mars 2016

Archive mensuelle

Carnets de la mi-semaine

Créé par le 24 mar 2016 | Dans : a1-Abc d'une critique de gauche. Le billet de XD

Entre le voyage du président Obama à Cuba et les odieux attentas perpétrés à Bruxelles, l’actualité oscille entre espérance et désespoir.

Très médiatique, la rencontre des deux présidents qui fait suite, pour nous Français, aux récents voyages de Raoul Castro en France et de François Hollande à Cuba, ouvre une réelle perspective de dégel sans assurer dans le court terme la levée de l’embargo américain. Pourtant cette « sanction » politique des Etats-Unis adoptée il y a plus d’un demi-siècle contre l’affirmation de la souveraineté du peuple cubain est cause de la majeure partie des maux d’une population qui surmonte avec dignité ces représailles impérialistes dénoncées à présent par le président américain. Lequel en voyage en Argentine doit aussi répondre du coup d’Etat militaire dont le gouvernement américain s’était rendu complice en 1976.

Sort-on enfin de cette ère d’impérialisme sanguinaire, liberticide et attentatoire aux droits les plus élémentaires des peuples? Il y a loin encore des intentions et proclamations aux actes!

On pourrait à présent faire le parallèle entre ces coups d’Etat fomentés par la CIA dans les dernières décennies de la fin du siècle dernier et cette politique de la canonnière en œuvre au Moyen-Orient. Mesurera-t-on les responsabilités de l’OTAN dans le délitement des Etats-Nation de la région et les effets collatéraux des guerres pour le pétrole conduites toujours sous de faux prétextes à grand renfort de manipulations médiatiques? On en voit pourtant le résultat dans le drame présent avec  ce terrorisme de Daesh qui menace quotidiennement de frapper aveuglément les populations civiles du monde entier.

Pour faire face, l’esprit de résistance et de fraternité doit accompagner le combat contre toutes les régressions et les obscurantismes. Place à une grande politique qui saurait concilier réalisme, efficacité et solidarité dans les relations internationales!

Xavier DUMOULIN

Viktor Dedaj : « Le rapprochement est une victoire cubaine, une déculottée pour les Etats-Unis »

Créé par le 20 mar 2016 | Dans : Amérique Latine

par Grégoire Lalieu 19 mars 2016

 

Voilà un peu plus d’un an que Cuba et les Etats-Unis ont amorcé un rapprochement diplomatique historique après l’imposition d’un embargo sur la petite île des Caraïbes par Kennedy en 1962. Les deux pays ont même rouvert officiellement leurs ambassades respectives. La France aussi cherche à se rapprocher de l’île. Après une visite très médiatisée à Cuba en mai 2015, François Hollande a reçu Raul Castro à l’Elysée début de cette année. Comment expliquer ce revirement diplomatique à l’égard d’un gouvernement cubain longtemps diabolisé ? Si Barack Obama a affirmé vouloir changer de stratégie, poursuit-il les mêmes objectifs que ses prédécesseurs ? Quel impact ce rapprochement aura-t-il sur Cuba ? Animateur du site Le Grand Soir et co-auteur du livre Cuba est une île, Viktor Dedaj répond à nos questions. Lire la suite »

Printemps républicain?

Créé par le 20 mar 2016 | Dans : a1-Abc d'une critique de gauche. Le billet de XD

L’initiative d’un printemps républicain peut être utile dans ces temps d’une pratique gouvernementale trop souvent provocante à l’endroit de forces de progrès (1). Le débat sur la laïcité souffre aussi de cette étrange difficulté à mettre le curseur au bon endroit.

La critique vigoureuse du communautarisme demeure plus que jamais nécessaire en cette période d’exaltation identitaire portée, il y a peu de temps encore, jusque dans les rangs de cette gauche différentialiste promouvant le multiculturalisme et l’abandon de toutes références aux souverainetés populaires et nationales.

Elle ne saurait laisser place à cette islamophobie croissante alimentée par les peurs avec cette assimilation de l’islam à l’islamisme puis au djihadisme, mais aussi par certaines réflexions de personnalités du monde littéraire d’une trop grande légèreté sur les violences de Cologne (2) ou bien en matière de commémoration du cessez le feu en Algérie quand le président de la république est accusé « de soutenir la dictature algérienne » en assistant aux célébrations du 19 mars (3).

A l’opposé de ces considérations qui semblent gommer toute subtilité dans une réécriture de l’histoire algérienne faisant fi de la période coloniale et de la guerre d’indépendance, l’intention louable du président Hollande, fort bien inspiré par l’historien Benjamin Stora, n’est-elle pas « d’embrasser toutes ces mémoires et de les faire rentrer dans l’histoire de France »? (4)

Jean-Pierre Chevènement, président de l’association France-Algérie, évoquait récemment la période actuelle dans un colloque de l’IRIS. « Un effort d’objectivité m’amène à rappeler que l’Algérie a surmonté presque seule, dans les années 1990, une crise extrêmement grave. Elle a anticipé, en 1988, sur le mouvement dit des « printemps arabes » (5).

Des printemps arabes - qui ont fait long feu - à l’appel à un printemps républicain, sachons faire la part de choses. En gardant d’abord cette lucidité sur les ambiguïtés de la gestion gouvernementale en matière sécuritaire. Car ce n’est pas parce que l’opinion publique reste favorable à la déchéance de la nationalité et à l’Etat d’urgence qu’il faut donner un blanc-seing à une réforme constitutionnelle par ailleurs bien mise à mal par la position de frondeurs socialistes à l’assemblée nationale et de l’opposition au Sénat.

A la vérité, n’est-ce point la pente néolibérale très accusée, en particulier dans les domaines économiques et sociaux, du gouvernement de Manuel Valls qui constitue la vraie pierre d’achoppement entre l’exigence républicaine et sociale aujourd’hui et le risque d’enlisement dans une politique de surenchère néo-conservatrice? Politique dont on sait trop bien à qui elle profite! Les déclarations imprudentes du premier ministre sur la culture de l’excuse à l’endroit des chercheurs s’interrogeant sur le djihadisme des banlieues ou bien l’assimilation entre l’antisémitisme et la dénonciation du sionisme en disent assez sur un certain obscurantisme préjudiciable au débat public, celui-là même nécessaire à la définition de l’intérêt général qui doit servir de boussole et de cap aux forces de la démocratie et du progrès.

Disons le sans détour avec quelque ironie, sans retour à la république sociale, laïque, une et indivisible, il n’est point de salut! De salut public s’entend!

Xavier DUMOULIN

(1) Cf la contestation du projet de loi El Khomri.

(2) Cf nos précédents articles analysant les termes du débat entre Kamel Daoud et les chercheurs en sciences sociales.

(3) En la matière, le récent entretien pour Le Figaro - daté du 18 mars – de l’écrivain Boualem Sansal - grand prix de l’académie française en 2016 pour son roman  »2084-La fin du monde » -, fait froid dans le dos. Ce fin connaisseur de l’islam, pourfendeur, à juste raison, de l’islamisation et de la soif de pouvoir dans le monde arabe dans son essai critique publié chez Gallimard « Gouverner au nom d’Allah »(éditions 2013 et 2015), délivre un message bien trouble à l’endroit du président de la république accusé « de soutenir la dictature algérienne » en assistant aux célébrations du 19 mars.

(4) « Il faut reconnaître un certain courage au président pour dire qu’il faut sortir de cette histoire et trouver un compromis mémoriel pour que toutes les mémoires puissent confluer vers un récit national républicain » selon Benjamin Stora (cité dans le monde du 19 mars 2016 en page 8 :  »La venue du chef de l’Etat aux célébrations du 19 mars suscite la polémique ».

(5) « Chacun se souvient que les islamistes du FIS ont failli prendre le pouvoir. Une guerre civile atroce en a résulté. Une majorité de la population a basculé du côté de l’armée quand le FIS a prétendu interdire la fréquentation des écoles mais le traumatisme a été profond. Le Président Bouteflika, élu en 1999, a su progressivement ramener la concorde civile et les groupes terroristes n’ont plus qu’une existence résiduelle. La population aspire à la stabilité. Ceci explique qu’en 2011 l’Algérie n’a pas été touchée par le mouvement des révolutions arabes. Sur la Syrie, elle a tout de suite marqué ses réserves vis-à-vis d’une insurrection qui a très vite pris la forme d’une guerre par procuration. De même en Egypte, l’Algérie a-t-elle accueilli avec faveur l’arrivée au pouvoir du maréchal Sissi, succédant aux Frères Musulmans.  »

Jean-Pierre Chevènement – colloque de l’IRIS- Algérie. Quelles transitions? http://www.chevenement.fr/Algerie-Quelles-transitions_a1821.html

Obama a Cuba ! Qui l’eut cru ? Qui le croit… Désintéressé ? par Jean Ortiz

Créé par le 07 mar 2016 | Dans : Amérique Latine

Jean Ortiz dans
L’HUMA Vendredi, 4 Mars, 2016 – 16:22

Obama a Cuba ! Qui l’eut cru ? Qui le croit… Désintéressé ?

« L’heure est à se réjouir des reculs de « l’empire », tout en surveillant ses manœuvres, jamais gratuites. On connaît la fable du renard libre dans le poulailler libre.« 

Nous n’allons pas bouder notre plaisir. Avec ou sans mea culpa de la part du sieur président Obama, la visite obamesque à Cuba, hier encore « Etat voyou », «portion de l’ empire du mal », « menace terroriste », île satanisée, constitue pour le petit POUCET une énorme victoire diplomatique et politique. D’autant plus, paraît-il, que « tout sera mis sur la table » à l’occasion du voyage en terre rouge. A n’en pas douter, le président finissant, n’ayant plus rien à perdre, profitera de cette opportunité historique… Il annoncera au monde entier la levée du blocus (promise du bout des lèvres en 2007), ce cordon sanitaire qui étouffe l’île depuis 55 ans (depuis les sanctions économiques de juillet 1960, l’opération Mangosta du bon président Kennedy en 1961, etc.). Ce reste de « guerre froide » a coûté plus de 100 milliards de dollars à l’économie cubaine. Au bas mot, le président Obama annoncera urbi et orbi, n’en doutons pas, la restitution à Cuba du territoire cubain de Guantanano, occupé par une base militaire exogène depuis plus d’un siècle. Le brave Obama présentera donc des excuses, au nom de Dieu et de tous ses prédécesseurs, pour tentative d’affamer un peuple afin de le mettre à genoux (crime contre l’humanité), pour violation de pays-domicile, propagation permanente de mensonges à l’égard d’un pays minuscule géographiquement, mais grand par sa dignité. Les Etats-Unis, eux, sont grands géographiquement, mais… Obama devra se souvenir de Bush fils qui, en octobre 2007, clamait, « vatenguerre » : « peu de pays ont défié notre nation autant que Cuba ». Ce que les impérialistes n’ont en réalité jamais pardonné à Cuba la rebelle, c’est son existence… Aujourd’hui les tartuffes se bousculent pour aller y « faire des affaires ». Le gouvernement cubain, averti, joue le jeu (à risques assumés), sans brader l’indépendance ni la souveraineté du pays. Lire la suite »

Droit du travail : l’ex-conseiller de Myriam El Khomri explique pourquoi il claque la porte

Créé par le 02 mar 2016 | Dans : Santé-social-logement

 http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/03/01/droit-du-travail-lex-conseiller-de-myriam-el-Khomri-explique-pourquoi-il-claque-la-porte_4874575_3232.html

LE MONDE |    01.03.2016 à 15h56 • Mis à jour le 01.03.2016 à 18h05           

Pierre Jacquemain est ancien conseiller stratégie de la ministre du travail Myriam El Khomri et son ancien conseiller au secrétariat d’Etat à la politique de la ville (2014-2015). Il devait notamment se charger de la réforme du code du travail.

Cependant, face à ce qu’il a considéré comme une trop forte ingérence de Matignon dans la conduite du projet de loi, il s’est opposé aux orientations du premier ministre et de Myriam El Khomri et a finalement quitté sa fonction.

« Pour faire de la politique, il faut rêver. Peut-être ai-je été trop naïf sur la capacité de la ministre du travail, Myriam El Khomri, à faire rêver et progresser les travailleurs de notre pays ? A incarner une parole de gauche, une parole libre, une parole utile, une parole forte. Une parole juste. Celle qui dénonce la paupérisation de la société, celle qui s’insurge devant la précarisation du monde du travail qui conduit des millions de Français à vivre au jour le jour – avec toujours cette peur du lendemain.

La réforme de Myriam El Khomri devait porter l’exigence d’un nouveau modèle de société. C’était, je le crois, l’ambition de la huitième ministre du gouvernement. Une place de choix dans la hiérarchie gouvernementale. Un porte-voix exceptionnel pour donner le la à une réforme majeure du quinquennat dans un gouvernement au parti pris libéral assumé. Le président de la République lui-même avait fait de cette réforme l’un des tournants de son quinquennat. Ce devait être une réforme de progrès, ce sera au mieux une réforme de compromis – voire de compromission. Au pire, cela restera comme une trahison historique – et destructrice – d’une gauche en mal de repères.

Pourtant, Myriam El Khomri a gagné des batailles. C’est une militante qui n’a peur de tenir tête ni au premier ministre ni au président de la République. Son parcours, ses engagements, son action à la Ville de Paris et au secrétariat d’Etat à la politique ville auraient pu – auraient dû – la conduire à porter haut et fort les revendications des travailleurs. A défendre les salariés d’Air France quand 3 000 postes sont menacés.

A s’opposer fermement au travail du dimanche. Ou encore à ne rien céder sur les commandes patronales, notamment en matière de licenciement. J’y ai cru. Et nous avons échoué. Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne. Myriam El Khomri y croit encore. Je n’étais donc plus utile à ses côtés. J’ai quitté son équipe sur un désaccord politique et stratégique majeur. D’ordinaire, un conseiller ministériel, petite main de l’ombre, ça ferme sa gueule.          

Autoritarisme de Matignon et poids de la technostructure

Mais, parce que je suis profondément convaincu que cette réforme nous entraîne collectivement dans le mur, parce que j’ai la conviction qu’elle sert les intérêts politiques de quelques-uns et les intérêts économiques de quelques autres (privilégiés), enfin parce que je suis déterminé à ce qu’une autre voix pèse à gauche, j’ai assumé publiquement le désaccord qui m’opposait à la ministre. C’est déloyal diront certains. Je ne le pense pas. Il ne s’agit aucunement de remettre en cause une ministre en exercice, qui m’a fait confiance au cours de ces dix derniers mois et que je respecte pour ses qualités humaines. Il s’agit d’attaquer sur le fond un texte droitier, une réforme libérale qui déshonore la gauche – pis, l’atomise, alors que cette gauche-là est en responsabilité. Et quelle responsabilité ! Comment peut-on avoir raison contre tous ? A quel moment et de quel droit pense-t-on avoir raison contre ses propres alliés ? Pour qui parlent-ils ? D’où parlent-ils ? Ils ont tué la gauche.

Aujourd’hui, le malaise est partout. Dans les cabinets ministériels, sur les bancs de l’Hémicycle, à droite, à gauche, sur Internet. Et bientôt dans la rue. L’histoire se répète. Prenez Villepin, mettez Valls. Dix ans plus tard, même remède, même combat. Souhaitons à cette réforme le même sort que le CPE. Parce qu’il faut tout réécrire. Tout. Qui peut croire par exemple que favoriser les licenciements va permettre de lutter contre le chômage ? Qui pense sérieusement que la dématérialisation des fiches de paye est une révolution sociale ? Qui peut décemment parler de démocratie sociale, au plus près de l’entreprise, quand on sait le rapport de force qui se joue, au quotidien, entre employeur et employé ? Ce texte est un non-sens économique. Une aberration politique. Il résulte d’une équation terrifiante : d’une part, l’autoritarisme matignonnesque et, d’autre part, l’invasion, à tous les étages, de la technostructure. La technocratie aura-t-elle raison de la politique ? Le renouvellement générationnel de nos dirigeants n’est en vérité qu’une façade, une illusion. Un faux-semblant. Et je veux croire qu’une autre voie est possible. Elle est possible, souhaitable, et nécessaire. Dehors à présent. Pour construire l’alternative à gauche. La politique est une affaire de conviction, de colonne vertébrale, de vision, de transformation, et de rêve, disais-je. Parce que, pour faire de la politique, il faut rêver. »

Pierre Jacquemain

 

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