janvier 2012

Archive mensuelle

De la nécessité d’un plan B, par Jean-Pierre Chevènement

Créé par le 30 jan 2012 | Dans : Battre campagne, Blog du Che, Le Che

 Il est sans doute impossible de faire admettre leur erreur aux élites qui ont fait de l’euro leur projet politique commun et leur fétiche. Mal pensée, la monnaie unique européenne a été dès l’origine un mark-bis faisant fi de la diversité des nations qui allaient la composer et particulièrement de l’hétérogénéité de leurs économies.

Treize ans après son introduction, où sont passées les promesses de ceux qui l’avaient portée sur les fonds baptismaux ? Car si la France vient de perdre son triple A, c’est en réalité toute la zone euro qui, année après année, se trouve déclassée dans la mondialisation. Seule zone au monde marquée par une stagnation économique de longue durée, elle donne en outre l’étrange spectacle d’une construction à la dérive. Ses élites célèbrent le « printemps arabe » avant d’organiser le remplacement plus ou moins subreptice de gouvernements démocratiquement élus par des technocrates européens imprégnés de néolibéralisme dogmatique. L’Europe « post-démocratique » pointée par Hubert Védrine devient l’ultime projet de ces élites pour ne pas avoir à reconnaître leurs erreurs.

Ce qui mine pourtant la zone euro, ce n’est pas son niveau d’endettement public, comparable à celui des Etats-Unis et inférieur à celui du Japon. Ce sont les écarts de compétitivité entre les pays européens, qui se traduisent par l’accumulation d’excédents commerciaux en Allemagne et aux Pays-Bas et de déficits partout ailleurs. En 2011, le déficit commercial de la France aura atteint plus de 70 milliards d’euros. Sur cette somme, notre déficit est de 25 milliards avec l’Allemagne, soit six fois plus qu’en 1982 ! Comment parler d’égal à égal sur la base d’un tel déséquilibre ? L’euro a agi pendant la décennie 2000 comme un accélérateur des divergences économiques, creusant l’écart entre un centre industriel compétitif et une périphérie sous-industrialisée et déficitaire, dopée au crédit et aux subventions. Ce sont les déséquilibres internes de l’euro qui portaient en eux l’inéluctabilité de la dérive budgétaire.

Les politiques d’austérité budgétaire ne règleront en rien ces déséquilibres de compétitivité. Pire, mises en œuvres ensemble, elles vont accélérer le déclin relatif de l’Europe en la plongeant dans une dépression de longue durée, alors même que la montée en puissance des pays émergents s’accélère. A l’impéritie économique s’ajoute ainsi la myopie géopolitique.

Les acteurs de l’économie ont d’ores et déjà intégré la possibilité d’un naufrage de la zone euro. La Grèce ne pourra sans doute se relever qu’en recouvrant sa souveraineté monétaire et en dévaluant très fortement. A bien y réfléchir, comment le Portugal et l’Espagne pourraient-ils renouer avec le dynamisme économique sans l’aide d’une dévaluation qui leur donnerait l’oxygène qui leur fait aujourd’hui défaut ? Elargissons le raisonnement : pouvons-nous nous-mêmes assumer le coût gigantesque du statu quo sur notre économie en termes de chômage, de retard d’investissement, de déficits publics? De surcroît, le FESF est une pompe à incendie insuffisante et deviendrait vite un tonneau des Danaïdes, s’il fallait l’activer à la mesure des difficultés prévisibles.

Dans Sortir la France de l’impasse (Fayard, octobre 2011), je me faisais l’avocat d’une refonte complète de l’architecture de la zone euro. Intervention massive de la Banque centrale européenne sur le marché de la dette et extension de ses missions, abaissement du cours de l’euro face au dollar et au yuan, gouvernement économique de la zone privilégiant la coopération à la compétition. Malheureusement l’actuel gouvernement allemand ne veut pas de cette solution, pourtant la seule à pouvoir préserver la monnaie unique et offrir un répit d’au moins quelques années. Thomas Mann a écrit que l’Allemagne était trop grande pour ne pas chercher à dominer l’Europe, mais aussi trop petite pour y parvenir. C’est pourquoi il préconisait une  »Allemagne européenne ».

L’Europe, elle-même, si elle veut continuer à exister comme un pôle entre l’Amérique du Nord et l’Asie, ne peut être qu’européenne. L’intuition du général de Gaulle reste pleinement valable. Il n’y a plus de place pour un leadership allemand ou français en Europe, mais il y a une responsabilité particulière de nos deux pays, à l’articulation de l’Europe germanique et de l’Europe latine.

Plutôt que d’assister passivement à l’effondrement de l’euro et aux catastrophes économiques et sociales qui s’ensuivraient, je propose d’étudier de manière concertée un plan B et d’organiser la mutation de l’euro en monnaie commune réservée aux transactions extérieures. Dans chaque pays de la zone, des euros nationaux verraient le jour à la même date. Ceux-ci ne pourraient être convertibles qu’avec l’euro monnaie commune. La parité des euros nationaux entre eux serait établie de manière concertée, afin de prendre en compte les différentiels de compétitivité creusés au cours des treize dernières années. Cette flexibilité retrouvée des monnaies serait infiniment moins coûteuse qu’un ajustement déflationniste par voie de réduction des salaires, des pensions et des dépenses publiques. Pour mener à bien cette mutation qui n’est envisageable que pour parer à une catastrophe probable, il faudrait envisager la réquisition de la Banque de France car nous aurions besoin d’une banque centrale qui distribue du crédit aux entreprises et aux particuliers si la menace de faillites bancaires venait à se préciser. Sous la pression des événements, il faudra bien enfreindre les tabous. Le coût de cette mutation serait bien moindre que le coût du maintien à tout prix d’un système pénalisant pour la croissance et aujourd’hui à bout de course.

En tout état de cause, il n’est pas besoin d’être un grand stratège pour comprendre qu’il n’y a pas de plan A qui puisse réussir, sans l’alternative d’un plan B seul moyen de lever les réticences à la mise en œuvre du plan A.

Si nos élites n’ont pas le courage de revenir sur leurs choix, alors le désordre appellera l’ordre. Il serait préférable qu’il existe alors un recours républicain et qu’une voie raisonnable se dessine en Europe afin de préserver la cohérence du marché « européen » et d’y maintenir un cap conforme à l’intérêt de tous ses peuples.

 
 
 

Suivre Jean-Pierre Chevènement sur Twitter: www.twitter.com/chevenement

 

Silence, on tourne…

Créé par le 29 jan 2012 | Dans : a-le quartier libre de XD

Dans ce vacarme médiatique on chercherait vainement le fond d’un discours décousu d’un président candidat – devenu hier candidat président - qui n’assume plus sa fonction présidentielle. Des propositions à l’emporte-pièce qui ne méritent même pas d’être commentées : liberté pour les promoteurs immobiliers, augmentation de deux points de TVA, baisse des cotisations patronales, d’une part,  affichage d’une volonté de taxer les transactions financières et les produits financiers, via la CSG, d’autre part pour faire bonne figure.

Ce numéro d’un homme aux abois, pressé et plutôt nerveux fait craindre le pire quant au contenu de la campagne présidentielle. Mis en valeur par des journalistes sans voix face à ses outrances, le président trop volubile pouvait jouer les tartarins quand les questions s’inscrivaient sans aucune ambiguité dans sa perspective totalement  néo-libérale. Pour preuve ultime, cette volonté de liquider la protection sociale d’ordre public du code du travail au profit des contrats dits de compétitivité.

Avec cette méthode Coué qui fait l’économie d’une approche réfléchie, l’homme du passif s’agace de toute contradiction qui pourrait lui être opposée dans cette campagne, mettant presque en question la légitimité d’une opposition en démocratie. Histoire de signifier aux plus réservés de  son propre camp « silence dans les rangs ».

Un peu ubuesque la scène… C’est du reste tout le problème du candidat qui n’a cessé de dégrader la fonction présidentielle tout au long de ce quinquennat!

X.D

 

« Les sondages ne sont pas mon problème. Mon souci est de toucher l’intelligence des Français et des candidats »

Créé par le 29 jan 2012 | Dans : Battre campagne, Blog du Che, Le Che

Jean-Pierre Chevènement était l’invité de Zemmour & Naulleau sur Paris Première, vendredi 27 janvier 2012.

 

  • A propos de la défaite de Lionel Jospin en 2002: Un candidat est toujours responsable de son programme, surtout quand il n’en a pas ou peu.
  • En politique, il ne faut jamais régler des comptes. Il y a beaucoup de violence et il faut savoir encaisser. Il faut rester calme et toujours se référer à des valeurs supérieures, à une certaine idée de l’intérêt public. C’est comme ça que j’ai été candidat en 2002 : pour défende des idées.
  • Je peux défendre encore aujourd’hui les thèmes qui étaient ceux de ma campagne. Pour le reste…
  • Les sondages ne sont pas mon problème. Mon souci est de toucher l’intelligence des Français et des candidats.
  • Je ne suis pas du tout hostile à Jean-Luc Mélenchon. Néanmoins, je ne pense pas qu’il situe sa candidature dans la même perspective que la mienne.
  • Le génocide arménien n’est pas contestable mais, pour moi, c’est l’intérêt de la République qui compte. Toute loi qui pénalise dans un domaine qui est celui de la liberté d’expression me déplaît. Cette loi est une manœuvre électoraliste.
  • Les lois mémorielles ne sont pas une bonne idée. Dans la République, on se bat avec des arguments. Quand ils sont bons, ils finissent par triompher. 
  • A propos de ses démissions : J’aurais pu démissionner beaucoup plus souvent. Je me suis borné à démissionner dans 3 circonstances importantes : le tournant libéral, la guerre du Golfe, la Corse.
  • François Hollande, rendons lui au moins ce mérite, a dit qu’il réviserait le traité européen prévu par N.Sarkozy et A.Merkel et qu’il y ajouterait des moteurs de croissance.
  • J’écoute ce que dit François Hollande. Je sais qu’entre les mots il y a des vides dans lesquels peuvent se glisser bien des ambiguïtés.
  • En politique on ne peut pas échapper à la dimension du pari. J’ai pensé influencer François Mitterrand, je l’ai d’ailleurs fait pendant 10 ans. J’ai voulu influencer Lionel Jospin et Segolène Royal. Je pourrais vouloir influencer François Hollande, mais je ne sais pas si je le peux. Si je le peux, ce serait mon devoir.
  • A propos du maintien de sa candidature : C’est un tableau d’ensemble qu’il faut regarder. Pour l’instant, je n’ai pas arrêté mon jugement. J’observe. Je suis le candidat pédagogue, le conseiller pédagogique à la fois de la gauche et de la France.
 

[Le fil de la campagne n°11] Ce que signifie faire bouger les lignes

Créé par le 28 jan 2012 | Dans : Non classé

Avec sa candidature, Jean-Pierre Chevènement ambitionne de faire entendre ses quatre grandes orientations d’intérêt vital pour la France. Des idées qui commencent à « faire bouger les lignes ».

[Le fil de la campagne n°11] Ce que signifie faire bouger les lignes dans Non classé

« Je suis candidat pour faire bouger les lignes »: Jean-Pierre Chevènement l’a encore rappelé, notamment sur le plateau de la Matinale de Canal Plus. Et cette stratégie a déjà commencé à porter ses fruits. « Je peux considérer que j’ai, en effet, exercé une certaine influence dans la mesure où on a vu, tour à tour, Nicolas Sarkozy et François Hollande dire qu’il fallait brancher le FESF sur la BCE », a-t-il souligné sur France Bleu.

Avec sa candidature, Jean-Pierre Chevènement veut « toucher l’intelligence des Français et aussi celle des candidats », comme il l’a expliqué dans l’émission Zemmour & Nauleau, « pour qu’ils mettent en œuvre, par exemple, une autre stratégie européenne ». Une candidature pédagogique, pour faire entrer dans les esprits les quatre grandes orientations d’intérêt vital pour la France.

 

1/ Une monnaie moins chère que l’euro actuel surévalué de 25 %.Une monnaie moins chère pour permettre la réindustrialisation. Notre base industrielle a rétréci de moitié depuis trente ans. Or, sans base productive solide, pas de protection sociale efficace ! Voilà trente ans que Jean-Pierre Chevènement le répète : une industrie moderne c’est la condition de tout le reste : exportations, recherche, emploi, y compris dans les services, avenir de la jeunesse.2/ Il faut organiser une Europe de la croissance, avec politique monétaire active, une monnaie non surévaluée, un commerce ouvert aux concurrences loyales, un plan d’investissements dans les secteurs d’avenir (transition énergétique, transports et villes durables, etc.). Il n’est pas normal que l’Europe soit le seul continent voué à la stagnation économique.3/ Il faut préserver, avec la démocratie et les droits du Parlement, notre souveraineté budgétaire et fiscale, sauvegarder notre indépendance en matière énergétique, de défense et de politique extérieure. Pas question de brader l’atout nucléaire de la France. Nos centrales nous donnent une électricité 40% moins chère que celle qu’il faudrait produire en substitut. Pas question de laisser partir en fumée des centaines de milliards investis depuis un demi-siècle ! Pas question de sacrifier sur l’autel de la règle d’airain budgétaire, la dissuasion nucléaire qui garantit notre sécurité à long terme. Pas question de sacrifier non plus notre siège de membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU ou notre réseau diplomatique, le deuxième du monde.4/ Il faut enfin redresser l’Europe : construire une Europe européenne qui soit un pôle dans le monde multipolaire de demain. Une Europe non pas fédérale – ce n’est pas mûr – mais confédérale, appuyée sur ses nations et sur la démocratie qui vit en chacune d’elle, une Europe à géométrie variable, avec une monnaie non pas unique mais commune. Pour construire cette « Europe européenne », une France forte est nécessaire.

 

Jean-Pierre Chevènement défendra ces idées lors de deux longues interviews, dimanche soir à 19h sur le plateau de BFM TV puis lundi à 17h sur la chaîne LCI.

Et pour faire circuler, vous aussi, ces quatre grands repères, faites suivre ce « Fil de la campagne » par mail à vos connaissances, et partagez le sur les réseaux sociaux !

« Je me suis porté candidat pour faire bouger les lignes. Je peux considérer que j’ai exercé une certaine influence »

Créé par le 27 jan 2012 | Dans : Battre campagne, Blog du Che, Le Che, Non classé

Verbatim de Jean-Pierre Chevènement dans son entretien du jour à France-Bleu

  • François Hollande a toutes ses chances à l’heure actuelle mais il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Il a donc raison de rester mobilisé, comme nous l’avons vu hier soir.
  • Je me suis porté candidat pour faire bouger les lignes. Je peux considérer que j’ai, en effet, exercé une certaine influence dans la mesure où on a vu, tour à tour, Nicolas Sarkozy et François Hollande dire qu’il fallait brancher le FESF sur la BCE. Mme Merkel a refusé mais en même la BCE inonde les banques de liquidités et, dans une certaine mesure, ces banques achètent des titres de dette publique, ce qui favorise une certaine détente. Il y a un petit répit.
  • Néanmoins le problème reste entier. Ce qui se profile avec le traité européen, qui est en voie de finalisation, c’est la récession à perpétuité.
  • Je pense pouvoir intervenir encore utilement pour faire préciser un certain nombre de points. Par exemple, François Hollande veut faire plier Mme Merkel pour obtenir qu’on ajoute des moteurs de croissance au traité européen. Ils sont nécessaires.
  • La désindustrialisation s’explique par une ouverture complétement incontrôlée de nos frontières, par le fait que nous avons une monnaie surévaluée. Et, comme je pense qu’il sera difficile de rétablir autour de l’Union Européenne des droits de douane, car beaucoup de pays y sont opposés, je pense que seule une dévaluation de l’euro serait de nature à faire revenir en France les investissements et empêcher les délocalisations.
  • Le Ministère de l’industrie est devenu un prête-nom, une annexe du Ministère des finances.
  • A propos du droite de vote des étrangers: Ce qui me paraît essentiel c’est l’intégration des étrangers qui le souhaitent. C’est cette voie qu’il faut privilégier. Je crains le communautarisme, les pressions qui peuvent s’exercer dans telle ou telle ville où une communauté est importante. Le communautarisme s’est beaucoup développé, comme on a pu le voir avec les lois mémorielles. Il faut prendre garde à ce que la République ne s’efface pas.
  • Dès 2001, je n’étais pas favorable à l’envoi de troupes au sol en Afghanistan. J’étais encore opposé au doublement des effectifs décidé par Nicolas Sarkozy. Pour autant, maintenant nous y sommes et nous devons agir en concertation avec nos alliés. Nous devons opérer un retrait dans l’ordre, la dignité et, si possible, favoriser l’émergence d’un Etat afghan qui se tienne.
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