Basses oeuvres
Créé par sr07 le 11 juin 2011 à 6:58 | Dans : a-le quartier libre de XD, a1-Abc d'une critique de gauche. Le billet de XD
La polémique idéologique visant à stigmatiser ledit »bénéficiaire » du RSA, relégué au rang d’assisté – quand il n’est pas le profiteur d’un système prétendument menacé par les largesses d’une collectivité victime d’une générosité aveugle – prend un tour exécrable à la hauteur du mépris social qui inspire aujourd’hui la politique du gouvernement Fillon-Sarkozy.
Il n’est qu’à considérer quelques éléments objectifs pour sortir de cette odieuse caricature : le poids de la précarité croissante en France et en Europe, l’évolution sociétale due à la perte des liens sociaux, facteur d’isolement, la privation durable d’emploi de larges catégories de la population jeune, féminine ou celle des seniors, le phénomène des travailleurs pauvres sans solutions de logement ou bien la grande difficulté d’accès aux soins d’une frange importante de Français ou de résidants sur le territoire national.
Pendant que les catégories supérieures du haut encadrement ou du grand patronat connaissent une ascension vertigineuse de leurs revenus, la masse du salariat ou des travailleurs indépendants font les frais du marasme économique et d’une police des salaires justifiée par une politique économique de l’offre calée sur la logique néolibérale.
Et le gouvernement et son parti hégémonique ne trouvent rien de mieux à proposer dans cette période d’accentuation de la marginalisation sociale que de remettre en cause les principes fondateurs de notre solidarité! L’intensité de la frappe idéologique des néo-conservateurs libéraux mal inspirés s’exprime dans leurs vociférations de considérations pseudo-morales sur la contre-partie attendue de ceux qui vivraient des largesses de notre société. Cette société qui au nom de « l’individualisme méthodologique » réhabilite la responsabilité des pauvres dont le sort serait scellé par leur comportement oisif et dispendieux. Ce que d’aucuns appelaient hier pudiquement un « handicap social » devient à présent un vrai calcul économique de professionnels de l’assistanat qu’il convient de remettre dans le droit chemin. D’où le retour à la corvée, cette institution moyenâgeuse qui permettait à la seigneurie de s’entourer des bons services des populations sous sa « protection ».
La loi sur le RMI adoptée en 1988 établissait un droit à un revenu minimum. L’ambivalence de l’émergence de cette conquête sociale – inspirée du rapport du père Wresenski après le développement des Restos du coeur et la forte sensibilisation de nos compatriote au phénomène dit de la nouvelle pauvreté - s’exprimait déjà dans le choix d’un très faible niveau de revenu en cohérence avec la politique des minima sociaux dans l’idée de ne pas dissuader le « bénéficiaire » d’une recherche active d’emploi. D’où le choix d’un revenu d’insertion au lieu d’un revenu d’existence. Et la place du contrat d’insertion pour dynamiser l’accès à la formation, à la santé, à l’activité et aux loisirs des personnes titulaires du RMI et de leurs ayants droits.
Pour avoir été en charge de l’animation des politiques d’insertion dans la phase de mise en place des dispositifs locaux, dès 1989, je mesure toute la distance qui nous sépare de ce temps d’adoption d’une loi consensuelle aujourd’hui largement détricotée!
X.D
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Alors que l’UMP planchait sur son projet visant à désigner les pauvres comme des profiteurs, on apprenait hier que les ressources non utilisées pour le RSA serviraient à financer le manque à gagner engendré par les cadeaux fiscaux aux riches.
La chasse aux pauvres pour financer les riches ? La proposition de l’UMP visant, sous peine de sanction, à imposer un travail précaire aux bénéficiaires du RSA pourrait en réalité être une diversion sur un scandale politico-financier très classe : prendre l’argent du RSA pour financer l’allégement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF).
Alors que le parti sarkozyste, réuni en convention nationale, s’apprêtait, hier, à adopter des mesures démagogiques sur « l’assistanat, cancer de la société », soulevant tollé à gauche et prises de distance à droite, des interrogations sur un éventuel détournement de financements ont ajouté au trouble. Martin Hirsch, père du RSA, connaît par cœur le système. C’est ce qui lui vaut d’être une des personnalités auditionnées, pour la forme, par l’UMP. C’est aussi ce qui autorise la pertinence de ses propos. « Il ne faut pas se laisser faire par des entourloupes », a dit, hier matin, l’ancien haut-commissaire aux Solidarités actives, à propos d’un excédent de 1 milliard d’euros dégagé sur le budget du RSA. Et de se livrer à une arithmétique accusatoire : « Cet argent, c’est la différence entre, d’un côté, la subvention et la taxe sur les revenus financiers que l’on a créés pour le RSA, et, de l’autre, les dépenses de RSA pour les gens qui travaillent » (RSA activité – NDLR). L’ex-président d’Emmaüs France insiste : « Cet excédent est utilisable. Qu’est-il devenu ? Comme par hasard, on allège l’ISF. On ne peut exclure que ce milliard serve à cela et finisse donc dans les poches des plus riches. »
« un Scandale sans nom »
Pour mémoire, rappelons que les petits épargnants ont été taxés à 1,1 %, il y a deux ans, pour financer les revenus des travailleurs modestes. Cette taxe rapporte 1,5 milliard d’euros. L’excédent de 1 milliard dont il est question a été généré par une progression plus faible que prévue du nombre de bénéficiaires du RSA activité, complément de ressources pour les personnes qui ont trouvé un emploi. « Sottises », « contre-vérités », s’est emporté le porte-parole du gouvernement, François Baroin, ministre du Budget. Lequel n’a pas réfuté les allégations. Il a été contraint d’affirmer « qu’il n’y a pas de fléchage » pour l’utilisation de cet argent. Ce qui peut valoir confirmation du détournement. Il a, en revanche, menacé Martin Hirsch en brandissant « le devoir de réserve », auquel l’ex-haut-commissaire, actuel président de l’Agence du service civique, serait soumis. « C’est un scandale sans nom », a réagi le porte-parole des députés communistes, Roland Muzeau. Selon lui, « le chef de l’État et son premier ministre doivent, sans délai, s’expliquer et rendre l’argent qu’ils volent aux plus modestes ». Il a aussi exhorté Jean-François Copé à « cesser de cracher sur les pauvres ». François Hollande (PS) a emboîté le pas à Martin Hirsch, évoquant à son tour une « spoliation au détriment des possibles bénéficiaires du RSA » au moment où « des dispositions sont votées (par la droite) pour alléger l’ISF des plus privilégiés ».
Dominique Bègles
dans l’Huma du 9 /06/2011