi eux, 9,22% ont voté blanc ou nul.
Le texte défendu par la secrétaire nationale Marie-George Buffet - »Vouloir un monde nouveau, le construire au quotidien » – a obtenu 60,91% (22.000 voix). Il devient ainsi « le texte de base commune » pour la discussion du Congrès, souligne la direction.
Deux autres textes alternatifs, de courants « orthodoxes », partisans de l’identité communiste, étaient en lice: l’un, « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps », défendu par le député-maire de Vénissieux, André Gerin, a recueilli 24,03% des voix et l’autre, « Renforcer le PCF, renouer avec le marxisme », 15,04%.
Des courants d’opposition comme les refondateurs (proches des antilibéraux), des amis de l’ancien leader Robert Hue et ceux de l’ancien ministre Jean-Claude Gayssot, avaient appelé à l’abstention ou au vote nul. Pour eux, le texte ferme un débat que Mme Buffet avait promis « sans tabou ».
C’est après sa défaite cinglante à la présidentielle de 2007 (1,93% pour Mme Buffet) que le PCF avait décidé de tenir son congrès fin 2008 pour sortir de l’ornière le parti, en déclin depuis un quart de siècle.
La « base commune » propose d’ »engager de profondes transformations » du parti, voie qu’elle juge « plus féconde » que celle de la « constitution d’un autre parti aux contours incertains ».
Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, juge « satisfaisant le niveau de participation ». « Par les temps que nous traversons, avec une crise profonde de la gauche, que 40.000 communistes se prononcent et 22.000 soutiennent Marie-George Buffet, c’est appréciable », dit-il à l’AFP.
Lors du 33e congrès du PCF de mars 2006, les cotisants étaient plus nombreux – 92.400 – mais le taux de participation était identique (49%), et la motion de Mme Buffet avait obtenu 64%.
« Les militants ont exprimé un choix clair, ils ont opté pour une orientation », désormais « il faut enrichir le texte, pour décider de la nature et de l’ampleur des transformations », estime M. Dartigolles.
Mais pour Pierre Zarka, l’un des chefs de file des refondateurs, « le résultat du vote est dramatique: la baisse du nombre de cotisants, la proportion de militants qui se sont abstenus ou voté nul, le fait que seuls 22.000 communistes ont soutenu Mme Buffet montrent que la direction du parti ne correspond plus à sa base. Il y a une sacrée crise de direction ».
Selon lui, avec un texte « monolithique, la direction a jeté tous ceux qui ne sont pas d’accord dans le ghetto de la dissidence ».
« La base commune est présentée comme un texte officiel » qui « veut légitimer une option mais sans débat », relève Dominique Grador, membre de la direction et proche de Jean-Claude Gayssot. Selon elle, « le PCF a lui seul ne peut pas être la force de transformation sociale dont le pays a besoin », il faut qu’ »il se rende disponible » pour s’allier avec d’autres forces de changement.
Daniel Cirera, proche de Robert Hue, estime qu’après ce vote « la question de la réecriture d’un autre texte est posée ».
L’un des enjeux majeurs de ce Congrès est la question du leadership. Mme Buffet a reporté à la mi-décembre sa décision de briguer ou non un nouveau mandat.
Créé par sr07 le 31 oct 2008 | Dans : Economie, Gouvernement
Le plan financier de Nicolas Sarkozy ne vise qu’un objectif : sauver le capitalisme et, donc, la maximisation des profits. On est loin d’un « New Deal de gauche », estime le quotidien allemand Die Tageszeitung. Nicolas Sarkozy veut injecter 10,5 milliards d’euros dans les six plus grandes banques de son pays. Il veut assouplir la taxe professionnelle. Et il veut intervenir dans les secteurs clés de l’industrie à l’aide d’un fonds « souverain » doté de 175 milliards d’euros. Compte tenu de la crise qui frappe la deuxième économie de l’Union européenne, ces déclarations ne doivent pas surprendre. Elles incarnent le maintien d’une vieille tradition française [d'interventionnisme étatique].
De plus, elles n’ont pas d’alternative dans l’espace public, face à une opposition de gauche réduite au silence dans le domaine de la politique économique. Ses efforts suscitent la sympathie de ses compatriotes, les derniers sondages le montrent.
A la différence d’Angela Merkel, qui tergiverse et rechigne à prendre des mesures au niveau européen, le président français donne ces temps-ci l’impression d’être un homme d’action. Fidèle à lui-même, il agit seul et en toute hâte. Un style critiquable. Mais, au lieu de vérifier si ces décisions peuvent servir les intérêts de l’économie française, voire européenne, le camp allemand suggère que le président français utilise la crise pour mettre en place une sorte de néosocialisme. Aussi utilise-t-on, pour caractériser sa politique, les termes très connotés de « nationalisation » ou de « nationalisation partielle ». Peut-être les réactions de cet ordre attisent-elles [de part et d'autre] les ressentiments nationaux, mais elles ne correspondent pas à la réalité. Car il est notoire que Sarkozy ne nourrit aucune intention hérétique à l’égard du dogme libéral : ne cherche-t-il pas, par exemple, à accélérer le retrait de l’Etat des hôpitaux et autres services publics ?
En fait, Nicolas Sarkozy veut « soutenir » les entreprises afin de les renforcer face à la concurrence internationale. Il ne s’efforce pas d’imposer un contrôle de l’Etat sur les banques, ni d’orienter la politique des entreprises en faveur du plus grand nombre, salariés ou consommateurs. Le président français n’est pas en quête d’un New Deal ; il sert la concurrence et la maximisation des profits. C’est le capitalisme qu’il veut sauver. Ce faisant, il colle exactement aux souhaits de la majorité des élites européennes. Seuls son style et les mots qu’il emploie sont un peu différents.
Dorothea Hahn
Die Tageszeitung repris dans Courrier international