juin 2016

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« Nous sommes l’un des pays fondateurs de l’Europe et même le pays fondateur par excellence. Cela nous donne un devoir de responsabilité pour la suite », par Jean-Pierre Chevènement

Créé par le 26 juin 2016 | Dans : Blog du Che, Pour une autre Europe, Projet politique

 

Entretien de Jean-Pierre Chevènement avec Atlantico, propos recueillis par Alexis Franco, dimanche 26 juin 2016.  


"Nous sommes l’un des pays fondateurs de l’Europe et même le pays fondateur par excellence. Cela nous donne un devoir de responsabilité pour la suite" "Nous sommes l’un des pays fondateurs de l’Europe et même le pays fondateur par excellence. Cela nous donne un devoir de responsabilité pour la suite"  
Atlantico : Après plusieurs semaines de débats tendus entre les partisans du maintien et ceux de la sortie, le Royaume-Uni a voté en faveur d’un désengagement de l’Union européenne. En France, le discours eurosceptique jouit d’un écho inédit dans l’opinion au point que selon certains sondages, le camp cumulé en faveur d’une sortie de l’Europe dépasse les 50%. Faut-il, tout comme en Angleterre, organiser un référendum sur ce sujet dans notre pays ?   Jean-Pierre Chevènement : Je ne suis pas intervenu jusqu’à aujourd’hui (ndlr : vendredi 24 juin 2016) dans le débat sur le Brexit.  
C’est une affaire qui regardait d’abord le peuple britannique. Celui-ci s’est exprimé massivement et en toute souveraineté pour sortir de l’Union européenne où la Grande-Bretagne jouit pourtant d’un statut spécial. C’est dire à quel point tous les peuples rejettent le fonctionnement opaque et technocratique des institutions européennes actuelles. La situation de la France n’est pas celle de la Grande-Bretagne. Nous sommes l’un des pays fondateurs de l’Europe et même, on peut le dire, le pays fondateur par excellence, celui qui, seul, pouvait prendre l’initiative de cette construction au début des années 1950. Cela nous donne un devoir de responsabilité pour la suite, quelles qu’aient été les erreurs commises dans cette construction, et il y en eut de nombreuses.  
Les traités européens, en effet, sont marqués au coin du néolibéralisme alors triomphant (Acte Unique 1986, traité de Maastricht 1992, traité de Lisbonne qui reprend les termes du projet de traité constitutionnel européen rejeté par le peuple français en 2005). Vous me dites que, selon certains sondages, une majorité de Français serait en faveur d’une sortie de l’Europe. Le problème pour la France ne se pose pas ainsi. Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. L’idée européenne mérite de survivre mais sur d’autres bases, essentiellement celle de la démocratie qui vit d’abord dans les nations. C’est pourquoi je propose la tenue d’une Conférence européenne à 27 avec un statut d’observateur pour la Grande-Bretagne en vue de revoir les traités. Il faudrait outiller le conseil européen, seule instance démocratique légitime pour préparer et suivre l’exécution de ses décisions. Le Parlement européen, enfin, serait plus légitime s’il procédait des parlements nationaux. On ne peut construire une démocratie européenne qu’à partir des démocraties nationales. C’est seulement dans l’hypothèse où ces propositions ne seraient pas reprises qu’il faudrait interroger les Français et bien sûr par référendum. Mais nous n’en sommes pas là pour le moment.  
 

 

A la suite de la victoire du camp du Brexit, vous avez appelé les dirigeants à refonder le projet européen « sur des bases nouvelles : la démocratie, les nations ». Comment la question de l’équilibre entre fédéralisme et souveraineté devra-t-elle posée selon vous ?   La question du fédéralisme ne se pose pas aujourd’hui. Il n’y a pas de demos européen. La souveraineté reste donc nationale. Les Britanniques viennent d’en faire la démonstration. Simplement, il y a des compétences qui peuvent être déléguées à certaines institutions à condition d’être démocratiquement contrôlées. Tout texte doit avoir l’aval du Conseil européen, mais en même temps il faut un contrôle des Parlements nationaux où vit la démocratie représentative. En effet, le Parlement européen, comme le dit drôlement Marcel Gauchet, n’est que le placard à balais de la vie politique européenne. Même la Cour constitutionnelle de Karlsruhe considère qu’il n’est pas un Parlement capable d’exprimer une volonté générale mais seulement la juxtaposition de la représentation de 28 peuples. Faisons simple : un pourcentage à définir de nos parlementaires impliqués dans la vie nationale exercerait un contrôle plus efficace que des soi-disant députés européens élus par à peine la moitié des inscrits et que personne ne connaît.  
Cette semaine, suite à sa victoire à Rome, le mouvement populiste 5 étoiles a proposé la tenue d’un référendum sur la sortie de l’euro. De son côté, Arnaud Montebourg a indiqué être « euro-épuisé ». L’Europe est-elle suffisamment solide, après les résultats du référendum au Royaume-Uni, pour engager un nouveau projet ?   La solidarité des nations européennes, ou au moins d’une majorité d’entre elles, sera nécessaire pour relever les défis du futur (chômage, numérique, flux migratoires, menaces terroristes, équilibres de sécurité sur notre continent).  
Après la crise grecque durant l’été 2015, et celle des migrants depuis un peu plus d’un an, la solidarité entre les pays membres semble de plus en plus céder sa place aux intérêts nationaux…   Parce que l’on ne veut pas poser le problème à son vrai niveau. La crise des réfugiés n’est qu’un élément dans la politique qu’il convient d’adopter face aux mouvements migratoires. Quant à la crise grecque, elle est l’arbre qui cache la forêt. La zone euro fonctionne selon des règles qui ne permettent pas un modèle de développement harmonieux à l’échelle de l’Europe. Le modèle mercantiliste allemand (avec un excédant commercial correspondant à 10% du PIB allemand) n’est pas transposable aux autres pays. Il faut que l’Allemagne utilise ses excédants pour doper la croissance européenne, mais aussi allemande.  
La répartition du vote montre que les populations jeunes et urbaines étaient plus favorables à un maintien dans l’Union européenne. Le résultat des urnes peut-il s’expliquer par la division de la société entre d’une part ceux qui bénéficient de la mondialisation et ceux qui en sont, que cela soit perçu ou réel, les victimes ? Et comment analysez-vous cette fracture générationnelle ?   Il y a d’abord une fracture sociale. Il suffit de regarder la carte de l’Angleterre. La City, Oxford, Cambridge d’un côté ; le reste du territoire de l’autre. La fracture générationnelle se résorbe avec le temps.  
Ce qui est en question, c’est en effet la globalisation. Un processus qui n’a d’autre fin que lui-même et qui oublie l’humain.  
L’Europe aura tenu plusieurs décennies sans projet politique rassembleur, malgré plusieurs coups de semonce comme le résultat du référendum de 2005. Voyez-vous des similitudes avec la France et l’absence de vision de la part de ses élites nationales ?   Je ne suis pas d’accord avec vous. L’Europe a eu un projet, mais purement économiciste… Marché unique, monnaie unique. Il n’y a jamais eu de vision stratégique. Nos élites portent une lourde responsabilité dans le déni de démocratie qu’a été le Traité de Lisbonne en 2008, traité qui reprenait le texte du projet constitutionnel rejeté en 2005 à 55%. Chacun sait que le traité de Lisbonne n’a pu être adopté par le Congrès que par la connivence du PS et de l’UMP. On pourrait dire la même chose du traité budgétaire européen de 2012 négocié par Nicolas Sarkozy et signé par François Hollande sans avoir été renégocié.  
Dans un contexte de fortes pressions migratoires et de terrorisme, et selon plusieurs sources, François Hollande aurait le projet de raviver l’Union européenne par la relance d’une défense commune entre les pays membres. En tant qu’ancien ministre de la Défense, qu’est-il possible d’envisager concrètement, alors que l’Union européenne a largement délégué sa défense aux Etats-Unis et à l’OTAN ?   Le Traité de Lisbonne répond à votre question. La défense des pays européens membres de l’OTAN est élaborée et mise en œuvre dans le cadre de cette alliance. La défense européenne ? Pipeau ! Bien sûr, à l’avenir, quand il y aura une volonté de défense de l’Europe en tant que telle, notamment en Allemagne, on pourra en reparler.  
En France, le gouvernement est empêtré dans les négociations sur le projet de loi El Khomri. Partagez-vous le procès en démocratie fait à François Hollande, notamment sur l’utilisation du 49-3 ?   L’erreur du gouvernement a été de laisser entendre dès le départ qu’il allait utiliser le 49-3 pour faire passer la loi El Khomri avant tout débat au Parlement. La suite était écrite.  
De même, les manifestations ont donné lieu à de nombreuses violences de la part de militants d’extrême-gauche. Cette semaine, le directeur de la DGSI exprimait sa crainte d’une « guerre civile », pointant du doigt la montée « des extrémismes ». La réponse de l’Etat a-t-elle été selon vous à la hauteur des différentes fractures de la société, qu’elles soient d’ordre confessionnelles, sociales ou idéologiques ?   Le peuple français a répondu avec sang froid jusqu’à présent aux attentats et à toutes les provocations à la surenchère, d’où qu’elles viennent. C’est à son honneur. Bien sûr, il y a des risques d’escalade, mais il ne faut pas y céder. J’ai lu dans La Revue des deux mondes une excellente interview de Bernard Cazeneuve qui faisait appel à l’esprit de responsabilité de chacun. Le peuple français a un fond républicain solide. Il comprend spontanément qu’il ne doit pas faire le jeu des extrémismes s’il veut éviter les risques d’une guerre civile dont l’heure, heureusement, n’est pas encore arrivée. J’ai confiance dans le patriotisme républicain et dans la résilience du peuple français.  
Les pouvoirs publics n’ont-ils pas également une réponse à formuler à ceux qui tiennent des propos anti-républicains, que ce soit chez les partisans d’un islam fondamentaliste, ou ceux qui appellent à un conflit social ou confessionnel ouvert ?   Il faut employer des mots précis pour désigner des maux bien réels. Les casseurs, par exemple, doivent être mis hors d’état de nuire. Quant à l’islam, il doit comprendre ce que la laïcité implique. Celle-ci n’est pas tournée contre la religion mais elle signifie que chacun dans l’espace public fasse un effort pour donner à ses opinions une forme rationnelle et argumentée.  
Il faut éviter les affirmations identitaires qui pourraient être ressenties comme agressives par nos concitoyens.  
Qui, parmi les candidats probables à la présidentielle de 2017, vous paraît le plus capable de résoudre les fractures de la société française ?   La campagne, pour le moment, n’est pas encore ouverte. Il y a un président de la République qui est en fonction. Il doit pouvoir aller au terme de son mandat. A ma connaissance, à ce jour, il n’est pas candidat. Ni à l’élection, ni même à la primaire.  
Propos recueillis par Alexis Franco  
Source : Atlantico

Sortons du déni de démocratie en Europe, par Jean-Pierre Chevènement

Créé par le 25 juin 2016 | Dans : Blog du Che, Pour une autre Europe, Projet politique

Une tribune de Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre, président du club République moderne, parue dans Le Monde, édition des 26 et 27 juin 2016.


 Sortons du déni de démocratie en Europe
Le fonctionnement opaque et technocratique des institutions européennes est rejeté partout. Même la Grande-Bretagne qui s’était pourtant ménagé un statut spécial en Europe vient de manifester spectaculairement son attachement aux prérogatives de son Parlement.  
Le peuple britannique n’a pas cédé au chantage et à la peur orchestrés par les milieux économiques dominants. Son vote courageux et massif a montré qu’il mettait la démocratie, c’est-à-dire le contrôle des décisions qui le concernent, au-dessus de tout.  
Le Royaume-Uni a manifesté encore une fois son esprit d’indépendance et son caractère qui est justement ce pour quoi nous l’aimons. Le peuple britannique est un peuple insulaire et en même temps c’est un peuple européen. Il vit au rythme de « l’anglosphère ». Cela fait partie des réalités qu’avait discernées jadis avec finesse le général de Gaulle.  
Un service rendu à l’Europe   Je demande aux dirigeants européens d’accueillir avec fair-play et sans esprit vindicatif la décision souveraine du peuple britannique. Rien ne serait pire qu’une volonté punitive de la part des élites européennes. La négociation d’un statut d’association du Royaume-Uni au marché unique européen, sur le modèle norvégien, peut intervenir dans les deux ans qui viennent, délai donné par l’article 50 du traité de Lisbonne. 
 Surtout, le « Brexit » peut être un service rendu à l’Europe. Il peut être une deuxième chance donnée à l’idée européenne : celle d’une refondation démocratique qui articulerait la démocratie qui vit dans les nations avec une démocratie européenne qui reste à construire. Il ne suffit pas de dire qu’on fera demain ce qu’on n’a pas fait hier.  
Comment oublier que, après le référendum du 29 mai 2005 rejetant clairement le projet de traité constitutionnel européen proposé par la Convention alors présidée par M. Giscard d’Estaing, nos gouvernants se sont engagés dans un effrayant déni de démocratie ? Enfin le traité de Lisbonne reprenait presque mot pour mot le texte du projet de traité rejeté à 55 % par le peuple français.  
Cela ne fut possible que par l’accord du PS et de l’UMP, c’est-à-dire de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, accord rendu indispensable par la nécessité de réunir une majorité des trois cinquièmes au Congrès de Versailles en septembre 2008. Ce déni de souveraineté et de démocratie n’a évidemment pas été oublié et pèse lourdement sur le fonctionnement de la démocratie dans notre pays (tout comme la non-renégociation du traité budgétaire européen de 2012).  
Une conférence chargée de redéfinir les institutions européennes   Pour sauver l’idée européenne, je demande la réunion à bref délai d’une conférence chargée de redéfinir les institutions européennes et de repenser le modèle de développement qui résulte notamment du traité budgétaire de 2012 et qui plombe la croissance européenne.  
Cette conférence pourrait s’inspirer d’un précédent : celui de la conférence de Messine qui, après l’échec de la Communauté européenne de défense, a permis, en 1955, de remettre l’Europe sur les rails et de préparer le traité de Rome. Cette Conférence se tiendrait à vingt-sept, avec un statut spécial d’observateur pour la Grande-Bretagne.  
Cette conférence aurait pour objet la renégociation des traités sur les trois questions cruciales dont la méconnaissance a conduit à l’affaissement de l’actuelle construction européenne : la souveraineté, c’est-à-dire la démocratie, la prospérité et l’indépendance stratégique.  
D’abord rendre à la souveraineté populaire et à la démocratie leurs droits dans une Europe confédérale qui serait faite de l’entente et de la coopération entre les nations : cela suppose une réorganisation profonde des compétences et, le cas échéant, du mode de désignation des institutions européennes (Conseil, Commission, Parlement, Cour de justice, Banque centrale européenne).  
L’« Europe européenne » du général de Gaulle   Il faudrait notamment outiller le Conseil européen où vit la légitimité démocratique en le dotant des services capables de préparer et d’exécuter ses décisions. De même le Parlement européen devrait procéder des Parlements nationaux pour que les compétences déléguées puissent être démocratiquement contrôlées.  
Ensuite, rendre à l’économie européenne les clés de la prospérité en revoyant profondément les règles actuelles en matière de politique économique et monétaire. Le paradigme néolibéral – la croyance en l’efficience des marchés – ne peut se substituer à la définition de politiques industrielles et d’un cadrage social. Le modèle mercantiliste allemand (excédent extérieur supérieur à 10 % du PIB) est intransposable aux autres pays et notamment à ceux de l’Europe du Sud. Il faut redéfinir un modèle européen de développement acceptable pour tous les Européens.  
Enfin, il faut donner à l’Europe la capacité stratégique qui lui a toujours fait défaut depuis l’origine. Nous nous rapprocherions ainsi de l’« Europe européenne » dont parlait jadis le général de Gaulle.  
Bien entendu, la Grande-Bretagne, le moment venu, aura toute sa place dans ce projet d’une Europe capable d’exister stratégiquement par elle-même et pour elle-même, dans le monde du XXIe siècle. N’oublions pas que le peuple britannique est un grand peuple européen et que nous partageons avec lui de très nombreux intérêts communs, notamment dans le domaine de la sécurité, si important aujourd’hui.  
Source : Le Monde

Les Rencontres de République Moderne : de premières pistes

Créé par le 24 juin 2016 | Dans : Projet politique

Le projet de République Moderne a été dès le départ de dialoguer, hors de tout contexte partisan, avec des politiques ainsi qu’avec des intellectuels ou praticiens animés par le sens de l’intérêt général. L’objectif est d’articuler les grands problèmes qui se posent aujourd’hui à la France avec une vraie vision de longue portée.

A cette fin, Jean-Pierre Chevènement a réuni à l’Assemblée nationale fin 2015 et ce premier semestre 2016 des acteurs importants de notre vie publique autour de trois questions : Souveraineté populaire et Europe, République et Nation, Comment réindustrialiser la France ?

Une 4ème Rencontre autour de la Politique étrangère de la France a eu lieu le 15 juin. Dès la rentrée seront abordés les problèmes de l’Ecole et de l’intégration, et la question du développement.

Un premier bilan d’étape :

D’ores et déjà quelques pistes se dessinent pour aborder les questions essentielles que notre pays doit regarder en face, et d’abord à l’occasion de l’élection présidentielle, moment cardinal de notre vie politique.

Sans surprise, la question européenne se détache comme la question clé de notre avenir autour de quelques interrogations ou propositions centrales :

– Constat que le rôle de l’Europe est maintenant intégré dans la conscience des Français et que l’euroscepticisme qui est une donnée constante –et en progression- depuis une vingtaine d’années- intègre désormais le sentiment de la responsabilité de nos gouvernants dans les dysfonctionnements de l’Union Européenne.

– D’où une prise de conscience de plus en plus marquée que, Brexit ou pas, les choses ne peuvent continuer ainsi : la question de la marche de l’Europe vers une ouverture totale de son marché sans exemple dans le monde alimente l’effacement de l’axe droite-gauche (Jérôme Sainte-Marie). Ce phénomène met fin à l’ordre politique stable sur la base duquel nous avons vécu jusqu’ici.

– C’est que la gravité des problèmes ne peut plus être dissimulée, Jean-Pierre Chevènement, Henri Guaino et Arnaud Montebourg se rejoignent pour en exprimer la nature, qu’il s’agisse de la gestion à long terme des flux migratoires ou des rapports de l’Islam et de la République, de la capacité de retrouver la croissance et de résorber le chômage, de renouer avec une politique industrielle nationale, de la capacité stratégique de l’Europe à relever les défis scientifiques et technologiques, de savoir dire non lorsque les rapports de force internationaux l’imposent (Traité transatlantique, extraterritorialité du droit américain), de concevoir enfin une Europe nouvelle réorientée en lien avec les nations qui la composent.

Des propositions en ce sens peuvent d’ores et déjà être mises sur la table avec : la prohibition de tout transfert de souveraineté non approuvé par referendum, une initiative française pour la révision des traités européens qui porterait sur l’euro et la capacité de la France à impulser une politique de réindustrialisation mais aussi sur les institutions et compétences de l’Union Européenne. Elle pourrait être précédée d’une conférence portant sur les difficultés de la zone euro et sur la nécessaire remise à plat des institutions européennes (Commission, Conseil, Parlement, Cour de Justice).

Telles sont les pistes de travail auquel invite République Moderne.

 

Marie-Françoise Bechtel

Vice-présidente de République Moderne

Le Brexit peut être un service rendu à l’Europe – Communiqué de Jean-Pierre Chevènement, président de République Moderne, vendredi 24 juin 2016

Créé par le 24 juin 2016 | Dans : Blog du Che, Pour une autre Europe

Communiqué de Jean-Pierre Chevènement, président de République Moderne, vendredi 24 juin 2016  

Le peuple britannique n’a pas cédé au chantage et à la peur orchestrés par les milieux économiques dominants. Son vote courageux a montré qu’il mettait la démocratie, c’est-à-dire le contrôle des décisions qui le concernent, au-dessus de tout. L’Angleterre a montré encore une fois son esprit d’indépendance et son caractère qui est justement ce pour quoi nous l’aimons.  
Je demande aux dirigeants européens d’accueillir avec fair play et sans esprit vindicatif la décision souveraine du peuple britannique. La négociation d’un statut d’association de la Grande Bretagne au marché unique européen, sur le modèle norvégien, peut intervenir dans les deux ans qui viennent, délai donné par l’article 50 des traités européens.  
Surtout, le Brexit peut être un service rendu à l’Europe. Il peut être une deuxième chance donnée à l’idée européenne : celle d’une refondation démocratique qui articulerait la démocratie qui vit dans les nations avec une démocratie européenne qui reste à construire.  
Je demande la réunion à bref délai d’une Conférence chargée de redéfinir les institutions européennes et de repenser le modèle de développement qui résulte notamment du traité budgétaire dit TSCG de 2012 et qui plombe la croissance européenne.  
Cette Conférence pourrait s’inspirer d’un précédent : celui de la Conférence de Messine qui, après l’échec de la CED, a permis, en 1955, de remettre l’Europe sur les rails et de préparer le traité de Rome. Cette Conférence se tiendrait à vingt-sept, avec un statut spécial d’observateur pour la Grande Bretagne.  
N’oublions pas que le peuple britannique est un grand peuple européen et que nous partageons avec lui de très nombreux intérêts communs, notamment dans le domaine de la sécurité, si important aujourd’hui.  
Bien entendu, la Grande Bretagne, le moment venu,  aura toute sa place dans ce que le général de Gaulle appelait « une Europe européenne », c’est-à-dire une Europe capable d’exister stratégiquement par elle-même et pour elle-même, dans le monde du XXIe siècle.

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