septembre 2012

Archive mensuelle

Du mythe de la compétitivité à la sortie de l’euro dans l’euro

Créé par le 29 sept 2012 | Dans : Economie, Fédérations MRC d'Aquitaine, Pour une autre Europe

Intervention de Bruno Moschetto, délégué national du MRC aux questions économiques internationales et professeur d’économie à HEC, lors de la table ronde « Quelle politique industrielle et fiscale pour renouer avec la croissance? » tenue à l’Université d’été de Belfort, samedi 15 septembre 2012.

Tel pourrait être – mes chers camarades – mes chers compagnons – le fil d’Ariane  des réflexions que je souhaiterais développer devant vous. Tout d’abord celles-ci passent par une analyse de la réelle compétitivité à l’irréelle croissance. Premier point de mon intervention.

Du mythe de la compétitivité

Dans notre environnement européen contemporain  le concept de compétitivité n’est-il pas fondamentalement paradoxal ? La compétitivité qu’est-ce-à dire ? S’agit des ou de la compétitivité ? Lire la suite »

Jean-Pierre Chevènement : Nous entendons préserver l’acquis européen en réorientant l’Europe

Créé par le 16 sept 2012 | Dans : Non classé

Intervention de Jean-Pierre Chevènement lors de l’Université d’été du Mouvement Républicain et Citoyen à Belfort 16 septembre 2012.

Je voudrais commencer par le rappel de quelques principes pour dissiper le brouillard dont ses adversaires de toujours et plus encore d’aujourd’hui, les tenants du néolibéralisme, ont voulu et veulent envelopper le mot « République ». Non, tout le monde n’est pas « républicain ». La République, ce n’est pas seulement le droit de vote. La République est une construction exigeante qui implique le rappel de quelques notions de base. Cette exigence est particulièrement actuelle dans une époque dominée par l’Argent roi, celle du capitalisme financier à son apogée, où les marchés financiers rançonnent les Etats et où le Capital met les territoires en concurrence, en n’hésitant pas à coup de plans sociaux, à délocaliser la production au nom d’intérêts purement financiers. 

Actuelle est la République, face au déchaînement des intérêts particuliers et corporatismes, à l’explosion de l’individualisme et des inégalités, et à la fragmentation de l’espace public au profit de revendications identitaires et communautaristes qui obscurcissent l’idée même d’un intérêt commun à tous les citoyens. 

Commençons par le principe de base. La République a pour fondement la souveraineté populaire : chaque citoyen est une parcelle du souverain.

 

En se soumettant aux lois, il n’abdique pas sa liberté, car l’Etat républicain est légitime pour intervenir, là où l’initiative individuelle ne le peut pas. Une politique industrielle est nécessaire et Delphine Batho a raison de vouloir imposer le « made in France » quand l’Etat lance un programme d’éoliennes ou de centrales photovoltaïques. Les grands prêtres du libre-échange laisseront-ils faire ? Répétons-le : la vie sociale implique des règles que seul peut fixer un Etat républicain. La République est un régime de liberté, mais la liberté d’un individu s’arrête là où, comme l’a bien vu Rousseau, elle attenterait à celle des autres. La critique de l’Etat républicain au nom de « l’anti-jacobinisme » est facile, mais elle est bornée. Depuis trente ans, le néolibéralisme triomphant n’a cessé de dénigrer l’Etat, de saper son autorité pour faire triompher la seule loi qu’il révère : celle de la jungle. On a fini par oublier Lacordaire : « Entre le faible et le fort, c’est la liberté qui opprime et c’est la loi qui affranchit. » C’était il y a plus d’un siècle et demi ! Parce que le souverain a besoin d’être éclairé, la formation du citoyen est un des buts essentiels de l’Ecole républicaine. 

La République a besoin du civisme et celui-ci ne va pas sans le patriotisme qu’il ne faut évidemment pas confondre avec le nationalisme qui en est la perversion. Mais, M. Bernard Arnault, quand il veut soustraire sa fortune au fisc, n’est pas l’objet d’une persécution. C’est la nation comme communauté de citoyens qui le rappelle à l’ordre à juste titre. Désastreux exemple qui illustre encore une fois à quel point nos élites, depuis longtemps, hélas, ont perdu le sens des intérêts de la France. Pour « faire France » encore faut-il croire en la France. 

La « chose publique » peut se définir à l’échelle de la cité ou de la nation, mais du dialogue des nations peut naître l’idée d’une « République européenne » et plus encore d’une « République universelle ». Ce sont ces règles élémentaires de justice et de droit que l’Europe fondée sur la dérégulation libérale et la concurrence, se refuse obstinément à définir. C’est pourquoi la République française ne doit pas disparaître. Elle a encore beaucoup de choses à dire et à faire. 

La République est laïque : elle n’enseigne pas une religion, sauf peut-être celle de la patrie, bien comprise. La laïcité implique la confiance dans la raison humaine et dans la capacité des citoyens à définir un bien commun dans un espace public soustrait à l’emprise des dogmes. On voit où peut conduire en Lybie et au Proche Orient l’exaltation des fanatismes qu’il s’agisse du fondamentalisme chrétien ou de l’intégrisme djihadiste. 

C’est la grande tâche de l’Ecole laïque d’apprendre à chaque citoyen à penser par lui-même. 

La République implique l’intelligence du monde, la lucidité, et pour la définition autant que pour le service du bien commun, l’esprit de responsabilité. Ainsi le citoyen ne va pas sans abnégation. Celle qui manque à M. Arnault. 

A notre époque de vive compétition, le maintien de la République française exige de tous un effort, mais un effort équitablement partagé. C’est le sens de la justice sociale que François Hollande a déclaré vouloir instiller dans notre fiscalité. A juste titre. 

En effet, la République ne va pas sans l’Egalité. 

Non pas une égalité niveleuse, mais une égalité des chances à laquelle il lui incombe d’œuvrer constamment. Là est d’ailleurs un des fondements les plus sûrs de sa légitimité. Pour faire reculer le Front National, il faut en priorité faire reculer le chômage. Joindre l’action à la parole. 

La République civique, celle de tous les citoyens, est sociale par définition. Il n’était pas besoin de l’inscrire dans une Constitution, même s’il est des choses qui vont mieux quand on les dit. 

La République est un idéal. Ses déviations ne peuvent servir d’argument pour la combattre, car c’est en la ressourçant à ses principes qu’on peut toujours la relever. 

Ainsi, les fractures sociales observables dans nos villes ne résultent pas d’une faillite de la République, mais d’un défaut de République. 

L’exigence républicaine, c’est celle du bien commun, tel que le débat civique permet de la définir. 

Réapproprions-nous l’héritage des grands républicains venus de l’Antiquité : Aristote, Polybe, Cicéron-, de la Renaissance italienne –avec Machiavel-, et du siècle des Lumières avec Montesquieu, Locke mais surtout Rousseau sans oublier Emmanuel Kant. 

Car il faut une armature théorique à la gauche, qu’elle trouvera plus dans la République que dans le catéchisme de la bien-pensance. 

La République du XXIème siècle aurait tout à gagner à se réapproprier aussi l’héritage des penseurs républicains de la IIIème République, non seulement de ses hommes d’Etat – Gambetta, Ferry, Clémenceau -, mais de ses penseurs – Alfred Fouillée, Léon Bourgeois, Emile Durkheim, Célestin Bouglé. Ces noms aujourd’hui largement tombés dans l’oubli, illustrent un effort théorique que les républicains d’aujourd’hui n’ont jamais égalé. 

Le Mouvement Républicain et Citoyen se veut le levain dans la pâte de la majorité présidentielle. Cette ambition peut paraître excessive. Nous n’avons que quatre parlementaires. Tous les moyens on été employés pour nous réduire, depuis notre création, au lendemain du référendum sur le traité de Maastricht, il y a vingt ans. 

Nous avons aujourd’hui plus que jamais confiance dans la force de nos idées. Chacun peut voir que les événements viennent à notre rencontre. 

« La souveraineté nationale et la démocratie sont », comme disait le général de Gaulle, « l’avers et l’envers d’une même médaille ». 

Il n’était pas judicieux d’aliéner la souveraineté monétaire de la France dans un ensemble que nous ne dominons pas. 

Le TSCG, vingt ans après, retire aux Parlements nationaux la maîtrise de la dépense publique. Il instaure des mécanismes de correction automatiques et prévoit, en cas de déficit supérieur à 3% du PIB, l’intrusion d’instances non élues dans la procédure budgétaire nationale. Où est alors la démocratie ? 

On nous parle de « grand saut fédéral ». Mais dans une Europe où coexistent une trentaine de peuples – dix-sept dans la zone euro – on ne peut réduire les différences de charges, de protection ou d’endettement par un oukase qui irait à l’encontre de la volonté des peuples. C’est ce que viennent de signifier les juges rouges de Karlsruhe sans que personne en France, ne pipe mot. 

François Hollande, j’en suis sûr, comprend tout cela. Les événements le conduiront à faire encore bouger les lignes. 

Nous soutenons donc François Hollande les yeux ouverts, avec le désir d’œuvrer à son succès. Sa réussite sera celle de la France. 

Chacun le sait, nous ne croyons pas que le destin de notre pays soit la dilution dans une Europe sans rivage, banlieue d’un Empire dont les centres nerveux ont depuis longtemps passé l’Océan. 

Nous voulons que la France pèse dans l’organisation de l’Europe et donc n’y disparaisse pas. Nous savons l’effort nécessaire. Nous ne le marchanderons pas mais le sens de l’effort doit être clair. Le chemin à parcourir est encore long. 

L’Allemagne a choisi, non d’édifier une Fédération solidaire et d’ailleurs impossible, mais la conquête des marchés au grand large. 
Prenons quelques exemples. 

A Pékin, Mme Merkel et M. Wen Ji Bao, le premier ministre chinois, présentent la sortie du 100ème exemplaire de l’Airbus dans l’usine de Tien Tsin comme le symbole de la coopération germano-chinoise. C’était il y a deux semaines. 

La France, l’Europe ne sont pas évoquées dans leurs discours. A la trappe ! J’étais à Pékin ce jour-là. Les Français baissaient la tête. 

On apprend quelques jours plus tard qu’EADS et BAE pourraient fusionner. Excellente chose sans doute pour l’entreprise qui va rééquilibrer la part du civil et celle du militaire. Mais, du point de vue de la France ? Cette entreprise sera de plus en plus dans la main du Pentagone. Dès aujourd’hui, Airbus fabrique en zone dollar plus qu’en zone euro. Le siège d’EADS restera t-il à Toulouse ? Quel moyen aura l’Etat français de peser encore à son Conseil d’Administration ? Les règles de rotation des dirigeants seront-elles maintenues ? Sous quelle forme ? C’est à ces questions qu’il faut répondre pour défendre convenablement les intérêts français et européen. Sinon EADS sera dominé par un axe américano- germanique. 

Prenons encore un autre exemple : le énième sauvetage prétendu de l’euro le 6 septembre dernier à Francfort et le 12 à Karlsruhe. On nous présente ces décisions comme la manifestation la plus éclatante de la solidarité allemande avec l’Europe. 

Trêve de plaisanterie : en plafonnant à 190 milliards d’euros la contribution de l’Allemagne au MES, les juges de Karlsruhe figent cet outil pare-feu dans son insuffisance. A vec 500 milliards de ressources potentielles, en fait très théoriques, le MES ne pourrait faire front à la crise si elle s’étendait à l’Espagne et à l’Italie. C’est l’hôpital qui vient au secours de la charité ! 

Des engagements de M. Draghi le 6 septembre, on a retenu le mot « illimité » : on a oublié de rappeler que l’intervention de la BCE se ferait sur un créneau très limité : les obligations à 3 ans sur le marché de la revente, et à des conditions très strictes (plans d’ajustement rigoureux) qui posent le problème de la démocratie dans une Europe soumise avec le TSCG, aux canons de l’ordo- libéralisme allemand. 

La France, qui offre 142 milliards d’euros, l’a fait sans chichi. Le contribuable français ne l’a jamais su.

Jean-Marc Ayrault s’est engagé à réduire en cinq ans à zéro le déficit de notre balance commerciale, hors énergie. Fort bien ! C’est un très bon objectif ! 

On attend cependant de savoir par quel moyen: le développement des entreprises de taille intermédiaire, même soutenu par la Banque Nationale d’Investissement, prendra du temps. L’euro remonte. Or, cette monnaie surévaluée pèse sur notre compétitivité. 

Le maintien de la souveraineté de la France passe moins que par la réduction de la dette que par un choc de compétitivité. Il faut l’expliquer aux Français. 

François Hollande, comme l’a rappelé Jean-Marc Ayrault, a voulu faire « bouger les lignes ». Grâce à une diplomatie habile, elles ont commencé à bouger, mais d’une manière qui est loin d’être irréversible. 

L’Union bancaire, sous l’égide de la BCE, pose un vrai problème de démocratie. Quant à l’adossement du MES à la BCE, nous sommes encore loin du compte. 

Bien qu’il reste beaucoup de chemin à parcourir, nous soutiendrons le Gouvernement, en votant le budget, mais nous n’approuverons pas le TSCG. En votant le budget, nous donnerons du temps à François Hollande pour qu’il élargisse ses marges de manœuvre. Il existe d’autres issues, que les évènements, éclairés par la volonté des hommes, feront apparaître. 

Par exemple, l’idée d’une monnaie commune plutôt qu’unique, car nous entendons préserver l’acquis européen en réorientant l’Europe. 

Nous voterons le budget par loyauté, parce que cela correspond aux engagements de François Hollande. Même si le TSCG n’a pas été vraiment renégocié, nous comprenons la difficulté dans laquelle se trouvait et se trouve encore François Hollande, comme Président de la République, vis-à-vis de 23 Chefs d’Etat et de gouvernement de pays qui ont signé ou ratifié le traité. 

Mais nos parlementaires ne sont pas dans la même situation. Ils doivent continuer à s’exprimer librement, comme les accords passés avec le Parti Socialiste nous le garantissent. Il y a des élections en Allemagne et en Italie en 2013. Nous comprenons que tout n’est pas possible tout de suite, mais il est décisif que nous sachions où nous allons. 

Ce que nous voulons, c’est une Europe refondée dans la démocratie des nations et pas un « machin » pseudo-fédéral où un soit disant « ministre européen des Finances » nous dicterait notre politique. 

Je ne voudrais pas ne parler que de l’Europe dans cette table ronde consacrée à la République. 

Quelques réflexions sur la situation internationale, et particulièrement des révolutions arabes me paraissent nécessaires. 
Ces « révolutions » ont ouvert dans chaque pays un processus dans lequel des contradictions des sociétés peuvent s’exprimer. 
L’essentiel est qu’elles puissent continuer à le faire dans un cadre constitutionnel qui préserve la liberté d’expression, de vote et par conséquent la possibilité d’une alternance. 

La surenchère des extrémismes peut faire capoter ce processus, comme on l’a vu avec le film provocateur conçu et réalisé par une poignée de fondamentalistes chrétiens, en Californie, et avec l’odieux assassinat des diplomates américains de Benghazi par une filiale d’Al Qaïda. 

Nous avons toujours combattu l’idée d’une « guerre des civilisations », d’où qu’en soit formulée la thèse, en Egypte ou aux Etats-Unis. 

Le droit international repose sur le respect des souverainetés nationales, le principe de non-ingérence et l’auto-détermination des peuples. 

La France n’aurait rien à gagner à se laisser entraîner dans des interventions militaires, que ce soit en Syrie ou au Mali. Les problèmes doivent se régler selon les procédures du droit international. La prudence commande de ne pas se laisser entraîner dans des guerres dont on ne mesure pas assez que chacune ouvre une boite de Pandore qu’il devient ensuite impossible de refermer. 

Le Mouvement Républicain et Citoyen doit continuer à s’exprimer à haute et intelligible voix. C’est ainsi qu’il contribuera, à travers un cap républicain clair, à orienter la majorité de gauche sur les voies de la réussite. 

Demain comme hier, nous servirons la République et la France.

Pour une diplomatie française retrouvée, par Horace Bénatier, haut-fonctionnaire, maître de conférences en relations internationales

Créé par le 15 sept 2012 | Dans : Articles de fond, Une autre mondialisation

Lorsqu’il déclare, en marge d’une visite dans un camp de réfugiés le 16 août dernier, que « Bachar al Assad ne mériterait pas d’être sur la Terre », le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, fait sien le vœu formulé en son temps par Georges W. Bush souhaitant « la peine de mort » au dictateur irakien, Saddam Hussein. Si la tournure négative et conditionnelle du ministre français est plus prudente que la prophétie auto-réalisatrice de l’ancien président américain, la convergence verbale des deux hommes interpelle. La déclaration du ministre illustre le virage néo-conservateur opéré par notre politique étrangère depuis la guerre d’Irak, dans son ton comme dans son contenu.

- Les commentateurs ont souligné à maintes reprises l’abandon de l’accent « gaullo-mitterrando-chiraquien » dans la diplomatie mise en œuvre par Nicolas Sarkozy : usage du tutoiement avec les dignitaires étrangers, nomination d’ambassadeurs « jeunes et dynamiques », etc. Sans assumer totalement la familiarité décomplexée de l’ancien président, Laurent Fabius poursuit néanmoins, par son propos, l’entreprise de vulgarisation de notre politique étrangère amorcée en 2007. Si l’intention peut paraître louable à certains égards, le registre « affectif et personnifié » ne saurait pour autant se substituer à celui « solennel et impersonnel » d’un homme d’Etat s’exprimant au nom de la France.

- Le style présidentiel de Nicolas Sarkozy a été largement documenté, parfois jusqu’à la caricature. En revanche, la rupture conceptuelle qu’il a incarnée dans la politique extérieure de la France a été peu analysée ou réduite à son seul « dessein atlantiste ». La crise syrienne constitue pourtant le révélateur d’un rapprochement de fond avec la mouvance néo-conservatrice américaine. Il n’est pas inutile d’en rappeler les trois traits caractéristiques, qui sont autant d’entorses à notre tradition diplomatique :
- une lecture manichéenne du monde. Postulat idéologique de l’administration Bush, la croyance en un camp du Bien opposé à un axe du Mal n’a jamais été convoquée avec autant d’entrain par la France qu’au cours des derniers mois. Tour à tour, « la prolifération nucléaire » et « l’arc chiite (Iran-Syrie-Hezbollah) » ont intégré l’imaginaire et le lexique de nos diplomates comme « la nébuleuse terroriste » et « les armes de destruction massive » avaient animé, hier, la pensée néoconservatrice américaine et ses relais d’opinion en Europe.
- l’unilatéralisme comme alternative au dialogue. L’administration Bush avait longuement cherché le soutien du Conseil de Sécurité pour intervenir en Irak, avant de finalement suivre le mot de Madeleine Albright :  » e multilatéralisme quand nous le pouvons, l’unilatéralisme quand nous le devons ». Lorsque François Hollande évoque à son tour, devant les ambassadeurs, un recours à la force pour pallier à l’inertie des Nations Unies en Syrie, il ouvre une brèche inédite dans notre doctrine multilatérale. Or, nos moyens d’agir sans mandat onusien ne sont en rien comparables à ceux mobilisés par les Etats-Unis en 2003. Le renoncement de la France à toute solution négociée en Syrie en est d’autant plus discutable.
- l’interventionnisme érigé en principe. La « destinée universelle » de la France n’est pas une prétention nouvelle de nos décideurs, elle constitue même le charme singulier de notre voix diplomatique. En revanche, l’ingérence dans les affaires intérieures d’Etats éloignés est un modus operandi récent de notre politique extérieure. Laisser croire que la Syrie appartient au pré-carré stratégique du « gendarme français », au même titre que le Maghreb ou le golfe de Guinée, est, sinon un mirage, à tout le moins une erreur : la Turquie, l’Iran, la Russie ou encore la Chine ont depuis longtemps remplacé la France comme acteurs qui comptent en Syrie. Or, l’asymétrie entre les prises de position radicales de notre diplomatie ( » Bachar doit partir « ) et la capacité réelle de notre pays à peser sur le cours des événements affaiblit notre parole, sans apporter de solutions pertinentes aux crises qui frappent le monde.

Comprendre les facteurs de ce revirement idéologique pour prévenir ses dérives…

- Le facteur médiatique. L’urgence de l’agenda politique conduit nos responsables à privilégier des annonces improvisées mais rapides à des décisions réfléchies et concertées. En Syrie, ce marketing diplomatique est illustré par l’accoutumance de nos diplomates pour les sanctions économiques : censées prouver que la France agit, ces sanctions ont surtout fait montre de leur inefficacité à modifier le rapport de force sur le terrain tout en générant un coût significatif pour nos entreprises. La défense des intérêts de notre pays exige que la sincérité et le discernement priment la pensée « bullet points » qui domine actuellement.

- Le facteur socioéconomique. Doit-on s’étonner que les décideurs étrangers que la Sorbonne ou Sciences Po formaient autrefois (Boutros Ghali, Mossadegh, etc.) désertent à présent notre système universitaire pour lui préférer les prestigieux et richement dotés établissements nord-américains ? Faut-il encore accepter que le recrutement de nos diplomates favorise statistiquement la reproduction d’élites administratives issues des milieux les plus conservateurs de la société française ? Redonner de l’excellence et de l’attractivité à la formation française en relations internationales, par exemple à l’ENA, n’est pas un truisme, ce doit être une priorité de notre stratégie d’influence. De même, diversifier le vivier de notre personnel diplomatique favorisera la renaissance intellectuelle de notre politique étrangère, meilleur rempart possible aux chimères du néo-conservatisme.

- Le facteur psychologique. Le sentiment collectif d’une puissance française menaçant ruine – que l’on rencontre fréquemment au sein de l’administration- provoque tantôt l’abattement des plus fatalistes, tantôt la fougue chevaleresque des adeptes du coup d’éclat permanent. En rejetant une France « frileuse et silencieuse », François Hollande fait sienne la casquette de l’hyper-diplomate et s’inscrit, ce faisant, dans la lignée de Guy Mollet ou de Nicolas Sarkozy en croisade à Suez et à Benghazi, plutôt que dans les pas du Général de Gaulle ou de François Mitterrand. Ces derniers avaient pourtant compris qu’une France écoutée était une France à l’écoute du monde, à l’abri des silences complices comme du hourvari inaudible des grandes puissances qui s’éteignent.

Aujourd’hui, il est de la responsabilité de ceux qui font la politique étrangère de la France (décideurs politiques, fonctionnaires) et de ceux qui la commentent (professeurs, journalistes) de porter un regard critique mais juste sur notre diplomatie. A cette France dogmatique et belliqueuse à l’œuvre depuis 2007, des voix nombreuses s’élèvent pour lui préférer une France forte de son engagement traditionnel pour la paix et lucide quant à ses moyens d’action. C’est par ce retour à une normalité, si chère au nouveau chef de l’Etat, que notre pays saura retrouver la singularité de sa place sur l’échiquier mondial.

Horace Bénatier, haut-fonctionnaire, maître de conférences en relations internationales

Le Monde du 12/09/12

Grâce au nucléaire, développons le photovoltaïque

Créé par le 14 sept 2012 | Dans : Non classé

 

A propos de la conférence environnementale des 14 et 15 septembre 2012 :

Grâce au nucléaire, développons le photovoltaïque

Le gouvernement souhaite – à juste titre – développer les énergies renouvelables. Mais aujourd’hui 80% des panneaux photovoltaïques sont fabriqués en Chine, dans des conditions désastreuses pour l’environnement. Et l’Allemagne est en train de revoir sa politique de subvention des prix de rachat de l’énergie photovoltaïque, tandis que les sociétés de fabrication de panneaux de ce pays connaissent des difficultés. Or, le prix des panneaux constitue plus de la moitié du coût d’une installation. Il y a donc urgence à développer une véritable filière industrielle en France.

«Comme elle a su développer la filière nucléaire en son temps, qui est une industrie d’avenir et offre une électricité moins chère et moins polluante, la France est très bien placée pour développer le photovoltaïque. Elle peut et doit se servir de la rente nucléaire pour en assurer le financement. C’est bien sûr vers la complémentarité entre les différentes filières, le nucléaire et les renouvelables, qu’il faut s’orienter, plutôt que sur une guerre stérile entre ces deux formes de production d’électricité» déclare Jean-Luc

Laurent, Président du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) et député du Val-de-Marne.

A l’occasion de la conférence environnementale, le MRC, composante de la majorité gouvernementale, invite le gouvernement à conserver l’indépendance énergétique de la France et à agir pour permettre le développement d’une filière française de technologie et de production photovoltaïque.

 

Un tout petit répi au système de l’euro, par Jean-Pierre Chevènement

Créé par le 12 sept 2012 | Dans : Blog du Che, Pour une autre Europe

Mme Merkel a raison de souligner, après la décision de la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe, que « nous n’avons pas encore surmonté la crise de l’euro mais seulement fait un premier pas …. »

On aurait aimé au passage que le Conseil constitutionnel français ait formulé la même exigence que la Cour de Karlsruhe pour tout engagement que la France serait amenée à consentir au-delà de notre contribution de 142,7 milliards d’euros au Mécanisme européen de
stabilité.

 Je suis choqué par la manière dont l’opinion publique a été trompée sur la portée réelle des engagements pris le 6 septembre par le Président de la BCE, M. Draghi. On n’entend que la promesse de rachat « illimité » par la BCE d’obligations publiques. On oublie de mentionner que ce rachat ne pourra intervenir que sur un créneau limité : le marché de la revente d’obligations à trois ans maximum, à des conditions politiques très strictes et moyennant stérilisation de toute liquidité additionnelle au détriment du financement des entreprises.

 L’Université d’été du MRC, qui se tiendra à Belfort les 15 et 16 septembre, montrera que les mesures Draghi n’offrent en réalité qu’un tout petit répit au système de l’euro. Le vice constitutif de celui-ci (hétérogénéité des économies qui le constituent et divergences
croissantes de compétitivité entre elles)  reste soigneusement occulté. Non seulement le MES est un pare-feu insuffisamment doté mais les peuples n’accepteront jamais des plans de déflation extrêmement sévères définis par des institutions privées de toute légitimité démocratique.

C’est la construction européenne qu’il faut réorienter en profondeur pour assurer non seulement la réussite de la gauche mais aussi celle de la France.

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