octobre 2015

Archive mensuelle

Actes du colloque de la Fondation Res Publica : « Le Moyen-Orient dans la politique étrangère des puissances »

Créé par le 31 oct 2015 | Dans : Blog du Che, Monde arabe, Proche et Moyen-Orient

Les actes du colloque du 29 juin 2015 sont en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du colloque de la Fondation Res Publica : "Le Moyen-Orient dans la politique étrangère des puissances" Actes du colloque de la Fondation Res Publica : "Le Moyen-Orient dans la politique étrangère des puissances"
  • Accueil de Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation Res Publica.
  • Introduction de Loïc Hennekinne, ambassadeur de France, membre du Conseil scientifique de la Fondation Res Publica
  • Conclusion de Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation Res Publica

Syrie : « l’humanisme consiste à abréger un conflit plutôt qu’à le prolonger », par Jean-Pierre Chevènement

Créé par le 31 oct 2015 | Dans : Blog du Che, Monde arabe, Proche et Moyen-Orient

Tribune de Jean-Pierre Chevènement parue dans l’Hémicyle, vendredi 23 octobre 2015.

Syrie : "l'humanisme consiste à abréger un conflit plutôt qu'à le prolonger" Syrie : "l'humanisme consiste à abréger un conflit plutôt qu'à le prolonger"
Le terrorisme djihadiste est un défi qu’on ne relèvera que dans  la longue durée. Il faudra assécher le terreau où cette idéologie mortifère plonge ses racines, en particulier les conflits du monde arabo-musulman qui ont leurs causes endogènes mais que les États-Unis ou nous-mêmes avons souvent contribué à allumer, que ce soit en Irak ou en Libye, ou entretenus, comme c’est le cas en Syrie, pays désormais dévasté par la guerre. Afin de rendre possible l’éradication de Daech, à la fois en Syrie et en Irak et dans les délais les plus courts, la France doit hiérarchiser ses priorités, et retrouver un rôle de médiateur et facilitateur dans les relations internationales, sans mélanger droit-de-l’hommisme et politique.  
Daech est une menace pour les pays musulmans d’abord mais aussi pour les autres, la Russie comme l’Occident. C’est un défi commun. Avant de former une coalition, il faut définir l’objectif politique. La France n’a rien à gagner à la fragmentation du Moyen-Orient. Elle doit s’efforcer de restaurer ou préserver l’intégrité territoriale et l’unité des États concernés en les rendant vivables pour leurs habitants : un Irak fédéral donnant une place aux sunnites de l’Ouest, une Turquie qui devrait trouver une solution durable et pacifique à la question kurde à l’intérieur de ses frontières, une Syrie, enfin, dont le régime devrait à long terme se démocratiser et s’ouvrir.  
 

 

Que Bachar el-Assad soit un dictateur brutal ne fait aucun doute, mais son élimination aboutirait à ouvrir les portes de Damas à Daech. D’un côté, les frappes opérées par la coalition internationale dirigée par les États-Unis ont montré leur insuffisance. De l’autre, les alliés en Syrie, qu’on dit « modérés », n’existent pas. L’« Armée de la conquête », soutenue par l’Arabie saoudite et par la Turquie, et présente dans le nord-ouest de la Syrie, n’est pas une alternative. Elle est en fait composée pour l’essentiel d’un groupe djihadiste, al-Nosra, qui est une filiale syrienne d’Al-Qaïda, et d’un groupe salafiste Ahrar al-Sham. Faut-il préférer Al-Qaïda à Daech ? Le recul et la disparition de Daech ne pourront se faire sans le concours du régime de Bachar el-Assad, ni sans un dialogue avec la Russie, dont les frappes sont efficaces parce qu’elles sont coordonnées avec les forces gouvernementales à terre.  
Nous ne devons pas non plus oublier que Daech n’est pas un phénomène né en Syrie. Al-Baghdadi a commencé par proclamer son califat en Irak, dans les régions occidentales dont la population sunnite s’est sentie rejetée par la politique sectaire du gouvernement du Premier ministre al-Maliki. C’est ensuite que cet « État islamique »(EI) s’est étendu en Syrie, en profitant du vide politique créé par la guerre civile.  
Toute politique, pour avoir du sens, doit partir des réalités. Notre position « à l’ouest de l’Ouest », comme je l’ai dit à la tribune du Sénat, en septembre 2013, ne peut conduire qu’à l’isolement de la France. On ne combat pas efficacement le terrorisme par des moyens militaires seulement, mais à partir de vues politiques justes. Comme dit l’adage « Il n’y a pas de cap pour qui ne connaît pas le port ». Seule une coalition des grandes puissances d’une part, mais aussi des puissances régionales de l’autre avec la Turquie, l’Iran, l’Égypte et les pays arabes du Golfe, permettra de vaincre Daech. Nous devons éviter de rentrer dans son jeu en envoyant des troupes au sol, sans parler du risque d’enlisement, faute d’objectif clair, car Daech ne veut rien tant qu’une guerre de civilisations, entre les musulmans ralliés à sa bannière et un « Occident » unique et fantasmé engagé dans une nouvelle croisade. L’éradication de l’EI est d’abord l’affaire des peuples concernés, notamment les peuples irakien et syrien, que nous pourrions aider à s’en débarrasser. Cela pourrait se faire à travers l’appui de forces militaires terrestres, locales de préférence, au besoin soutenues par les grandes puissances dès lors qu’il y aurait un mandat clair de l’Onu.  
Énoncer ce défi est une manière d’en prendre la mesure, d’autant que la question migratoire, directement liée au chaos syrien, se fait chaque jour plus pressante. Il s’agira de faire en sorte que les quatre millions de réfugiés qui se trouvent majoritairement en Turquie, en Jordanie, au Liban, mais aussi en Europe, puissent revenir en Syrie et reconstruire leur pays. Le mécanisme d’accueil mis en place au niveau européen est acceptable dans l’urgence afin de venir en aide aux réfugiés qui ont gagné les côtes européennes, mais il faut surtout tarir la source de ces flux de réfugiés, c’est-à-dire rétablir la paix : l’humanisme consiste à abréger un conflit plutôt qu’à le prolonger.  
Source :L’Hémicycle

« Raccourcir la guerre en la gagnant »

Créé par le 11 oct 2015 | Dans : Blog du Che, Monde arabe, Proche et Moyen-Orient

Tribune de Jean-Pierre Chevènement parue dans l’Obs du 8 octobre 2015.


"Raccourcir la guerre en la gagnant"
De deux choses l’une : ou bien une coalition des grandes puissances se met en place pour réduire Daech, ou bien chaque parrain soutenant son féal, on s’achemine vers une fragmentation générale de la Syrie, de l’Irak et du Moyen-Orient.  
Ce serait s’installer dans une guerre interminable entre sunnites et chiites, et plus précisément entre l’Iran et l’Arabie saoudite, dont Daech et le terrorisme djihadiste seraient en définitive les seuls grands bénéficiaires. La France n’a rien à gagner à cette fragmentation. Elle doit s’efforcer de restaurer ou maintenir l’intégrité territoriale des Etats concernés (y compris la Turquie) en rendant ces Etats viables pour leurs populations : un Irak fédéral faisant place aux sunnites de l’Ouest, une Syrie dont le régime à la fin devrait s’ouvrir et se démocratiser, une Turquie, enfin, qui devrait résoudre son problème kurde à l’intérieur de ses frontières.  
On ne combat pas efficacement le terrorisme par des moyens militaires seulement, mais à partir de vues politiques justes. Oublie-t-on que c’est l’emploi de moyens militaires en Irak en 1991 et 2003, en dehors de toute vision politique d’ensemble, qui a ouvert la voie à Al- Qaida d’abord puis à Daech ? Derrière le terrorisme djihadiste, il y a un immense ressentiment historique qu’on ne peut combattre qu’en ouvrant aux peuples du monde arabo-musulman un avenir de progrès. Faute de cette vision politique, nous irons vers le chaos.  
 

 

C’est une erreur d’écarter la proposition d’alliance qu’a faite Vladimir Poutine aux Occidentaux. Le terrorisme djihadiste menace également la Russie et l’Occident. La russophobie ordinaire occulte que, pour la Russie, le terrorisme djihadiste est un défi vital : dans le Caucase, en Asie centrale et dans sa capitale même. Faut-il le rappeler ? La Russie compte parmi ses citoyens plus de 20 millions de musulmans. C’est pourquoi la Russie soutient le régime syrien dont la chute, aujourd’hui, entraînerait la prise de Damas par Daech. Chacun sait que l’« opposition modérée » n’existe pas vraiment en Syrie, sur le terrain. L’« Armée de la conquête », soutenue par l’Arabie saoudite et par la Turquie, et présente à Idlib et Alep, n’est pas une alternative : elle est composée d’un groupe djihadiste Al-Nosra, filiale syrienne d’Al-Qaida, et d’un groupe salafiste Ahrar Al-Sham. Al-Qaida vaut-il mieux que Daech ?  
La France doit hiérarchiser ses priorités, agir comme médiatrice et facilitatrice, de façon à rendre possible l’éradication de Daech, à la fois en Syrie et en Irak. Raccourcir la guerre en prenant les moyens de la gagner n’est pas une préconisation dictée par le seul réalisme : c’est l’exigence d’un humanisme véritable.  
Jaurès disait que pour « aller à l’idéal », il fallait d’abord « comprendre le réel », et Charles de Gaulle rappelait qu’« il n’y a pas de bonne politique en dehors des réalités ». Ces deux maximes pourraient utilement guider notre politique.

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