2012 : il faut un socle commun de gouvernement pour la gauche
Créé par sr07 le 25 août 2011 à 20:19 | Dans : Articles de fond, Battre campagne, Débats autour de la refondation de la gauche, Gauche anti-libérale
Elus de gauche et écologistes – Tribune publiée dans Marianne | Jeudi 25 Août 2011 à 15:01
A quelques heures de la Rochelle, plusieurs élus de gauche et écologistes appellent à un rassemblement autour d’un socle de propositions sur lequel pourrait être fondé à la fois une riposte et une future politique gouvernementale communes…
L’été 2011 aura démontré l’irresponsabilité des dirigeants et des acteurs économiques qui avaient préféré renouer les fils d’un système financier condamné plutôt que d’affronter les réalités du monde.
La gravité de la crise est désormais perçue par tous. Alors que les dirigeants actuels prétendent colmater les brèches, « moraliser » le système et qu’ils annoncent régulièrement un retour à la normale, ressurgit, tous les 6 mois, un nouveau spectre. Les G20 qu’on prétendait prometteurs se sont succédés, Nicolas Sarkozy a fait des déclarations tonitruantes contre le capitalisme financier et le pouvoir démesuré des marchés, mais le système poursuit ses dérives de plus belle, tandis que se multiplient dans les pays développés le chômage et les mesures d’austérité.
Face à la menace que pressentent nos concitoyens, il ne faut pas que s’installent durablement la désespérance, le fatalisme, un sentiment d’impuissance collective, un doute de plus en plus marqué à l’égard de la démocratie. A mesure que le temps passe, que les reculs sociaux s’accumulent, l’absence de perspectives positives et d’alternatives politiques réelles risque de miner les capacités de mobilisation, de réactions.
Là est désormais la grande responsabilité de la gauche, qui doit proposer une voie effective de sortie de crise et l’émergence d’un nouvel espoir pour notre peuple. Il serait illusoire d’imaginer gagner en 2012, en surfant sur le rejet de la politique et de la personnalité de Nicolas Sarkozy et en sous estimant les effets de l’abstention et les tentations populistes. La gauche serait une fois de plus vaincue, si elle se laissait emprisonner dans l’hyperpersonnalisation de la Vème République, négligeant l’essentiel, le rassemblement des forces de gauche et écologistes autour d’un socle commun de propositions, capable de donner du sens aux choix qu’exige la gravité de la situation.
Celles et ceux qui se défausseraient de cette exigence majeure ne tarderaient pas à être sanctionnés par nos concitoyens, car nous sentons que pour gagner dans la durée, il faudra plus que des promesses et des idées. Il faudra définir les conditions de leur réalisation et d’un passage à l’acte qui implique l’exemplarité des comportements du pouvoir et l’audace d’un changement de modèle économique, dans le respect du grand principe qui fonde notre modèle français : la lutte contre les inégalités.
Nous pensons qu’il existe à gauche des convergences, des accords sur des points majeurs, qui constituent un socle sur lequel peuvent être fondées à la fois une riposte commune et une future politique gouvernementale de la gauche. Ce socle doit clairement mettre en évidence les ruptures nécessaires à engager à court comme à moyen terme. Ruptures avec les politiques actuellement suivies, ruptures aussi parfois avec des attitudes passées de la gauche. Il doit tout à la fois fixer les grands objectifs, les grandes lignes qui devront être suivies dans la durée et bien sûr se décliner par des propositions concrètes et immédiates. Dans la période difficile actuelle, il faut éviter de donner le sentiment d’organiser une sorte de concours Lépine des « bonnes solutions » à promouvoir, dans une confusion où nul ne peut clairement retenir ce que la gauche est réellement décidée à entreprendre.
Nous proposons donc une réunion au sommet des dirigeants de gauche et écologistes pour préparer ce socle commun, ce qui n’interdit pas que se manifestent par ailleurs des nuances, voire des divergences. Sans être exhaustif, il nous parait possible que, sur quelques points majeurs, se réalise un accord susceptible d’éclairer les Français sur nos orientations d’avenir. Par exemple :
1) L’affirmation que la crise a surtout des causes structurelles et pas simplement conjoncturelles
Il ne s’agit pas d’un simple dérèglement ponctuel du système, d’un phénomène conjoncturel, mais bien d’une crise structurelle du système, dont les racines viennent de la main mise du capitalisme financier sur le monde contemporain. Sans changement profond de logique, sans rupture, il n’y aura pas de solutions durables et de réponses adaptées aux besoins des peuples.
La crise doit donc être traitée dans sa globalité, par des actions concernant des domaines essentiels tels que la régulation et le contrôle de la finance et des marchés, ou une nouvelle organisation des échanges, pour combattre le dumping social et environnemental.
Les actions à court terme ne doivent pas, en tout état de causes, handicaper le long terme, en particulier la préoccupation du développement soutenable de l’économie réelle. La priorité doit être de mener une politique de croissance de l’emploi fondée sur la relance de véritables politiques industrielles intégrant pleinement la transition écologique. Cette priorité ne doit, en aucune façon, être sacrifiée sur l’autel de la résorption de la dette, même si l’objectif de maîtrise des déficits doit être pris en compte.
2) Le refus de faire payer les erreurs et les errements du capitalisme financier par les catégories modestes
Celles-ci ont déjà versé un lourd tribut aux politiques libérales : développement de la précarité, chômage, faible évolution des salaires, remise en cause de la protection sociale. Bon nombre de foyers ont de plus en plus de mal à « boucler » leurs budgets.
L’austérité, c’est les classes populaires et même les classes moyennes sacrifiées, c’est la fin du contrat social. Elle signifie le refus de pratiquer une relance.
C’est pourquoi tout doit être fait pour soutenir le pouvoir d’achat, réduire la précarité, créer des emplois. Il est à noter que, pour être efficaces, certaines mesures n’exigent pas un engagement important de dépenses, puisqu’elles concernent la régulation, les normes, les contrôles (coûts du logement, excès des intermédiaires dans la distribution…)
3) L’engagement de mettre en œuvre une juste répartition des richesses
Cet engagement, préalable à toute politique de gauche, devra se traduire notamment par l’annonce d’une réforme fiscale d’envergure comprenant: la remise sur pied d’un système progressif d’impôt sur le revenu, la taxation des mouvements spéculatifs de capitaux, la participation des revenus du capital au financement de la protection sociale, l’augmentation du taux d’imposition des hauts revenus.
Le temps n’est plus aux demi-mesures, ou même aux taxations ponctuelles des plus riches. C’est une révolution fiscale qu’il faut mettre en œuvre.
4) La détermination d’agir pour une réorientation stratégique de l’Europe
Le traité de Lisbonne ne pouvait répondre à cette exigence, faute notamment d’engager une véritable avancée démocratique de l’Europe. Il maintenait de fait les insuffisances de l’actuelle construction européenne et de la politique monétaire, la concurrence sans règles et sans limites, les risques de dumping social et fiscal.
Même si ce sujet n’est pas le plus simple à traiter à gauche, l’approfondissement de la crise modifie considérablement la donne et légitime a postériori bien des critiques et des craintes exprimées depuis des années par nos concitoyens et qui n’ont pas été entendues par les dirigeants actuels.
Une nouvelle avancée de la construction européenne ne peut s’établir qu’à travers de nouveaux principes et de nouvelles politiques en matière monétaire, sociale, fiscale, industrielle, d’investissements publics. Il faudra par exemple revoir le fonctionnement de la BCE, inclure dans ses missions la croissance de l’emploi, taxer les transactions financières, contribuer à la résolution des dettes souveraines par la mise en place d’eurobonds, mettre en place une véritable gouvernance économique de la zone euro avec la définition de politiques industrielles européennes, de grands investissements dans les domaines de l’énergie et des transports.
La victoire de la gauche française en 2012 devra s’accompagner d’une feuille de route définissant les éléments clefs d’un nouveau pacte européen. Il faudra en particulier expliquer clairement à nos partenaires que, faute de voir pris en compte la plupart de ces éléments, nous bloquerons le fonctionnement d’un système qui, de jour en jour, éloigne les peuples de la belle ambition européenne. Il s’agira de manifester une volonté, non pas d’engager un repli national, mais de créer un rapport de forces, en alliance avec les autres forces progressistes et écologistes européennes, destiné à permettre une réorientation majeure de l’Europe.
5) La volonté de mettre en place de nouveaux outils publics d’intervention
S’il est clair qu’une sortie de crise exige une dynamique européenne différente, il serait erroné de faire croire à nos concitoyens que la France ne possède pas des marges de manœuvre propres, lui permettant de reprendre davantage la main sur le pouvoir économique. Grâce à de nouveaux outils publics d’intervention, il sera possible de contrer certaines délocalisations, d’arrêter le démantèlement des services publics, de mettre en œuvre de nouvelles politiques industrielles et un développement économique au service de l’emploi et non de l’accumulation maximale de profits non réinvestis.
Nombre de ces éléments se retrouvent aujourd’hui dans la rhétorique des partis de gauche et des écologistes. Il est donc tout à fait possible d’affirmer et de hiérarchiser clairement les priorités, de consigner des mesures concrètes à court terme comme des changements plus profonds à inscrire dans la durée. Ce qui manque, c’est la volonté.
La plupart des animateurs actuels de parti ne prétendent pas vraiment à la candidature présidentielle de 2012. Seront-ils capables de montrer qu’en dépit de la présidentialisation, les partis de gauche ne sont pas rangés au musée et qu’ils conservent le rôle décisif de porter une espérance collective et de préparer les grands changements, en mettant en mouvement les forces vives de la société ? Sans cela, sans détermination, sans l’affirmation d’une réelle volonté de changement, pour la gauche, rien n’est possible.
Co-signataires : Etienne Butzbach (maire de Belfort), Gérard Charasse (député de l’Allier), Marie-Noëlle Lienemann (ancienne ministre), Alain Lipietz (ancien député européen), Emmanuel Maurel (secrétaire national du PS), Stéphane Peu (vice-président de la communauté d’agglomération Plaine Commune), Paul Quilès (ancien ministre), Lucile Schmid (membre du Conseil national d’EELV).
2 réponses to “2012 : il faut un socle commun de gouvernement pour la gauche”
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.
qui est publiée sur ce blog dans la catégorie battre campagne
Salut et fraternité
L’échéance de 2012 sonnera le gla de cette gauche arrogante et narcissique bourgeoise pour diverses raisons:
Premièrement, de part la dispersion des voix programmées à gauche et au centre gauche avec la multiplication des candidatures .
Des sensibilités politiques aux antipodes les unes des autres incapables de faire un consensus sur un programme politique commun.
Ces braves gens de gauche sont “habités” par la divine révélation de la fonction présidentielle alélouya……
Comment faire cohabiter des sensibilités, des courants de pensées social libéral avec des valeurs dogmatiques plus ou moins extrémistes du NPA et de Lutte ouvrière en oubliant au passage la démagogie populiste de MELENCHON.
Aucun programme politique, aucun homme politique de la trempe de MITTERAND à l’horizon.
Le PS ne me fait pas rêver, plutôt cauchemarder…..
Pas de programme économique et sociale viable, pas de projet de société à l’horizon si ce n’est l’investiture supprême recherchée par tous ces “Fils de”…
Aucune vision politique pour la France à long terme.
C’est pas mieux à droite avec leurs idées nauséabondes véhiculées par BESSON, LEPEN et toute leurs cliques DUPONT AIGNAN, De Villiers etc… pour se faire élire.
La Droite me fait gerber et la Gauche me donne la diahrée….
Le centre ne représente rien : si le néant, la médiocrité…….
Les médias nous ont matraqué avec Strauss khan . iLS VOULAIENT LE FAIRE PASSER POUR LE GRAND MESSI….
La messe est dite……
Strauss kahn, Aubry n’arrivent pas à la cheville de Mittérand; un homme politique contreversé sulfureux certes mais qui aura marqué de son empreinte la FRANCE : la Décentralisation, la Peine de Mort , l’Euro, l’EUROPE….
Sarko tu peux d’ores et déjà jubiler dis merci aux médias qui font ta campagne nauséabonde , dis merci à tous les papis et mamies réactionnaires de ce pays qui ont peur du péril intérieur incarné “par la cinquième colonne issu des quartiers populaires”…..
Dis merci à W9 à M6, direct 8 et à TF1 ,à France Télévision pour son dirigisme d’opinion …
Dis merci à tous les intégristes nazis de tous bords qui contribuent à ta future réélection de KANDAHAR à Saint-Clous….
Dis encore merci à cette gauche qui n’en est plus une!!!!!
Habitant(es) des quartiers populaires et d’ailleurs :
Le spectre de 2002 n’est pas un mauvais rêve non renouvelable, l’extrémisme se normalise , se refait une virginité morale et politique : on appelle cela le néo conservatisme, nous le qualifions de Néo Fascisme rampant banalisé par les médias.
Le pseudo bloc identitaire cracheur de haine, populiste menace les fondements démocratiques de ce pays et tous le monde s’en fout, on banalise un racisme médiatique une sémantique stigmatisante à l’égard de nos compatriotes issu des quartiers populaires…..Nous combattons cette intolérance et toute forme de fanatisme qui peut nuire à la cohésion de notre pays.
Nous vons invitons “à occuper le terrain “, à labourer le terrain comme le ferait un agriculteur, à occuper l’espace publique et politique pour faire barrage à ses cracheurs de haine du bloc identitaire.
La gauche s’en fout et d’ailleurs , elle pratique d’ailleurs en interne un cordon sanitaire politique à l’égard des Français dit” de la Diversité” angélisme dialectale xénophobe pour décrire “les BRONZES” issu de l’immigration.
La droite c’est pas mieux mais elle a quand même fait des efforts en la matière,nous le reconnaissons Sarko l’expert en communication politique avait fait fort avec Rachida DATI la plus emblématique avec son ministère de la Justice….
Combien de maire issu de la Diversité, de Député, de Sénateurs, de Vice Président et Président de Région sont ils élu(es)?
Cette diversité si souvent décriée et stigmatisée n’est pas représentée politiquement, ce qui pose un problème de légitimité politique et d’identification mais surtout d’intégration sociale et politique de nos compatriotes pourtant si nombreux en France et pourtant ils sont Françaissssssssss.!!!!!…………….
Il en va de la cohésion sociale de ce pays! On ne peut laisser de côté des millions de citoyens Français .
Ce manque de légitimité politique doit vous faire réfléchir , quel avenir commun? Quel Projet, quel valeurs communes à partager ? Quel histoire souhaiterions nous écrire ensemble:
Celle d’un vivre ensemble, d’une acceptation des différences d’un point de vue identitaire et sociale .
Ou bien l’intolérance, le mépris , le racisme et les antagonismes communautaires exacerbés voir la désintégration de ce pays et de ses valeurs…..
Cette réflexion doit être un axe majeur pour la campagne de 2012
Un mohamed Député ou Mamadou c’est dure à envisager pour nos cadors politiques de gauche et de droites habitués aux cumuls des fonctions et aux privilègessssssss…….
L’idéal POST COLONIAL habite toujours les coeurs et les esprits de nos dirigeants politiques, cela étant dit les choses avancent doucement et sûrement n’en déplaise à certains…..
C’est toujours la France à papa…..On gère les quartiers populaires comme des colonies de l’Elysée au Medef en passant par les médias….. du Conseil Régional au Département, de Commune en Commune…..
Cher compatriotes de gauche et d’ailleurs, Gaulliste ou pas humaniste, nous avons besoin “de votre jujotte”, réfléchissez -y et faite passer le message pour la France…
Ce sont les fondements même du régime qui sont en jeu.
Une valeur ne vaut que si elle est appliquée………….