février 2016
Archive mensuelle
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Créé par sr07 le 23 fév 2016 | Dans : a1-Abc d'une critique de gauche. Le billet de XD, a2-Blog-notes politique de XD, AGAUREPS-Prométhée
« Même je prie les lecteurs de n’ajouter point du tout foi à tout ce qu’ils trouveront ici, mais seulement de l’examiner et de n’en rien recevoir que ce que la force et l’évidence de la raison les pourra contraindre à croire. » Descartes
Présentation du plan d’ensemble
Introduction: Du décryptage des fausses évidences des gauches protestataires ou social-libérales accoucheuses de chimères et de renoncements
A la dénonciation de cette étrange connivence d’un maximalisme verbal et d’une frilosité politicienne
Pour rompre avec une politique qui désespère le peuple, nourrie la droite extrême et tue la gauche
1° partie – Du glissement islamophobe – au prétexte de la laïcité- à la liquidation de la politique arabe de la France
§1 -Une polémique entre un écrivain et des chercheurs en sciences sociales révélatrice d’une intériorisation de l’islamophobie
1- Une chronique de l’écrivain Kamel Daoud sur les évènements de Cologne qui fait réagir le monde des sciences sociales
2- Une brèche dans le camp des laïcs
§2-Les virevoltes de la diplomatie française au Proche-Orient et dans le dossier syrien comme symptôme de l’absence de perspective face aux enjeux de la menace terroriste
§3-Le grossier amalgame de Valls entre la volonté de comprendre et la culture de l’excuse
2° partie – Du discours « écolo » radical, comme critique du progrès, à l’accompagnement des politiques de désindustrialisation et de déflation
§1-Le fondamentalisme écologique comme négation de l’héritage humaniste et progressiste et de la perspective d’éco-socialisme.
§2-De l’écologie à la théorie de la décroissance :
1-vert de rage ou de raison?
2- l’embrouille autour de la question du nucléaire Vox Populi, Mox Dei
§3-Européisme, austérité et chômage de masse
1-La Grèce, l’Europe et la souveraineté par Jacques Sapir
2-La leçon grecque par Jean-Pierre Chevènement
§1-Le grossier amalgame du fait des élites mondialisées entre le nationalisme, la conception citoyenne de la nation et la nature des institutions pour brouiller les repères historiques de la gauche, masquer leur domination et entretenir la confusion entre souveraineté populaire et régression populiste
1-La notion de Nation est-elle obsolète ? Pascale FOURIER, Jean-Pierre CHEVENEMENT
2-Quelques vrais enjeux autour de la réforme des institutions
§2-De la réfutation de l’intérêt national à la fuite en avant dans l’européisme
§3-La soumission aux dogmes de l’ordo-libéralisme et du capitalisme financier mondialisé
4° partie – Du dénigrement du droit à la sûreté et à la sécurité à la liquidation de l’ordre public social
§1-Du refus de l’ordre juste
§2-A l’acceptation des zones de non droit et au détricotage du code du travail
Problématiques en guise de conclusions provisoires
§1-Comment sortir la gauche de sa torpeur et de son essoufflement?
§2-Le communisme et la gauche de la gauche ont-ils encore un avenir?
1-PCF : quelle mutation?
2-L’avenir des gauches (de gauche ou à la gauche de la gauche?)
§3-Pour la rupture démocratique : sortir du néolibéralisme et combattre le néo-conservatisme
§4-Une position centriste radicale et républicaine par refus des vieilles politiques de chimères ou de renoncements
§5-Pour la refondation de la gauche sans mythe ni mirage
1- Quelle refondation? Avec qui? pourquoi? pour qui?
2-Pour prolonger notre conversation entre amis socialistes et républicains…
3-Le pari de la citoyenneté
Introduction:
Du décryptage des fausses évidences des gauches protestataires ou social-libérales accoucheuses de chimères et de renoncements
A la dénonciation de cette étrange connivence d’un maximalisme verbal et d’une frilosité politicienne
Pour rompre avec une politique qui désespère le peuple, nourrie la droite extrême et tue la gauche Lire la suite »
Créé par sr07 le 21 fév 2016 | Dans : Articles de fond, Santé-social-logement
Le Monde.fr | 19.02.2016 à 18h44 • Mis à jour le 21.02.2016 à 07h37 | Par Samuel Laurent et Pierre Breteau
Que dit le projet de loi? ?
Le projet de loi propose une importante refonte du code du travail, avec l’insertion de soixante et un « principes essentiels », issus des travaux de la commission confiée à Robert Badinter.
L’idée centrale est de définir d’une part le principe général (« ordre public »), les possibilités de négociation (« champ de la négociation collective ») et les règles qui s’appliquent à défaut d’accord (« dispositions supplétives »). Une très large place est laissée à l’accord non plus par branche d’activité, mais au sein de chaque entreprise.
Qui proposait cela?
Quant à l’idée de négocier avant tout au sein de chaque entreprise, on la retrouve parmi les idées phares de… l’UMP. Dans une proposition de loi de 2014, ceux qui ne s’appelaient pas encore Les Républicains proposaient déjà « la priorité aux accords dans les entreprises par rapport aux accords de branche. »La réforme du code du travail est demandée depuis des années par le Medef, qui n’a de cesse de souligner l’inflation d’articles dans ledit code et de proposer des réformes allant dans le sens d’une négociation entreprise par entreprise — comme par exemple dans le recueil de propositions de son président, Pierre Gattaz, « Un million d’emplois, c’est possible ».
Que dit le projet de loi ?
Le projet de loi ouvre aussi la possibilité, à défaut d’accord collectif dans l’entreprise, de conduire des accords individuels sur les horaires dans les entreprises de moins de cinquante salariés.
La loi change aussi les règles de validité des accords d’entreprise, qui seront supérieurs aux contrats de travail, supprimant notamment la clause qui permettait à un syndicat majoritaire de s’y opposer, pour instaurer une règle de majorité (les syndicats signataires doivent représenter 50 % des salariés, à partir de 30 % ils peuvent organiser une consultation visant à valider l’accord).
Autre possibilité, celle d’accords « en vue de la préservation ou du développement de l’emploi », alternative aux actuels accords de « maintien de l’emploi » qui permettent d’abaisser les salaires ou d’augmenter le temps de travail pour faire face à des difficultés. Ces nouveaux accords permettront d’aménager horaires et salaires le temps par exemple de se lancer à la conquête de nouveaux marchés.
Qui proposait cela ?
On l’a dit, la primauté donnée à l’accord d’entreprise sur l’accord de branche est évoquée depuis longtemps par la droite. Quant au fait de prévoir de nouveaux accords « en vue de la préservation ou du développement de l’emploi » plus souples que les accords « de maintien de l’emploi », ils correspondent à un souhait du Medef. Prenant acte en 2015 du faible succès de l’accord « de maintien de l’emploi », l’organisation patronale souhaitait le modifier, notamment pour faire en sorte que le salarié qui refuse cet accord ne bénéficie pas des avantages d’un licenciement économique. C’est le cas dans le projet de loi.
On peut également citer les « accords compétitivité emploi » de Nicolas Sarkozy en 2012, qui devaient permettre des modulations de temps de travail en fonction de l’activité. Critiqués par le candidat Hollande, qui les avait abrogés avant même leur entrée en vigueur, ils étaient réapparus sous l’appellation « accord sur l’emploi » un an plus tard.
Que dit le projet de loi ?
Cette négociation a également été facilitée pour les entreprises. A l’heure actuelle, on touche des heures supplémentaires lorsqu’on travaille au-delà de trente-cinq heures, avec une majoration variable, mais qui ne peut descendre sous les 10 %. Le projet de loi maintient cette limite, mais permet à l’accord d’entreprise de « surpasser » un accord de branche (une entreprise peut décider d’une majoration de 15 % des heures supplémentaires, même si dans la branche elle était fixée à 20 %, par exemple).Le projet de loi de Mme El Khomri dit : « La primauté de l’accord d’entreprise en matière de durée du travail devient le principe de droit commun. » En clair, le temps de travail pourrait être négocié entreprise par entreprise.
De même, le projet augmente la limite haute du temps de travail : de quarante-quatre heures hebdomadaires et dix heures par jour, on passe à quarante-six heures (voire soixante en cas de « circonstances exceptionnelles ») et à douze heures par jour, avec la possibilité de moduler le temps de travail sur l’année et au-delà, par exemple d’imposer durant plusieurs semaines quarante ou quarante-cinq heures hebdomadaires.
La loi prévoit une série d’autres dispositions, par exemple le fait de considérer l’astreinte (rester à disposition de l’entreprise en cas de besoin) comme du repos dès lors qu’on n’a pas été appelé (actuellement une astreinte est assimilée à un jour travaillé). Ou encore de dépasser le plancher de onze heures de repos quotidien par tranche de vingt-quatre heures, « en cas de surcroît exceptionnel d’activité. »
Qui proposait cela ?
Même si les mots sont choisis et même si les trente-cinq heures demeurent le seuil de déclenchement des heures supplémentaires, cette proposition revient, en pratique, à en finir avec ces dernières et à laisser aux entreprises une très large souplesse dans le temps de travail. Et donc à sérieusement écorner la philosophie des fameuses « trente-cinq heures » négociées par la gauche entre 1997 et 2002. Et ici encore, on est proche de ce que prônait Nicolas Sarkozy en 2012 dans ses « accords compétitivité emploi », à l’époque combattus par la gauche.
Lire aussi : 35 heures : la loi El Khomri, dernière d’une longue série d’assouplissements
Que dit le projet de loi ?
Le licenciement économique sera assoupli, il pourra intervenir non seulement en cas de difficultés, comme c’est le cas à l’heure actuelle, mais aussi si l’entreprise est confrontée à des « mutations technologiques » ou doit mener une réorganisation « nécessaire à la sauvegarde de sa compétitivité. »
En cas de licenciement « sans cause réelle et sérieuse », les indemnités que le salarié peut réclamer aux prud’hommes seront plafonnées en fonction de son ancienneté, de trois mois de salaire pour un salarié qui a moins de deux ans d’ancienneté à quinze mois pour un salarié qui est dans l’entreprise depuis plus de vingt ans.
Autre disposition : un salarié qui refuserait de se conformer à un accord d’entreprise pourrait se voir licencier pour motif personnel, et non plus pour motif économique (il ne toucherait donc plus d’indemnités).
Qui proposait cela ?
De même, l’idée de plafonner les indemnités prud’homales est une revendication ancienne de l’organisation patronale. On la trouve page 34 du Livre jaune de M. Gattaz : « Sécuriser, dans des conditions satisfaisantes pour les deux parties, la rupture du contrat de travail, en introduisant un barème d’indemnités pour le salarié, par exemple en fonction de son ancienneté. »On trouve la même proposition, mot pour mot ou presque, au Medef en 2012 : « Pour faciliter l’ajustement des effectifs, nous proposons de revoir la définition du licenciement économique afin qu’elle englobe l’amélioration de la compétitivité. » Ce que fait précisément le projet de loi.
Pierre Breteau
Journaliste aux Décodeurs
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Le Monde.fr | 23.02.2016 à 11h48 • Mis à jour le 23.02.2016 à 12h33 | Par Pierre Breteau
En vérifiant ses propres propositions, le gouvernement prend toutefois certaines libertés
Ce que dit le gouvernement :
« Les heures supplémentaires ne seront pas toutes payées avec une majoration de 10 % : FAUX »
Le gouvernement dit une partie de la vérité : oui, avec la réforme (mais aussi avec la loi actuelle), le plancher pour rémunérer les heures supplémentaires est de 10 %. Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’aujourd’hui des accords de branche (comme dans la métallurgie par exemple) peuvent verrouiller ce plancher à 15 %, 25 % ou plus selon les négociations, sans que l’on puisse descendre en dessous.
Avec la réforme, ce sont les accords d’entreprise qui primeraient, même si l’accord de branche prévoit plus. Dans le cas où aucun accord n’est négocié, la loi continuerait de prévoir 25 % pour huit heures supplémentaires, et 50 % au-delà.
Ce que dit le gouvernement :
« Avec les accords pour l’emploi, les salaires vont être la variable d’ajustement des entreprises, ils vont être modulables : FAUX »
Dans son argumentaire, le gouvernement indique que les « accords majoritaires » pourront, « avec l’accord du salarié, se substituer aux clauses contraires du contrat de travail sur la durée ou l’organisation du travail ». Et de préciser : « En aucun cas [pour] porter atteinte au pouvoir d’achat ».
Sauf que modifier « les clauses du contrat de travail » comme sa durée, sans pour autant augmenter la rémunération mensuelle, cela ressemble fort à « une atteinte au pouvoir d’achat ».
Ce que dit le gouvernement :
« Le plafonnement des indemnités prud’homales va priver les salariés de leurs voies de recours. Les employeurs qui enfreignent la loi ne seront plus sanctionnés : FAUX »
Le gouvernement entend plafonner les indemnités en cas de licenciement « sans cause réelle et sérieuse », pour « lever les freins à l’embauche ». Ainsi, pour moins de deux ans d’ancienneté, le salarié pourra percevoir jusqu’à trois mois de salaire ; pour deux à cinq ans, ce sera six mois de salaire, etc.
Si ces chiffres sont « tout à fait en phase avec les moyennes des indemnités actuellement prononcées par le juge », comme l’assure le gouvernement, ce sont justement ça : des moyennes, avec des indemnités parfois supérieures, parfois inférieures. Avec la réforme, cette moyenne deviendrait le plafond, et une fois ce plafond atteint aux prud’hommes, les salariés seraient de fait « privés de leurs voies de recours », ne pouvant obtenir plus.
Ce que dit le gouvernement :
« Le projet de loi réforme la médecine du travail pour permettre un suivi médical plus adapté aux conditions de travail auxquelles sont confrontés les salariés : VRAI »
Manifestement, le gouvernement traduit « plus adapté » par « espacer les visites médicales à tous les cinq ans au lieu de tous les deux ans » et propose, dans cet intervalle, des entrevues avec un infirmier. Cette mesure était recommandée par le député socialiste de l’Isère Michel Issindou dans un rapport rendu en mai 2015.
Par ailleurs, le texte qui sera présenté envisage de remplacer la visite médicale d’embauche par une visite « de prévention » réalisée par un infirmier. Une mesure qui pourrait résoudre les soucis d’effectif chez les médecins du travail et les délais d’attente.
Ce que dit le gouvernement :
« La loi va faciliter les licenciements pour motif économique. C’est donc la fin du CDI : FAUX »
Aujourd’hui, le juge a une certaine latitude pour déterminer si oui ou non une entreprise est en difficulté, et donc si elle peut licencier ou non.
Selon le gouvernement, « le texte clarifie les conditions du licenciement », en forçant les entreprises à « démontrer » qu’elle traverse des « difficultés économiques ». Autrement dit, l’entreprise pourra se contenter de présenter un chiffre d’affaires à la baisse ou des commandes moindres sur le papier pour pouvoir licencier. Dans le cas d’une entreprise multinationale, seule la filiale française pourrait alors présenter des comptes dans le rouge pour licencier, quand bien même le reste de l’entreprise se porte bien.
Sur le lien ci-dessus les critiques de Martine Aubry
Créé par sr07 le 18 fév 2016 | Dans : a-le quartier libre de XD
Benoit Hamon a récemment dénoncé dans l’Humanité l’idéologie néo-conservatrice qui prendrait le pas sur le social-libéralisme au sein de l’exécutif et donc de la gauche gouvernementale. S’il dit juste ce serait rétrospectivement un acquiescement aux thèses déjà développées par des intellectuels de la gauche de la gauche aussi brillants que Philippe Corcuff ou Didier Eribon (1). On laissera l’ancien ministre du gouvernement de François Hollande, venu de la gauche emmanuelliste, faire son aggiornamento avec ses amis du P.S en lui souhaitant beaucoup de pugnacité.
Pour autant sa proposition de loi sur la reconnaissance du burn-out vient à point nommé. Au moment d’une révision du code du travail qui risque de poursuivre son glissement vers la déconstruction de cet ordre public social si cher aux travaillistes, avec en prime l’introduction du droit de manifester ses opinions religieuses dans l’entreprise (pourquoi cette consécration juridique du religieux dans la sphère du travail?), cette proposition tombe à pic. Elle se heurte à une fin de non recevoir mais aura le mérite de déclencher une procédure de rapport public sur la question. Les intérêts en jeu sont énormes du point de vue de la couverture du risque d’assurance maladie du travail.
Dans le même temps, trois spécialistes de la question demandent de mieux protéger les professionnels de santé contre le harcèlement (2). Après le suicide d’un cardiologue à l’hôpital Georges Pompidou de l’APHP, c’est le management hospitalier qui serait questionné. Pour rappel, le harcèlement moral consiste en « une violence subtile, insidieuse, d’autant plus dangereuse qu’elle est quasi invisible ». Pour les auteurs de cet article publié dans Le monde du 16 février dernier, « les enquêtes montrent que, dans tous les pays, le harcèlement moral et le risque suicidaire prédominent dans le secteur de la santé. Le monde hospitalier public est passé d’une culture de service public à une culture de la rentabilité avec des incidences de performance et un management par objectif, générant souvent des conflits éthiques entre le corps médical et la direction ». « Mais, alors que les établissements de santé mènent une réflexion sur les questions d’éthique concernant les malades, ils oublient trop souvent leurs propres responsabilités vis à vis de chaque soignant ».
Nos spécialistes invitent au respect des soignants par delà la prise en compte des risques psycho-sociaux. « Il faut céder de l’espace à l’individu pour y déployer sa part sensible, car c’est cette même part qui humanise les relations de soins et autorise leur qualité ».
On peut à présent questionner le lien entre une certaine idéologie de la performance dans une culture managériale qui fait de la ressource humaine la variable d’ajustement et l’idéologie néo-conservatrice qui vise à toiletter le droit du travail pour l’adapter aux contraintes de la période. Mais à quel prix?
Xavier DUMOULIN
(1) : Cf notre article Révolution conservatrice
Posté par sr07 le 01 juil 2007 à 7:11 | Dans : a1-Abc d’une critique de gauche. Le billet de Xavier Dumoulin, a2-Blog-notes politique de Xavier Dumoulin, a3-Civisme, citoyenneté et militance chez Xavier Dumoulin, Non classé Editer
(2) :Mieux protéger les professionnels de santé contre le harcèlement par Marie-France Hirigoyen, Christiane Kreitlow et Christelle Mazza, Le monde des débats p 13.
N.B: Ci-dessous l’exposé des motifs et la proposition de loi évoquée en début d’article.
EXPOSÉ DES MOTIFS
Mesdames, Messieurs,
En France 3,2 millions de français sont exposés à un risque élevé de « burn-out » ou syndrome d’épuisement professionnel. Ce syndrome frappe sans distinction, cadres et simples employés, salariés du public comme du privé. Il est la conséquence d’un trop plein de travail, d’un trop plein de pression qui mènent des hommes et des femmes à l’effondrement.
La mondialisation économique a profondément bouleversé le fonctionnement des entreprises. Confrontées à une compétition désormais mondiale, les entreprises se sont adaptées. Très vite, de nouvelles formes de management et d’organisation du travail ont transformé en profondeur le quotidien de millions de salariés, soumettant ceux-ci à des évaluations de performance de plus en plus exigeantes. Les nouvelles technologies ont accéléré le mouvement, maintenant le lien entre les individus et leur travail bien au delà du temps réel passé dans l’entreprise.
Ce travail, qui colonise la vie, est souvent la première étape d’un processus qui s’achève par des pathologies physiques et psychiques lourdes et durables. La souffrance au travail est le mal de notre temps, comme l’exploitation des femmes et des enfants ou les conditions d’hygiène et de sécurité des travailleurs ont été la face sombre de la révolution industrielle au XIXe siècle.
Pourquoi faciliter la reconnaissance de l’épuisement professionnel ?
Il vaut mieux prévenir que guérir et favoriser la mise en œuvre d’organisations du travail en entreprise qui soient à la fois bienveillantes et performantes. Aujourd’hui les pathologies issues d’un « burn-out» sont prises en charge par l’assurance maladie. Si ces pathologies étaient reconnues comme maladie professionnelles, elles seraient prises en charge par la branche « Accident du Travail – Maladie Professionnelle » financée à 97 % par les cotisations des employeurs. Or le montant des cotisations que paient les employeurs dépend directement de la sinistralité et des résultats propres à chaque entreprise quant aux accidents et aux maladies professionnelles comptabilisées en leur sein. Les entreprises seraient donc financièrement incitées à intégrer l’impact de la souffrance au travail dans leur politique managériale et leur organisation du travail. Reconnaître le « burn-out » comme une maladie professionnelle, c’est aussi garantir aux salariés touchés des droits. En effet, une fois reconnu le caractère professionnel de la maladie, les soins médicaux sont couverts et une indemnité journalière permet de compenser la perte de revenu entraînée par l’arrêt de travail. Le salarié est alors protégé, son contrat de travail est suspendu et il ne peut être licencié qu’en cas de faute grave.
Comment faciliter la reconnaissance de l’épuisement professionnel ?
La première voie consiste à inscrire le syndrome d’épuisement professionnel au tableau des maladies professionnelles. Cette option suppose un accord des partenaires sociaux, irréalisable en l’état en raison du refus des organisations patronales d’avancer sur la reconnaissance du « burn-out » en tant que maladie professionnelle.
L’autre voie consiste à faciliter l’instruction et la reconnaissance individuelle des cas de « burn-out » par les comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles.
Aujourd’hui, engager une telle procédure pour un salarié nécessite un taux minimum d’incapacité permanente partielle (IPP) de 25 %. En pratique, ce seuil élimine l’écrasante majorité des cas de « burn-out.
Cet obstacle à l’instruction des dossiers ne fait que renforcer le sentiment de solitude des victimes du syndrome d’épuisement professionnel, chacune d’entre elles se heurtant à l’impossibilité qui lui est faite de voir reconnaître la responsabilité directe de son travail dans la situation d’épuisement dont elle est victime.
C’est la raison pour laquelle nous proposons que ce seuil soit supprimé, comme c’est aujourd’hui le cas en Suède, ouvrant la possibilité d’instruire tous les dossiers sans distinction. Mais instruction ne veut pas dire reconnaissance automatique. Les comités régionaux dont la composition sera renforcée et ouverte à davantage de professionnels spécialistes des risques psychosociaux, pourront enfin identifier l’étendue et la réalité des pathologies psychiques liées au travail en France et favoriser une meilleure prévention du syndrome d’épuisement professionnel.
PROPOSITION DE LOI
I. – Après le mot : « prévues », la fin de la première phrase du dernier alinéa de l’article L. 461-1 du code de la sécurité sociale est ainsi rédigée :
« à l’avant-dernier alinéa du présent article, lorsqu’il est établi qu’elles sont essentiellement et directement causées par le travail habituel de la victime et qu’elles entraînent une incapacité permanente d’un taux évalué dans les conditions mentionnées à l’article L. 434-2. »
II. – Les charges qui pourraient éventuellement résulter pour les organismes de sécurité sociale de l’application de la présente loi sont compensées à due concurrence par la création d’une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.
Créé par sr07 le 15 fév 2016 | Dans : a-le quartier libre de XD
Dans une tribune libre du Monde en date du 31 janvier dernier, l’écrivain Kamel Daoud (1) s’interroge sur la perception des évènements de la Saint Sylvestre à Cologne à partir de « ces jeux de fantasmes » : « Le « fait » en lui-même correspond on ne peut mieux au jeu d’images que l’Occidental se fait de l’« autre », le réfugié-immigré : angélisme, terreur, réactivation des peurs d’invasions barbares anciennes et base du binôme barbare-civilisé. Des immigrés accueillis s’attaquent à « nos » femmes, les agressent et les violent. »
Cette vision est portée par les discours de droite et d’extrême-droite contre la supposée invasion d’immigrés menaçants. Mais ,pour Daoud, rien n’est vraiment analysé dans ce discours dénonçant les immigrés de Cologne. Et en premier lieu l’identification des dits agresseurs quand à leur histoire (immigration ancienne ou réfugiés arrivants? appartenance à des organisations criminelles?).
Par delà cette dénonciation d’un discours, Daoud pose néanmoins cette idée hasardeuse selon laquelle en Occident l’immigré ne renonce pas à sa culture, c’est à dire à « ce qui lui reste face au déracinement et au choc des nouvelles terres. Le rapport à la femme, fondamental pour la modernité de l’Occident, lui restera parfois incompréhensible pendant longtemps lorsqu’on parle de l’homme lambda ». Le changement culturel dans ce rapport au corps de la femme s’opère très lentement.
(1) Kamel Daoud est un écrivain algérien. Il est notamment l’auteur de Meursault, contre-enquête (Actes Sud, 2014), Prix Goncourt du premier roman. Il est également chroniqueur au Quotidien d’Oran.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/01/31/cologne-lieu-de-fantasmes_4856694_3232.html#LQD2AXd0xHDH1fvc.99
(2) Noureddine Amara (historien), Joel Beinin (historien), Houda Ben Hamouda (historienne), Benoît Challand (sociologue), Jocelyne Dakhlia (historienne), Sonia Dayan-Herzbrun (sociologue), Muriam Haleh Davis (historienne), Giulia Fabbiano (anthropologue), Darcie Fontaine (historienne), David Theo Goldberg (philosophe), Ghassan Hage (anthropologue), Laleh Khalili (anthropologue), Tristan Leperlier (sociologue), Nadia Marzouki (politiste), Pascal Ménoret (anthropologue), Stéphanie Pouessel (anthropologue), Elizabeth Shakman Hurd (politiste), Thomas Serres (politiste), Seif Soudani (journaliste).
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/02/11/les-fantasmes-de-kamel-daoud_4863096_3232.html#jfCYBiOIdJsCS1RU.99
(3) LETTRE D’ADAM SHATZ A KAMEL DAOUD : « C’est difficile d’imaginer que tu pourrais vraiment croire ce que tu as écrit »
Cher Kamel, il y a quelques jours, une amie tunisienne m’a envoyé une tribune parue dans Le Monde. Ce texte portait la signature de plusieurs universitaires que je connais. Des universitaires un peu bien-pensants, c’est vrai, mais, quand même, des gens qui ne sont pas tes adversaires – qui ne devraient pas être tes adversaires. Le ton de la lettre m’a dérangé. Je n’aimais pas le style de dénonciation publique, un style qui me rappelait un peu le style gauche-soviétique-puritain. Et tu dois savoir qu’en tant qu’ami je ne signerai pas de telle lettre contre toi, bien que je ne partage pas du tout les opinions que tu as exprimées dans cet article, et par la suite, même plus férocement encore, me semble-t-il, dans la tribune du New York Times.
Pour moi, c’est très difficile d’imaginer que tu pourrais vraiment croire ce que tu as écrit. Ce n’était pas le Kamel Daoud que je connais et dont j’ai fait le portrait dans un long article. Nous avons beaucoup parlé des problèmes de sexe dans le monde arabo-musulman quand j’étais à Oran. Mais nous avons aussi parlé des ambiguïtés de la « culture » (mot que je n’aime pas) ; par exemple, le fait que les femmes voilées sont parfois parmi les plus émancipées sexuellement. Dans tes écrits récents, c’est comme si toute l’ambiguïté dont nous avons tant discuté, et que, plus que personne, tu pourrais analyser dans toute sa nuance, a disparu. Tu l’as fait de plus dans des publications lues par des lecteurs occidentaux qui peuvent trouver dans ce que tu écris la confirmation de préjugés et d’idées fixes.
Je ne dis pas que tu l’as fait exprès, ou même que tu joues le jeu des « impérialistes ». Non, je ne t’accuse de rien. Sauf de ne pas y penser, et de tomber dans des pièges étranges et peut-être dangereux. Je pense ici surtout à l’idée selon laquelle il y aurait un rapport direct entre les événements de Cologne et l’islamisme, voire l’« Islam » tout court.
Je te rappelle qu’on a vu, il y a quelques années, des événements similaires, certes pas de la même ampleur, mais quand même, lors de la parade du Puerto Rican Day à New York. Les Portoricains qui ont alors molesté des femmes dans la rue n’étaient pas sous l’influence de l’Islam mais de l’alcool… Sans preuve que l’Islam agissait sur les esprits de ces hommes à Cologne, il me semble curieux de faire de telles propositions, et de suggérer que cette « maladie » menace l’Europe… Dans son livre La Maladie comme métaphore (Christian Bourgois, 2005), un ouvrage devenu un classique, Susan Sontag démontre que l’idée de « maladie » a une histoire pas très reluisante, souvent liée au fascisme. Les juifs, comme tu le sais, étaient considérés comme une espèce de maladie ; et les antisémites d’Europe, au XIXe siècle, à l’époque de l’émancipation, se sont montrés très préoccupés des coutumes sexuelles des juifs, et de la domination des hommes juifs sur les femmes… Les échos de cette obsession me mettent mal à l’aise.
Je ne dis pas qu’il ne faut pas parler de la question sexuelle dans le monde arabo-musulman. Bien sûr que non. Il y a beaucoup d’écrivains qui en ont parlé d’une façon révélatrice (la sociologue marocaine Fatima Mernissi, le poète syrien Adonis, même, quoi qu’un peu hystériquement, le poète algérien Rachid Boudjedra) et je sais de nos conversations, et de ton roman magistral, que tu as tout le talent nécessaire pour aborder ce sujet. Il n’y a pas beaucoup de personnes qui peuvent en parler avec une telle acuité. Mais après avoir réfléchi, et dans une forme qui va au-delà de la provocation, et des clichés.
Après avoir lu ta tribune, j’ai déjeuné avec une auteure égyptienne, une amie que tu aimerais bien, et elle me disait que ses jeunes amis au Caire sont tous bisexuels. C’est quelque chose de discret, bien sûr, mais ils vivent leur vie ; ils trouvent leurs orgasmes, même avant le mariage, ils sont créatifs, ils inventent une nouvelle vie pour eux-mêmes, et, qui sait, pour l’avenir de l’Egypte. Il n’y a pas d’espace pour cette réalité dans les articles que tu as publiés. Il n’y a que la « misère » – et la menace que représentent ces misérables qui sont actuellement réfugiés en Europe. Comme les juifs le disent pour leur Pâque (et ce que les Israéliens oublient en Palestine) : il faut toujours se souvenir que l’on a été étranger dans la terre d’Egypte.
Kamel, tu es tellement brillant, et tu es tendre, aussi, ça, je le sais. C’est à toi, et à toi seul, de décider comment tu veux t’engager dans la politique, mais je veux que tu saches que je m’inquiète pour toi, et j’espère que tu réfléchiras bien à tes positions… et que tu retourneras au mode d’expression qui, à mon avis, est ton meilleur genre : la littérature.
J’espère que tu comprendras que je t’écris avec le sentiment de la plus profonde amitié.
Adam Shatz est un essayiste et journaliste américain. Il contribue à la London Review of Books. En 2015, il a signé un long portrait de Kamel Daoud dans le « New York Times ».
Cher Ami, j’ai lu avec attention ta lettre, bien sûr. Elle m’a touché par sa générosité et sa lucidité. Etrangement, ton propos est venu conforter la décision que j’ai prise au cours des derniers jours. J’y ai surtout retenu l’expression de ton amitié tendre et complice malgré l’inquiétude. Je voudrais cependant répondre.
J’ai longtemps écrit avec le même esprit qui ne s’encombre pas des avis d’autrui quand ils sont dominants. Cela m’a donné une liberté de ton, un style peut-être mais aussi une liberté qui était insolence et irresponsabilité ou audace. Ou même naïveté. Certains aimaient cela, d’autres ne pouvaient l’accepter. J’ai taquiné les radicalités et j’ai essayé de défendre ma liberté face aux clichés dont j’avais horreur. J’ai essayé aussi de penser. Par l’article de presse ou la littérature. Pas seulement parce que je voulais réussir mais aussi parce que j’avais la terreur de vivre une vie sans sens. Le journalisme, en Algérie, durant les années dures m’avait assuré de vivre la métaphore de l’écrit, le mythe de l’expérience. J’ai donc écrit souvent, trop, avec fureur, colère et amusement. J’ai dit ce que je pensais du sort de la femme dans mon pays, de la liberté, de la religion et d’autres grandes questions qui peuvent nous mener à la prise de conscience, à l’abdication ou à l’intégrisme, selon nos buts dans la vie. Sauf qu’aujourd’hui, avec le succès médiatique, j’ai fini par comprendre deux ou trois choses.
D’abord que nous vivons désormais une époque de sommations. Si on n’est pas d’un côté, on est de l’autre ; le texte sur « Cologne » j’en avais écrit une partie, celle sur la femme, il y a des années. A l’époque, cela n’a fait réagir personne ou si peu. Aujourd’hui, les temps ont changé : des crispations poussent à interpréter et l’interprétation pousse au procès. J’avais écrit cet article et celui du New York Times début janvier ; leur succession dans le temps est donc un accident et pas un acharnement de ma part. J’ai écrit poussé par la honte et la colère contre les miens et parce que je vis dans ce pays, dans cette terre. J’y ai dit ma pensée et mon analyse sur un aspect que l’on ne peut cacher sous prétexte de « charité culturelle ». Je suis écrivain et je n’écris pas des thèses d’universitaire. C’est une émotion aussi.
Que des universitaires pétitionnent contre moi aujourd’hui, à cause de ce texte, je trouve cela immoral : parce qu’ils ne vivent pas ma chair, ni ma terre et que je trouve illégitime sinon scandaleux que certains me prononcent coupable d’islamophobie depuis des capitales occidentales et leurs terrasses de café où règnent le confort et la sécurité. Le tout servi en forme de procès stalinien et avec le préjugé du spécialiste : je sermonne un indigène parce que je parle mieux que lui des intérêts des autres indigènes et postdécolonisés. Cela m’est intolérable comme posture. Je pense que cela reste immoral de m’offrir en pâture à la haine locale sous le verdict d’islamophobie qui sert aujourd’hui aussi d’inquisition. Je pense que c’est honteux de m’accuser de cela en restant bien loin de mon quotidien et celui des miens.
L’islam est une belle religion selon l’homme qui la porte, mais j’aime que les religions soient un chemin vers un dieu et qu’y résonnent les pas d’un homme qui marche. Ces pétitionnaires embusqués ne mesurent pas la conséquence de leurs actes sur la vie d’autrui.
Cher ami, j’ai compris aussi que l’époque est dure. Comme autrefois l’écrivain venu du froid, aujourd’hui l’écrivain venu du monde dit « arabe » est piégé, sommé, poussé dans le dos et repoussé. La surinterprétation le guette et les médias le harcèlent pour conforter qui une vision, qui un rejet et un déni. Le sort de la femme est lié à mon avenir, à l’avenir des miens. Le désir est malade dans nos terres et le corps est encerclé. Cela, on ne peut pas le nier et je dois le dire et le dénoncer. Mais je me retrouve soudainement responsable de ce qui va être lu selon les terres et les airs. Dénoncer la théocratie ambiante chez nous devient un argument d’islamophobe ailleurs. Est-ce ma faute ? En partie. Mais c’est aussi la faute de notre époque. C’est ce qui s’est passé pour la tribune sur « Cologne ». Je l’assume mais je me trouve désolé pour ce à quoi elle peut servir comme déni d’humanité de l’Autre. L’écrivain venu des terres d’Allah se trouve aujourd’hui au centre de sollicitations médiatiques intolérables. Je n’y peux rien mais je peux m’en soustraire : par la prudence, comme je l’ai cru, mais aussi par le silence comme je le choisis désormais.
Je vais donc m’occuper de littérature et, en cela, tu as raison. J’arrête le journalisme sous peu. Je vais aller écouter des arbres ou des cœurs. Lire. Restaurer en moi la confiance et la quiétude. Explorer. Non pas abdiquer, mais aller plus loin que le jeu de vagues et des médias. Je me résous à creuser et non déclamer.
J’ai pour ma terre l’affection du désenchanté. Un amour secret et fort. Une passion. J’aime les miens et les cieux que j’essaye de déchiffrer dans les livres et avec l’œil la nuit. Je rêve de puissance, de souveraineté pour les miens, de conscience et de partage. Cela me déçoit de ne pas vivre ce rêve. Cela me met en colère ou me pousse au châtiment amoureux. Je ne hais pas les miens, ni l’homme en l’autre. Je n’insulte pas les raisons d’autrui. Mais j’exerce mon droit d’être libre. Ce droit a été mal interprété, sollicité, malmené ou jugé. Aujourd’hui, je veux aussi la liberté de faire autre chose. Mille excuses si j’ai déçu, un moment, ton amitié cher Adam.
Et si je rends public cette lettre aujourd’hui, c’est parce qu’elle s’adresse aux gens affectueux de bonne foi comme toi. Et surtout à toi.
Kamel Daoud est un écrivain et journaliste algérien. Il est lauréat du Prix Goncourt du premier roman 2015 pour Meursault, contre-enquête (Actes Sud, 2014)
Créé par sr07 le 12 fév 2016 | Dans : Articles de fond, Blog du Che, Projet politique