Il était une fois dans l’Ouest des Landes (avec la vidéo du Meeting départemental de Morcenx du Nouveau Front Populaire)
Créé par sr07 le 28 juin 2024 à 8:44 | Dans : a0-blog citoyen, socialiste et républicain et actualité du Nouveau Front Populaire, Battre campagne
Un sentiment de nostalgie m’a saisi, hier soir, dans cette salle du Maroc à Morcenx la Nouvelle. Cette cité ouvrière, anciennement reconvertie quand cessa l’exploitation de lignite à ciel ouvert qui faisait tourner la centrale électrique d’Arjuzanx, est socialiste depuis des décennies. Et donc, depuis des lustres une municipalité de gauche dirige cette petite ville au cœur de ces Landes socialistes. Avec historiquement, une parfaite adéquation entre ses habitants, ses travailleurs, ses retraités, et ses représentants au conseil municipal et général. Bien avant le tournant de l’Union de la Gauche des années soixante-dix qui vit l’apogée politique d’un Scognamiglio, ce directeur d’école, militant socialiste et laïc, devenu maire en 1977 puis conseiller général avant que ne lui succède, dans ses deux fonctions, Jean-Claude Deyres, grande figure locale et énergique qui passa la main récemment au nouvel édile de la ville après de longues mandatures…
A l’hôtel du département, J.C Deyres travaillait assidument ses dossiers de la Solidarité au côté du successeur de Scognamiglio à la présidence du C.G, le regretté Henri Emmanuelli. Lequel eut la riche intuition de parrainer Boris Vallaud dans sa troisième circonscription bien familière à cette nouvelle et grande figure nationale du P.S.
Morcenx la Nouvelle n’a pourtant pas échappé à cette vague électorale qui porte le RN en tête des votes lors des récentes élections européennes, comme elle avait difficilement résisté à la poussée frontiste aux élections présidentielles. Cet affront à l’histoire locale et à ses valeurs constituent une raison de plus pour relever le défi démocratique des législatives sur l’ensemble du département, dans ses trois circonscriptions.
Tout cela donne sens et force au grand meeting de Morcenx qui s’est tenu hier soir en présence des trois candidats du Nouveau Front Populaire pour le Département des Landes :
- Marie-Laure LAFARGUE, 1ere circonscription
- Jean-Marc LESPADE, 2e circonscription
- Boris VALLAUD, 3e circonscription

en cliquant sur l’image retrouvez la vidéo du meeting de Morcenx avec l’intervention de Boris Vallaud (située sur le curseur à la 36° minute) qui fait suite à celles de Marie-Laure Lafargue et de Jean-Marc Lespade.
Ceux-ci, accompagnés de leur suppléant respectif, ont été accueillis par une salle comble qui comprenait dans ses rangs tout ce que compte de représentants la gauche landaise. Dans leur qualité d’élu(e) d’hier et d’aujourd’hui, ministre, député, sénateur et sénatrice, conseiller(ère) régional(e) ou départemental(e), maire, candidat(e) aux dernières élections européennes (1), ces représentants des sensibilités de toute la gauche sont venus témoigner de l’enjeu des prochaines élections auprès des centaines de militants, sympathisants et citoyens.
Après le mot de bienvenue du maire, Paul Carrère, c’est la nouvelle candidate de la première circonscription qui a ouvert le meeting. Sur un mode combatif la challenger a dénoncé l’absence de soutien politique aux projets en œuvre sur cette circonscription de la part des sortants. Avec des démonstrations qui dégonflent l’illusion d’une sortante indéracinable. Des idées et des projets qui ne finiront pas dans le lac de Sanguinet. Avec l’expérience du terrain ; celle de maire de Mimizan, pour F.Pomarez, le suppléant, de Conseillère régionale, pour la titulaire, tous deux maîtrisent bien les dossiers locaux : du retrait du littoral aux filières agricoles, forestières et industrielles en passant par le social, la santé, le développement local, les salaires et l’emploi.
L’ancien maire de Tarnos et conseiller départemental, Jean-Marc Lespade, a montré, lui aussi, sa grande connaissance des dossiers locaux et nationaux dans une intervention captivante traduisant sa profonde capacité de député potentiel dans cette deuxième circonscription. Un territoire en proie aux tensions sur le logement avec aussi des enjeux industriels et de développement local. Lui s’engage au désistement dans l’hypothèse d’une troisième place derrière le sortant en cas de duel avec le RN. La réciprocité est attendue de la part du candidat-député sortant car une triangulaire empêcherait l’élection d’un authentique républicain. Belle leçon de civisme de la part de ce militant chevronné du PCF qui a pour suppléante la socialiste et conseillère municipale d’opposition de la cité dacquoise, Axelle Verdière-Bargaoui.
Une posture à laquelle fait écho cet extrait de sa profession de foi : Nous luttons contre la multiplication des discours de haine et contre la prolifération des menaces et des violences qui abîment notre démocratie. C’est pourquoi notre majorité et nos parlementaires s’engagent à porter ces principes éthiques tout au long de la mandature en refusant la diffusion de fausses informations, la calomnie, le cyberharcèlement, et les incitations à la haine, y compris sur internet. En donnant une majorité de députés au Nouveau Front Populaire, les Françaises et les Français écriront une nouvelle page de l’histoire de France.
Boris Vallaud, conseiller départemental et président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a capté à son tour l’attention d’une salle secouée, sinon traumatisée, par les évènements nationaux. Cette figure de premier plan, principal artisan, dit-on, avec Fabien Roussel, du Nouveau Front Populaire, a fait revivre l’intensité des derniers jours pour remettre la gauche en ordre de combat. Démarche incontournable et réussie pour faire face à cette poussée frontiste qui menace aujourd’hui de déstabiliser la république suite à une dissolution revendiquée, avec cynisme par son auteur, comme « une grenade dégoupillée » jetée dans le camp de ses adversaires.
Avec les précisions utiles sur le programme du NFP, Boris Vallaud a vanté la légitimité de sa logique redistributive. Sans oublier d’apporter toutes les clarifications sur l’aide à « l’entreprenariat-prolétaire » (celui des petits entrepreneurs, commerçants et artisans) dans ce programme pour relever les défis de relance de l’activité et de hausse du SMIC.
D’autres nombreux points ont été déclinés par l’orateur qui pour conclure fait applaudir sa suppléante, Christine Fournadet, avant d’entonner La Marseillaise reprise à l’unisson dans la salle par ces centaines de voix indéfectiblement attachées à notre république française.
En quittant la salle, le cœur gros, je songeais à la dimension historique de cette rencontre dans une conjoncture si grave pour l’avenir de la France. Cet épisode dont le récit mériterait d’être étoffé et partagé figurera sans doute dans les annales de l’histoire locale et nationale.
Il était une fois à Morcenx, dans l’Ouest des Landes (2), une gauche rassemblée qui sut vaincre la peur et relever les défis républicains et sociaux. Au cœur même de ce territoire des métayers-résiniers des anciens cantons de Morcenx, Sabres et Parentis, et à l’image de ces luttes des gemmeurs à l’origine de l’implantation de la SFIO devenue en capacité de concurrencer les radicaux et de porter la question du statut du métayage, dans ce basculement socialiste, force montante à la veille du Front Populaire…
X.D, le 28 juin 2024
(1) Eric Sargiacomo, candidat, élu le 9 juin sur la liste Place Pubique-P.S et Céline Piot, candidate de la gauche unie pour le monde du travail sur la liste PCF, GRS, l’Engagement, LRdG et MRC
(2) Un clin d’œil à ces chasseurs de loups et à ces échassiers dans ce pays de Far-West, objet d’autres développements de notre part dans l’évocation de l’histoire des Landes. Jadis, cette région de transhumance des brebis où l’on chassait aussi le loup, était traversée en diligence par de grands voyageurs avant la construction de la ligne Bordeaux-Bayonne avec sa station de Morcenx, d’où l’on pouvait emprunter l’unique train quotidien qui s’en détache perpendiculairement dans le sens de la mer, descendre deux heures après à Uza ou un courrier emmène les rares voyageurs à travers les bois de pins jusqu’au village de Saint- Julien, point terminus du convoi officiel. De nombreux récits anciens évoquent ces hardes de chevaux, attrapés au lasso, et ces troupeaux de bœufs parcourant les vallées entre les dunes bordant le littoral, troupeaux sauvages dont la densité se raréfia avec le développement et la protection de plantations du pin maritime. Pays de transhumance, ces landes, avant l’extension de la sylviculture, servaient surtout de pâtures aux brebis de moutonniers vagabonds, solitaires et tout en muscles, vêtus de leur laine de moutons et coiffés d’un béret-bonnet, réputés pour leur caractère indépendant et leur agilité, hissés par moment sur leurs échasses, les « xcanques », « tchanques » ou « chancas », permettant d’enjamber les grandes flaques d’eau et de surveiller leur troupeau sur les espaces infinis de la lande. Immortalisés dans les photographies de Félix Arnaudin, ces bergers ressemblaient ainsi à « une sorte d’hybride imaginaire entre la grue et le mouton ».
Après eux, l’histoire sociale des Landes est marquée par les générations de métayers-résiniers et les luttes des gemmeurs à l’origine de l’implantation de la SFIO dans les cantons de Morcenx, Sabres et Parentis. Une SFIO en capacité de concurrencer les radicaux et de porter la question du statut du métayage avec ce basculement socialiste, force montante à la veille du Front Populaire…
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