Ne laissons pas la démocratie se dissoudre !
Créé par sr07 le 15 juin 2024 à 6:46 | Dans : Articles de fond, Battre campagne
Dans son infolettre du 14 juin, la rédaction de la revue Esprit fait part de sa stupéfaction depuis l’annonce de la dissolution (1). « Ce n’est pas tant le choix de la dissolution en elle-même, que la méthode et le calendrier retenus, qui nous semblent inacceptables. La décision d’Emmanuel Macron a pris de court tous ceux qui auraient dû, selon ce qu’exigent nos institutions, être consultés. Elle a mis devant le fait accompli la majorité, ses alliés, les parlementaires et leurs collaborateurs, mais aussi les administrations, les agences de l’État, toutes celles et ceux qui travaillent au rythme du temps politique, brusquement suspendu. Elle affaiblit la voix de la France et prend à revers nos partenaires européens et nos alliés, dans un contexte international extrêmement tendu et alors que la situation de l’Ukraine est critique. »
Constatant que si l’extrême-droite se renforce dans certains pays (Pays-Bas et Allemagne notamment), elle recule aussi chez nos voisins mais en France, « l’expression selon laquelle elle est « aux portes du pouvoir » s’est galvaudée [...] La situation française est donc particulière à deux titres : parce que l’extrême droite y a obtenu près de 40% des suffrages ; et parce que le chef de l’État, au motif de prendre acte de ce résultat, a pris le risque de lui confier les clés du pays ».
Evoquant des éléments de réponses alternatifs, la rédaction accuse le président Macron, « qui veut rester « maître des horloges » [et] impose une brutalisation du temps de la délibération démocratique : une campagne éclair, un second tour au début des grandes vacances d’été et, encore une fois, le risque du chaos brandi comme seul principe de légitimation ».
La rédaction invite à « jeter toutes nos forces dans la bataille pour que le pire n’advienne pas. Cela commence, sur un plan intellectuel et politique, par le refus de la rhétorique consistant à renvoyer dos-à-dos les « extrêmes », face auxquels s’imposerait le choix de la « modération « . Les dernières années ont apporté la preuve que ce discours est non seulement problématique sur le fond, mais manque systématiquement sa cible. Alimentant les colères et les exaspérations par l’arrogance dont il témoigne, il ne fait en définitive qu’accélérer la montée de l’extrême droite ».
S’agissant du RN, l’infolettre appelle à faire tomber les masques pour faire comprendre « l’idéologie, inégalitaire et racialiste, qui lui est spécifique » et connaitre « les mesures indignes qui figurent à son programme » ainsi que « les conséquences concrètes qu’aurait son arrivée au gouvernement en matière de politique sociale, de droit du travail, d’éducation ou de culture ».
Mais il faut surtout répondre « sur le plan du sentiment politique et pas seulement dans le registre de la compétence ou de l’efficacité, au puissant désir de protection qui s’exprime dans les sociétés contemporaines, que l’extrême droite partout entend détourner à son profit ».
Et la rédaction de conclure : « Que l’on songe au creusement des inégalités, au sentiment d’abandon et à la perte de repères, aux bouleversements technologiques ou au péril climatique, c’est de la gauche que doivent venir les propositions capables de faire durablement reculer l’attrait des politiques d’exclusion, de violence ou d’injustice. La responsabilité qui pèse sur ses dirigeants, mais aussi sur les intellectuels et l’ensemble des citoyens, est immense. Vous pouvez compter sur la rédaction d’Esprit pour y prendre sa part, aujourd’hui, dans la campagne qui s’ouvre, et au-delà. »
(1) L’infolettre d’Esprit du 14 juin précise : « La gravité des événements survenus dimanche soir nous conduit à rompre avec le format habituel de notre infolettre hebdomadaire. D’autres textes d’Esprit suivront dans les semaines à venir, au fur et à mesure des réunions de notre comité de rédaction. »
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