novembre 2009
Archive mensuelle
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Créé par sr07 le 27 nov 2009 | Dans : Blog du Che, Le Che, Vive le blog citoyen
Capture d’écran du site linternaute.com
Voir l’entretien sur le site de l’Internaute http://www.chevenement.fr/La-video-integrale-de-l-entretien-de-Jean-Pierre-Chevenement-a-L-Internaute_a884.html
La vidéo intégrale est disponible ici.
Créé par sr07 le 19 nov 2009 | Dans : Articles de fond, Gouvernement, Projet politique
Mercredi, 18 Novembre 2009 13:37 |
Tribune publiée sur le site de Mediapart : http://www.mediapart.fr/club/edition/les-invites-de-mediapart/article/181109/identite-nationale-que-doit-dire-la-gauche# Tout a été dit sur la grossièreté de la manœuvre : le moment choisi pour parler de ce sujet sérieux et complexe -à quelques mois d’élections difficiles pour la droite- ; la problématique -des thèmes sélectionnés pour plaire à l’électorat d’extrême droite- ; la méthode -une fausse consultation, ignorant le Parlement, à partir d’un questionnement faussé et tendancieux- ; son maître d’œuvre – un renégat socialiste, ancien pourfendeur du sarkozysme et de ses inquiétantes dérives… Bref, tout concourt à disqualifier l’opération, dont la finalité électoraliste ne fait aucun doute. La gauche a raison de ne pas se prêter au jeu politicien qui consiste à organiser des réunions dont le caractère superficiel et la finalité ne font aucun doute. Pour autant, elle ne doit pas se contenter de dénoncer la manœuvre, car elle peut la retourner contre ses auteurs, en requalifiant les enjeux et en refusant de se placer sur le terrain erroné et dangereux choisi par le « ministre de l’identité nationale et de l’immigration ». Héritière des conceptions universalistes et progressistes de notre histoire, elle doit répondre aux incertitudes nationales et démontrer que la politique du gouvernement est fondée sur l’exaltation des différences, la compétition entre groupes et communautés, le creusement des inégalités. La devise de la République, liberté, égalité, fraternité est vidée de sa force propulsive. Une crise d’identité ? Plutôt un manque de perspective d’avenir Nos concitoyens voient bien que cette opération est un dérivatif pour éviter le débat sur les sujets brûlants: le chômage, les difficultés sociales, la désindustrialisation, les inégalités croissantes, la fiscalité et l’endettement, la remise en cause des services publics, la montée de la violence… Ils veulent des solutions concrètes à leurs problèmes, mais ils s’inquiètent de l’avenir de leur pays et de leurs enfants, ils regrettent la perte de cohésion de la société et l’affaiblissement de la transmission des valeurs républicaines -auxquelles ils adhèrent très majoritairement- et ils aspirent à un projet commun qui porte une vision d’avenir, une perspective de progrès. Car ils savent que l’identité nationale -si ce concept a réellement un sens- est d’abord la construction d’un espace politique autour de principes partagés, qui évoluent au cours du temps en s’enrichissant et autour d’une langue commune. Quand ce pacte n’est plus explicite, quand les promesses de progrès s’éloignent et que se creuse un fossé entre les principes et la réalité, le pays connait un lourd malaise et, d’une certaine façon, une crise d’identité. La mondialisation libérale et la politique de Sarkozy menacent plus l’identité nationale que l’immigration Expliquer ce malaise et cette crise à partir de la question de l’immigration est inacceptable et erroné. En réalité, c’est plutôt la mondialisation libérale qui tend à contester et à remettre en cause les principes républicains, fondateurs de notre identité nationale. Ceux-ci se sont forgés au cours de l’histoire, se développant et s’élargissant, souvent grâce à l’apport décisif de la gauche. Ces éléments majeurs du pacte républicain, qui constituent l’identité française aujourd’hui, s’appellent : Nicolas Sarkozy avait d’ailleurs clairement annoncé, au cours de sa campagne présidentielle, qu’il fallait rompre avec le modèle social français. Il s’est fait depuis le chantre de ces thèses, en sapant d’autres piliers de cette identité ou en prétendant la rénover : remise en cause de la laïcité (discours de Latran, Loi Carle, accord Kouchner/Vatican …) ; discrimination positive (tentative d’inscrire dans la constitution la reconnaissance des diversités !) ; accroissement de la dérive monarchique du pouvoir ; utilisation fréquente de propos « provocateurs », qui mettent à mal la vision humaniste que devrait promouvoir le chef de l’Etat. La Présidence de Nicolas Sarkozy est donc bien une menace pour l’identité française. L’identité de la France, c’est la République Plus largement, le problème vient surtout du fait que nos valeurs républicaines s’incarnent de moins en moins dans le réel et ne semblent plus orienter l’évolution de la société française. Comment convaincre que la devise inscrite sur nos frontons est notre ambition commune, quand les inégalités sociales s’accroissent, le racisme s’installe, la promotion sociale est stoppée, certains quartiers dérivent en ghettos, quand se développent les privilèges pour certains et se multiplient les handicaps pour les autres, quand l’héritage et la fortune transmise comptent plus que le travail et le talent de chacun, quand le mauvais exemple vient du haut et que la République est sans cesse convoquée pour imposer des contraintes, des limitations et de moins en moins pour favoriser l’émancipation de tous ! Certains enragent, d’autres se résignent. Le pays est désorienté.Il est évident que l’intégration des populations immigrées est plus difficile, si le pays doute de lui-même, perd ses repères et ne se donne pas les moyens de la réussir. La France n’est ni un territoire unique, ni une nation ethnique Le choix du terme « identité » est contestable, car il privilégie une vision intemporelle et statique de la nation : approche partagée par ceux qui nient l’apport permanent des immigrés à notre pays et ceux qui valorisent la référence à la terre « éternelle ». Tenter de rattacher cette identité à la terre est d’ailleurs assez cocasse. De quelle terre parle-t-on ? Celle de Philippe Auguste? De Louis XIV, qui lui ajouta quelques provinces étrangères comme l’Artois ou le Roussillon? De Napoléon Bonaparte, qui crut pouvoir l’étendre à toute l’Europe? Des colonies, de l’Algérie d’avant 1962?….Cela n’a pas de sens. La France n’a jamais été une réalité achevée, une donnée figée de la nature et de l’histoire. Ni territoire ni « esprit d’un peuple », la France est, comme l’a rappelé Fernand Braudel, un résidu, un amalgame, des additions, des mélanges. Géographiquement, la France hexagonale est un carrefour entre des mondes – continental, océanique, méditerranéen-, fait de centaines de micro-milieux, d’une mosaïque de paysages marqués par l’homme, lui-même contraint par la diversité des milieux. Il n’existe pas une France naturelle, mais des France géographiquement différentes. C’est encore plus vrai aujourd’hui, avec l’apport de l’outre mer. La réalité démographique et ethnologique est, elle aussi, complexe et artificielle, faisant cohabiter les trois principaux mondes de l’Europe occidentale: germanique, celte et méditerranéen. La population française est – sur notre continent – celle qui a le plus précocement et le plus complètement brassé les ethnies. La gauche a une responsabilité historique La France naît à chaque instant d’un contrat collectif et d’un combat permanent qui, s’il s’interrompait, ferait tout s’écrouler. Peut être cette « fragilité » apparente inquiète-t-elle nos concitoyens, surtout lorsque personne n’éclaire plus l’avenir. Là est la tâche de la gauche. Elle a imposé l’égalité dans notre devise, alors que la droite l’a toujours contestée, en tentant, récemment encore, de lui substituer l’équité. Elle a promu la fraternité, en alliant reconnaissance des droits individuels, des droits fondamentaux avec l’indispensable solidarité, la mutualisation des risques, le brassage social. Elle a porté en permanence l’élargissement de l’idéal républicain à l’ensemble des champs de la vie collective et singulièrement dans l’économie et le social. Elle a toujours occupé une place déterminante dans les combats pour la liberté, dont certains reprennent, hélas, une singulière acuité, comme celui pour la laïcité, l’humanisme ou le développement des libertés publiques. Quant à l’internationalisme, c’est un des grands apports de la gauche, qui n’a jamais confondu la nation et le nationalisme, l’amour de la patrie et le repli sur soi ou le rejet des autres. Elle sait que, lorsque le nationalisme s’installe dans notre pays, il s’affaiblit, il recule et les problèmes intérieurs, les difficultés sociales s’accroissent. Elle sait aussi que la citoyenneté française n’exclut en rien la revendication de participer à une citoyenneté européenne et même l’espérance d’une citoyenneté mondiale. L’épopée républicaine de notre pays n’est pas achevée. Elle constitue toujours un moteur puissant pour nos concitoyens et elle conserve une force d’attraction indéniable dans le monde. On le voit bien, la crise et les bouleversements actuels requalifient le modèle français, que le cycle ultralibéral a tant malmené. Y a- t- il dans notre pays une volonté politique suffisante pour engager cette reconquête ? Aurons-nous l’audace et le courage d’affronter le grand défi de l’égalité ? Sans progrès vers l’égalité, le doute prendra le pas sur l’espoir. La gauche a, là, une responsabilité majeure et doit porter cette vision mobilisatrice de l’avenir. L’identité nationale a moins besoin de débat que d’action. Marie Noëlle Lienemann et Paul Quilès, anciens ministres, animateurs du club Gauche Avenir |
Créé par sr07 le 16 nov 2009 | Dans : a-le quartier libre de XD, Ségolène Royal, Ségolisme
Invitée par le Sénateur-Maire de la ville François Rebsamen, au même titre que l’ensemble des membres du courant » l’espoir à gauche « , Ségolène a créé la surprise et l’irritation au rassemblement de Dijon. Jusqu’à incommoder ses proches et consumer la rupture avec Vincent Peillon, son ancien lieutenant, aujourd’hui aux commandes de son courant.
L’intrusion de Ségolène au rassemblement de Dijon a fait éternuer les socialistes qui voulaient privilégier le dialogue avec les démocrates du Modem et les écolos sans compliquer les débats par des considérations de leadership. L’attitude de l’ancienne candidate méritait-elle pourtant ces protestations en provenance des ségolistes historiques, de Lang à Valls, et de ses irréductibles détracteurs fabiusiens? Pourquoi tant de foin pour une si minable affaire?
L’incident aura au moins deux mérites. D’abord, celui de faire monter la moutarde chez ces faux-nez du ségolisme tentés par un oecuménisme de circonstance avec les franges molles de la droite et de la gauche au détriment d’un projet refondateur de socialisme républicain, jadis cher à Vincent Peillon. Ensuite celui de dénicher tous ces faux-culs, jouant tour à tour la carte de la proximité avec Ségolène pour se hisser dans les sommets de la vie politique puis celle du désamour quand le destin paraît échapper à leur leader d’hier. Le retour à la fessée au Parti socialiste, prônée par Aurélie Filippetti, jusqu’alors indéfectible ségoliste, viserait alors juste en frappant fort tous ces ingrats plutôt que leur ex-maîtresse femme de candidate.
Ségolène ne chavire pas. Elle peut bien se consoler de cet apparent désamour et continuer à taper fort. On parle d’elle quand elle donne sens à cet adage : qui aime bien chatie bien !
Avis aux amateurs!
X D
Créé par sr07 le 16 nov 2009 | Dans : Non classé
Suite
1 – Lutter contre la concurrence déloyale du dollar et des pays à très bas salaires
Entre la concurrence déloyale du dollar et celle des bas salaires de la Chine, la France doit affirmer son indépendance stratégique en oeuvrant de manière déterminée pour un euro moins cher contre le dollar et pour la mise en oeuvre de protections commerciales à l’échelle de l’Europe (à 27 ou à défaut à 6), réponses les plus sérieuses aux délocalisations et à la pression à la baisse sur les salaires. La France doit rechercher la coopération de l’Allemagne à cette stratégie, ainsi que la mise en place d’un gouvernement économique de la zone euro. A défaut, la sortie de la zone euro de plusieurs pays dont la France s’imposera comme le seul moyen d’échapper à l’asphyxie.2 – Programmer le retour au plein emploi
La priorité absolue doit être accordée à la protection des emplois industriels, agricoles et dans les services existants par une protection commerciale européenne, la taxation plus forte des suppressions d’emplois par les grands groupes, le soutien à l’emploi non délocalisable, un statut du travail dans les activités de service à la personne, etc.
3 – Nouer des partenariats avec les puissances émergentes
La France doit mener une politique étrangère de construction de grands partenariats avec les puissances émergentes (Russie, Inde, Brésil, etc.), seule politique réaliste pour échapper à l’étau sino-américain qui structurera le début du XXIème siècle. Il ne saurait par ailleurs être question pour la France de renoncer à son siège au Conseil de sécurité des Nations Unies ou de le partager, ni de demeurer dans le commandement intégré de l’OTAN.
4 – Lutter à l’échelle planétaire contre la dégradation de l’environnement
La politique environnementale doit prendre acte des grands déséquilibres écologiques et orienter une très grande partie de l’effort de recherche vers les projets de captation du Co2 et d’énergies propres (incluant le nucléaire de 4ème génération). Ces grands projets doivent aider les pays émergents à se développer sans dégrader l’environnement.
5 – Desserrer l’étau de la dette en acceptant une inflation modérée
L’explosion des dettes privées et publiques dans les grands pays industrialisés rend d’ores et déjà très difficile leur remboursement. L’acceptation d’un taux d’inflation modéré de l’ordre de 5 % par an peut aider à soulager de manière décisive le poids que font peser sur les économies ces dettes. Le pouvoir d’achat des ouvriers et des employés sera garanti par une échelle mobile des salaires.
6 – Nationaliser les banques subventionnées par des fonds publics
Le système bancaire doit être profondément assaini par la nationalisation des banques ayant reçu des aides publiques et la séparation légale des banques de dépôt et des banques d’affaires. Il doit être mis un terme au système des bonus extravagants dans les activités prédatrices pour l’économie. De nouvelles réglementations nationales, européennes et internationales doivent encadrer drastiquement les activités financières.
7 – Lancer une politique industrielle ambitieuse
Une politique industrielle ambitieuse doit être lancée urgemment à partir d’un emprunt national dans les domaines d’intérêt stratégique pour la France : réseaux haut-débit et fibre optique, réseaux de ferroutage, isolation des logements, énergies propres et renouvelables, automobile propre, nanotechnologies, biotechnologies, matériaux du futur, etc. Ces grands investissements prépareront les 50 prochaines années.
8 – Rendre le logement plus abordable pour les familles
Le logement devient une charge de plus en plus lourde dans le budget des familles et des personnes seules, qu’il faut réduire. Le parc locatif public doit être soutenu par la création de logements à loyer abordables et de qualité. Un programme national pour les logements sociaux et privés de rénovation et d’économies d’énergie doit être engagé afin de réduire la facture énergétique des locataires. Les avantages fiscaux qui encouragent la spéculation immobilière seront supprimés.
9 – Revenir à des impôts progressifs en fonction de la richesse des ménages
Prenant acte de l’envolée des plus hauts salaires et de la concentration du capital, immobilier en particulier, une réforme de la fiscalité nationale et locale sera engagée pour donner la priorité absolue à la réduction des inégalités, par la suppression du bouclier fiscal, le retour à la progressivité de l’impôt selon les ressources et le rétablissement de l’impôt sur les successions pour les patrimoines supérieurs à 500 000 euros.
10 – Développer l’égalité républicaine
Les services publics, éléments essentiels de l’identité républicaine de la France, doivent être adaptés aux nouveaux besoins des citoyens (éducation, santé, eau, réseaux Internet, transports). Leurs moyens doivent être développés par une contribution de l’ensemble des revenus, en particulier financiers, à l’effort de cohésion nationale. Des services publics forts et modernisés, en particulier dans les zones rurales, périurbaines ou les banlieues populaires, seront un levier puissant de l’égalité entre tous les citoyens.
Créé par sr07 le 16 nov 2009 | Dans : Articles de fond, Gouvernement
Ne nous y trompons pas. La dernière saillie du député Eric Raoult contre l’écrivain Marie NDiaye est d’une extrême gravité. Elle aurait pu passer en d’autres temps pour le dérapage isolé d’un député en mal de réélection.
Mais son parti, majoritaire à l’Assemblée nationale, lui a aussitôt emboîté le pas. Et le ministre de la culture qui concevait, il y a quelques semaines encore, que son rôle était de prendre la défense des artistes, s’est lavé les mains de cette polémique « anecdotique » et « dérisoire », mettant au même plan l’offense et l’offensé et renvoyant dos à dos l’écrivain et le député… Pourtant le député ne s’était pas contenté d’exprimer « ce qu’il avait sur le coeur », mais il avait écrit une véritable lettre de dénonciation au ministre pour lui demander « ce qu’il comptait entreprendre en la matière » contre l’écrivain.
Eric Raoult n’en est pas à son coup d’essai. Le 31 octobre, déjà, il avait justifié l’expulsion de Tunisie d’une journaliste du Monde, Florence Beaugé, sous le prétexte qu’il ne faut pas s’étonner « quand on fait de la provocation à l’égard du président Ben Ali », d’être « remis dans l’avion » à l’arrivée à Tunis. Eric Raoult, qui préside le groupe d’amitié France-Tunisie à l’Assemblée nationale, légitimait ainsi, selon Le Monde, « les attaques personnelles les plus farfelues et les plus ignobles, quotidiennement formulées dans la presse tunisienne » à l’encontre de la journaliste accusée tour à tour, d’être : « psychotique », « hystérique », « bonne pour la psychanalyse », « maléfique », et par-dessus le marché « idiote », sans compter, « c’est bien connu, volage »…
A l’encontre de Marie NDiaye, les propos d’Eric Raoult sont sans précédent. « Nous lui avons accordé le prix Goncourt parce qu’elle a du talent, a-t-il déclaré. Qu’elle soit moins militante. Maintenant qu’elle a le Goncourt, elle peut penser comme elle veut, mais, en l’occurrence, il faut qu’elle soit un peu l’ambassadrice de notre culture. »
Il faut entendre ce que recèle ce « nous », et ce qu’il exclut. Marie NDiaye visiblement n’en fait pas partie. Et nous alors ? Mais qui, nous ? Nous, les Blancs ? Nous, la droite ? Nous, l’Occident ? Ce « nous » « menacé par la haine de soi », selon les mots de Nicolas Sarkozy à La Chapelle-en-Vercors, jeudi 12 novembre ? Ce « nous » n’est-il pas cet obscur objet du débat sur l’identité française ? Qui fait partie de votre « nous », M. Raoult ?
Cette déclaration porte atteinte non pas seulement à la liberté d’expression d’un écrivain, comme on l’a dit ces derniers jours. Mais il met en cause la liberté tout court, celle qu’a tout citoyen de trouver en effet « monstrueux » – c’est l’adjectif employé par Marie NDiaye – de reconduire manu militari des Afghans dans leurs pays en guerre, « monstrueux » de traquer des enfants sans papiers dans les écoles maternelles. « Monstrueux » de criminaliser ceux qui prennent leur défense, comme aux pires heures de l’histoire de France. « Monstrueux » d’avoir tant valorisé l’expulsion, le rejet de l’autre, la clôture sur soi, qu’il est désormais plus coûteux pour la communauté nationale d’expulser que d’accueillir, d’honorer les statistiques de reconduites aux frontières que de respecter les lois de l’hospitalité.
Doit-on poursuivre ? « Monstrueuse » la législation sur les malades mentaux, la responsabilité pénale des mineurs, le tout-sécuritaire, les tentatives réitérées de fichage de la population, la traque des délinquants dès le plus jeune âge, la criminalisation des banlieues, la culpabilisation des chômeurs, la sanctuarisation du profit, la garde à vue pendant plusieurs mois de Julien Coupat, le culte de l’argent drapé dans la méritocratie…
« Monstrueux », encore, d’entendre le président de la République parler des liens charnels qui lient « l’identité nationale française » avec… la « terre » ! Et marteler le mot « terre » cinq fois en dix lignes de discours de peur que ne passe inaperçue cette référence explicite à « la terre qui, elle, ne ment pas », chère au maréchal Pétain en juin 1940. A force de chercher les « racines » introuvables de l’identité, on tombe sur les vieux cadavres, ceux d’une histoire mal enterrée, celle de Vichy.
L’anti-intellectualisme, le mépris des artistes et des intellectuels, font partie du code génétique de ce régime qui a besoin pour imposer ses réformes de traquer la critique jusque dans la langue… Un écrivain n’a pas d’autre citoyenneté que sa langue maternelle. Pas d’autre patrie que le langage dans sa diversité. Pas d’autre territoire à défendre que le pays sans frontières de sa langue. Comment s’étonner alors qu’il soit sensible aux déformations qu’on lui fait subir ? Marie NDiaye ne s’inscrit en rien dans la tradition de l’écrivain engagé, qui « dit le droit pour les autres » dans la lignée de Zola, Camus ou Sartre. Son engagement est « écoute » et « attention », un souci extrême pour la langue. Un gardien du vocabulaire, comme le disait André Breton.
Ce n’est désormais un secret pour personne : la langue du pouvoir s’est abaissée à des niveaux sans précédent. Le sarkozysme, comme l’inconscient lacanien, est structuré comme un langage. Ou plutôt il est « déstructuré » comme un langage ; c’est une zone de langage effondrée.
Ses attentats syntaxiques sont quotidiens. La liste est longue de ces violences verbales et de ses outrances, de ses lapsus et jeux de mots. Des métaphores guerrières (le « Karcher », la « racaille », le « croc de boucher ») en vulgarités (« casse-toi pauvre con »), de lapsus (les fameux « coupables » du procès Clearstream) en plaisanteries machistes ou racistes (les Arabes d’Hortefeux acceptables en petit nombre exclusivement ou Rama Yade qui ferait bien plus « couleur locale » dans le Val-d’Oise).
Cher Eric Raoult, entre la « culture » et la « terre », il faut choisir. Entre les voix du Front national et celle d’un écrivain rétif à tout embrigadement, il faut savoir celle qu’on veut entendre. Récemment le mur de Berlin est tombé et, avec lui, croyait-on, la tentation d’embrigader les artistes et les écrivains. La guerre froide est terminée depuis vingt ans, mais votre langage et sa rhétorique de la responsabilité, du patriotisme, des ambassadeurs culturels, continue à lui appartenir… comme lui appartient la « prudence » (de chat ou d’apparatchik ?) de notre ministre de la culture.
Nicolas Sarkozy voulait supprimer, dit-on, le ministère de la culture. Que ne l’a-t-il fait ? Il semble qu’il ne soit pas compatible avec son voisin de l’identité nationale et de l’immigration. Pourquoi ne pas lui donner un intitulé nouveau : « ministère de la réserve et de la modération » ? On le confierait à Eric Besson. Il aurait pour mission de récompenser les écrivains « modérés », amis du régime, envoyés dans des ambassades ou conviés à déjeuner, à qui l’on confierait des missions, des émissions de radio et des chroniques dans les journaux. L’élection du prix Goncourt serait soumise à son approbation. Alors la France, comme Marie NDiaye, n’habiterait plus la France. p
Christian Slamon est écrivain, ex-directeur du Parlement international des écrivains.
Article paru dans l’édition du Monde du 15.11.09