juillet 2010
Archive mensuelle
Archive mensuelle
Créé par sr07 le 31 juil 2010 | Dans : Gouvernement
Editorial par Jean-Paul Piérot dans l’Huma du 30 juillet 2010
Les vannes sont ouvertes. La calomnie, l’amalgame, le mensonge, les accusations à l’emporte-pièce, tout devient possible dès lors que l’on parle des « problèmes » posés par le « comportement » de « certains » Roms et autres Tsiganes citoyens français. La parole extrémiste est libérée. À peine Nicolas Sarkozy et une escouade de ministres et de policiers galonnés achevaient-ils leur réunion juste avant les JT de 20 heures mercredi soir que le ministre Lellouche affirmait devant les caméras que le drame de Saint-Aignan n’était pas un cas isolé ; le lendemain un député UMP en redemandait en matière de répression et soutenait au micro de France Inter que l’errance n’était pas « compatible » avec la manière de vivre en France. Qu’y a-t-il donc au bout de sa pensée ? Une assignation à résidence et l’interdiction de se déplacer ? Le régime de Vichy avait eu cette idée, et avait même créé des camps pour y interner les Gitans récalcitrants. Les principes de la République, forgés par la Révolution de 1789, ne reconnaissent que des citoyens, et non des ethnies et autres communautés fondées sur la religion ou sur des lectures fantaisistes de l’histoire. À cet héritage, le clan sarkozyen préfère-t-il le modèle berlusconien en cours de l’autre côté des Alpes, où les Roms sont traqués et pourchassés, livrés en pâture aux nostalgiques du fascisme et aux agités de la Padanie ?
Nous voilà avertis. Pour assourdir l’écho des affaires de collusion entre le parti présidentiel et les plus grandes fortunes et pour tenter de distraire l’attention des Français du débat sur l’avenir des retraites, Brice Hortefeux va multiplier les opérations policières contre les campements « illégaux » – la feuille de route prévoit l’évacuation de trois cents campements. Toute réaction de colère sera exploitée pour stigmatiser un peu plus les victimes expulsées et tous les Tsiganes de France et d’ailleurs. C’est l’été meurtrier des expulsions vers les Balkans, et des bulldozers contre les familles qui commence. Sur le fond, les mesures annoncées ne constituent pas des nouveautés mais la réunion de l’Élysée est une incitation au harcèlement d’hommes, de femmes, d’enfants suspectés à l’avance de commettre des actes délictueux. Répression et rien d’autre, y compris par anticipation, tel est le message adressé depuis l’Élysée.
Nicolas Sarkozy a pris soin de ne pas accompagner l’arsenal répressif de mesures, fussent-elles cosmétiques, pour donner à l’ensemble du dispositif au moins une apparence d’équité. Rien n’est dit par exemple sur la scolarisation des enfants, qui risquent au contraire de voir les portes de l’école se fermer plus hermétiquement encore dans ce climat annoncé de chasse à l’homme. En 2002, un préfet avait été sanctionné pour avoir accusé les gens du voyage de « vivre à nos crochets et de la rapine ». Aujourd’hui ce genre de propos est à la mode en haut lieu.
Les réactions de la gauche sont au niveau de la violence du coup porté aux principes républicains et à la cohésion nationale par ses premiers dirigeants. L’appel lancé par Pierre Laurent au nom du PCF à toutes les organisations de gauche, aux associations et aux syndicats devrait être entendu. On ne peut laisser ainsi défigurer la République.
Créé par sr07 le 30 juil 2010 | Dans : Articles de fond
Il s’agit du compte-rendu de la visite effectuée à Jalapa au Nicaragua dans le cadre du jumelage entre Champigny-sur-Marne et Jalapa. François COCQ est conseiller municipal de Champigny-sur-Marne, délégué au jumelage.
Du 16 au 23 septembre, je me suis rendu en délégation au Nicaragua, à Jalapa, ville avec laquelle Champigny-sur-Marne est jumelée. Après avoir reçu Orlando Zeledon, maire de cette ville au mois de juin, la ville et le comité de jumelage ont répondu à l’invitation qu’il nous avait lancée de venir sur place conforter l’amitié qui existe entre nos deux populations.
Une délégation composée de Sabine Peyrat, vice-présidente du comité de Jumelage, de Mohamed Belarbi, directeur du service jeunesse au sein de la municipalité, et de moi-même a donc fait le long périple transatlantique (26 heures !) pour rejoindre la frontière honduro-nicaraguayenne. Nous ne sommes pas partis les mains vides puisque c’est plus d’un quintal de matériel médical et scolaire que nous avons pris en soute. Nous avons en particulier amené un berceau chauffant, cadeau de Dominique Adenot, maire de Champigny, à son homologue nicaraguayen pour le plus grand bénéfice des jalapenos.
Au delà, nous souhaitions réaffirmer notre soutien aux habitants de cette région isolée, dans ce pays par beaucoup oublié. C’est une longue histoire qui lie nos deux villes : 26 ans d’échanges, de coopération et d’amitié depuis qu’en 1983, quatre ans après la révolution sandiniste et alors que les CONTRA équipés et financés par la CIA et les Etats-Unis menaient une guerre civile qui visait à déstabiliser le pays, un protocole de jumelage a été signé par Christian Favier, désormais président du conseil général du Val-de-Marne, en Amérique centrale. Après la révolution de 1979 et des années de guerre civile, le sandinisme s’est installé dans les années 80. De nombreuses réformes ont été mises en œuvre, notamment une réforme agraire de grande ampleur qui a permis la redistribution des terres. L’éducation et la santé ont également connu une démocratisation importante sans que le processus puisse être mené à son terme, du fait notamment de la persistance de la contre-révolution subventionnée à foison par les Américains et de la gangrène de la corruption souvent inhérente à ce genre de processus et qui n’a en l’occurrence pu être éradiquée.
Le contrecoup est venu au début des années 90 lorsque les sandinistes ont été battus démocratiquement. Le pays a subi les affres de la politique ultra-libérale la plus violente sous la baguette de « Violetta » Chamorro qui s’est non seulement appliquée à défaire toutes les réformes sociales que les sandinistes avaient pu promulguer mais qui a aussi fait en sorte de rendre le moindre retour en arrière des plus compliqués. Finalement, Daniel Ortega a retrouvé la présidence à la tête d’un large mouvement d’union et d’unité nationale.
Sur le terrain, les stigmates de la révolution et de la contre-révolution grèvent le paysage. Le Nicaragua a été un laboratoire politique au cours de ces 30 dernières années. Le sandinisme a soulevé un énorme espoir après une dictature terrible. Le libéralisme le plus effréné y a ensuite testé, après l’Argentine, le Chili ou l’Uruguay, ses recettes grandeur nature. Restent aujourd’hui essentiellement les actes posés lors du virage ultra-libéral qui a tout balayé sur son passage : une pauvreté exacerbée, des services publics en ruines (écoles, hôpitaux, routes…) à côté d’officines privées flambant neuves qui font payer le prix fort les droits d’inscription et qui, ce faisant, scindent le peuple nicaraguayen en classes sociales insupportablement différenciées.
De même, la réforme agraire, qui avait rendu au peuple sa terre, est désormais abrogée au bénéfice des riches planteurs de tabac ou de café cubains (…de Miami). Au final, c’est un peuple qui survit essentiellement grâce à l’aide internationale, avec l’énergie du désespoir, avec la conscience profonde de ces inégalités du fait de son haut niveau d’éducation politique, qui lutte au quotidien à la fois pour sa survie mais aussi pour faire front face à un capitalisme dénué de toute morale, ce qui en fait revient au même !
Aujourd’hui, le constat est inévitable : ne reste qu’un champ de ruine sur le terrain social ! La contre-révolution a tout emporté sur son passage et nous devrions dans notre pays même être plus attentifs aux conséquences des politiques actuelles et aux difficultés que nous pourrions rencontrer, la gauche revenue au pouvoir, pour appliquer des politiques de rupture si aujourd’hui nous ne luttons pas pour défendre le pacte républicain et social né à la Libération.
J’ai également été marqué lors de mon séjour par l’unité de l’Amérique centrale que je n’avais jusqu’alors pas perçue aussi nettement. Si chaque pays a sa propre identité, c’est un peuple de « centro-america » qui émerge. En cela, je comprends mieux aujourd’hui la réussite de l’ALBA (l’alternative bolivarienne pour les Amériques) qui vise, en allant au delà même de l’Amérique centrale avec notamment Cuba et le Venezuela, à permettre un contre-point aux ambitions économiques et impériales des Etats-unis dans la région. A l’heure du capitalisme financiarisé qui ne prêche que déréglementation et mise en concurrence, le succès de politiques de coopération est une véritable bouffée d’air frais pour les peuples de la région et devrait nous inspirer de ce côté-ci de l’Atlantique.
Le point d’orgue de cette appréhension de l’identité centro-américaine fut pour moi le retour sur Managua quand, dans la voiture, nous avons appris que Manuel Zelaya, président légitime du Honduras, était rentré à Tegucigalpa en bravant ainsi les putschistes de l’armée. Quelle ferveur ! Face aux atermoiements des capitales américaines et européennes qui ne font pas la différence entre un président élu et des dictateurs en puissance qui ont recours au coup de force, le peuple d’Amérique centrale sait lui où est la vérité, où se situe son intérêt et par qui est représentée sa souveraineté populaire.
L’aide apportée par la ville de Champigny-sur-Marne et son comité de jumelage est donc d’autant plus précieuse pour Jalapa. L’hôpital aux pièces vides en matériel et médicaments, où errent des médecins et des infirmières formés mais privés de ressources, et surtout où attendent souvent en vain des patients qui espèrent un traitement adapté, m’a laissé dans un grand désarroi. Le berceau chauffant est une pierre précieuse dans cet édifice. D’autant plus précieuse qu’elle est malheureusement trop rare. Et ce ne sont pas les 25 kg de médicaments que nous avons apportés qui pourront changer la donne dans la durée même si je suis persuadé que pendant quelques semaines, ils auront facilité le travail des médecins et contribué au rétablissement de nombreux jalapenos.
Il en est de même pour le matériel scolaire. Le projet bourses (5000 dollars par an) auquel nous participons est d’autant plus important qu’il vise à permettre l’éducation de celles et ceux qui demain feront Jalapa et le Nicaragua. Attribuées sur des critères sociaux et scolaires (82% de réussite aux tests), ces bourses permettent aux plus jeunes d’aller à l’école et aux plus grands de poursuivre leurs études à Managua avec l’engagement en retour de fournir des services à la ville de Jalapa (médecine, droit, etc…).
Dans le même ordre d’idées, afin d’aider le peuple nicaraguayen à se doter des moyens de son propre développement, nous allons travailler dans les mois qui viennent à la mise en place d’un plan cadastral à Jalapa afin que la municipalité puisse faire rentrer l’impôt nécessaire auquel les « gringos » échappent faute de recensement des parcelles.
Enfin, nous avons apporté une aide de 25 000 dollars pour la réhabilitation de toits et de latrines. En effet, sur les 116 communautés que compte Jalapa, une vingtaine sont dans des conditions de pauvreté extrême, avec quatre bouts de bois et une bâche en plastique qui font office de maison, et un trou dans le sol en guise de toilettes. Champigny s’engage sur ce projet dès cette année et suivra son évolution dans les années à venir. C’est avant tout cela la coopération : permettre l’échange, dans le respect des cultures et des identités, permettre le développement de l’autre en lui donnant les moyens de suivre son propre chemin.
Les voyages forment la jeunesse a-t-on coutume de dire. Je dois avouer que celui-ci m’a beaucoup enrichi. Par la chaleur humaine, la simplicité, la gentillesse, le respect de celles et ceux que j’ai pu rencontrer. Il m’a aussi beaucoup marqué car on a beau s’y préparer, on ne peut envisager le niveau de dénuement extrême qui existe au Nicaragua avant de l’avoir sous les yeux.
Il m’a également fait réfléchir, sur les finalités de la politique, sur les conséquences des politiques menées, sur l’implication populaire. Il m’a enfin donné la force de continuer à œuvrer au quotidien comme nous le faisons à Champigny-sur-Marne pour continuer à suivre avec nos amis de Jalapa ce chemin si fructueux et que nous voudrions tant pouvoir aider à rendre plus agréable pour eux. J’ai eu l’occasion lors de divers discours et interviews de remercier nos amis nicaraguayens pour ce séjour et leur accueil. J’espère qu’ils entendent et mesurent la chance que nous avons à pouvoir les rencontrer.
François COCQ
Membre de l’AGAUREPS-Prométhée
(Association pour la Gauche Républicaine et Sociale – Prométhée)
Juillet 2010
Créé par sr07 le 28 juil 2010 | Dans : Articles de fond
Tribunes dans l’Huma
le 27 Juillet 2010
La formule « trop d’impôt tue l’impôt », éternelle référence servie par les idéologues libéraux et les possédants pour justifier leur allergie à l’impôt progressif, a pour origine la courbe de Laffer, du nom de l’économiste américain qui l’a théorisée dans les années 1970. Cette courbe en forme du U inversé mesure la variation des recettes fiscales de l’État en fonction du taux d’imposition. Au-delà d’un certain seuil de prélèvements, l’incitation au travail, et donc les recettes fiscales, diminueraient.
La courbe de Laffer n’a jamais été démontrée dans les faits. Entre 1930 et 1980 aux États-Unis, le taux supérieur de l’impôt a toujours dépassé 70 % sans nuire à l’efficacité économique du pays. En baissant fortement l’impôt sur le revenu en 1981, l’administration Reagan eut le plus gros déficit public depuis 1945. En France, les baisses d’impôts accordées aux plus aisés depuis 2002 ont généré une perte de recettes fiscales de plus de 20 milliards par an et n’ont eu aucun effet sur la croissance.
La mise en pratique religieuse de la théorie de Laffer aux États-Unis est l’une des causes de l’intensité de la crise : déficits publics abyssaux, redistribution hyper-inégalitaire des richesses avec une minorité de la population en captant l’essentiel et les deux tiers vivant à crédit, protection sociale limitée et chère, taux de pauvreté élevé… Les fameux « amortisseurs » opportunément loués en France après la crise par ceux-là mêmes qui se sont évertués à les démanteler ne sont rien d’autres que des transferts sociaux issus de la redistribution des impôts, bénéfiques à la majorité des Français et à l’économie. Car moins d’impôt ne profite qu’à ceux dont les moyens financiers les mettent à l’abri des risques de la vie. Pour tous les autres, c’est-à-dire la majorité, moins d’impôt signifie moins de services publics, couverture sociale amoindrie, précarité accrue.
Augmenter les impôts ne doit pas être une fin en soi. Mais les réduire non plus. Or baisser les impôts, des riches principalement, a été le dogme consciencieusement appliqué en France depuis dix ans. Résultats : non seulement cela n’a eu aucun bénéfice économique, mais la fiscalité n’assure plus des recettes suffisantes pour financer les dépenses publiques, et elle ne joue plus son rôle de correction des inégalités : la part des impôts progressifs en France est devenue famélique à force d’être la cible de coupes successives (IR, ISF, droits de succession) jusqu’à devenir inférieure à la plupart des pays européens. Rien n’indique que le niveau d’impôt atteint en France soit trop élevé. Il reste inférieur à d’autres pays européens (43 % de prélèvements obligatoires en France contre 49 % au Danemark et en Suède).
Limiter l’impôt à 50 % des revenus n’a aucune justification économique. Une politique fiscale juste doit redistribuer des hauts revenus vers les bas revenus sans compromettre l’activité économique. Elle doit viser à maximiser les recettes fiscales que l’on peut obtenir des hauts revenus et à minimiser les possibilités d’évasion et de niches fiscales qui sapent le principe de progressivité.
Faire le choix dogmatique du moins d’impôt ou d’un plafond théorique est un a priori idéologique insoucieux de l’efficacité économique et de la justice sociale. Une réorientation de la politique fiscale privilégiant le renforcement de la progressivité de l’impôt devient impérieuse. La politique du bouclier fiscal repose en définitive sur un postulat rendu invalide à l’épreuve des faits. Contre la formule à l’emporte-pièce de Laffer, affirmons résolument que la réalité serait plutôt « moins d’impôt détruit non seulement la cohésion d’une société mais amoindrit aussi la compétitivité de l’économie ».
Créé par sr07 le 20 juil 2010 | Dans : Amérique Latine, Une autre mondialisation
Guy Maunoury
SOLAL Solidarité Amérique Latine *
Haïti n’est plus sous les projecteurs, mais bien sur le pays n’est pas sorti des graves conséquences du terrible séisme de janvier.
Les médias nous ont abreuvés sur l’aide occidentale, sur notre générosité supposée. Il n’a évidemment été question ni de l’aide de l’Amérique Latine ni de celle de Cuba. Pour ce dernier ça n’est pas pour nous étonner. Évoquer le rôle positif de Cuba, c’est tout simplement impensable; par contre la malheureuse mort d’un prisonnier n’a pas manqué de faire les titres.
Concernant Haïti pourtant, Cuba et l’Alba ont joué un rôle très important durant le séisme mais aussi bien avant. Comme l’a déclaré le ministre des affaires étrangères de Cuba « quand le tremblement de terre a eu lieu, l’Alba n’eut pas à aller en Haïti, elle y était déjà et elle a subi le tremblement de terre avec ce peuple ». La présence de Cuba date de 1998. Au moment du séisme. Cuba et l’Alba était présente dans 127 communes sur les 137 existantes en Haïti avec 340 médecins dans les centres de premiers soins, la gynécologie et l’ophtalmologie. Plus de 26000 haïtiens ont ainsi été opérés de la vue. Un grand nombre de visites à domicile et d’accouchements ont sauvé de nombreuses vies humaines. 160000 personnes ont été alphabétisées. 900 jeunes haïtiens ont obtenu leurs diplômes dans un pays de l’Alba, en particulier à l’école de médecine internationale de La Havane, 600 y étudient en ce moment.
Pendant les 11 jours de désastre, Cuba a envoyé 350 médecins de plus, dont 280 jeunes docteurs haïtiens qui venaient de terminer leurs études à Cuba, auxquelles se sont joint une centaine de spécialistes provenant du Venezuela, Chili, Espagne, Mexique, Colombie, Canada et mêmes des médecins étasuniens formés à La Havane. Grâce à ces équipes, 5 hôpitaux de campagne, 5 centres de diagnostic et 33 postes de soins ont été crées avec le soutien financier du Venezuela. 16 équipes chirurgicales n’ont pas cessé d’opérer 24h sur 24. 400000 vaccins contre le tétanos ont été envoyés. Actuellement plus de 1000 spécialistes de l’Alba sont présent.
Comme l’indique René Préval, le premier ministre à qui Bush avait instamment demandé de cesser tout rapprochement avec l’Alba « de 1998 à aujourd’hui, Cuba a apporté plus d’aide à Haïti que n’importe quel pays soit disant ami ». Et concernant la présence des ONG ( autant qu’en Inde ) Jean Lavalasse, un journaliste déclare que « au contraire des autres ONG présents ici, les cubains et les vénézuéliens nous parlent d’égal à égal, et surtout ne se mêlent jamais de nos affaires internes ».
Car cet événement cruel a mis un peu plus en évidence plusieurs problèmes de fond auxquels est confronté Haïti depuis son indépendance en fait.
D’abord le grave problème de la dette indéfinie de ce pays, dette ignoble imposée par la France suite à l’indépendance en 1804 et que le pays a payé pendant des décennies.
La dette odieuse ensuite due à la dictature des Duvalier et d’autres, payée de nombreuses fois pourtant, mais toujours croissante à cause des taux d’intérêts usuriers de la part des pays occidentaux.
La destruction des institutions de l’état sous l’effet des programmes d’ajustement.
La dépendance alimentaire due à la destruction de l’agriculture vivrière causée par les importations à bas prix ou des dons. Actuellement Haïti importe 80% de sa consommation de riz alors qu’il était auto suffisant il y a 20 ans, les droits de douane étant passé de 50 à 3%.
Enfin lors du séisme les Etats Unis se sont surtout fait remarqué par l’importance des troupes envoyées, en plus de celles déjà présentes depuis le retour d’Aristide en 1994, plus que par l’aide apportée aux sinistrés. Ce qui fait dire que Washington a profité du désastre pour faire d’Haïti une base militaire. Une nouvelle application de la « stratégie du choc » chère à Naomi Klein. Ce qui compléterait ainsi le dispositif mis en place depuis un an avec les 7 bases en Colombie, au moins 2 au Panama, et la réactivation de la 7 ème flotte contrôlant la côte brésilienne.
Un dispositif très inquiétant clairement dirigé contre l’Alba et les pays comme Haïti qui aspirent à y entrer.
Mais comme le dit Fidel « Haïti permettra de vérifier combien de temps durera l’esprit de coopération avant que ne l’emporte l’égoïsme, le chauvinisme, les intérêts mesquins et le mépris des autres nations ». C’est déjà fait!
Après le tsunami les requins.
Profitant de l’état de choc du pays, Monsanto vient d’offrir à 10000 agriculteurs haïtiens 450 tonnes de maïs transgénique ainsi que les engrais et pesticides associés. Ceci dans le cadre du projet Winner de l’agence USAID, chargée de promouvoir « la démocratie », c’est-à-dire la politique étrangère des USA.
On sait ce que ce genre d’aide veut dire venant de cette agence et de la multinationale Monsanto. Les agriculteurs haïtiens vont devenir totalement dépendants de cette dernière; ils devront obligatoirement acheter les semences Monsanto ( beaucoup plus chères que les traditionnelles ) et les traitements. Ce procédé ils l’ont utilisé au Paraguay, en Argentine et au Brésil qui sont des grands producteurs-exportateurs de soja transgénique. Une autre conséquence grave est la perte de biodiversité et ceci sans doute de façon irréversible. Alors que l’on ne connait pas les effets à long terme sur la santé humaine des transgéniques, mais que l’on connait déjà les effets destructeurs des pesticides associés ( comme le Round Up ) sur la vie des sols, car il en faut de plus en plus à cause de l’accoutumance des parasites.
Après la destruction due au séisme, voilà Haïti soumis à la folie totalitaire et destructrice des multinationales de l’agronomie. Décidément pour ce pays l’heure de la décolonisation n’est pas arrivée !
*Bulletin du Comité Amérique Latine de l’agglomération caennaise n°75 été 2010
article en ligne http://cbparis.over-blog.com/article-cuba-haiti-le-seisme-et-l-usaid-54210520.html
Créé par sr07 le 19 juil 2010 | Dans : Santé-social-logement
M’PEP, le 17 Juillet 2010.
Pour imprimer ou accéder à l’intégralité du texte, cliquez ici :
http://www.m-pep.org/spip.php?article1727
Le gouvernement a présenté son projet de « réforme » des retraites. Des quatre-pages publicitaires dans toute la presse en vantent à profusion les mérites. Le quotidien Les Échos du 10 juillet présente cette réforme comme le souhaite le gouvernement. Mais ce journal, peu suspect de critiquer cette réforme, la présente aussi, dans la même page, selon sa propre vue(1).
Se plaçant en 2020, il détaille en effet « l’effort de redressement » de 30 Md€ prévu. Cet « effort » est supporté par les salariés, les entreprises, et des recettes nouvelles ne touchant pas les entreprises. Les salariés, du fait du report de l’âge légal de la retraite, participent pour 20,2 Md€, et, du fait de la hausse des cotisations salariales des fonctionnaires, pour 4,9 Md€.
Les entreprises, notamment du fait de minorations d’allégements de charges, participeront pour 2,2Md€. Le solde est constitué de diverses recettes nouvelles, hors entreprises, dont 1 Md € de taxes supplémentaires sur les revenus du capital.
L’effort supporté par les salariés est donc de près de 84%, celui supporté par les entreprises de 7%.
(…)
Pour lire la suite, cliquez ici :
http://www.m-pep.org/spip.php?article1727