décembre 2016
Archive mensuelle
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Créé par sr07 le 29 déc 2016 | Dans : Blog du Che, Contre la guerre
Votre pays s’apprête à vivre une année électorale particulière. La question de l’islam et de l’islamisme serait-elle déterminante ?
La lutte contre le terrorisme est une cause qui doit nous réunir. Elle se prête à des amalgames dont j’espère que les principales forces politiques en France sauront éviter. La Fondation de l’islam de France est là pour rappeler que nos compatriotes musulmans ont le droit de vivre paisiblement leur religion.
Une très large majorité de Français l’accepte, même si des actes antimusulmans peuvent être commis, qui sont autant de provocations à la haine et dont il convient de confondre les auteurs. Pour le reste, la France est suffisamment au clair avec son identité républicaine pour se concentrer sur les problèmes économiques, politiques, sociaux qui naissent d’une «globalisation» mal maîtrisée.
Comme dans beaucoup de pays, il existe aussi en France un islamisme politique radical ; comment cette mouvance a-t-elle pu prendre forme ?
Cette mouvance s’est développée depuis une vingtaine d’années. Elle est un aspect de cette «globalisation» devenue folle. Elle est à l’intersection des problèmes sociaux en France et des conflits internationaux, au Moyen-Orient notamment. Il faut éteindre ces incendies, rendre des pays comme la Syrie et l’Irak vivables pour leur population. Et nous avons aussi à faire en France un immense travail de pédagogie républicaine. Ce sera un travail de longue haleine. Mais avons-nous un autre choix ? Comme l’a écrit Schopenhauer : «Ce n’est pas le chemin qui est difficile. C’est la difficulté qui est le chemin».
Existe-il un lien entre la montée de l’islamisme en France et certaines monarchies du golfe accusées de soutenir financièrement et idéologiquement les islamistes français ?
Il n’est pas douteux que le terrorisme soi-disant djihadiste a pu se développer sur le terreau du salafisme, lui-même propagé depuis plusieurs décennies par des fondations d’inspiration wahhabite. Les chocs pétroliers ont fait basculer vers le Golfe le centre de gravité du Moyen-Orient au détriment de pays comme le Liban ou l’Egypte.
Mais le triomphe du fondamentalisme religieux n’est qu’une autre face de l’échec du mouvement de réformes que symbolisait la «Nahda» et dont la guerre des Six Jours (1967) et les deux guerres du Golfe (1991 et 2003) ont été les manifestations les plus violentes. Mais cet échec de la Nahda n’est pas définitif. Il nous appartient de reconstruire un horizon de progrès non seulement pour le monde arabe, mais pour le monde entier.
Dans quelle mesure les conflits qui agitent le Moyen-Orient impactent-ils la radicalisation en France ?
Daech est le legs empoisonné des deux guerres du Golfe. En détruisant l’Etat irakien, les Etats-Unis ont créé les conditions de l’affrontement entre chiites et sunnites. En Syrie, nous assistons à la surimposition d’une guerre civile entre le régime et son opposition traditionnellement islamiste, et d’une guerre par procuration entre la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar, sunnites d’une part, l’Iran chiite et ses alliés, d’autre part.
Le mythe du «djihad» planétaire est né dans les années 1980 dans les montagnes d’Afghanistan. L’Algérie en a payé le prix dans les années 1990. Aujourd’hui, la France et l’Europe sont frappées. Nous n’éradiquerons pas facilement ce mythe obscurantiste sinon en ouvrant un nouvel horizon de progrès et de paix pas seulement au monde musulman mais à l’Humanité tout entière.
Créé par sr07 le 23 déc 2016 | Dans : Blog du Che, Projet politique
Entretien de Jean-Pierre Chevènement à La Tribune, propos recueillis par Jean-Christophe Chanut et Romaric Godin, mardi 20 décembre 2016.
Créé par sr07 le 16 déc 2016 | Dans : Blog du Che, Projet politique
FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – Pour le nouveau patron de la Fondation de l’islam de France, l’islam politique est d’abord le révélateur du malaise français. Pour l’ancienne ingénieur de l’École polytechnique d’Alger, il s’agit de la menace prioritaire à laquelle la République est confrontée.
Tous deux sont des amoureux de l’Histoire de France et des patriotes incandescents attachés à l’autorité de l’État. Le premier, ancien ministre de l’Intérieur, vient d’être nommé à la tête de la Fondation de l’islam de France et publie Un défi de civilisation (Fayard). Une méditation profonde sur les racines du malaise français en même temps que programme de salut public. La seconde, ancien membre du Haut Conseil à l’intégration, s’est vu décerner le prix littéraire Honneur et Patrie de la Société des membres de la Légion d’honneur pour Décomposition française. Comment en est-on arrivé là? (Fayard). Essai magistral qui s’inscrit dans la filiation de L’Étrange Défaite de Marc Bloch. Pour le «che», l’islam politique est d’abord le révélateur de notre crise existentielle. Pour l’ancienne ingénieur de l’École polytechnique d’Alger, il s’agit de la menace prioritaire à laquelle la République est confrontée.
Le 11 janvier, Jean-Pierre Chevènement est l’invité des «Grandes Rencontres du Figaro», Salle Gaveau*. Il donnera sa vision de la France, de l’islam et de la nouvelle donne géopolitique marquée par le retour des nations.
LE FIGARO. - Jean-Pierre Chevènement, votre dernier livre s’intitule Un défi de civilisation. N’y a-t-il pas davantage lieu de croire à un choc des civilisations?
Jean-Pierre CHEVÈNEMENT. -L’idée d’un choc des civilisations a été développée par l’essayiste américain Samuel Huntington en 1994. Celui-ci ne souhaite nullement ce choc mais il en perçoit le risque dans l’univers de la globalisation marqué par l’effondrement des grandes idéologies. Sa définition des différents «blocs de civilisation» (occidental, orthodoxe, confucéen, etc.) est contestable. Même la «civilisation musulmane» est loin d’être homogène: il y a une mosaïque de l’islam traversée par plusieurs courants et différentes écoles. L’échec de la Nahda (la Réforme) n’est pas définitif. L’humanité reste composée de nations et la nation, à mes yeux, reste encore un concept plus opératoire que celui de «bloc de civilisation».
Cela dit, l’hypothèse de Huntington, qui apparaissait lointaine en 1994, s’est considérablement rapprochée depuis. L’idée de choc des civilisations a été portée aux États-Unis par les intellectuels néoconservateurs qui, dès la fin des années 1990, ont théorisé l’idée d’un «nouveau siècle américain» fondée sur l’exportation de la démocratie par la force des armes. Ce courant serait resté complètement marginal sans les attentats du 11 Septembre et la réponse totalement inappropriée qu’y a apportée George Bush Jr. Celui-ci a envahi l’Irak, a détruit son État et créé les conditions de l’émergence de Daech. De l’autre côté, le fondamentalisme religieux s’est affirmé. 1979 est l’année charnière. En Iran avec Khomeyni, en Arabie saoudite avec l’occupation des Lieux saints par des extrémistes wahhabites, et en Afghanistan avec l’invasion soviétique et l’organisation d’un premier djihad armant les moudjahidins afghans. De là naîtra après la guerre du Golfe la nébuleuse al-Qaida. De part et d’autre, des groupes très minoritaires, au départ, ont ainsi entraîné le Moyen-Orient dans un chaos sans fin. Pour moi, le défi de civilisation n’oppose pas le monde musulman et le monde occidental. Il interpelle et traverse aussi bien l’Occident que l’Orient. Il faut rappeler que les Irakiens, les Afghans ou les Algériens ont payé le plus lourd tribut au terrorisme djihadiste. Il faut offrir un horizon de progrès à des peuples qui ont perdu leurs repères, qui ont l’impression d’aller dans le mur. C’est vrai aussi du peuple français. Il faut ouvrir des voies de réussite et d’élévation économique, sociale, morale, spirituelle. Tel est le défi de notre époque. Lire la suite »
Créé par sr07 le 15 déc 2016 | Dans : a-le quartier libre de XD
Créé par sr07 le 25 oct 2016 à 4:41 | Dans : a-le quartier libre de Xavier Dumoulin |
Créé par sr07 le 09 oct 2016 à 10:07 | Dans : a-le quartier libre de Xavier Dumoulin
Créé par sr07 le 29 oct 2007 à 12:11 | Dans : a-le quartier libre de Xavier Dumoulin
Créé par sr07 le 08 déc 2016 | Dans : Non classé
«Cerveau, neurones, écoute, avenir, parole, santé, vie, éducation, prévention, espoir…» Les mots décorant les murs du forum «Quand le corps s’éclipse», samedi 3 décembre à Paris dans les locaux de la rédaction, résumaient bien l’esprit de la manifestation. Après la journée mondiale de l’AVC, Libération poursuivait sa réflexion sur la place de la maladie dans nos sociétés. Un sujet qui a rassemblé quelque 800 personnes, dont de nombreux médecins, cadres hospitaliers, infirmiers ou malades.
«La santé, c’est politique !» La première table ronde a abordé un thème qui devrait s’imposer dans le dé bat présidentiel qui s’ouvre. Quelles réformes ? Comment mobiliser les citoyens et les professionnels ? La maladie, comme la «bien-portance», concerne l’individu mais est aussi une question sociétale dont les politiques peinent à s’emparer, malgré le montant colossal des dépenses publiques dans ce domaine (près de 257 milliards d’euros en 2014).
Ainsi l’accident vasculaire cérébral (AVC). Il touche 150 000 personnes par an. «C’est la première cause de handicap au sein de la population française», indique Norbert Nighoghossian, chef du service neurovasculaire des Hospices civils de Lyon. Son coût actuel (8 milliards d’euros par an) pourrait être réduit en s’attachant à un impératif : la prévention. En particulier auprès des soignants que l’on retrouve «en première ligne» : les généralistes. «Or, ça ne coûterait pas un sou de modifier les parcours de formation initiale et continue dans ce sens», souligne Alain Fischer, professeur d’immunologie. Seconde nécessité : «Structurer le soin, le rendre pertinent de bout en bout», notamment en se livrant à l’hôpital à une «réorganisation de la chaîne du cardio-vasculaire», juge le professeur Nighoghossian. Mais pas de synergie sans transdisciplinarité. D’où la nécessité de mettre fin aux «querelles de territoires entre les spécialités médicales», comme le note Martin Hirsch, directeur général des Hôpitaux de Paris. Cela interroge selon lui «la notion même de discipline : les pathologies chroniques sont de moins en moins mortelles à court terme. Il est de plus en plus rare qu’un patient soit pris en charge par un seul traitant». D’après Jean Leonetti, ancien ministre, cette réorganisation pourrait être le socle d’une «démocratie sanitaire raisonnable», où le patient serait responsabilisé, où les choix thérapeutiques seraient dictés par l’éthique, et non par les enjeux financiers ou la performance médicale.
Si ce changement «culturel» reste éminemment politique, les décideurs ne pourront s’exonérer de l’expertise des personnels hospitaliers et des acteurs du monde associatif en lutte permanente contre le manque de reconnaissance des patients et de leurs aidants, ces «invisibles», sujets du second débat. «La maladie est une invisibilisation du sujet à lui-même», confirme Céline Lefève, philosophe à l’université Paris-Diderot. L’identité biologique et sociale du patient s’estompe dès son entrée à l’hôpital. Comme l’explique la neuropsychologue Inge Cantegreil-Kallen, «le malade y est encore trop souvent vu comme un pur objet de soins et pas comme un sujet à part entière». L’adoption d’un plan AVC de 2010 à 2014 a certes permis la mise en place de 140 centres de prise en charge multidisciplinaire, mais «les structures hospitalières demeurent insuffisamment préparées», regrette Pascal Piedbois, directeur médical de Boehringer-Ingelheim.
Et «il ne faut jamais oublier que la deuxième victime de la maladie chronique, c’est la famille», rappelle Janine-Sophie Giraudet, médecin rhumatologue à l’hôpital Cochin. On dénombre, en effet, plus de 8 millions d’aidants, dont deux tiers sont des femmes. Si la loi du 11 février 2005 leur a donné un statut, ces «travailleuses de l’ombre», exposées à un stress chronique, «affichent un taux de mortalité supérieur de 30 % à celui du reste de la population», détaille Janine-Sophie Giraudet, qui milite pour la création d’un parcours de soins spécifique. Le milieu associatif, grâce au «baluchonnage», joue lui aussi un rôle de soutien. «Cette pratique venue du Canada consiste à confier le proche malade ou handicapé à des volontaires rémunérés pour soulager l’aidant durant quelque temps», fait savoir Paul Ramazeilles, secrétaire adjoint de la fédération France AVC.
Car du temps, il en faut durant la convalescence pour se reconstruire et reprendre possession d’un «corps en désordre», sujet du troisième débat de la journée. Une situation qu’a bien connue Matthieu Firmin, journaliste-vidéaste. Paraplégique à 40 ans après un accident vasculaire, il a filmé la reconquête de ce corps défaillant (1). «En rééducation, on vous apprend à redevenir autonome, témoigne-t-il. Ensuite, c’est le système D.» Au fil des journées à l’hôpital, les malades se transmettent leurs «astuces» : «On invente d’autres chemins de mobilité, pour mettre ses chaussettes, se gratter le nez, aller aux toilettes tout seul» , détaille-t-il.
Ce «savoir profane» bouleverse le rapport médecin-malade, traditionnellement «binaire et hiérarchique», rappelle Christine Détrez, sociologue à l’ENS Lyon. Or «il faut apprendre à résister aux médecins» , considère Matthieu Firmin. «Tout le monde n’en a pas les ressources. C’est ce capital social, intellectuel qui détermine in fine la capacité d’adaptabilité» , nuance Christine Détrez. Cela se vérifie dans le cas de l’AVC, pointe Matthieu Firmin : «Il y a un protocole qui accompagne le patient jusqu’à son réveil post-opératoire. Cela dit, ensuite, ce n’est pas la médecine qui fait à proprement parler guérir.» L’aphasie, l’une des séquelles courantes, peut ainsi être tardivement révélée – et prise en charge : «S’il n’y a pas d’hémiplégie, elle ne se voit pas, explique la neurologue Gisèle Gelbert. Dans ce cas, le diagnostic se fait sur des bizarreries : un patient peut par exemple parler, écrire et lire, mais il n’arrivera pas à associer ces fonctions correctement.»
Pour boucler cette journée, il fallait un philosophe et un visionnaire. Que sera la médecine du futur ? Va-t-on vaincre la maladie ? Puis la mort ? Le fantasme d’un génome contrôlé et d’un humain augmenté resurgit. Pas si fantasmé à en croire Laurent Alexandre, chirurgien et directeur de DNA Vision, pour qui «les nanotechnologies, biotechnologies, informatiques et sciences cognitives (NBIC), portées par les dirigeants transhumanistes de la Silicon Valley, vont bouleverser la médecine».
La promesse d’un gigantesque transfert de pouvoir des médecins aux géants du numérique est un casse-tête éthique. «Déplacer ainsi la frontière entre le normal et le pathologique débouche sur le « panmédicalisme », dénonce le philosophe André Comte-Sponville, ex-membre du Comité consultatif national d’éthique. Est-ce encore de la médecine ou déjà du dopage ?» Un questionnement d’autant plus légitime que l’établissement d’une législation internationale en matière de bioéthique apparaît de nos jours peu probable.
Alors, tous augmentés ? Faut-il aller jusqu’à la dématérialisation de la vie, comme le prônent les transhumanistes ? «La transgression, c’est un truc contingent et local, argumente Laurent Alexandre. Il est donc très dur de prévoir ce que seront les normes éthiques et morales en 2060.» Pas enchantée par ces perspectives désincarnées, une femme dans le public s’interroge : «Ça serait quoi, une vie dématérialisée ? On ne mangerait plus, on ne ferait plus l’amour, on ne jouerait plus de musique… Eh bien, non merci !»
(1) Le documentaire «Lève-toi et marche !» sur www.spicee.fr