Gauche du PS : La tentation de la « molletude »
Créé par sr07 le 15 nov 2008 à 7:50 | Dans : a1-Abc d'une critique de gauche. Le billet de XD
Vous connaissez le principe du « molletisme », cette posture verbale radicalement de gauche qui accompagnait les pires trahisons de l’idéal socialiste de ce chef incontesté de la SFIO d’après-guerre ; Guy Mollet, l’exécuteur de Léon Blum. Devenu secrétaire général de la SFIO, ministre puis président du conseil, celui-là même qui conduisit « la politique de pacification en Algérie » avec les moyens que l’on sait, régnait sans partage sur son parti de 1946 à 1969 jusqu’à son éviction salutaire et définitive par François Mitterrand au congrès d’Epinay de 1971 en dépit du score de sa motion. Guy Alcide Mollet, cet expert en discours néo-guesdistes, qui sut même accueillir le CERES dans la vieille SFIO ( le CERES sans lequel le nouveau Parti socialiste n’aurait pas vu le jour à Epinay) et polariser le courant de Jean Poperen ( allié à Mollet en 1971) -, disait du futur premier secrétaire - chantre de la rupture avec le capitalisme et de l’Union de la Gauche à Epinay-sur-Seine - sur le ton de la confidence et avec la plus grande défiance, qu’il « parlait bien socialiste ». Fallait-il voir un compliment dans la dénonciation de cette tare congénitale du socialisme guesdiste qui masque la mollesse d’une politique social-démocrate derrière la pureté du discours ?
Aujourd’hui, le soixante quinzième congrès des socialistes, est l’enjeu de tous les appétits de pouvoir pour les protagonistes en lice qui, à l’exception de Benoît Hamon, dont on connait la trajectoire complexe du rocardisme à la gauche du parti, n’ont pas vraiment d’alternative à proposer à la crise mondiale du capitalisme financier transnational qui frappe durement notre peuple. C’est dire que mises à part, peut être, l’intelligence et la sincérité d’un Vincent Peillon - ce théoricien du socialisme républicain qui fonda le NPS aux côtés d’Arnaud Montebourg et de Benoît Hamon avant d’avoir le soutien d’Henri Emmanuelli avec qui il fit la synthèse du Mans dans le dos d’une partie de ses amis parmi lesquels figurait Montebourg -, et dont l’image souffre néanmoins à gauche de ses propositions d’ouverture au MODEM après son retournement sur l’Europe, on ne trouve chez les signataires des trois motions en tête aucune personnalité susceptible d’incarner une autre politique socialiste.
Dans ce contexte, il est bien difficile à la motion de gauche de se faire entendre dans une hypothétique synthèse. D’où le risque de dérapage si Benoît Hamon, instrumentalisé par les adversaires invétérés de Ségolène Royal, devait renoncer à son message pour se fondre dans une mouvance social-libérale dominée par le maire de Paris avec l’adoption d’une pâle motion de synthèse chèvre-chou ouvrant la voie à tous les renoncements.
C’est qu’il faut bien du courage et de la « bravitude » à nos amis de la gauche socialiste pour « tenir bon » sans sombrer dans les effets de manche du congrès. Tel qui jadis à Metz, en 1979, pour mieux dénonçer l’imposture d’un Michel Rocard, actuel supporter de Delanoë, expliquait que la ligne de démarcation entre le plan et le marché c’était le socialisme, n’y va pas de main morte aujourd’hui pour tenter d’agréger toutes les forces hostiles à Ségolène Royal. En affirmant qu’il y aurait deux lignes, deux conceptions du parti, deux visions de la société, deux projets politiques antagonistes, l’ancien premier ministre, incarnation du social-libéralisme avant sa posture de 2005, voudrait gommer par la magie du verbe des différences irréductibles entre ses amis, ceux de la motion C et le social-libéralisme affiché sans complexe d’un Bertrand Delanoë. Aux socialistes d’apprécier cet embrouillamini qui ne fait qu’entretenir l’illusion d’un ralliement sans trahison ! Dans cette éventualité, une telle attitude serait pourtant une véritable pantalonnade pour les amis de Benoît Hamon et l’on aurait raison de moquer à jamais, dans les annales du socialisme français, indiféremment les deux camps ; la bravitude contre la molletude !
X D
3 réponses to “Gauche du PS : La tentation de la « molletude »”
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Les murmures d’Eric Dupin 21 novembre 2008
Dynamique Royal
Les logiques politiques se jouent parfois des calculs arithmétiques. Ségolène Royal a fait un pas de plus vers la conquête du PS en arrivant largement en tête du premier tour pour l’élection du premier secrétaire. L’aspiration au changement de militants meurtris par le triste spectacle offert par leur parti la sert incontestablement.
Royal progresse de 14 points par rapport au score de sa motion, soit nettement plus que Martine Aubry qui bénéficiait pourtant de l’appui de Bertrand Delanoë. L’urgence de barrer la route à l’ancienne candidate n’obsède guère les adhérents socialistes.
Il est à parier que les électeurs de Benoît Hamon, qui ne progresse guère, ne se reporteront pas comme un seul homme sur Aubry. D’autant moins que le candidat de l’aile gauche a surtout fait campagne sur le thème de la rénovation et a eu des mots très durs contre le maire de Lille. Il suffit qu’un quart des supporters de Hamon votent Royal pour qu’elle l’emporte. Sans oublier que les adhérents les moins politisés qui se réveilleront au dernier moment peuvent fort bien soutenir la dame du Poitou. Le scrutin reste ouvert mais on peut déjà affirmer que les adversaires de Royal auront tout fait pour favoriser son succès.
Pour le signataire de la motion de Benoît Hamon, voter pour Ségolène Royal reviendrait à « revenir à la SFIO d’avant 1971″. Il critique notamment la question des alliances avec d’autres partis.
Henri Emmanuelli a officiellement appelé vendredi 21 novembre les militants socialistes à voter pour Martine Aubry face à Ségolène Royal, quelques minutes avant le second tour de l’élection du prochain Premier secrétaire PS.
« Il ne faut pas se tromper », écrit dans un communiqué Henri Emmanuelli, signataire de la motion de Benoît Hamon. « La confrontation de ce soir n’est pas, comme on essaye de le faire croire, une question de personnes. C’est l’affrontement de deux stratégies et de deux lignes politiques ».
« Être ambiguë avec les alliances au centre droit, ce serait refermer l’existence du PS d’Epinay pour revenir à la SFIO d’avant 1971. C’est pourquoi, il faut voter Martine Aubry », conclut l’ex-Premier secrétaire, dans une allusion à la question des alliances au centre, que Ségolène Royal a proposé de faire trancher par un vote des militants.
Jean-Luc Mélenchon, qui a quitté avec fracas le parti socialiste juste avant son congrès, estime que Ségolène Royal, Bertrand Delanoë et Martine Aubry se distinguent par la forme mais partagent le même « fond » en voulant constituer un « parti de centre-gauche ».
« Ils ont des façons différentes de s’exprimer. Mais le fond est exactement le même », affirme le sénateur de l’Essonne dans une interview à paraître dans Le Parisien – Aujourd’hui en France.
« Ce que Ségolène Royal met à l’ordre du jour, c’est la constitution officielle d’un parti de centre-gauche. Ses deux suivants (dans l’ordre d’arrivée des motions) ont, à peu de chose près, le même credo », ajoute-t-il parlant d’un parti de « bobocrates », « arrogants et coupés du peuple ».
Mais à la différence de ses deux principaux rivaux, l’ex candidate à la présidentielle « est claire politiquement, elle s’assume ». « Les autres sont des hypocrites qui se dissimulent derrière des flots de parole gauchisante », juge M. Mélenchon.
Selon le sénateur qui a annoncé la création du « Parti de gauche », le PS a « renoncé à une orientation clairement anticapitaliste au moment où nous entrons dans une crise majeure du capitalisme ».
« Cette conversion-abdication ne peut nous conduire qu’à la honte et au désastre », affirme M. Mélenchon.
AFP du 15/11/2008