Nîmes Envoyée spéciale

S‘afficher en nombre et unis : devant quelque 1 000 personnes rassemblées lors d’un meeting du Front de gauche, jeudi 14 mai à Nîmes, Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) et Francis Wurtz (PCF) ont voulu montrer que la gauche du « non » était toujours présente dans ce département du Gard où le traité constitutionnel européen avait été rejeté à 64 % en 2005.

En toile de fond de cette réunion où flottaient les drapeaux rouges, figuraient les luttes locales – les suppressions d’emplois aux Salins du Midi ou à Merlin-Gerin à Alès – comme nationales, face à « un pouvoir qui refuse de reculer parce que la gauche n’est pas à la hauteur ». Ce fut le leitmotiv de la soirée : la gauche a failli, tant dans le soutien aux mobilisations sociales que dans sa cogestion de l’Europe.

« Il faut donner un débouché politique aux luttes pour stopper cet engrenage libéral », a commencé Marie-Pierre Vieu, candidate communiste sur la liste du Sud-Ouest. « Amplifier » le refus de l’Europe libérale, c’est « prendre ses responsabilités dans un climat où sévit le politiquement correct », a lancé Francis Wurtz, député européen (PCF) sortant. Citant l’ouverture à la concurrence du fret ferroviaire, des tarifs de l’électricité ou de La Poste, le député a dénoncé le « fiasco du modèle libéral de l’Union européenne », cogéré par les socialistes.

« MENTEUR ! »

Usant d’un lyrisme très jauressien, Jean-Luc Mélenchon, tête de liste, a renchéri, en attaquant Nicolas Sarkozy d’abord – « notre Woody Woodpecker national qui saute partout en essayant d’enfumer le peuple ». « Menteur ! », a-t-il rugi, stigmatisant le discours du 5 mai à Nîmes, durant lequel le chef de l’Etat a appelé « à construire une Europe protectrice alors qu’il a coécrit le traité de Lisbonne ».

Les autres cibles du sénateur de l’Essonne sont tous ceux qui « écrivent une lettre au Père Noël en parlant d’Europe plus protectrice » : l’UMP, François Bayrou, président du MoDem, le PS… tous coupables d’avoir approuvé le traité de Lisbonne. S’adressant aux électeurs socialistes, le sénateur a raillé l’Europe sociale défendue par ses anciens amis : « Au Parlement européen, les députés socialistes ont voté dans 95 % des cas avec la droite. » Ragaillardi par « l’esprit rebelle » qu’il dit sentir dans sa campagne, il a exhorté encore une fois à voter « pour punir un système injuste ».

Quelques heures plus tôt, Jean-Pierre Chevènement, président du Mouvement républicain et citoyen (MRC), a pour sa part appelé à voter blanc ou nul le 7 juin, lâchant ses anciens compagnons de la campagne du référendum de 2005. « Le discours de Nicolas Sarkozy, comme celui du PS, est celui d’un illusionniste », et les idées du Front de gauche ne sont pas « claires », a expliqué M. Chevènement. « C’est une immense déception », a réagi M. Mélenchon, avant d’assurer que onze fédérations du MRC ont « rejoint la campagne » du Front de gauche.

Sylvia Zappi