Quand ceux d’en bas rallument la flamme de la nation souveraine…
Créé par sr07 le 03 déc 2018 à 9:39 | Dans : a-le quartier libre de XD
Derrière les gilets jaunes, se sont des millions de Français qui poussent un cri de colère, refusant ce monde d’injustice et de mépris qui n’assure plus d’avenir aux couches populaires, celles-là mêmes qui ne bouclent même plus leur fin de mois. Ce mouvement de masse digne, spontané et déterminé des gilets jaunes, à l’opposé des violences provocatrices qui voudraient le disqualifier, nous rend la fierté d’être Français! Et appelle à une révision de fond des politiques publiques, en commençant par la redistribution des revenus. Pour huit Français sur dix, ce mouvement populaire jouit d’une vraie légitimité quand il reste au cœur de la question sociale.
L’inflexibilité du gouvernement dictée par la posture du président fait apparaître plus que jamais le caractère clanique de cette « gouvernance » méprisante. Pour autant les leçons de l’histoire, au lendemain de ce deux décembre, doivent inciter les représentants et élus de la nation à faire preuve de la plus grande vigilance face aux risques de chaos si la stratégie du pourrissement en œuvre devait déstabiliser le pays pour renforcer un césarisme, déjà en germe dans ce pouvoir intransigeant mais autant isolé que décalé.
Entendons-nous bien sur l’enjeu de cette période qui ouvre le champ des possibles, c’est à dire du pire ou du meilleur. Cette sortie par le haut suppose une puissante capacité pédagogique des mouvements citoyens et sociaux face à un pouvoir sourd et impuissant pour sortir d’un blocage jusqu’alors orchestré par les dirigeants nationaux, crispés sur le maintien d’une politique austéritaire, d’imposition fiscale et d’écologie punitive qui frappe d’abord les plus démunis.
A l’heure des consultations des partis par le premier ministre, ce lundi 3 décembre, et après cette grande démonstration de force dans la durée qui porte les revendications des gilets jaunes, en écho, faut-il le souligner, à de nombreuses propositions émanant des forces syndicales ou politiques de ce pays, il importe donc avant tout d’ouvrir une perspective d’avancées sociales. Et, sous cet angle, d’exiger comme préalable le retrait de la hausse des carburants, qui doit s’accompagner d’une nouvelle approche des politiques salariales et sociales. Faute de quoi il appartiendra aux forces démocratiques de conjuguer leur action pour retrouver une issue politique à cette insurrection rampante face à la tentation autoritaire.
Dans ce cadre, on voit mal comment une autre politique pourrait surgir sans s’affranchir de la doxa néolibérale et du carcan de cette Europe austéritaire rejetée par le peuple français lors du référendum de 2005. Ce retour de bâton doit cibler sa trajectoire politique en pointant l’idéologie de l’ordo-libéralisme portée depuis trop longtemps par des sensibilités politiques de tous bords au grand bénéfice de l’establishment, c’est à dire de ceux d’en haut qui assurent ainsi la promotion de leurs intérêts égoïstes dans cet espace du capitalisme financier international.
Dans cette épreuve de force, l’écoute et la pédagogie s’imposent pour ranimer une parole politique aujourd’hui fortement diminuée et contestée du fait des abandons de souveraineté qui mettent à mal la république sociale et l’existence même de la nation comme communauté de citoyens.
Xavier DUMOULIN
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Lu dans le Figaro en ligne : Jérôme Sainte-Marie : «Pourquoi les Gilets jaunes profitent plus à Le Pen qu’à Mélenchon»
Par Etienne Campion Jérôme Sainte-Marie Mis à jour le 15/01/2019 à 20:38 Publié le 10/01/2019 à 10:54
FIGAROVOX/ENTRETIEN – Le sondeur Jérôme Sainte-Marie analyse les conséquences électorales de la crise des Gilets jaunes. Il explique pourquoi le Rassemblement national et Debout la France bénéficient mieux que la France insoumise des retombées du mouvement.
Jérôme Sainte-Marie dirige actuellement Pollingvox, une société d’études et de conseil spécialisée dans les enjeux d’opinion, fondée en 2013. Il a notamment publié Le nouvel ordre démocratique (éd. du Moment, 2015).
FIGAROVOX.- Un récent sondage (Ifop-Fiducial pour Paris Match et Sud Radio) indique que pour la première fois le Rassemblement national est considéré comme incarnant mieux l’opposition que la France insoumise. Le mouvement des Gilets jaunes est-il une aubaine pour le Rassemblement national?
Jérôme SAINTE-MARIE.- Assurément. L’IFOP posant cette question depuis l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron, on peut mieux comprendre ce qui se passe. Ainsi, la proportion de personnes citant le Rassemblement national est passé 22% en septembre à 35% aujourd’hui, cependant que la France insoumise voyait son score baisser d’à peu près autant, de 42% à 30%. Durant toute l’année précédente, marquée par la réforme du Code du travail, de l’accès à l’Université et du statut de la SNCF, le parti de Jean-Luc Mélenchon a pu s’affirmer comme principal opposant, mais sur fond de défaites successives du mouvement social. Ces batailles lui convenaient aussi bien qu’elles embarrassaient le Rassemblement national. Celui-ci doit en effet composer avec les contradictions de son électorat, où cohabitent nombre de commerçants, travailleurs indépendants et de petits patrons avec une masse significative de salariés modestes: selon l’institut IPSOS, 37% des ouvriers et 32% des employés ayant voté le 23 avril 2017 ont choisi Marine Le Pen. Ces différentes catégories n’ont pas les mêmes intérêts ni les mêmes positions, par exemple sur la revalorisation du salaire minimum. Mais cet embarras, très perceptible il y a un an, n’existe plus pour le Rassemblement national: la mobilisation des Gilets jaunes est partie sur une question fiscale, et plus précisément sur une taxe, qui frappe toutes les catégories sociales à la fois.
Dans une certaine mesure, ces deux formations, le RN et DLF, se complètent autant qu’elles se concurrencent. La « diabolisation » qu’elles subissent n’est pas de même intensité et elles séduisent des catégories de Français assez différentes.
Dès lors, le facteur décisif pour se sentir concerné n’est pas sa place dans l’appareil productif mais le niveau de ses revenus. C’est tout à fait différent et beaucoup plus facile à traiter par le parti de Marine Le Pen. Par ailleurs, le phénomène des Gilets jaunes ravive plusieurs thèmes familiers à cette dernière, tels que la ruralité, la «France périphérique» ou le séparatisme social des cadres supérieurs, et se teinte dans ses formes de mobilisation d’un patriotisme certain, quoi que l’on puisse en penser sur le fond.
Comment considérer la progression de Debout la France pour le Rassemblement national, est-ce un obstacle? De quoi le renforcement de ces deux partis est-il le signe?
Ces deux formations politiques sont idéalement positionnées pour faire le lien entre la discipline budgétaire, au cœur de la mobilisation initiale des Gilets jaunes, et l’enjeu européen. Le Rassemblement national comme Debout la France peuvent en outre jouer sur un effet de symétrie avec la ferveur véhémente d’Emmanuel Macron à l’égard de l’Union européenne. Ce sont eux qui sont visés à chaque fois que le président de la République stigmatise la «lèpre» nationaliste, populiste et réactionnaire! Et ils profitent logiquement de la polarisation du débat public souhaitée par La République en Marche pour déstabiliser un peu plus le Parti socialiste et surtout désormais Les Républicains. Dans une certaine mesure, ces deux formations, le RN et DLF, se complètent autant qu’elles se concurrencent. La «diabolisation» qu’elles subissent n’est pas de même intensité et elles séduisent des catégories de Français assez différentes. Ainsi les électeurs tentés par le parti de Nicolas Dupont-Aignan sont souvent plus âgés et mieux intégrés socialement que ne le sont ceux du Rassemblement national. C’est d’ailleurs pourquoi la progression d’une liste DLF dépend surtout de son attractivité à droite, ce qui n’est pas le cas de la liste RN. Enfin, dans un scrutin où peu de gens votent – les suffrages exprimés n’ont représenté que quatre inscrits sur dix en 2014 -, le principal est avant tout de mobiliser ses propres sympathisants bien plus que de se disputer les électeurs avec les listes concurrentes. Du coup, la rivalité entre le Rassemblement national et Debout la France n’est pas forcément un jeu à somme nulle.
Jérôme Sainte-Marie : «Le RN est remonté dans les sondages après l’été 2018»
Jérôme Sainte-Marie, politologue, président de Pollingvox, décrypte la montée du RN en France, en pleine crise des « gilets jaunes ».