Par Dix-sept collectifs parents, enseignants

Mesdames et messieurs les candidats à l’élection présidentielle,

Les parents et les enseignants réclament que cesse la politique de destruction de l’école publique et laïque. Nous, parents d’élèves, enseignants et citoyens soucieux de l’avenir du système éducatif, voulons soustraire l’école aux seules considérations budgétaires et rappeler aux candidats à l’élection présidentielle que nous sommes très attentifs à leur projet pour le service public d’éducation.

Cette année, partout en France, nous avons fait entendre notre refus de la politique de suppression des postes et presque partout, nos collectifs ont essuyé une absence d’écoute et un refus de dialogue. Les citoyens sont traités comme des fauteurs de troubles, symptôme d’une crise profonde de notre système démocratique.

Nous refusons que nous soit confisquée la question de l’école. Pourquoi n’écoute-t-on pas ce que les citoyens ont à dire sur la question éducative ? Pourquoi ignore-t-on les enseignants qui, en grande majorité, vivent une forte dégradation de leurs conditions de travail et ne peuvent plus mener à bien leur mission ? Le gouvernement, qui déplore la médiocrité des performances de nos enfants, se livre dans le même temps à une suppression massive de postes.

Comment peut-il espérer faire croire qu’on peut faire toujours mieux avec toujours moins de moyens ? Une société qui malmène ainsi son éducation, qui ne la pense que comme un gouffre budgétaire, est une société qui se condamne : le coût social de ce désinvestissement de l’Etat à l’égard de ses enfants risque d’être fort élevé. On peut parier que l’échec scolaire ne fera que s’accentuer, que les problèmes comportementaux à l’école et en dehors de l’école seront multipliés, que les inégalités sociales ne feront que se creuser, excluant encore davantage les plus fragiles.

Ces perspectives sont contraires au projet républicain pour l’école. Nous dénonçons les dangers que fait courir à la société la politique actuelle. Nous n’acceptons pas que les enfants fassent les frais de choix budgétaires que nous contestons. Nous réclamons que soient au minimum restitués les moyens dont l’école a été dépouillée. Nous demandons solennellement à tous les candidats de faire de l’école publique un enjeu essentiel des élections de 2012, un digne objet de débat, et non un prétexte pour précariser encore plus les salariés en charge de cette mission d’éducation. Nous revendiquons la capacité des citoyens à peser sur l’avenir de l’école. Demander cela, c’est demander à ce que la démocratie soit, dans notre pays, réhabilitée.

Parmi les signataires : Collectif des Parents et Enseignants en colère (Doubs), Amis et Défenseurs de l’école publique (Haute-Savoie), Collectif Citoyen de sauvegarde des écoles de villages (Lot), Collectif Ecole publique en danger (Finistère). http://ecoleendanger25.tumblr.com

Note: Signée par douze collectifs dans Libération paru le 26 septembre, cette tribune a de nouveaux signataires depuis.