memo00061.jpgCrédits photographiques du blog citoyen, socialiste et républicain.

J’ai relu ce matin ce livre écrit par Jean-Pierre Chevènement quatre années après la première guerre du Golfe. La justesse de sa vision de la poussée de l’intégrisme en pays musulman est, rétrospectivement, tout à fait saisissante! Les origines idéologiques de l’intégrisme, sa géographie et ses développements dans la fin du siècle dernier sont remarquablement exposés avec une prospective pénétrante. Après le désastre des interventions occidentales dans ces guerres pour le contrôle des gisements de pétrole ne subit-on pas à présent ce retour de bâton?

Cet essai, riche de références et d’expériences, met en perspective les questions géopolitiques, économiques, religieuses et culturelles autour de cet Orient dévasté dans sa confrontation avec les appétits d’une Amérique prédatrice et, dans son sillage, d’un Occident aveugle et sourd, prétendant toujours faire la guerre « au nom du droit » et conduire une « ingérence humanitaire ».

Cette approche intellectuelle et concrète de Jean-Pierre Chevènement, fruit d’un engagement précoce dans une vie politique d’une exceptionnelle densité, tranche en effet avec les discours convenus de ceux qui n’ont toujours pas mesuré les effets directs et collatéraux de cette diplomatie incohérente.

Je recommande à nos internautes la lecture de cet ouvrage qui débute par ces mots aujourd’hui chargés de sens : 

« De Bagdad à Jérusalem et Gaza, d’Alger à Tunis, je n’ai entendu qu’une question : la Méditerranée, demain, deviendra-t-elle un enfer?

Et en mon for intérieur, j’ai souci pour la France ».

On trouvera surtout un éclairage très actuel et d’une grande pertinence sur ces questions dans les travaux de la fondation Res Publica dirigée par ce républicain laïc instruit d’une expérience concrète du monde arabe,- et ce, dès la guerre d’Algérie -, à la lecture et à la rencontre des grands penseurs et dirigeants du monde arabe et dans sa réflexion partagée avec les plus grands spécialistes de l’Islam et de l’Orient, parmi lesquels son ami, le regretté Jacques Berque.

Depuis l’annonce présidentielle d’une probable nomination de l’ancien ministre d’Etat à la tête de la fondation pour un islam de France, j’ai espoir en l’acceptation par l’intéressé d’une telle mission. Sa vision laïque, subtile et équilibrée et sa notoriété au sein du monde arabo-musulman sont un gage de  capacité à accomplir une oeuvre d’une particulière nécessité dans cette période de confrontation de notre république aux crimes terroristes et à la violence  de l’intégrisme.

Xavier Dumoulin