mai 2009

Archive mensuelle

Hubert Védrine: « Les controverses générales sur l’Europe sont épuisées depuis le référendum de 2005″

Créé par le 31 mai 2009 | Dans : Parti socialiste, Pour une autre Europe

Hubert Védrine, 61 ans, fut ministre des affaires étrangères de 1997 à 2002, sous la cohabitation entre Jacques Chirac et Lionel Jospin. Opposant au retour complet de la France dans l’OTAN, ce partisan de la Realpolitik a beaucoup critiqué le « droit de l’hommisme » incarné par Bernard Kouchner et l’« eurobéatitude » des fédéralistes.

Socialiste, il dirigeait le Quai d’Orsay lorsque la France négocia le traité de Nice, fin 2000, qui ne parvint pas à doter l’Union européenne d’institutions adaptées à l’élargissement. Collaborateur de François Mitterrand à l’Elysée de 1981 à 1995, il a fondé, après 2002, son cabinet de conseil. Nicolas Sarkozy lui avait proposé de devenir ministre des affaires étrangères. Il explique au Monde l’enjeu simple des élections européennes et déplore l’incapacité des sociaux- démocrates à rebondir dans la crise financière.

Pourquoi les gens ne s’intéressent-ils pas à la campagne des élections européennes ?

Si la participation baisse régulièrement depuis 1979, c’est sans doute qu’il y a une lassitude des Européens : fatigue des constructions théoriques ou techniques ou des élans lyriques, hors des centres d’intérêt des électeurs. Les controverses générales sur l’Europe sont épuisées depuis le référendum de 2005.

En plus, le rôle précis du Parlement européen n’est toujours pas perçu ni expliqué. C’est pourtant simple. Il s’agit de désigner 72 parlementaires français sur 785, qui auront un important pouvoir de codécision dans des domaines très concrets pour la vie des gens.
Il ne s’agit pas d’exprimer un avis sur les gouvernements nationaux, ni sur la présidence française de l’Union, ni sur la poursuite de l’élargissement. Il ne s’agit pas de fantasmer sur un énième nouveau traité qui n’existera pas. Il s’agit plus simplement de décider si le Parlement européen, et donc la Commission qui va en résulter, sera plutôt de droite ou de gauche. C’est une raison civique et politique suffisante pour aller voter. A défaut, qu’on ne vienne pas râler contre les futures décisions !

Le PS a donc eu raison de faire une campagne contre José Manuel Barroso, le président de la Commission sortante ?

Oui, puisque le PS conteste le bilan de cette Commission trop libérale et dérégulatrice, et hésitante dans la crise, et que José Manuel Barroso symbolise et assume cette orientation politique.

Mais n’a-t-on pas le sentiment que, quoi que l’on vote, M. Barroso sera renouvelé?

Il est démocratiquement choquant que les gouvernements de gauche aient anticipé sur les élections européennes en disant d’avance qu’ils étaient d’accord pour la reconduction de M. Barroso. Comment demander ensuite aux citoyens de prendre plus au sérieux cette élection ?

L’ont-ils fait parce qu’ils anticipent la défaite de la gauche ou parce qu’ils apprécient la façon dont M. Barroso gère la Commission?

Sans doute les deux. Les gens au pouvoir s’habituent les uns aux autres et ne sont jamais enthousiasmés par les changements qui les contraignent à réapprendre à se connaître. Et puis, beaucoup trouvent Barroso commode, puisqu’il accepte que la Commission ne fasse même plus semblant de prétendre qu’elle sera un jour le gouvernement d’une Europe fédérale, ce vieux mythe d’origine. Elle se comporte comme ce qu’elle est: l’organe de la mise en œuvre des orientations fixées par le Conseil européen, jusqu’à en oublier son important pouvoir d’initiative.

Pourquoi les socialistes européens n’ont-ils pas proposé de candidat alternatif?

Peut-être parce que les partis de gauche et sociaux-démocrates ne sont pas assez homogènes? L’expérience a montré en Europe que les relations entre gouvernements sont plus fortes que les relations idéologiques. L’absence de candidat handicape leur campagne.

Pourquoi les sociaux-démocrates n’émergent-ils pas en pleine crise du capitalisme financier ?

C’est incompréhensible. Peut-être parce qu’une grande partie de la social-démocratie a tellement voulu, au cours des trente dernières années, se libérer des absurdités du communisme et de l’extrême gauche qu’elle est partie trop loin dans l’autre sens. Du coup, idéologiquement, elle est prise à contre-pied. Ses représentants avaient accepté l’économie de marché, qu’ils croyaient régulée, genre capitalisme rhénan, et ils se sont retrouvés dans une sorte de jungle. Et puis, brusquement, les gens qui avaient créé cette jungle disent : « Ça ne va plus du tout, il faut refaire du Roosevelt »! Au lieu d’être éberlués, les sociaux-démocrates devraient être portés par ce revirement.

Les Français aussi ?

Oui, d’autant qu’ils étaient encore moins adeptes de l’économie-casino que les autres. On leur reprochait ce prétendu « archaïsme ». Pourquoi la gauche européenne n’en profite-t-elle pas plus? Pourquoi, juste avant le G20 de Londres, n’y a-t-il pas eu un sommet des sociaux-démocrates pour dire : « Nous vous avions mis en garde. Voila les mesures de relance et de régulation que nous préconisons. Nous serons exigeants par rapport à ce G20, et aux suivants »? Il n’est pas trop tard pour le faire, car la bataille de la régulation est loin d’être gagnée.

La social-démocratie a-t-elle un avenir sur ses bases actuelles?

Un avenir, oui; sur les bases actuelles, non; elles doivent être repensées. Je ne dis pas que la social-démocratie doit abandonner ses éléments identitaires, mais son message ne passe pas. Ce n’est pas un problème idéologique : regardez le retour de l’Etat, orchestré par ceux qui avaient tout fait pour le torpiller et pour dénigrer ses défenseurs. Ils ont opéré un virage sur l’aile – pragmatisme anglo-saxon oblige. Cela devrait restituer sur un plateau à la gauche européenne, si elle veut bien se ressaisir, des thèmes qui lui appartiennent! Elle ne devrait pas être obsédée par le fait que des gouvernements de droite lui volent ses idées – c’est un hommage du vice à la vertu.

Pourquoi n’en fait-elle pas autant?

Si le PS fait moins de 20 %, Martine Aubry doit-elle continuer ?

Le premier secrétaire n’est plus désigné par le bureau national. Un résultat médiocre, si c’est le cas – car rien n’est joué –, en comparaison avec le score spécialement bon de la dernière fois, ne sera rien d’autre que celui d’une élection intermédiaire. Sans plus. Idem pour ceux qui auraient « gagné ».

L’idée de « l’Europe qui protège », invoquée par Nicolas Sarkozy, fonctionne-t-elle ?

François Mitterrand l’avait déjà invoquée dans son débat avec Philippe Séguin avant le référendum sur Maastricht, alors même que l’inquiétude par rapport à la mondialisation sauvage était moins aiguë. Cette inquiétude est forte dans tous les pays d’Europe, pas plus en France qu’ailleurs. Beaucoup de dirigeants et de partis vont payer le fait de n’avoir assumé cette interrogation que trop tard : elle a été taboue pendant des années comme étant « protectionniste ». Je ne vois pas comment la gauche européenne, demain, pourra escamoter cette question. On peut mieux protéger sans être protectionniste.

Etes-vous pour ou contre l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne ?

Il aurait été plus honnête de dire aux Turcs, dès l’origine : « Nous voulons faire une alliance avec vous, mais l’adhésion n’est pas la meilleure solution. Vous êtes un pays très différent et nous sommes incapables de garantir la ratification du traité d’adhésion par tous les Etats membres. » On s’est engagés dans une autre voie depuis 1963, et surtout depuis 1999, et la négociation est devenue un levier pour les modernisateurs. Il me paraît impossible et incorrect de changer les règles du jeu en cours de route. Pour éviter une crise avec la Turquie, il y a plusieurs années, on a peut-être semé les germes d’une crise encore plus grande. Il faut sortir de cette crise par le haut, et, par ailleurs, mettre quelque part un terme à l’élargissement.

Quel est l’enjeu principal pour l’Europe à l’horizon de 2020 ?

De savoir si elle sera ou non un pôle dans un monde multipolaire instable et concurrentiel. Si elle sera une puissance ou la simple succursale du système occidental, un espace passif, une grande Suisse dans laquelle il fait bon vivre mais qui n’a pas d’influence sur le cours des événements. Il y a là un énorme enjeu qui ne dépend pas des traités, mais de ce qui se passe dans la tête des gens.

La présidence de Nicolas Sarkozy a-t-elle donné un exemple de ce que pourrait être une Europe acteur dans le monde ?

Ce n’est guère transposable. Sa réussite a tenu au fait que c’était la France – un grand pays de l’Union européenne (même chose pour Mme Merkel il y a deux ans) – et que c’était M. Sarkozy. Quand la présidence repasse à un pays « normal », cet effet s’estompe. Pour que l’Europe devienne un vrai acteur, il faut un sursaut mental collectif des Européens et que les Vingt-Sept aient surmonté leurs contradictions sur les Etats-Unis, la Russie, la Chine, le nucléaire, la régulation, la défense, l’idée même de puissance.

Propos recueillis par Cécile Chambraud et Arnaud Leparmentier

Elections européennes, crise, gauche, politique étrangère d’Obama : Jean-Pierre Chevènement s’exprime en toute clarté

Créé par le 30 mai 2009 | Dans : Blog du Che, Fédérations MRC d'Aquitaine, Le Che

Il était l’invité de l’émission « Jeu de dames » présentée par Hélène Risser, Perrine Tarneaud et Sonia Mabrouk sur Public Sénat mercredi 27 mai à 18h45.

La présentation de l’émission est disponible ici.
Elle est podcastée sur le blog de J.P Chevènement.
Tous les passages de l’émission sur Public Sénat : Mercredi 18h45 – 21h15 – 22h45 ; jeudi 00h30 – 02h15 – 04h30 – 07h35 – 14h – 17h05 – 19h30


  

Le blog de J.P Chevenement.fr le Samedi 30 Mai 2009

Les nonistes soufflent les bougies du référendum

Créé par le 29 mai 2009 | Dans : Pour une autre Europe

Quatre ans après le «non» au référendum du 29 mai 2005, les partis qui s’étaient opposés au Traité constitutionnel espèrent un nouveau succès à l’occasion des européennes. Mais ils se présentent en ordre dispersé.

LAURE EQUY (avec AFP) dans Libé du 29/05/09

C’était il y a quatre ans jour pour jour. Les Français balayaient, à 54,87% des voix, le Traité constitutionnel européen. Au scrutin du 7 juin, nonistes de gauche et de droite, en ordre dispersé sur la ligne de départ, rêvent de rééditer leur victoire au référendum du 29 mai 2005 en mobilisant les eurosceptiques.

Dans les sondages successifs ceux de droite (FN, MPF, Debout la République) totaliserait 12,5% des intentions de vote, alors que le camp du «non» de gauche (NPA, LO, Front de gauche qui fédère PCF et PG) tourne, au total, autour de 15%.

«Il y a une empreinte indélébile»

En première ligne, Jean-Luc Mélenchon, fondateur du PG, qui avait appelé fin 2008 à rebâtir cet arc du non de gauche en vue des européennes, assure le soufflé loin d’être retombé: «Ceux qui ont cru cette affaire effacée et la page tournée se trompent. Il y a une empreinte indélébile», confie-t-il à Libération.fr.

Si le Traité de Lisbonne – signé par les chefs d’Etat qui «se sont moqués du monde», accuse Mélenchon – donne un goût amer à l’anniversaire, la tête de liste dans le Sud-Ouest promet que les électeurs nonistes seront au rendez-vous du 7 juin. Selon lui, «les gens se réveillent, retrouvent une base claire, ferme, sans ambiguité et un côté unitaire» dans le Front de gauche, alliance du PCF, du PG et de Gauche unitaire (ex-NPA), qui talonne le NPA dans les sondages.

Porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles veut aussi y croire: si les européennes ne sont «pas la réplique du 29 mai 2005, ce qui faisait l’alchimie de ce succès, on le retrouve aujourd’hui dans la petite poussée qu’on ressent sur le terrain.»

Une campagne «pas construite sur la nostalgie du 29 mai»

Mais depuis quatre ans, et après l’échec d’une candidature unitaire à la présidentielle de 2007, le camp du non de gauche s’est éparpillé. José Bové qui, en 2005, battait tribune commune avec Buffet et Mélenchon a rejoint Daniel Cohn-Bendit, «ouiste» convaincu, au sein du rassemblement Europe Ecologie dont il conduit la liste du Sud-ouest, jugeant dépassée la ligne de démarcation du référendum. «Nous, on construit», justifie l’altermondialiste.

Quant au NPA d’Olivier Besancenot, il a préféré faire bande à part et rejeter la proposition du Front de gauche, soupçonnant le PCF de vouloir retourner flirter avec le PS pour sauver ses élus aux régionales. La formation d’extrême gauche prévoyait d’organiser, ce vendredi, «une initiative en direction du Parlement européen» à Strasbourg, tout en se défendant de jouer les nostalgiques: la campagne n’est «pas construite sur la nostalgie du 29 mai», se défend-on au NPA.

L’un des ténors nonistes du PS, Henri Emmanuelli qui garde «un souvenir ému pour ce 29 mai» n’en démord pas: «le peuple français a bien voté en votant non parce qu’il refusait l’orientation libérale de l’Europe.» Il appelle pourtant ceux qui avaient rejeté le TCE à voter PS: «Le référendum est derrière nous», «on a surmonté cette différence», promet-il allant jusqu’à situer le PS «plutôt dans l’orientation du non et dans la philosophie du oui».

TCE et Lisbonne: «deux canards sans tête»

Les nonistes de droite et d’extrême droite ne sont pas en reste, qui comptent aussi «dénoncer l’escroquerie que constitue le traité de Lisbonne».

Le président de Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan a ainsi organisé, avec les militants du mouvement souverainiste, une fausse «délocalisation» de la Commission européenne en Inde. Un camion de déménagement s’est garé devant la représentation de l’UE à Paris et des chaînes ont été placées sur les portes comme pour indiquer un déménagement de la Commission. Déplorant que le «non» ait été «bafoué» par le Traité de Lisbonne, Dupont-Aignan a rappelé que quatre partis ont été «désavoués, il y a quatre ans, avec un score de 45%» pour le TCE. Les mêmes (UMP, PS, Verts et MoDem) qui «occupent 99% des temps médiatiques», a fustigé le numéro trois sur la liste d’Ile-de-France.

Jean-Marie Le Pen a, à son tour, profité de l’anniversaire pour faire la retape pour ses listes d’extrême droite. «Les électeurs du non n’ont qu’une seule manière de marquer leur protestation, c’est en votant pour le FN. C’est la seule formation qui est restée logique dans son opposition», a martelé le président du FN, qui devrait aller manifester en fin d’après-midi devant l’Assemblée nationale.

Le leader du MPF, Philippe de Villiers, avait lui aussi prévu une action devant le Palais Bourbon, «pour rappeler le triomphe du non» et encourager les électeurs à faire un «vote de cohérence» le 7 juin. «Aujourd’hui, deux canards sans tête continuent à courir dans la cour de ferme, décapités par les peuples» français, néerlandais et irlandais, raille l’eurodéputé, candidat sous la bannière Libertas, en pointant la Constitution rejetée et le traité de Lisbonne.

L’hôpital public mérite mieux qu’une procédure d’urgence

Créé par le 28 mai 2009 | Dans : Gouvernement, Santé-social-logement

Les professeurs Basdevant (Pitié-Salpêtrière), Bourgeois (Pitié-Salpêtrière), Bousser (Lariboisière), Brochard (Henri-Mondor), Dubourg (Ambroise-Paré), Fischer (Necker), Franco (Antoine-Béclère), Frydman (Antoine-Béclère), Gaudric (Lariboisière), Gluckman (Saint-Louis), Godeau (Henri-Mondor), Grimaldi (Pitié-Salpêtrière), Guillevin (Cochin), Kieffer (Pitié-Salpêtrière), Kuttenn (Pitié-Salpétrière), Lyon-Caen (Pitié-Salpêtrière), Mariette (Bichat), Menasche (Georges-Pompidou), Musset (Antoine-Béclère), Niaudet (Necker), Sahel (Quinze-Vingt), Sedel (Lariboisière), Valla (Beaujon), Varet (Necker), Vernant (Pitié-Salpêtrière).

Madame la ministre,

Vous avez pris le temps de répondre à nos «propositions pour une réforme de l’hôpital» en nous indiquant que «vous en partagiez les valeurs et les principes». En réalité nous sommes en désaccord sur la méthode et sur le fond. Sur la méthode, vous ne manquez pas de rappeler que votre loi a été précédée d’une concertation sans précédent. Cette concertation fut sans doute partielle, puisqu’elle n’a pas fait apparaître les différentes alternatives.

Une loi portant réforme de l’hôpital ne doit pas s’attacher en premier lieu à la gouvernance, elle doit définir la finalité de cette gouvernance. Cette finalité a été définie par la commission sur l’avenir des CHU, si bien qu’on se trouve en présence aujourd’hui de deux textes différents, voire contradictoires.

Nous pensons que l’hôpital a besoin d’une réforme. Cependant, celle-ci ne peut pas être noyée dans un texte dont sont exclues des questions telles que les modalités de financement de l’hôpital, la complémentarité (et non la concurrence) avec les établissements privés, le développement de la recherche dans les CHU et hors CHU. Faute d’être portée par une réelle perspective de progrès, votre loi a suscité un débat limité aux seules questions de gestion. Sur le fond, nous souhaitons reprendre certaines questions :

1) Il y a une différence entre la lutte contre les gaspillages et la rentabilité. La rentabilité est l’objectif des cliniques privées à but lucratif. Nombre d’activités peu utiles, voire inutiles, peuvent être rentables. Le devoir d’un service public hospitalier est de lutter contre les gaspillages, c’est-à-dire contre les dépenses inutiles. Vous dites qu’il n’est pas question de demander aux hôpitaux d’être rentables, mais depuis la mise en place de la T2A [tarification à l’activité, ndlr], nous sommes incités en permanence à «augmenter l’activité» en gagnant des «parts de marché», c’est-à-dire en développant des activités simples et programmables, qui représentent 80 % de l’activité des cliniques commerciales et seulement 20 % de l’activité des hôpitaux publics. Depuis la mise en place de la T2A, l’activité codée des hôpitaux a augmenté de 3 % par an, comme si une catastrophe sanitaire s’abattait chaque année sur notre pays ! Cette inflation, conséquence connue de la T2A, est limitée, dites-vous, par les contrôles. A-t-on fait le calcul du coût de la machine bureaucratique ainsi mise en place ?

Bien qu’ils développent leur activité, les hôpitaux ne peuvent pas retrouver un équilibre financier, dans la mesure où ils sont dépendants d’une enveloppe globale fermée. Vous avez répété que vous aviez augmenté cette enveloppe de 3,1 %, malgré la crise. Or, la Fédération hospitalière de France, qui soutient votre loi, a calculé que si le taux de l’inflation et le coût de divers programmes de santé publique décidés par le gouvernement étaient pris en compte, le simple maintien en l’état de l’activité des hôpitaux nécessiterait une augmentation de l’enveloppe budgétaire de 4,15 %. Le budget d’investissement va donc être réduit, menaçant l’avenir de l’hôpital public tandis que les cliniques commerciales poursuivent leur activité rentable pour leurs actionnaires.

2) La question des modalités de financement de l’hôpital est effet centrale. Trois modes de financement hospitalier sont possibles : le financement par un prix de journée comme cela se faisait avant 1983, le financement par un budget, et le financement à l’activité comme cela se fait depuis cinq ans. Chaque mode de financement a ses avantages et ses inconvénients. Au lieu d’adopter un modèle unique, il serait préférable d’utiliser les trois de façon conjointe, en retenant le mieux adapté à chaque type d’activité médicale : la T2A pour les activités «standard» bien codifiées, le prix de journée pour les soins palliatifs et la psychiatrie. Le financement par un budget évolutif serait mis en place pour les autres activités en définissant des critères quantitatifs et qualitatifs.

Le système actuel est opaque, dysfonctionnel. Vous-même avez reconnu que depuis cinq ans, la tarification à l’activité avait oublié de prendre en compte la précarité et la gravité des pathologies. Pourtant, en dépit de ce sous-financement, le gouvernement répète que 50 % des hôpitaux, et parmi eux 29 des 31 CHU, sont en déficit. De même, personne ne nous explique comment a été calculé le taux des missions de service public réduit à 12 % de l’enveloppe globale alors que dans plusieurs pays, ces missions sont valorisées à la hauteur de 50 %.

3) Vous avez renoncé à réguler les dépassements d’honoraires en ville sous la pression de la Fédération de l’hospitalisation privée. Allez-vous laisser cette tâche aux assureurs privés ? Le gouvernement a accepté de reporter à 2018 la convergence public-privé prévue initialement pour 2012. Nous vous proposons d’aller plus loin : cette convergence, qui n’est qu’une concurrence inéquitable, n’a pas lieu d’être en raison même de la finalité et du fonctionnement différents des cliniques commerciales et de l’hôpital public. En effet, la clinique peut sélectionner les pathologies et organiser son activité. Elle a rarement un programme opératoire perturbé par l’arrivée d’une urgence. Elle peut fermer son activité pendant un mois d’été pour diminuer ses frais fixes. En renonçant à cette mauvaise idée, vous témoigneriez de votre attachement au service public hospitalier dont la mention même a disparu de la loi !

4) Des économies sont possibles. Nous l’avons toujours dit. Vous nous interrogez sur le fait que les personnes âgées restent indûment hospitalisées faute de place en aval dans le secteur médico-social. Nous déplorons qu’à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, 1 300 personnes attendent chaque jour leur départ en soins de suite. Vous nous interpellez sur les urgences hospitalières surchargées en raison de la défaillance de la permanence des soins de premier recours ou de l’apparition de déserts médicaux. Cependant vous n’évoquez pas la réduction du nombre de médecins formés, passé de 8 500 à 3 500 par an en raison d’un numerus clausus maintenu pendant plus de vingt ans, sans pour autant changer les conditions d’exercice professionnel. Croyez-vous que les réponses à vos questions soient entre nos mains ?

5) La question de la qualité de l’activité médicale est primordiale. Vous dites avoir choisi la T2A à 100 % pour développer la qualité. Or, la T2A est un instrument quantitatif qui ne prend en compte ni la qualité, ni même la justification des soins. La définition d’indices de qualité nécessite une collaboration avec chacune des spécialités médicales. L’évaluation qualitative implique la comparaison entre des centres ayant des activités similaires. Cette comparaison, indispensable pour une évaluation médico-économique comparative, n’existe pas. C’est pourtant en son nom que, malgré vos dires, vous supprimez 1200 emplois, en majorité des soignants, à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, 650 à Nancy, 400 à Caen, Nantes et Rouen, 550 au Havre, 200 à Lyon, etc. La Fédération hospitalière de France a calculé que 20 000 emplois seraient supprimés d’ici à 2012, ce qui est incompatible avec l’amélioration de la qualité des soins.

6) La question de l’attractivité financière des postes hospitaliers est incontournable, en particulier pour les personnels non médicaux. Les aides-soignantes et les infirmières des hôpitaux sont honteusement mal payées. Une loi sur l’hôpital doit traiter des nouveaux métiers de la santé, de la valorisation de l’activité des soignants, de leur promotion par le travail, et de l’amélioration de leurs conditions de vie.

En ce qui concerne les médecins, vous nous demandez de clarifier notre position sur le maintien de l’activité privée. Excellente question qui se pose d’abord à vous-même. Quelle est votre position sur le maintien de l’activité libérale à l’hôpital ? Envisagez-vous de la supprimer ? Si oui, pourquoi ne l’avez-vous pas fait dans cette loi ? Si non, votre question ressemble fort à une habileté politicienne. Cette activité libérale fut instituée lors de la création des CHU. Prévue initialement pour être transitoire, elle fut maintenue pour deux raisons : la non-prise en compte de l’indemnité hospitalière dans la retraite et des différences de revenus entre le public et le privé, allant de 2 à 5 dans certaines disciplines (chirurgie, radiologie…). Cette activité privée à l’hôpital public est encadrée par la loi. Elle ne doit pas dépasser 20 % de l’activité de chaque médecin ni entraver l’égalité d’accès à des soins de qualité. Moins de 10 % des médecins hospitaliers ont une activité privée. Parmi eux, 90 % respectent les règles et seuls 10 % ne les respectent pas et méritent d’être rappelés à l’ordre. L’avez-vous fait ? Votre interpellation sur l’activité privée à l’hôpital est d’autant plus surprenante que votre loi prévoit que des médecins hospitaliers pourront être payés à l’activité, ou même avoir une activité exclusivement libérale au sein même des établissements publics.

Revenons enfin à la préoccupation du Président de la République : «il ne doit y avoir qu’un seul patron à l’hôpital», le directeur d’hôpital. Celui-ci peut désormais venir du privé, être embauché sous contrat ; il devient révocable à tout moment et sans appel par le directeur de l’Agence régionale de santé, lui-même véritable préfet sanitaire nommé en conseil des ministres. Il s’agit d’une politisation extrême de la gestion de la santé. Tout pouvoir tend naturellement à devenir un pouvoir absolu. Il est donc nécessaire de prévoir des mécanismes assurant l’équilibre. Disposés à poursuivre le débat, nous sommes convaincus que la levée de la procédure d’urgence parlementaire, donnant du temps à la concertation, permettrait de sortir de la confusion et des tensions actuelles.

Nous vous prions de croire, madame la ministre…

Européennes : Régis Debray apporte son soutien au Front de gauche en IDF

Créé par le 26 mai 2009 | Dans : Front de gauche

Publié le 25/05/2009 dans Le Point.fr

Le philosophe Régis Debray, qui s’est plusieurs fois montré au côté de Ségolène Royal ces derniers mois, a apporté son soutien à la tête de liste du Front de gauche en Ile-de-France, Patrick Le Hyaric (PCF), directeur de L’Humanité, pour les européennes du 7 juin.

Parmi les autres soutiens revendiqués par le Front PCF-Parti de gauche, figurent les écrivains Patrick Chamoiseau et Didier Daeninckx, la comédienne Ariane Ascaride, le réalisateur Robert Guédiguian, le journaliste et fondateur d’Attac Ignacio Ramonet et l’économiste Jacques Sapir, a indiqué le Parti communiste français dans un communiqué lundi.

« On m’a demandé, j’ai dit oui », « c’est un soutien de citoyen », a simplement répondu M. Debray, interrogé par l’AFP.

Le 29 avril, M. Debray, auteur de « Le moment fraternité », avait participé à une journée d’études sur « la fraternité en débat » avec Ségolène Royal.

Le 28 mars, il avait salué celle qui « a su donner une nouvelle jeunesse à un mot oublié, un mot refoulé ». « Tu l’as remis à la mode », « redonné de la chair et du sang », avait-il lancé, en allusion à sa fête controversée de la fraternité au Zénith en septembre 2008.

« La fraternité concerne tout le monde », a dit M. Debray lundi, ajoutant qu’il ne voulait « pas rentrer dans les bisbilles politiques ».

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