mars 2009
Archive mensuelle
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Créé par sr07 le 30 mar 2009 | Dans : Gouvernement, Santé-social-logement
LEMONDE.FR avec AFP | 30.03.09 |
Les huit centrales syndicales françaises (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, UNSA) ont lancé, lundi 30 mars, un appel à manifester ensemble le 1er mai, après une réunion intersyndicale dont le but était de discuter des suites à donner à la journée de mobilisation du 19 mars.
Ce sera la première fois que les huit centrales se rassemblent pour défiler sur des revendications communes à l’occasion de la Fête du travail. Cela n’avait même pas été le cas lors de l’élection présidentielle de 2002, contre la présence de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour.
Les huit confédérations sont également convenues de faire du mois d’avril « un mois de mobilisations » et de se rencontrer à nouveau le 27 avril pour faire le point. « En fonction des réponses du gouvernement et du patronat, les organisations syndicales débattront lors de leur prochaine rencontre des nouvelles initiatives (grève interprofessionnelle, manifestations, mobilisations) », précise un communiqué publié sur le site de la CFDT.
Forts du succès des deux journées d’action – les manifestations du 29 janvier avaient rassemblé entre un et 2,5 millions de personnes selon les sources – les syndicats restent unis sur leurs revendications et l’objectif est d’obtenir de nouvelles mesures sociales face à la crise. Lundi matin, les leaders des cinq confédérations représentatives (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC) ont été reçus par Nicolas Sarkozy dans le cadre d’une rencontre prévue de longue date pour préparer la rencontre du G20 jeudi à Londres.
Au terme de deux heures de réunion à l’Elysée, le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, s’est plaint que « des annonces qui ont été faites le 18 février au sommet social, il n’y ait quasiment rien de mis en œuvre ». Le chef de l’Etat a précisé qu’il installerait « dans les prochains jours le fonds d’intervention sociale », dont il avait annoncé ce jour-là la création. « Il faut que sur les revendications sociales, ça avance beaucoup plus vite », a insisté Jean-Claude Mailly.
Créé par sr07 le 30 mar 2009 | Dans : Parti socialiste
En politique comme dans la vie, les lapsus ont ceci de pratique – et de savoureux – qu’ils disent tout haut ce que l’on pense tout bas. Martine Aubry vient d’en faire la démonstration. Ce n’est pas sur le plateau de Michel Drucker, dimanche, que sa langue a fourché : invitée à reconnaître qu’elle pourrait bien être tentée, demain, par une candidature présidentielle, elle s’est récriée avec énergie qu’elle n’y pensait « pas du tout ». Huit jours plus tôt pourtant, devant la convention nationale du Parti socialiste, elle avait exhorté ses camarades à s’atteler à la préparation de leur projet afin qu’il soit bouclé « fin 2011, au moment où nous choisirons notre candidate ».
« Notre candidate » ! De deux choses l’une. Ou bien la première secrétaire du PS reconnaissait ainsi qu’une seconde candidature de Ségolène Royal en 2012 s’imposerait, tant est manifeste sa détermination. Ou bien elle s’est elle-même subrepticement placée sur les rangs, ce qui n’aurait rien d’absurde tant la direction du parti conduit en bonne logique à en porter les couleurs lors de l’élection présidentielle. Question hors de saison, dont les Français n’auraient « rien à cirer », comme disait Edith Cresson ? Ou « anecdotique » pour reprendre le mot dont use volontiers Martine Aubry pour fustiger la superficialité de « l’égosystème » politique… et de ses observateurs ? Pas forcément. Car ces deux fortes personnalités que tout ou presque sépare dessinent, au-delà du style, deux conceptions de l’avenir du PS, de la gauche et du pouvoir.
Sérieuse, rationnelle, volontiers autoritaire, aussi sévère en public qu’elle peut être joviale en privé, la maire de Lille entend remettre son parti au travail pour faire rimer égalité et liberté, fût-ce au prix d’un meeting raté au Zénith, il y a une semaine. Depuis sa victoire tirée par les cheveux du congrès de Reims, elle a marqué des points, ramené au bercail les « ségolénistes », remis au pas les barons provinciaux, franchi l’obstacle périlleux des listes pour les européennes, cogné sur le gouvernement avec pugnacité et retrouvé la faveur des sondages. Une sorte de Merkel à la française, bien qu’elles ne soient pas du même bord.
Quant à la présidente de Poitou-Charente, aussi intuitive que tenace, imprévisible, volontiers fervente, assumant sans complexe – contrairement à beaucoup dans son camp – la dimension présidentielle des institutions françaises, elle n’a pas renoncé une seconde à mettre la gauche en mouvement autour des valeurs de la fraternité, comme elle l’a à nouveau démontré ce week-end en relançant son association Désirs d’avenir.
La logique autant que l’intérêt voudraient qu’elles trouvent le moyen de restaurer dans tous ses termes la devise républicaine – liberté, égalité, fraternité. Et de joindre l’obsession de convaincre de l’une à l’acharnement à séduire de l’autre. Ce n’est pas le plus probable. Même si les socialistes ont fait preuve, ces dernières années, d’autant de goût pour l’échec que pour le romanesque.
Courriel : courtois@lemonde.fr.
Article paru dans l’édition du Monde du 31.03.09.
Créé par sr07 le 30 mar 2009 | Dans : Parti socialiste, Ségolène Royal
Lorsque la présidente de la région Poitou-Charentes croise sur ses terres un membre du gouvernement, cela fait des étincelles. Mardi 24 mars, Ségolène Royal a suivi comme son ombre Luc Chatel, secrétaire d’Etat à l’industrie, venu à Cerizay (Deux-Sèvres) où Heuliez, constructeur automobile au bord de la cessation de paiements, sollicite l’aide de l’Etat. Devant les caméras, on l’a vue faire le forcing, mais en vain, pour installer le ministre au volant de la voiture électrique qu’Heuliez projette d’industrialiser avec le soutien de la région.
Le 20 mars, inaugurant à La Rochelle l’Institut du littoral, celle que l’on appelle « la présidente » avait ostensiblement évité de serrer la main de Dominique Bussereau, secrétaire d’Etat aux transports et président du conseil général de Charente-Maritime. « L’autre jour, il m’a traitée de « vautour ». Et un vautour, ça n’a pas de main, que je sache… », s’amusait-elle peu après.
L’intense activité déployée par Mme Royal en Poitou-Charentes met en évidence une opération de recentrage. L’ancienne candidate à la présidence de la République, isolée au sein du Parti socialiste et malmenée dans les sondages, sait que son retour au premier plan passe par sa réélection, en mars 2010, à la tête de la région.
Ségolène Royal compte sur sa « base opérationnelle » picto-charentaise pour donner de la lisibilité à une démarche politique qu’elle articule autour de deux credos. Les aides « donnant-donnant » aux PME et surtout « la croissance verte », une priorité qui, en Poitou-Charentes, s’est notamment traduite par le lancement d’un plan d’équipement de panneaux solaires, d’un dispositif anti-OGM et d’une filière de production de voitures électriques. « Le gouvernement devrait massivement investir sur la croissance verte, un domaine où l’action publique peut engendrer de réels effets de levier pour l’industrie mais aussi l’agriculture », assure Mme Royal qui s’enorgueillit par ailleurs d’avoir mis en oeuvre deux « jurys citoyens » et des dispositifs de démocratie participative dans les lycées.
Mme Royal, pourtant, n’a nullement l’intention de se retirer sur ses terres. Samedi 28 mars, elle a réuni à Paris son réseau Désirs d’avenir et, le 6 avril, elle prononcera à Dakar « un grand discours sur l’Afrique » en attendant d’autres déplacements à l’étranger. Avec Régis Debray, l’ancienne candidate veut approfondir le concept de fraternité et « redonner du contenu à la notion d’ordre juste ». Ses groupes d’experts travaillent, entre autres, sur la question sociale, les interactions entre santé et environnement, la sécurité ou les rapports Nord-Sud. Pour ce qui est du PS, elle tente de s’imposer une sorte d’obligation de réserve. « On ne me fera rien dire de négatif contre la direction », affirme-elle. En privé, elle se dit victime « de mesquineries », considère que le bilan des cent premiers jours de la nouvelle équipe dirigeante est maigre et avoue son peu d’appétence pour la fréquentation de dirigeants « exclusivement préoccupés de tenir l’appareil ».
« Ségolène » peut compter sur quelques fidèles, tels le député Jean-Louis Bianco ou l’avocat Jean-Pierre Mignard. En revanche, les liens se sont distendus avec ses alliés du congrès de Reims. Les réunions de coordination du mardi n’ont plus lieu que très irrégulièrement et le courant L’Espoir à gauche, désormais solidaire de la direction et dirigé par Vincent Peillon, mène sa propre existence. « Cette femme peut déplacer des montagnes, mais elle n’en fait qu’à sa tête et certains d’entre nous en avons eu assez d’être régulièrement mis devant le fait accompli et de devoir assumer ses déclarations fracassantes », soupire un parlementaire.
« Je suis comme Mitterrand ; je regarde les gens trahir, mais ne dis rien. Je sais sur qui je pourrai compter », rétorque Ségolène Royal. Convaincue de posséder « un impact et un charisme dont aucun socialiste ne dispose », elle s’estime « la seule capable d’oser, de fédérer au-delà de son camp et d’affoler la droite ». Conquérir le parti de l’extérieur, en puisant sa légitimité auprès de l’opinion. La méthode Royal n’a pas changé.
Article paru dans l’édition du Monde du 31.03.09.
Créé par sr07 le 27 mar 2009 | Dans : Santé-social-logement
Le gouvernement redoutait que la base de l’hôpital ne se mobilise contre la réforme Bachelot, mais c’est du sommet que pourrait venir la menace. L’ensemble de la communauté médicale hospitalière est en colère contre les dispositions de la loi Hôpital, patients, santé, territoire qui bouleverse en profondeur la gouvernance hospitalière. Des grands patrons de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) aux représentants de la communauté médicale des CHU, tous craignent la mainmise du pouvoir administratif et la soumission de la médecine aux seuls impératifs budgétaires. Les présidents des commissions médicales d’établissements (CME) menacent ainsi de démissionner si le projet de loi n’est pas substantiellement amendé lors de son examen au Sénat, à partir du 12 mai.
En 2004, les pouvoirs publics avaient déjà modifié la gouvernance hospitalière en regroupant les services en pôles et en impliquant les médecins dans la gestion médico-économique, avec la mise en place de la tarification à l’activité. Intitulée Hôpital 2007, la réforme avait créé, aux côtés du directeur d’établissement, un conseil exécutif où siègent à parité des médecins et des administratifs. Répondant à l’injonction de Nicolas Sarkozy – « Il faut un patron à l’hôpital, et un seul » -, la réforme de Roselyne Bachelot va plus loin, en concentrant les pouvoirs dans les mains du directeur : celui-ci devient président d’un directoire dans lequel siégeront des médecins majoritairement nommés par lui. Le directeur arrêtera le projet médical de l’établissement (qui n’est plus que « préparé » par les médecins) et nommera seul les chefs de pôle.
Depuis l’élaboration de la réforme, cette architecture inquiète les médecins qui y voient la prise de contrôle de l’administration sur le médical. Ils comptaient toutefois sur le débat à l’Assemblée nationale pour l’amender. Las, le gouvernement a refusé toute modification de son dispositif.
Adoptés lors de la première semaine de débat, des amendements présentés par le médecin hospitalier et député (UMP) Bernard Debré ont finalement été rejetés, à la demande du gouvernement, le dernier jour de la discussion, à 4 h 30, devant une Assemblée déserte… « C’est une action à la limite de la démocratie, dénonce le député Debré. Cette entourloupe a rendu tous les médecins furieux. »
De fait, l’épisode a mis le feu aux poudres. D’habitude peu enclins au conflit, les présidents de CME, élus par leurs pairs, dénoncent aujourd’hui « une situation de blocage ». Président de la Conférence des présidents de CME, le Lillois Alain Destée estime que « le patron à l’hôpital se mue aujourd’hui en petit chef qui pourra mettre et démettre les médecins à sa guise ».
IMPÉRATIFS COMPTABLES
Les médecins sont d’autant plus choqués de se sentir marginalisés qu’ils ont jusqu’ici joué le jeu des précédentes réformes : « Ce qui nous révolte, c’est que nous avons porté la réforme Hôpital 2007, qui avait profondément rénové le fonctionnement hospitalier, dénonce Pierre Coriat, président de la CME de l’AP-HP. On casse un système qui fonctionnait bien pour passer à une gouvernance monocéphale, médicalement aveugle, sans garde-fous éthiques. »
Les médecins pointent un risque d’isolement du directeur et de cristallisation des rapports de force dans les hôpitaux, qui vivent déjà sous tension en raison de graves déficits. « Aujourd’hui, c’est la communauté médicale qui fait passer les messages dans les services, pointe le professeur Destée. Demain, si le directeur se retrouve en première ligne, sans relais, on court à la catastrophe. » « Un directeur seul n’a pas la possibilité de faire changer les choses à l’hôpital, poursuit Bernard Descottes, président de la CME du CHU de Limoges. Il a besoin, à ses côtés, d’un copilotage médical, sinon il va dans le mur. »
Lesdirecteurs, eux, ne veulent rien lâcher, et dénoncent une polémique en forme de « faux problème ». « Un directeur qui souhaiterait diriger un hôpital sans les médecins ou contre eux aurait une démarche suicidaire, explique Paul Castel, président de la Conférence des directeurs de CHU. Mais on ne peut être en situation de coresponsabilité, il faut un décideur et un seul à l’hôpital. » Les directeurs font valoir que les postes de management ne leur sont plus exclusivement réservés. « Si les médecins veulent devenir directeurs, rien ne les en empêche, mais il faut bien que quelqu’un tranche quand la situation est bloquée », plaide Gérard Vincent, délégué général de la Fédération hospitalière de France (FHF).
Au ministère de la santé, on s’agace aussi de la fronde des médecins hospitaliers. « La réforme n’induit en rien une logique de caporalisation, fait-on valoir dans l’entourage de Mme Bachelot. Simplement, elle cherche à éviter les logiques de blocage qui empêchent l’hôpital de se réformer. Il est quand même étonnant d’opposer les gentils médecins aux méchants directeurs, comme si les médecins étaient les seuls garants d’une éthique de service public ! » Le gouvernement semble décidé à ne pas céder sur le coeur de la réforme : le 13 mars, en déplacement à Clairefontaine (Yvelines), Nicolas Sarkozy a martelé qu’il ne se laisserait « pas prendre par des lobbies, soit des grands patrons, soit des tout petits patrons ».
Si le gouvernement souhaite un management fort à l’hôpital, c’est notamment pour mener à bien l’objectif de résorption des déficits hospitaliers fixé pour 2012 par le président de la République. Or c’est justement cette volonté affichée de redressement financier qui inquiète les médecins. Ils pointent le risque que la vie de l’hôpital, déjà soumise aux critères médico-économiques avec la tarification à l’activité, ne soit plus dictée demain que par les seuls impératifs comptables.
« La contestation monte de toutes parts sur la réforme de l’hôpital, car il y a une prise de conscience que l’on va de plus en plus vers l’hôpital-entreprise », dénonce le diabétologue André Grimaldi. « La loi Bachelot procède d’une logique réductionniste, renchérit le neurologue Olivier Lyon-Caen. Derrière la façade du discours, il y a une volonté réelle d’appliquer le même fonctionnement que les cliniques privées, de mettre tout le monde au pas sur le modèle libéral. »
Article paru dans l’édition du Monde du 28.03.09.
Créé par sr07 le 22 mar 2009 | Dans : Fédérations MRC d'Aquitaine
Les positions du MRC dans la négociation avec le Front de Gauche, par Sami Naïr
(23/03/2009)
Notre position de départ pour les négociations avec toutes les forces de gauche y compris le Parti Socialiste était centrée autour de trois grands axes :
1) une mondialisation régulée,
2) une Europe sociale qui protège,
3) une Europe acteur stratégique et solidaire dans un monde multipolaire.
Nous n’avons pas eu de discussions de fond avec le Parti Socialiste. En revanche, nous avons eu plusieurs rencontres avec le Front de Gauche, d’abord en présence du Parti Communiste et du Parti de Gauche, puis de ces deux forces et la Gauche Unie de Christian Picquet, en fin de négociations.Ces trois mouvements se sont mis d’accord entre eux et, dans les discussions, nous ont opposé un front commun.
1) Sur la mondialisation régulée : nous avons plaidé pour une analyse sérieuse de la crise mondiale dont les Etats-Unis constituent l’épicentre et la principale cause. Nos interlocuteurs ont d’abord refusé de mentionner les Etats-Unis puis ils ne l’ont accepté qu’au détour d’une formule vague.
Ils n’ont pas non plus accepté d’intégrer la notion de régulation, arguant que leur objectif n’était pas de réguler le capitalisme.
Nous avons fait des propositions très précises (qui se trouvent dans notre texte originel) sur la réforme du FMI, les activités de
la Banque Mondiale et l’O.M.C. Aucune de nos propositions n’a été retenue. Les déclarations relatives à la situation internationale comme aux institutions internationales se contentent de dénonciations et ne proposent en réalité strictement rien de précis.
2) Sur une Europe sociale qui protège : nous avons été très vivement contesté au nom de l’«identité européenne » conçue comme espace de libre échange ouvert. La critique du « protectionnisme » a été faite au nom du refus du « repli national ». Nous avons essayé de porter le débat sur le fond, mais cela fût impossible : le Parti de Gauche excipant de son fédéralisme européen (« nous sommes pour une Assemblée Constituante Européenne »), le Parti communiste au nom du refus d’un espace européen qui serait fermé au « reste du monde ». Il nous a été impossible d’ouvrir une discussion théorique sur la question.
Sur la Banque centrale : nous voulions une réforme de ses statuts et de ses missions afin de mettre l’Euro au service des européens et non comme c’est le cas actuellement au service du capitalisme financier. Refus de nos partenaires de prendre en considération cette proposition.
Nous voulions la création d’un Gouvernement Economique de la zone euro. Nos partenaires ont refusé cette proposition, sous prétexte qu’elle créerait une Europe à plusieurs cercles. Même refus, pour la même raison, de la création de « coopérations renforcées » au niveau européen.
Même refus, pour la même raison, d’un « Europe à géométrie variable ».
Nous avons proposé que le Pacte de stabilité soit transformé en Pacte pour l’emploi et la croissance. Sur la notion de « pacte », nos partenaires ont refusé au prétexte qu’il n’y aurait pas un accord européen sur cette question ; sur la notion de « croissance et emploi », ils ont également refusé au prétexte que ce serait « favoriser le productivisme ». Et ils ont introduit dans le texte final la critique du « productivisme », n’acceptant de faire référence à la croissance qu’implicitement et à travers le terme vague de « développement ».
Nous avons proposé un Traité social pour lutter contre le dumping social à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union et fixant des critères de convergence fiscaux. Nos partenaires ont refusé et préféré la notion plus vague de « bouclier social ».
Nous avons fait des propositions en matière d’Europe de l’énergie et notamment concernant l’avenir du nucléaire de quatrième génération. Refus de nos partenaires, sous prétexte du « désaccord » entre les diverses sensibilités politiques qui constituent le Front de gauche.
3) Sur une Europe acteur stratégique et solidaire dans un monde multipolaire : nous avons proposé l’idée d’une Europe indépendante, comme acteur stratégique dans la formation d’un monde multipolaire. L’idée a été rejetée au nom du refus de l’Europe « puissance ».
Nous avons proposé un partenariat stratégique avec la Russie, l’idée a été rejetée.
Vis-à-vis de l’Afrique, nous avons proposé la remise en question des accords de Cotonou : l’idée a été abandonnée.
Sur la question des migrations, nous avons proposé une gestion des flux migratoires conforme au droit et respectueuse de la dignité des personnes, ce qui signifie en France l’abrogation des lois Sarkozy sur l’immigration. Notre proposition a été rejetée au prétexte qu’il fallait se contenter de la notion de « régularisation des sans-papiers avec une stratégie de codéveloppement ».
Nous avons proposé une conception de la construction européenne fondée sur le refus du Traité de Lisbonne et l’articulation de la Nation, comme espace privilégié d’expression de la démocratie dans le processus de construction de l’Europe. Nous avons souligné que notre conception de la Nation était citoyenne, républicaine et universaliste ; qu’elle incarne une communauté civique radicalement opposée aux communautarismes ethniques et confessionnels. Nous souhaitions voir, au titre de l’expression de notre identité fondamentale, une référence dans le texte à cette conception de la Nation. Elle nous a été refusée.
Si l’on prend les trois textes sur lesquels nous avons travaillé et notamment le dernier en date du 19 mars, on s’apercevra qu’un certain nombre de nos idées ont été intégrées, notamment sur l’analyse de la crise, mais que sur tout le reste nous avons fait d’énormes concessions. Malgré cela, nous n’avons pu aboutir. Tout semble s’être passé comme si nos partenaires voulaient rendre impossible l’Accord sur le fond. C’est dommage pour la gauche, pour l’Europe que nous voulons, pour la France républicaine.
En réalité, nos interlocuteurs ne voulaient pas d’un accord, comme en témoigne la parution dans l’Humanité du 19 mars (date de notre dernier sommet) de la liste quasi complète des candidats.