Les entretiens du blog citoyen : »tordre le bâton dans l’autre sens » à l’occasion des prochaines élections en France, en Allemagne et en Italie
Créé par sr07 le 05 mai 2011 à 20:31 | Dans : a5-Les entretiens du blog citoyen, Battre campagne
XD : Face à la démission de nos élites, vous en appelez à la réappropriation par la gauche des valeurs républicaines et vous en appelez aussi à un accord de peuple à peuple entre la France et l’Allemagne.
Jean-Pierre Chevènement : Je pense que les peuples ne se laissent pas facilement déposséder de leur souveraineté. Même une fois faite sa réunification, l’Allemagne est très attentive à travers la Cour constitutionnelle de Karlsruhe à ce que les décisions ne soient pas prises en contradiction avec sa constitution et ses intérêts fondamentaux. Donc l’Allemagne défend ses intérêts nationaux, il faut en avoir tout à fait conscience. Le rapport de forces en Europe a changé.
Nous ne sommes plus à l’époque où la France dominait l’Europe – ce qui était encore vrai au début des années 80 -, l’Allemagne était alors divisée, c’était la guerre froide. Aujourd’hui, l’Allemagne est réunifiée. La guerre froide, elle est pour toujours derrière nous. L’europe elle-même, s’est élargie aux pays de l’Est, l’Allemagne étant une puissance centrale. Donc aujourd’hui le numéro 1 en Europe comme disait le chancelier Kohl c’est l’Allemagne. Elle le fait sentir, elle défend ses intérêts.
Le pacte de compétitivité Merkel-Sarkosy – je ne sais d’ailleurs pas pourquoi Monsieur Sarkosy a cru bon d’endosser ce pacte de compétitivité – c’est une certaine conception du gouvernement allemand actuel de l’avenir de l’Europe. Une politique d’austérité à perte de vue, l’interdiction des déficits budgétaires dans la constitution, le recul automatique de l’âge du droit à la retraite, le décrochage salarial, partout des plans de rigueur – pas seulement dans les pays d’Europe du Sud mais même en Italie, même en France, même en Allemagne!
Donc une perspective très différente de la perspective américaine qui est une sortie de la crise par le haut, par la croissance et aussi par la planche à billet. Mais la politique de la banque centrale européenne est tout à fait différente de la Federal Reserve Bank, de la banque centrale américaine. Pourquoi avoir fait ce choix?…
Je pense que le seul pays aujourd’hui qui peut faire entendre raison à l’Allemagne – parce que je crois que c’est la voie de la raison – c’est la France, s’appuyant autant que possible sur les autres. Mais il y a un mûrissement des consciences qui est nécessaire et je pense que c’est à cela que servent les débats électoraux… Il va y avoir des élections générales en France, en Allemagne et en Italie en 2012, 2013. Donc, c’est quand même l’occasion de tordre le bâton dans l’autre sens comme disait Lénine!
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