septembre 2013
Archive mensuelle
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Créé par sr07 le 29 sept 2013 | Dans : Economie
Sud-Ouest publié le 27/09/2013 à 06h00
Par Propos recueilli par Jean-Charles Galiacy
Membre de la direction du Parti communiste français (1999-2001), il fut surtout aux manettes d’Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne) durant près de quatre années, jusqu’en 2006. Porte-parole du M’PEP (Mouvement politique d’éducation populaire) aujourd’hui, il sera l’invité d’une table ronde sur l’Europe, organisée par le MRC (Mouvement républicain et citoyen), ce samedi, à la salle des fêtes de Libourne (1). Il explique ses positions tranchées sur l’Europe et l’euro.
« Sud Ouest ». Pourquoi, selon vous, y a-t-il aujourd’hui urgence à sortir de l’euro ?
Jacques Nikonoff. Cela ne marche pas, tout simplement. L’euro devait apporter le plein-emploi, la fin de la spéculation, une hausse des salaires… C’est une désillusion totale. Aujourd’hui, il ne faut pas rester dans le déni. Et il y a un déni d’acceptation de la part de nos élites. C’est difficile pour elles de reconnaître cet échec. Nous sommes rentrés dans une crise permanente. Des pays vont ressortir de l’Union européenne dans des conditions qui ne sont pas bonnes. Il faut revenir à une monnaie par état, voire une monnaie commune. Mais certainement pas une monnaie unique.
En 2005, lorsque vous meniez bataille contre le traité constitutionnel, étiez-vous déjà opposé à l’euro ?
J’étais opposé au système de l’Union européenne. À l’époque, je me disais : « L’euro, pourquoi pas ? » À titre personnel, j’attendais de voir ce que cela pouvait donner.
Mais depuis 2008, l’euro n’est pas un bouclier contre la crise. Au contraire, c’est un vecteur. Maintenant, ma conviction est faite. Sortir de l’euro ne suffira pas, mais c’est la condition principale pour sortir de la crise.
Cette sortie de l’euro est l’une des premières mesures prônées également par le Front national…
Non, c’est une erreur. Il faut regarder le programme du Front national et les tracts que les militants distribuent : ils disent qu’il faut sortir groupé de la monnaie unique. C’est un artifice rhétorique. Le FN pense que le France, comme d’autres pays, ne peut sortir de l’euro, seule. Mais jamais les pays ne décideront ensemble de s’en aller. Nous, nous prônons une sortie unilatérale.
Comment est-ce possible ?
C’est tout à fait réalisable. Pourquoi serait-ce si compliqué ? Il suffit que le pays retrouve sa monnaie. Nous devons passer par toute une série d’étapes, les mêmes qui ont mené à l’euro, mais en sens inverse.
Mais le gros problème aujourd’hui, c’est qu’aucune majorité politique ne souhaite provoquer ce changement.
Du coup, que pensez-vous de la politique menée par le Gouvernement depuis un peu plus d’un an ?
La politique menée est la même que celle de M. Sarkozy. Il ne faut pas s’étonner, aujourd’hui, que les gens soient désespérés, que l’abstention batte des records et que le Front national fasse son miel de tout ça. Beaucoup de gens pensent que le Parti socialiste est de gauche. Ce n’est pas le cas. De nombreux militants présents au sein du PS sont effectivement de gauche mais sa politique, elle, n’est clairement pas de gauche.
Où en est le M’EPP (Mouvement politique d’émancipation populaire) ?
Nous nous sommes déjà présentés à des élections et nous allons présenter des candidats aux municipales sur des listes de gauche, évidemment, qui ne sont pas tenues par le PS. Aux Européennes, en revanche, nous appelons au boycott du scrutin. Car c’est une mascarade. Nous allons élire des députés alors que le Parlement européen n’a aucun pouvoir. Il ne peut être à l’initiative de lois ! Pourquoi, alors, aller voter ? C’est simplement participer à une farce électorale.
(1) La table ronde, intitulée « Pour une autre Europe », se tient à la salle des fêtes, de 16 heures à 19 heures, demain. Outre Jacques Nikonoff, Bruno Moschetto, secrétaire national aux questions économiques du MRC, y participera. Un pot de l’amitié clôturera l’après-midi.
Créé par sr07 le 15 sept 2013 | Dans : Non classé
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Mer 11 Sep 2013 à 16:00
Promue « plus ancienne alliée » des Etats-Unis, la France n’a pas choisi la meilleure position pour être active dans la résolution du conflit. Malgré cela, notre pays ne doit pas renoncer à faire entendre sa voix et à user de son influence pour ouvrir le chemin d’une conférence de paix à Genève. Le Président Poutine a ainsi rendu service à la France.
Créé par sr07 le 07 sept 2013 | Dans : Non classé
11 septembre 1973, le coup d’État au Chili
Fini, le temps des dictateurs sanguinaires, regroupés autour de l’abominable plan « Condor » et aidés par les États-Unis. En dépit de certains régimes autidémocratiques, l’Amérique du Sud conquiert l’autonomie politique et économique dont rêvait pour elle le président chilien, mort il y a 40 ans.
Dernier relais avec le monde extérieur, l’antenne de Radio Magallanes était sur le point d’être coupée, ce 11 septembre 1973, par les militaires putschistes qui encerclaient depuis le petit matin le palais présidentiel « La Moneda » dans le centre de Santiago du Chili. Les bombardements avaient provoqué l’incendie du bâtiment, les proches collaborateurs du président avaient reçu l’ordre de quitter les lieux. L’heure de l’assaut final s’approchait, Salvador Allende ayant refusé de se plier à l’ordre de Pinochet de prendre le chemin de l’exil à bord d’un avion militaire. Le président adressait son dernier message radio avant de se tirer une balle dans la tête: « Ils vont sûrement faire taire Radio Magallanes et vous ne pourrez plus entendre le son de ma voix. Peu importe, vous continuerez à m’écouter, je serai toujours près de vous, vous aurez au moins le souvenir d’un homme digne qui fut loyal avec la patrie. Le peuple doit se défendre et non pas se sacrifier, il ne doit pas se laisser exterminer et humilier. Allez de l’avant, sachant que bientôt s’ouvriront de grandes avenues où passera l’homme libre pour construire une société meilleure ».
Des années de répression de masse, de tortures et d’assassinats s’annonçaient sur l’ensemble du continent latino-américain. Aux manettes, les généraux formés aux Etats-Unis et les oligarchies locales. A la coordination et l’inspiration, les gouvernants nord-américains, le Prix Nobel de la Paix, Henry Kissinger et son maître, le célèbre affabulateur Richard Nixon. Une longue nuit de terreur s’abattait sur l’Amérique du Sud. Objectif de Washington et de ses tueurs : exterminer les forces de gauche du continent : communistes, socialistes, révolutionnaires de toutes tendances, curés proches de la théologie de la révolution, démocrates mêmes engagés timidement devaient disparaître. Si possible sans laisser de traces, les bébés rescapés des massacres étant livrés à des militaires en mal d’enfants avec la plupart du temps le silence complice des autorités ecclésiastiques, seuls quelques évêques osant protester et le payant de leur vie comme le courageux archevêque de San Salvador, Mgr Romero. En ce temps là, le pape François, chef des Jésuites en Argentine, ne pipait mot. Les persécutés franchissant les frontières, il fallait trouver une parade : le « Plan Condor », du nom du célèbre oiseau de proie des Andes, était mis en place.
26 novembre 1975, 11 heures. Dans un sous sol de la police secrète à Asunción au Paraguay, la « coordination » regroupant les représentants des dictatures d’Argentine, du Chili, de l’Uruguay, du Paraguay, de Bolivie, du Brésil et du Pérou s’installe. Autour de la table, le général Manuel Contreras, chef de la police secrète chilienne, le capitaine argentin Jorge Casas, le major Carlos Mena (Bolivie), le colonel Benito Guanes Serrano (Paraguay), le colonel José A. Fons (Uruguay), et les Brésiliens Flávio de Marco et Thaumaturgo Sotero Vaz. La CIA est représentée par deux « chefs de haut niveau » dont les véritables noms ne sont toujours pas connus. Sur les documents de la CIA déclassés, seuls apparaissent les pseudos avec un oubli volontaire ou pas : les Péruviens. La réunion se prolonge jusqu’à l’heure du dîner. Le plan ficelé, le repas pris, chacun reprend le chemin de la capitale des pays respectifs. Le massacre pouvait commencer.
Peu de temps après, la vague de tortures et de meurtres démarre sur l’ensemble du continent. Elle durera près de dix ans. Parmi les victimes, Orlando Letelier, ancien ministre des Affaires étrangères du Chili et l’ex-président bolivien, Juan José Torres. Bilan de l’opération Condor : 50.000 assassinés, 30.000 disparus, 400.000 emprisonnés. La CIA et les principaux dirigeants nord-américains étaient impliqués dans l’opération. Pas seulement. Selon plusieurs militaires, notamment argentins, des éléments des services spéciaux français ont joué un rôle important en exportant des techniques utilisées lors de la guerre d’Algérie. Les anciens nazis réfugiés dans ces pays grâce au Vatican et sous couvert de la CIA ont participé eux aussi à « Condor ».
Chaque dictature, au delà des pratiques courantes, a ses préférences répressives et de mort : en Argentine, les prisonniers sont jetés à la mer depuis les hélicoptères ; en Uruguay et au Paraguay, la torture est poussée jusqu’au raffinement avec un goût prononcé pour la baignoire et la découpe de membres. Au Chili, la technique de la « disparition » pure et simple devient monnaie courante ; au Brésil, on rassemble les familles puis, un par un, enfants, père et mère sont abattus pour faire parler les derniers. Au Paraguay, le dictateur Strossner aime alimenter les fauves avec de la chair humaine sortie des prisons. En Bolivie comme au Pérou, il est courant de voir débarquer dans les villages au petit matin des pelotons de militaires fusillant sans distinction la population coupable de protéger des opposants. L’horreur, dix ans durant. La barbarie planifiée depuis Washington dans le plus grand silence où presque des prétendues « démocraties » occidentales.
La plupart des tortionnaires sont morts. Certains de leurs descendants se distinguent aujourd’hui dans l’opposition aux gouvernements progressistes d’Argentine, de Bolivie et du Venezuela.
Les temps ont changé. A Miami, refuge doré des dictateurs latinos à la retraite, les exilés cubains côtoient les bas fonds du continent. Les plus vieux anticastristes, impliqués dans les affaires terroristes, n’intéressent plus personne, sauf certains médias français et européens hostiles par principe à la révolution cubaine. En plus de 50 ans, les uns et les autres ont réussi une seule chose : conforter la Grande Ile dans son orientation socialiste, assurer son prestige populaire continental et mondial tandis que le dernier message de Salvador Allende devient réalité : « Allez de l’avant sachant que bientôt s’ouvriront des grandes avenues où passera l’homme libre pour construire une société meilleure ». Les faits lui donnent raison.
Qui aurait pu envisager, il y a seulement 10 ans, que l‘Amérique du Sud et les Caraïbes allaient vivre des changements considérables en conquérant la souveraineté politique et économique, en mettant au pas les multinationales ? Qui aurait pu penser que la vieille organisation des Etats américains (OEA) à la botte des Etats-Unis serait remplacée par des structures de coopération régionale comme Mercosur ou Unasur ? Qui aurait pu croire que le pétrole vénézuélien serait échangé contre le savoir faire médical cubain, La Havane ayant massivement investi dans la matière grise en faisant profiter les peuples de la région et sa propre économie ? Qui aurait pu pronostiquer voir ensemble sur une tribune les présidents cubain, bolivien, équatorien, vénézuélien, argentin, uruguayen et quelques autres venus des îles des Caraïbes ?
Salvador Allende avait vu juste en évoquant « les grandes avenues » qu’allaient emprunter les peuples du continent. Aujourd’hui, il se réjouirait mais à l’instar de sa propre expérience il mettrait en garde contre les menaces planant sur les gouvernements progressistes du continent. L’impérialisme US, ses relais européens, les multinationales, les forces rétrogrades mondiales sont prêtes à tous les mauvais coups pour reprendre la main dans la région. Au Venezuela, l’oligarchie locale, ses médias, ses tueurs et leurs parrains US mènent une permanente guerre de déstabilisation ; en Equateur, des éléments de la police ont bloqué le président pendant des heures dans une caserne ; en Bolivie, le chef de l’Etat évoque lui même au lendemain du détournement de l’avion présidentiel avec la complicité de la France les menaces de mort qui planent sur sa personne. En Argentine, en Uruguay, des complots ont été désamorcés à temps. Quant à Cuba où Fidel Castro remporte le titre de champion toutes catégories pour les 650 tentatives d’assassinat montées contre lui, on reste très prudent et attentif.
Salvador Allende, président chilien élu démocratiquement et mort il y a 40 ans, saluerait avec enthousiasme les changements intervenus près de son pays. Il ne manquerait pas aussi de mettre en garde ses jeunes camarades contre les sales coups dont est capable l’impérialisme yankee.
La justice demande pardon aux victimes de Pinochet. L’association des magistrats du Chili s’est excusée, mercredi, de ses « actions et omissions » durant la dictature de Pinochet. « L’heure est venue de demander pardon aux victimes, à leurs proches et à la société chilienne », ont déclaré les juges à quelques jours de la commémoration du coup d’État militaire qui a renversé le socialiste Salvador Allende. Environ 3 200 personnes sont mortes entre 1973 et 1990.