Présidentielles : à gauche, sortons des équations trop simplistes
Créé par sr07 le 11 avr 2022 à 9:34 | Dans : a-le quartier libre de XD
A gauche, les résultats démontrent l’inexorable déclin du parti socialiste et l’impossible ascension du vote écologique. De quoi invalider l’illusion d’un pôle social-écologique porté par l’équipe dirigeante du P.S. Le « roussellement » espéré des communistes appuyés par les gauches socialistes et républicaines (MRC et GRS), n’a pas trouvé à s’épanouir avec un vrai siphonage par le vote « efficace » Mélenchon qui s’est quand même avéré insuffisant à sélectionner son champion pour le deuxième tour. C’est tout de même un vrai succès pour l’Union populaire qui représente à présent une force incontournable à gauche.
Les principales différences entre les deux candidatures de la gauche de gauche portaient, au-delà de la personnalité des protagonistes, sur une conception d’ensemble de la république, avec une certaine porosité des idées de la « gauche woke » chez Mélenchon et une clarté d’expression sur la laïcité et la référence aux fondamentaux républicains chez Roussel, les deux affichant une heureuse convergence sur leur attachement à la république sociale. Les questions bien actuelles de sécurité, d’indivisibilité de la république face aux montées des différentialismes renvoyant elles-mêmes, en arrière-plan, à celle des rapport avec l’institution policière, à l’autonomie de la Corse ou bien au respect de la laïcité. Autre domaine de bifurcation très forte : celle de la politique énergétique qui pose la place du nucléaire dans la transition écologique et l’incidence de l’accès à une électricité non polluante et bon marché sur le respect des objectifs de lutte contre le réchauffement climatique et le pouvoir d’achat. En s’alignant sur les thématiques des écologistes pour capter cet électorat, le candidat insoumis prenait le risque d’une option Roussel, favorable à un mix énergétique incluant le nucléaire et plus lisible quant à sa volonté de réindustrialisation des territoires, chez les électeurs refusant les facilités de la rhétorique au bénéfice du réalisme en la matière. La question sociale étant par ailleurs la mère d’un projet de gauche, les propositions en matière de pouvoir d’achat des classes populaires et d’emploi ne sauraient souffrir d’incohérences.
Dans ce sens, et après avoir bénéficié à plein de l’effet vote utile, il serait bien choquant de la part de la France insoumise, de faire des griefs à l’électorat resté fidèle au candidat communiste, à son programme des jours heureux et sa liberté de ton. C’est dans la définition stratégique et programmatique qu’il eût fallu dépasser ces contradictions en amont d’une candidature unique, le vote Roussel exprimant par ailleurs la mobilisation d’un électorat très attaché au cœur du programme des jours heureux.
Quoi qu’il en soit, j’observe que nous ne manquions pas, à gauche, de personnalités de valeur, à l’instar de nos deux protagonistes qui ont tous les deux menés des campagnes de hautes tenues. Notons la voix d’une Ségolène Royale, hier soir dans une émission électorale, qui donnait à réfléchir sur les capacités politiques à conduire une campagne électorale dans son ancien parti. La candidate à la présidentielle de 2007 qui prônait le vote utile Mélenchon, dans cette campagne, a mis au défi le candidat-président sortant d’avancer sur la justice sociale et écologique, faute de quoi il pourrait bien échouer à conjurer le sort de l’extrême droite aux portes du pouvoir. Autre façon d’en appeler à un renouveau de la politique et à un dépassement d’une gestion sociale néolibérale, par ailleurs ni sociale ni libérale quand le ministre de l’intérieur Darmanin pouvait encore, il y a peu, rivaliser d’arguments empruntés à sa contradictrice, Marine le Pen, dans un fameux débat télévisuel…
Les classes populaires doivent retrouver une représentation politique évitant la tentation de l’abstention et du vote populiste identitaire. Ce sera bien entendu l’objet et l’enjeu du rassemblement nécessaire pour aborder les élections législatives dans un rapport plus favorable aux forces de contestation des politiques néo-libérales et autoritaires, selon des modalités dictées par des considérations de salut public, à l’encontre des solutions simplistes et démagogiques.
Xavier DUMOULIN
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.