février 2012

Archive mensuelle

Document: le cri de colère contre un « système éducatif en crise »

Créé par le 18 fév 2012 | Dans : Education

 Tribune. dans l’Huma des trente professeurs du jury d’agrégation de mathématiques qui ont démissionné mercredi 15 février pour protester contre « la destruction » du système de formation et de recrutement des enseignants. Une action rare qui montre l’exaspération générale au sein de l’Education nationale face à la politique de casse menée par le gouvernement. Nous publions ici leur tribune dans laquelle ils pointent:

  • la casse de la formation et du recrutement des enseignants liés à la « masterisation »
  • la suppression de près de 80.000 postes depuis cinq ans
  • les suppressions de classes
  • la privatisation rampante des financements des universités
  • les restrictions de visa pour les étudiants étrangers

 

« Démission d’un quart du jury de l’agrégation externe de mathématiques: les effets de la masterisation »

« Le système éducatif français est en crise, la situation est grave. La crise apparaît d’abord dans l’asphyxie des moyens. Les fermetures de classes se succèdent à un rythme accéléré dans les écoles primaires, les collèges et les lycées. Les universités n’arrivent pas à accueillir décemment les étudiants; elles sont précipitées dans une course effrénée aux financements. Il y a une baisse alarmante des effectifs dans les études scientifiques ainsi que dans les filières professionnelles.

Les mesures indignes prises récemment à l’encontre des étudiants étrangers aggravent encore la situation. Élèves, étudiants, parents, chefs d’entreprises, enseignants, tous perdent peu à peu confiance dans notre système de formation. Un signe alarmant est la désaffection croissante des étudiants pour le métier de professeur. Amorcé au début des années 2000, le phénomène a connu en 2011 une accélération brutale, effet immédiat de l’entrée en vigueur de la réforme de la formation et du recrutement (connue sous le nom de « masterisation »). Par exemple, au CAPES externe de mathématiques, où il y avait 846 postes ouverts en 2010 et 950 en 2011, le nombre de candidats présents aux épreuves écrites est passé de 2695 en 2010 à 1285 en 2011 (-53%), le nombre d’admissibles de 1919 à 1047 (-46%), le nombre d’admis de 846 à 574. Ainsi, l’effondrement du nombre de candidats a été tel que le jury n’a pu pourvoir en 2011 que 60% des postes offerts.

De tels chiffres se passent de commentaire

Sans être encore aussi catastrophique, la situation de l’agrégation n’en est pas moins alarmante : le nombre de candidats présents à l’écrit a régulièrement baissé depuis 2006 (ils étaient 1853 en 2006 et 1124 en 2011), alors qu’en même temps le nombre de postes augmentait. Les effectifs des préparations au CAPES ou à l’agrégation restent cette année à un niveau très bas. Pourtant le besoin en professeurs est énorme. Les rectorats en sont à publier des petites annonces pour rechercher les professeurs de mathématiques qui leur manquent. On recrute ainsi dans l’urgence des personnels précaires, non qualifiés et sans formation professionnelle. Les zones « difficiles » sont les premières touchées, ce qui va à l’encontre de l’égalité des chances et compromet la vie des générations à venir.

Pour une très grande part, la crise de l’école provient des déséquilibres de la société et de l’économie, dans le monde comme en France, entraînant une perte de confiance et des difficultés d’adaptation. Ceci devrait être une raison de plus pour faire de l’école une priorité, un devoir pour la nation afin de mieux préparer l’avenir.
Pour améliorer l’école il faut reconnaître ses problèmes. Notre système éducatif a certainement ses faiblesses, qu’il faut corriger. Cependant il a aussi des forces considérables, qu’il faut absolument préserver. L’une d’elles, reconnue dans le monde entier, était sa capacité de formation et de recrutement des enseignants, garantissant de très solides bases scientifiques et humanistes. Or dans sa frénésie de réformes, le ministère de l’éducation nationale est en train de détruire sciemment cette capacité.

Nous ne pouvons pas rester passifs devant cette entreprise de démolition

La masterisation a été imposée sans aucune concertation, contre l’avis quasi unanime de la communauté éducative (cf. le récent rapport Jolion). L’exigence du diplôme de master pour tous les concours d’enseignants a détourné un grand nombre de candidats potentiels. Beaucoup des meilleurs étudiants, pour lesquels la deuxième année de master est une ouverture naturelle vers la recherche, ont déserté les préparations à l’agrégation. D’un autre côté, des étudiants moins brillants ont reculé devant la difficulté supplémentaire que représentait le master. Le flux, modeste mais régulier, et bénéfique, de candidats venus d’autres secteurs d’activité professionnelle pour une reconversion a été stoppé net.

L’un des aspects les plus graves de la réforme en cours est l’attribution d’un service d’enseignement à temps plein aux lauréats, juste après le concours. Cette mesure n’a aucune autre justification que l’exigence d’économies budgétaires. Elle a d’ailleurs été désapprouvée par le Conseil d’État. La formation professionnelle est ainsi sacrifiée.
Une réforme aurait dû avant tout motiver les étudiants et les mettre dans les meilleures conditions de préparation. C’est exactement le contraire qui s’est produit.

La masterisation a déjà changé le visage de l’agrégation, en diminuant fortement le nombre des candidats

Or ce concours est un des points les plus forts de notre système. Son intérêt principal est de garantir un recrutement de qualité indiscutable.Le stage qui suivait l’admission complétait la formation professionnelle. Les conditions nouvelles d’inscription ont changé la donne, là où il n’y avait aucune nécessité. Une conséquence de la suppression de l’année de formation professionnelle après le concours a été l’introduction de l’épreuve « agir en fonctionnaire de l’état et de façon éthique et responsable », censée tester la déontologie et les qualités humaines du candidat en un quart d’heure lors de l’oral, plutôt qu’au cours d’une année d’apprentissage sur le terrain. Le jury de l’agrégation de mathématiques, pratiquement unanime, avait lors de la session 2010 indiqué dans une motion rendue publique son opposition à l’instauration de cette nouvelle épreuve dans ces conditions.

Plusieurs jurys d’autres disciplines en avaient fait autant. La moitié du jury de l’agrégation de philosophie avait même démissionné pour protester contre l’absurdité de l’épreuve « agir ». Le ministère n’a même pas daigné répondre à ces critiques. Au contraire, il s’est ingénié à dénaturer encore plus le concours en y introduisant des contraintes nouvelles (certification en informatique et en langues, à un niveau clairement irréaliste), toujours sans concertation et sans préparation.

À ces contraintes s’est ajoutée une complication supplémentaire : le ministère a imposé à tous les jurys un calendrier extrêmement serré qui, pour les concours à gros effectifs comme celui de mathématiques, a transformé la session d’oral 2011 en un marathon très difficile à gérer. Annoncé comme exceptionnel par le ministère, ce resserrement du calendrier a été accepté par notre jury, soucieux de préserver l’agrégation, de permettre aux candidats de faire valoir leur travail de préparation, et d’assurer aussi bien qu’il le pouvait le recrutement de professeurs pour pourvoir les 288 postes mis au concours en 2011.

Mais les membres du jury ont en même temps voulu renvoyer à leur tutelle un message d’alerte exprimant leur inquiétude quant à la détérioration du concours et plus généralement des conditions de formation et de recrutement des professeurs.

Cette démarche n’était pas destinée à être rendue publique, mais…

un nouveau diktat ministériel concernant la session 2012 a mis le feu aux poudres : le calendrier, loin de redevenir normal, allait être encore plus resserré ; le jury disposait de moins de temps alors que vingt postes de plus étaient à pourvoir. La seule façon d’organiser le concours en respectant les délais imposés et sans porter atteinte à l’équité des épreuves pour tous les candidats serait de diminuer le nombre d’admissibles : prendre une telle décision pour des raisons purement administratives est pour nous inacceptable.
Une lettre circonstanciée, signée par une grande majorité des membres du jury 2011, fut adressée au ministre, détaillant nos inquiétudes sur le fond, et lui demandant surtout de revoir les dates d’oral (nous suggérions par exemple de moduler celles-ci suivant les effectifs de chaque concours). Le mécontentement était tel que les signataires faisaient part de leur intention de ne pas siéger en 2012 s’ils n’obtenaient pas de réponse. Il y eut certes une réponse, mais indirecte et accablante : adressée au président du jury, elle le chargeait en quelque sorte de calmer ses troupes, maintenait les contraintes absurdes du calendrier et ne disait pas un mot des questions de fond.
Aussi, trente d’entre nous, soit plus d’un quart du jury 2011, ont décidé qu’il n’était plus possible d’assister passivement à la destruction de notre système de formation et de recrutement. Ils ont pris la grave décision de démissionner et de rendre publiques les raisons de leur geste.

Le mépris avec lequel la DGRH et le ministère ont traité leur personnel à cette occasion va bien avec le fond et la forme des réformes récentes. C’est contre tout cela que les démissionnaires protestent aujourd’hui.

La protestation de membres d’un jury d’agrégation peut apparaître comme dérisoire au regard de la crise que traverse la société, en particulier du chômage qui frappe 25% des jeunes. À ceux qui voient dans notre démarche une réaction élitiste, émanant de quelques privilégiés, nous disons que la formation de la jeunesse est la question clé aujourd’hui, et que nous refusons la destruction en cours des outils de cette formation.

Quelle chance a-t-on d’entrevoir la sortie de la crise si on renonce à donner une formation de qualité aux futurs citoyens ?
Or les conséquences des réformes actuelles sont déjà visibles : on enverra dans les classes de jeunes professeurs moins motivés, moins bien formés scientifiquement, sans ou presque sans formation pédagogique ni professionnelle. Un gâchis patent, pour ces professeurs autant que pour leurs élèves.
Le système d’éducation français a longtemps été un modèle. Il est urgent qu’il le redevienne. Nos universités devraient attirer des étudiants du monde entier. C’est particulièrement vrai en mathématiques, où l’école française est une des meilleures du monde. Mais ne nous y trompons pas, l’élite ne peut pas reposer sur du vide. Nos médailles Fields ne sont pas une rente éternelle. La dégradation générale aura inévitablement des répercussions sur l’ensemble du tissu scientifique, et en particulier sur notre recherche de pointe.
Il est urgent de redonner au métier d’enseignant l’éclat qu’il a perdu. N’attendons pas qu’il soit trop tard. En défendant un outil de formation et de recrutement efficace, c’est à l’avenir de tous les jeunes que nous pensons.

 

 

  • Liste des trente démissionnaires:

Dominique Barbolosi Professeur, université d’Aix-Marseille, Daniel Bennequin , Professeur, université Paris Diderot, Laurent Bernis, Professeur de classes préparatoires, lycée Kerichen, Brest, Franck Boyer , Professeur, université d’Aix-Marseille, Olivier Brinon, Maître de conférences, université Paris-Nord , Marie-Line Chabanol, Maître de conférences, université Bordeaux 1, René Cori, Maître de conférences, université Paris Diderot , Hubert Correia, Professeur de classes préparatoires, lycée Michel Montaigne, Bordeaux, Clément De Seguins Pazzis, Professeur de classes préparatoires, lycée Sainte-Geneviève, Versailles, Sandrine Dozias, Professeur de classes préparatoires, lycée Descartes, Tours,  Denis Favennec, Professeur de classes préparatoires, lycée Michel Montaigne, Bordeaux, Jean-Christophe Feauveau, Professeur de classes préparatoires, lycée de Bellevue, Toulouse, Françoise Fontanez, Professeur de classes préparatoires, lycée Marcelin Berthelot, Saint-Maur, Jean-Claude Fort
Professeur, université Paris Descartes, Serge Francinou, Professeur de classes préparatoires, lycée Charlemagne, Paris, Isabelle Gaudron, Maître de conférences, université Paris-Nord, Hervé Gaussier, Professeur, université Joseph Fourier, Grenoble, Stéphane Gonnord, Professeur de classes préparatoires, lycée du Parc, Lyon
Thierry Klein, Professeur, université Joseph Fourier, Grenoble, Bernard Loiseau, Professeur de classes préparatoires, lycée Marcelin Berthelot, Saint-Maur, Edith Méthou, Professeur de classes préparatoires, lycée Victor Hugo, Besançon, Nicolas Meunier, Maître de conférences, université Paris Descartes, Rached Mneimné, Maître de conférences, université Paris Diderot, Sylvie Monniaux, Maître de conférences, université d’Aix-Marseille, Bertrand Philibert, Professeur de classes préparatoires, lycée Marcelin Berthelot, Saint-Maur, Simon Riche, Chargé de recherche, CNRS, Clermont-Ferrand, Antoine Rousseau, Chargé de recherche, INRIA, Montpellier, Monique Teillaud,
Directrice de recherche, INRIA, Sophia Antipolis, Emmanuel Thomé, Chargé de recherche, INRIA, Lorraine, Jacques-Arthur Weil, Maître de conférences, université de Limoges.

L’impôt et nous

Créé par le 15 fév 2012 | Dans : Articles de fond

Par MARIE-FRANÇOISE BECHTEL Première vice-présidente du Mouvement républicain citoyen

 

Le futur traité européen, dont l’essentiel est connu depuis le sommet du 30 janvier, est une révolution à l’envers dont on n’a pas encore pris la mesure. La «discipline budgétaire» n’est pas une réforme technique : c’est la mise à mort de trois acquis majeurs de notre histoire, sur lesquels s’est construite notre identité.

La France n’a pas juste fait la révolution contre l’injustice fiscale qui pesait sur l’ensemble du tiers état. Ce que l’on devait désigner plus tard comme les deux caractéristiques majeures de l’impôt, la justice sociale et l’efficacité économique, étaient à la racine du puissant mouvement populaire qui a porté la Révolution. Mais derrière cet appel à la libération des carcans – pour la bourgeoisie, comme l’avait bien vu Marx – et à la fin de l’étouffement du peuple, plus tôt analysé par les Mathiez, Febvre, et Soboul, il y avait aussi la revendication profonde de la maîtrise de l’impôt par la souveraineté populaire.

Or, ce lien étroit entre la révolte du peuple contre l’injustice fiscale, celle de la bourgeoisie entravée par l’inefficacité économique de l’Ancien Régime et l’affirmation que l’impôt relève de la souveraineté populaire est un héritage toujours vivant. Il donne à lire la différence entre la Révolution française et la révolution américaine. Si le Tea Party peut être aussi puissant, c’est parce que le fond de la revendication des colonies britanniques en Amérique du Nord était le rejet de l’imposition comme contraire à la liberté individuelle. La France, elle, avait lié le consentement à l’impôt à la recherche de l’intérêt général citoyen. C’est ce qu’exprime la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 pour qui «une contribution commune est indispensable», elle «doit être également répartie», et «les citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs représentants la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée». Comment mieux lier la «nécessité de l’impôt» avec l’exercice de la souveraineté nationale ?

Ainsi l’histoire ressurgit-elle sur les deux continents, non pas comme comédie, ainsi que le disait Goethe, mais plutôt comme caricature dans le Nouveau Monde et négation dans la vieille Europe. Le Nouveau Monde renoue avec de vieux démons, négation du rôle de l’Etat, exaltation d’un mythique individu libre dans une société en voie de paupérisation. L’Europe (et la France) préfère tourner le dos à son histoire. Au nom de quoi ? D’une modernité conçue comme la nouvelle donne imposée aux peuples par la volonté des marchés, autrement redoutable que l’arbitraire du pouvoir royal.

On nous prie ainsi d’aliéner notre souveraineté budgétaire et donc fiscale sans que ni la juste répartition des richesses ni le dynamisme économique n’y gagnent. Le corsetage qui nous serait imposé est socialement injuste en ce qu’il fait peser sur les classes moyennes et populaires la quasi-totalité de l’effort. Quant à l’efficacité économique, on ne compte plus les économistes qui s’inquiètent de l’étiolement de l’activité, du risque de récession qui est le destin des plans d’austérité. La perte de notre base productive est-elle une idée neuve pour le XXIe siècle ? Et l’invocation à une productivité sans cesse accrue facteur de chômage, de désertification du territoire et de paupérisation est-elle l’avenir de l’Europe ? Deux cents ans et plus après la Révolution française, deux cent cinquante ans après la révolution industrielle britannique, soixante ans après la crise de 1929, tout cela est-il bien moderne ?

C’est le prix à payer, nous dit-on, pour une Europe qui aille de l’avant, plus intégrée, plus solidaire, plus moderne. Mais quelle est la clé de cette modernité ? Une Europe des projets, se donnant les moyens de réaliser des chantiers d’intérêt général et des innovations technologiques, bref une Europe dynamique créant de la richesse et par là des rentrées – fiscales ? Point du tout. Une Europe des maîtres censeurs auxquels les Etats mauvais élèves remettront leur copie, en tremblant à l’avance de sanctions qui pénaliseront un peu plus leur avenir. Une Europe qui conduit à une austérité à perte de vue et à une accélération du déclin de notre continent tout entier, qui semble plus inquiéter les décideurs économiques qu’elle ne suscite d’analyse dans la classe politique à l’exception de Jean-Pierre Chevènement.

Revenons à l’histoire. La modernité n’est pas dans le fédéralisme coercitif. Il n’est pas «moderne» d’aliéner le contrôle populaire sur les finances publiques en le remettant à un aréopage d’experts indépendants des Etats à défaut de l’être des marchés. C’est que les règles invoquées, que l’on veut rendre inviolables, ne sont autre chose que le retour régressif des vieilles recettes libérales plus proches de Molière - «la saignée, vous dis-je» - que de l’esprit d’innovation et de créativité dont notre époque et notre continent ont tant besoin. En regard, Il est frappant de constater combien les thèmes fondateurs de la Révolution française restent d’actualité. L’impôt moderne est un impôt justement réparti, facteur de dynamisme économique et instrument majeur de la volonté nationale. Le contraire de la fiscalité socialement et économiquement régressive, déconnectée du consentement du peuple, vers laquelle nous achemine l’accord de décembre 2011.

Prenons garde au fait que l’impôt est le révélateur d’une société dans ses racines les plus profondes. L’injustice de l’impôt va de pair avec le retour à un capitalisme du XIXe siècle appuyé sur le déni de la souveraineté populaire. Qui saura le comprendre ?

Nicolas Sarkozy préfère combattre les chômeurs à défaut de combattre le chômage

Créé par le 10 fév 2012 | Dans : Parti socialiste, Santé-social-logement

 COMMUNIQUÉ DE PRESSE du 10 février 2012 d’Alain VIDALIES – Responsable du pôle emploi-travail dans l’équipe de campagne de François Hollande et Secrétaire national au travail et à l’emploi du Parti Socialiste

 

Nicolas Sarkozy s’apprêterait à soumettre aux Français un référendum sur un renforcement des obligations des chômeurs, notamment de ne plus pouvoir refuser un emploi ou une formation.

Si le Président sortant n’en n’est pas à sa première tentative d’utiliser la détresse de nos concitoyens pour faire un « coup » bassement politicien, celui-ci est particulièrement choquant. Choquant bien sûr, parce qu’au lieu d’apporter des solutions, il préfère mettre en scène la culpabilisation de ceux qui subissent ses erreurs politiques, pour mieux s’en dédouaner. Qui peut croire pourtant, que les 6,2 millions de Français qui s’inscrivent chaque année à Pôle emploi le font par plaisir ou par paresse ?

Choquant encore, parce que les Français, en quête de vérité de la part des politiques, savent pertinemment que le Président sortant feint grossièrement d’ignorer qu’il existe déjà des obligations drastiques et graduées qui pèsent sur les demandeurs d’emplois aujourd’hui. Comment expliquer autrement que nombre d’entre eux sont régulièrement radiés des listes de Pôle emploi ?

Choquant toujours, parce que passer par un référendum sur un sujet qui aurait nécessité de consulter sereinement les partenaires sociaux, c’est nier l’essence même de la démocratie sociale. Si Nicolas Sarkozy voulait casser le dialogue social dans notre pays, il ne s’y prendrait pas autrement !

Depuis 2007, et sous la responsabilité de Nicolas Sarkozy, la France compte un million de demandeurs d’emploi supplémentaire. Pour échapper à son bilan, Nicolas Sarkozy s’en prend aux victimes de sa politique, lui qui promettait en 2007 de ramener le chômage à 5 % alors qu’il frôle aujourd’hui les 10%.

Avec François Hollande, nous avons conscience que notre tâche ne sera pas d’accuser ni de diviser les Français, mais bien de redresser la France : par une politique de l’emploi ambitieuse qui se basera sur une industrie forte, par une fiscalité qui sera mise au service de la croissance et par une plus grande solidarité intergénérationnelle au sein même des entreprises avec l’instauration d’un contrat de génération et la création de 150. 000 emplois d’avenir.

Quand Nicolas Sarkozy attaque les chômeurs, François Hollande, lui, veut s’attaquer au chômage. 

Georges Wolinski: « Le courage du peuple cubain »

Créé par le 08 fév 2012 | Dans : Amérique Latine

L’Humanité de ce mardi 7 février fait le bilan de cinquante ans de blocus total imposé par les Etats-Unis à Cuba, depuis le 7 février 1962. Nous publions ici le point de vue de George Wolinski, dessinateur et président d’honneur de Cuba Si France.

« En 1970, je suis allé à Cuba pour la première fois. Je représentais la France à une exposition de dessins politiques. Ceux que j’exposais avaient été publiés, pendant les évènements de 1968, dans Action,  L’Enragé et Charlie Hebdo. Ensuite, invité par le festival de l’humour de San Antonio de Los Banos, j’ai fait de nombreux séjours à Cuba. J’ai pu côtoyer des dessinateurs roumains, coréens du Nord, polonais, tchèques. Place de la Révolution, trois heures durant, j’ai écouté le discours de Fidel Castro. Plus tard, en 1992, j’ai été le président d’honneur de la biennale de l’humour.

Pour rejoindre Cuba, il fallait partir de Madrid ou de Prague et voyager quelques vingt deux heures. A l’époque, étant donné le blocus américain, 80% de l’économie cubaine, dépendait de Moscou et des pays de l’Est. Puis, il y eut l’effondrement du bloc soviétique et ce fut un coup dur pour Cuba. Le peuple manquait de tout pour vivre comme pour travailler. Charly Bouhana, membre du syndicat de Livre, m’a demandé de le rejoindre pour aider les artistes et les écoliers cubains. Ainsi, est née l’association de solidarité : Cuba Si France. Première initiative : le bateau de la solidarité. Un cargo chargé de cahiers et autres feuilles de papier, de fournitures scolaires, destinés aux écoles.

Georges Wolinski:

Ensuite, l’association a accompagné différents projets d’aide à l’enfance. Il y eut encore un envoi de matériel destiné aux artistes qui ne disposaient plus de rien pour créer. Des artistes liés au gouvernement en place mais qui, malgré tout, ne pouvaient plus travailler.

Depuis cette époque, Cuba Si France n’a pas cessé de manifester son indignation contre le blocus américain. Il y a deux ans, quand je suis retourné à Cuba, j’ai pu observer le courage du peuple pour résister aux conditions de vie provoquées par l’embargo. J’ai vu défiler un million et demi de jeunes cubains, visiblement en pleine santé, devant un Raul Castro souverain. Pas un n’a crié : « Dégage Raul ! » en passant devant la tribune.

2012-02-07cuba-embargo-dessin2 dans Amérique Latine

Le 8 mars, lors de la journée internationale de la femme, j’ai écouté les propos de Mayda Alvarez Suarez, militante du Centre d’Etude de la Femmes, organisme sous tutelle du gouvernement. Elle était l’invitée en France de notre association. Après cinquante-deux ans de révolution, Mayda résume la philosophie des Cubaines. A la surprise générale et malgré le peu d’enthousiasme des hommes, elles ont, dit-elle, conquis leur autonomie. L’égalité des salaires est instaurée par la loi et elles peuvent exercer des postes décisionnaires. Et cela, malgré la vie difficile, le manque de denrées alimentaires, les crèches introuvables et la violence en hausse.

Quant à la natalité, elle décroit. 1,6 enfant par couple. Avant la révolution Mayda explique que de nombre de jeunes filles de 14 ans se retrouvaient enceintes, aujourd’hui, l’âge moyen la natalité est de 24 ans. Qu’en est-il des rapports hommes-femmes ? La formule est envoyée par Mayda : les hommes que veulent les femmes n’existent pas encore. Les femmes que les hommes veulent n’existent plus !   Dans un avenir proche, d’importantes réformes se préparent, comme la perte de 500.000 fonctionnaires. Mayda sourit : « On en a vu d’autres ».

Découvrez notre édition ici 

http://www.humanite.fr/monde/georges-wolinski-le-courage-du-peuple-cubain-489523

A lire aussi dans le blog citoyen 

Posté par le 25 avr 2011 | Dans : a-le quartier libre de X D

Notre politique étrangère porte la marque d’une improvisation et d’une incohérence

Créé par le 08 fév 2012 | Dans : Blog du Che, Le Che, Une autre mondialisation

Intervention de Jean-Pierre Chevènement lors du débat de politique étrangère au Sénat, le mardi 7 février 2012.

 

 
Monsieur le Ministre d’Etat, Je souhaite attirer votre attention sur la situation passablement chaotique qui se développe en Libye depuis la chute de Mouamar Khadafi :
Arrestations arbitraires, actes de torture relevés par des organisations humanitaires comme Amnesty International ou Human Rights Watch, comme ceux qui ont laissé mort l’ancien ambassadeur libyen à Paris, M. Brebech à Zentane, le 20 janvier 2012, ville où par ailleurs se trouve détenu Saïf Islam Kadhafi, traitement racistes de travailleurs africains, heurts armés, ainsi dans la ville de Beni Oulid, où un « Conseil des Anciens » issu de la tribu des Warfalla semble désormais s’être affranchi du gouvernement de transition, développement des féodalités locales fragmentant le pays, dissémination d’armes dans la bande sahélienne, avec les menaces qui recommencent à peser sur le Mali, le Niger, le Tchad, dissensions enfin à l’intérieur du Conseil National de Transition qui vient d’adopter une loi électorale fondée sur un système de listes pour élire la prochaine assemblée constituante. Or ce système de listes adopté sous la pression des Frères musulmans ne peut évidemment que leur profiter. Le CNT a aussi décidé de faire de la charia la source principale du droit et d’autoriser à nouveau la polygamie que la Libye était avec la Tunisie le seul pays arabe à avoir aboli. Vous nous confirmerez, M. le Ministre, si là était bien le résultat recherché et, sinon, quelles démarches le gouvernement français a entrepris auprès des autorités libyennes pour faire respecter les doits de l’Homme dont se réclamait la révolution libyenne soutenue par l’OTAN. Nous ne pouvons que nous interroger sur le fait de savoir s’il n’eût pas mieux valu à l’été 2011 rechercher une issue politique, comme il semble que cela eût été possible, sous l’égide de l’Union africaine. Vous-même, dans votre intervention du 12 juillet à la tribune du Sénat déclariez : « L’intervention militaire n’est qu’un moyen et non une fin ; la fin c’est la recherche d’une solution politique et nous y travaillons d’arrache-pied ». Vous évoquiez « un processus politique » et souhaitiez qu’une force de stabilisation internationale, de préférence une force de l’ONU, soit dépêchée sur place. C’eût été la sagesse pour favoriser une paix sans exaction, sans vengeance et sans esprit de revanche.
 

 

En réalité, nous sommes allés bien au-delà de la « responsabilité de protéger » qui était au fondement de la résolution 1973 adoptée le 17 mars 2011 par le Conseil de sécurité de l’ONU. Vous avez interprété la résolution 1973 comme si elle fondait un droit d’ingérence pour permettre le fameux regime change, le changement de régime contraire au principe de non ingérence qui, jusqu’à nouvel ordre, guide la doctrine de l’ONU et constitue un principe de notre politique extérieure, réaffirmé y compris par l’un de vos prédécesseurs, M. Kouchner, à l’occasion d’un communiqué franco-chinois signé en avril 2009. J’ai encore dans l’oreille la déclaration du Premier ministre le 22 mars 2011 devant le Sénat : « Nous appliquons toute la résolution 1973 et rien que la résolution 1973 ». Or nous l’avons interprétée de manière très extensive. Ce jusque-au-boutisme a favorisé le désordre actuel. Vous me direz sans doute, monsieur le Ministre d’Etat, qu’il est trop tard pour revenir sur le passé.
Eh bien non ! Il n’est pas trop tard, car en allant bien au-delà de la résolution 1973, vous avez discrédité la notion de « responsabilité de protéger » que l’ONU avait adoptée en 2005, notion qu’elle distinguait bien évidemment du prétendu « droit » ou « devoir d’ingérence ». Distorsion telle que l’un des vrais concepteurs du principe de la responsabilité de protéger, l’ancien ministre des Affaires étrangères australien, M. Gareth Evans, s’en est ému dans un article récent. Et nous voilà projetés au cœur du drame syrien où la « responsabilité de protéger » serait bien utile mais ne peut s’exercer du fait de l’obstruction au Conseil de Sécurité de pays comme la Chine et la Russie qui s’étaient abstenus, le 17 mars 2001, sur la résolution 1973 relative à la Libye. Le précédent libyen pèse lourd en Syrie. La Russie soutient, certes pour des raisons intéressées, le régime de Bachar El Assad contre ce qu’elle appelle « l’ingérence étrangère » laquelle est en fait une révolution populaire où s’affirment des éléments islamistes extrémistes. Au-delà de la revendication de la liberté et de la démocratie pour le peuple syrien, n’y a-t-il pas de forces qui veulent transformer la Syrie en champ clos d’une rivalité autrement plus décisive entre l’Iran et l’Arabie Séoudite ? Et ne peut-on craindre, en toute lucidité, à la lumière de l’évolution de l’Irak, les conséquences qui s’ensuivront à terme pour des minorités, notamment chrétiennes, au sort desquelles la France déclarait n’être pas indifférente ? On en vient ainsi naturellement à l’Iran. La France se situe à l’avant-garde de l’embargo décrété par l’UE sur le pétrole iranien, au prétexte de conduire l’Iran à la table des négociations et d’éviter ainsi des frappes israéliennes. Cette attitude qui s’insère dans une logique de surenchère ne garantit pas la suite et comporte dans l’immédiat un effet certain qui ira l’inverse du but recherché : les puissances asiatiques, à commencer par la Chine, occuperont la place laissée vide par les Occidentaux.

Le Golfe arabo-persique cesserait ainsi, par la force des choses, d’être essentiellement orienté vers le monde occidental.

Une nouvelle étape de la désoccidentalisation du monde se profile ainsi à l’horizon ce qui explique une plus grande retenue américaine. Dans le même temps, dans le contexte des retraits occidentaux d’Afghanistan, se lève chez les Iraniens la crainte d’un encerclement de leur pays par un intégrisme sunnite dominé par l’alliance du Pakistan et de l’Arabie Séoudite. La France a-t-elle bien mesuré les risques d’engrenage ?

On comprend la circonspection de la Turquie de M. Erdogan. Celle-ci a pris une position d’arbitre. La Turquie est évidemment une puissance d’équilibre dans la région. Etait-il bien judicieux de nous la mettre à dos par le vote d’une loi prétendant écrire l’Histoire ?

Cette politique porte la marque d’une improvisation et d’une incohérence qui ne vous ressemble pas. Il serait temps que la France revienne à une politique à la fois plus réaliste et plus proche des principes qui sont traditionnellement les siens : refus de l’ingérence, respect de l’autodétermination des peuples et protection égale de tous. Un certaine retenue accompagnée d’un effort lucide d’impartialité et d’objectivité, seraient plus conformes à nos intérêts qu’une diplomatie qui semble puiser son inspiration dans une forme d’interventionnisme expéditif, proche de celui pratiqué en 2003 par les néoconservateurs américains beaucoup plus que dans la tradition réaliste de notre politique étrangère dont nous pensions qu’elle était aussi la vôtre.

 A lire dans le blog citoyen
 
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