Lu dans le Figaro : Crise des urgences «Ni les patients ni les soignants n’en sont responsables», par Cécile Thibert
Créé par sr07 le 10 juin 2019 à 21:35 | Dans : Santé-social-logement
Crise des urgences: «Ni les patients ni les soignants n’en sont responsables»
- Par Cécile Thibert
- Mis à jour le 10/06/2019 à 20:58
INTERVIEW – Le sociologue Pierre-André Juven, spécialiste des politiques de santé, rappelle que la crise actuelle est la conséquence de décennies d’inaction politique.
Les services d’urgence sont à bout de souffle. Depuis mi-mars, le nombre de services en grève ne cesse d’augmenter. Selon France Info, 84 services étaient mobilisés au 6 juin (dont une vingtaine à Paris), contre 62 le 20 mai dernier. Ce même 6 juin, une journée de mobilisation nationale est organisée pour demander une hausse des effectifs, des salaires et des moyens supplémentaires, alors que dans le même temps, le congrès des urgentistes se tenait à Paris. Face à la montée des tensions, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a salué «le travail accompli par les équipes» et annoncé cinq mesures dont le lancement d’une «réflexion pour la refondation des urgences» et des financements pour faire face aux «situations exceptionnelles».
Sociologue au CNRS spécialiste des politiques de santé et coauteur de La casse du siècle: À propos des réformes de l’hôpital public (avec Frédéric Pierru et Fanny Vincent, Ed. Raisons d’agir), Pierre-André Juven décrypte la crise.
LE FIGARO. – Quelle est la situation des urgences à l’heure actuelle?
Pierre-André JUVEN. – La situation actuelle invite au pessimisme: le renouvellement du matériel est insuffisant, les professionnels de santé se disent très fatigués, en témoigne le fort taux d’absentéisme, et les violences au guichet sont de plus en plus fréquentes. En parallèle, la médecine de ville n’est pour l’instant pas en capacité d’absorber ce que l’hôpital ne devrait pas avoir à faire.
Certes, par définition, les urgences sont des services en tension, mais cette tension varie plus ou moins selon les périodes. Les proportions que prend le mouvement actuel sont particulièrement impressionnantes et révélatrices de la gravité de la situation. Après avoir démarré à Paris, elle a progressivement gagné de nombreuses villes à travers tout le pays. Cela fait bientôt trois mois qu’elle dure. Il s’agit essentiellement d’une mobilisation de paramédicaux – ils sont en première ligne -, même si des médecins participent aussi.
Il faut aussi souligner que dans l’histoire des mobilisations à l’hôpital, les soignants ont toujours fait grève tout en continuant à travailler. Cette fois, certains en viennent à être mis en arrêt maladie. Cette modalité d’action, récemment critiquée par la ministre de la Santé et par certains députés, témoigne d’un niveau d’épuisement rarement atteint. Un seuil a été franchi.
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