Avant de commenter plus avant le résultat des élections législatives, retour utile sur la gouvernance macroniste analysée, sur ce blog, par Myriam Lacladère*.

La France est un pays républicain dont la devise remontant à 1789 est Liberté Egalité Fraternité. Elle figure à l’article 4 de la constitution de 1848 et à l’article 2  de la constitution actuelle de 1958.

Le recul des droits, la régression des libertés auxquels nous avons assisté ces dernières années, les choix politiques tournant le dos au progrès social, la maltraitance des précaires, l’abandon des Services Publics, le mépris des mouvements sociaux d’ampleur, comme le combat contre la réforme des retraites, constituent le terreau sur lequel l’extrême droite a prospéré.

Les prises de position de M.Macron dès avant son élection à la présidence de La République, mais aussi les réformes qu’il a imposées à coup de 49-3 contre l’avis des Français, aggravent les injustices, et montrent son rejet de la démocratie et du contrat social . Il a transgressé comme jamais ce contrat auquel les Français sont attachés. Même la droite classique n’a jamais déconstruit à ce point le socle de stabilité de notre société.

Par son système disruptif M.Macron remet en cause les fondements du vivre ensemble patiemment mis en place à la Libération de La France en 1945, et n’a eu de cesse de  déchirer le filet social qui permet aux plus défavorisés de survivre et à La République de prospérer.

Par les injustices et la pauvreté accumulées, il a provoqué la colère des Gilets jaunes puis celle des banlieues et rendu la France difficilement gouvernable. Le lourd bilan des émeutes qui ont enflammé le pays à la fin juin 2023, avec 50.000 émeutiers, 2.508 bâtiments touchés, dont 243 établissements scolaires, pour des dommages estimés à près d’un milliard d’euros (un pognon de dingue?), en sont l’expression récente.

Disruptif dès 2010, alors banquier chez Rothschild, iI a montré un comportement intriguent et de sournoise trahison à l’encontre des journaliste du journal Le Monde lors du rachat de ce quotidien.

En 2015 Macron a exprimé clairement, en petit comité, son positionnement ultralibéral contre les acquis du Conseil national de la Résistance.

Enfin, depuis plusieurs années Macron déconstruit le Service Public ciment de la société française, notamment en détruisant le statut de la Fonction Publique pour introduire le « spoil system » et en imposant des cabinets de conseil privés, en particulier américains, dans la prise de décisions publiques dans un sens ultra-libéral. Il prive ainsi les élus du Peuple de leur pouvoir démocratique.

- Un comportement indigne d’un président de La République : la trahison du Monde

En 2010 le journal Le Monde est au bord de la faillite, imposant la recherche de nouveaux investisseurs. Macron, alors banquier associé de la banque Rothschild, propose aux journalistes de les aider bénévolement. Mais en réalité il roule pour un groupe de repreneurs dont la société des rédacteurs du Monde (SRM) ne veut pas.

Il  se présente aux journalistes comme un banquier d’affaires, membre de la Fondation Jean Jaurès (socialiste historique), voulant défendre la liberté de la presse,et  ancien assistant du philosophe Paul Ricoeur pour lequel la justice fait partie intégrante de l’éthique fondamentale de vivre bien.

 Deux candidats repreneurs sont alors en lice :

- D‘une part, le groupe composé de free Iliad de Xavier Niel, de l’associé gérant de la banque Lazard Matthieu Pigasse et du milliardaire et ex-patron de la société Yves Saint Laurent, Pierre Bergé.

- D’autre part, le groupe de Claude Perdriel et de Prisa – Juan Luis Cebrian,  allié à la banque Rothschild par le biais d‘Alain Minc et également soutenu par Sarkozy.

Le 2 septembre 2010 la SRM informe Macron de son choix du groupe Niel- Bergé- Pigasse .

Le 3 septembre au matin, la SRM se rend à une réunion avec les conseillers de Pierre Bergé 10 avenue George V à Paris. La coïncidence veut qu’à la même adresse se trouvent les bureaux d’Alain Minc.

Or Minc, ancien président du Conseil de Surveillance du Monde, travaille à l’époque pour le groupe Prisa.  Minc a la particularité d’avoir été évincé en 2007 de son poste de président du conseil de surveillance du Monde  par les salariés du journal. Cela était justifié du fait de ses conseils auprès du patronat interféraient avec la vie du journal, et que sa proximité affichée avec Sarkozy,  jetait le doute sur l’indépendance du journal.

Or, ce 3 septembre 2010, les journalistes attendant devant l’immeuble, voient un groupe sortant des lieux autour d’Alain Minc ; le dernier à sortir est Emmanuel Macron qui se cache aussitôt en repartant dans l’immeuble. L’un des journalistes s’est lancé à sa poursuite et a dû parcourir tous les étages pour retrouver Macron au dernier palier, faisant mine de téléphoner et éconduisant son poursuivant en prétextant être en communication téléphonique.

Une telle attitude, qui dénote un goût pour l’intrigue et la trahison est elle digne d’un homme ayant entre ses mains le destin de millions de citoyens ?

- Macron contre les acquis du Conseil national de la Résistance

Dans son livre « l’Ambigu Monsieur Macron » ( ed Point 2018), le journaliste Marc Endeweld retranscrit un épisode dans lequel Emmanuel Macron exprime ses véritables buts politiques.

En effet, le 15 juillet 2015, alors ministre de l’Economie (2014-2016), M MACRON, reçoit ses « amis Facebook », son cabinet ayant lancé un groupe sur le réseau social. Cet échange a été organisé au centre de conférence de Bercy (siège du Ministère de l’Economie). Cet évènement ayant réuni 500 personnes n’a, étrangement, pas été ouvert aux journalistes.

Macron y indique souhaiter « une révolution culturelle plus profonde ». Il se questionne : « comment on invente un nouveau modèle ? Comment on reprend l’initiative ?… le consensus de 1945 est inadapté …Je n’aime pas ce terme de « modèle social » . Il vise explicitement à détruire le compromis social de l’après guerre élaboré par le Conseil National de la Résistance. Il prône la dérégulation.

Il fustige également « la parole verticale des médias, ce catéchisme, cette parole sans retour. Mais j’ai envie de discussions plus directes ».

On comprends qu’il est en effet plus facile de faire avaler des couleuvres à un public non averti qu’à des journalistes rompus à l’analyse politique…

Vu le résultat des élections européennes et le niveau d’angoisse de la population, il apparaît que le système américanisant que Macron tente d’imposer n’est pas du goût des français.

Les acquis de CNR qui essuient des coups de boutoirs depuis les années 80 sont notamment :

- la pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression ;

- la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des puissances d’argent et des influences étrangères ;

- la liberté d’association, de réunion et de manifestation ;

- l’inviolabilité du domicile et le secret de la correspondance ;

- le respect de la personne humaine ;

- l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi ;

- l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ;

- une organisation rationnelle de l’économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général ;

- l’amélioration du régime contractuel du travail ;

- un rajustement important des salaires et la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ;

- la garantie du pouvoir d’achat national pour une politique tendant à une stabilité de la monnaie ;

- la reconstitution d’un syndicalisme indépendant doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale ;

- un plan complet de sécurité sociale,

- la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d’atelier ;

- l’élévation et la sécurité du niveau de vie des travailleurs de la terre par un politique de prix agricoles rémunérateurs ;

- une retraite par répartition permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours

- Une extension des droits politiques, sociaux et économiques des populations indigènes et coloniales ;

- La possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée, quelle que soit la situation de fortune de leurs parents.

Ce contrat social a permis de pacifier la France dévastée et fracturée après la guerre, et a permis l’avènement des trente glorieuses. Le programme du CNR s’appelait aussi «Les Jours Heureux » ; avec Macron nous en sommes de plus en plus loin !

- Macron déconstruit le Service Public et livre l’État aux cabinets de conseils privés

Le Service Public est le ciment de la société française fondé sur les principes essentiels, d’égalité d’accès, de continuité et d’adaptabilité. Il s’inscrit dans le principe de légalité qui est la soumission impérative de l’action de l’administration au Droit, sous peine d’annulation systématique de ses décisions par le juge, rien ne pouvant justifier des écarts par rapport à la loi (constitution, traités internationaux, lois, décrets etc).

Ces principes ne sont pas ceux gouvernant les relations commerciales privées,  où les entrepreneurs et commerçants peuvent traiter différemment leurs clients, cesser leurs activités quand bon leur semble et produire des prestations ou objets qui ne correspondent pas aux besoins fondamentaux du moment. On citera même des cas où des initiatives privées ne respectent pas la loi. Par exemple, très récemment, le site de « tchat » « coco.gg », visiblement très rémunérateur, connu pour ses contenus illégaux et la facilitation de crimes et délits, pour lequel 23051 procédures judiciaires ont été ouverte,  vient d’être fermé après 20 ans d’impunité…

Pour assurer sa mission  de gestion du Service Public selon le respect des principes républicains et de l’Intérêt Général, la Fonction Publique doit être compétente et indépendante vis à vis des multiples intérêts privés contradictoires. C’est la raison pour laquelle, dès les années 1800, un statut spécifique de la Fonction Publique a été élaboré.

Il porte une certaine conception de l’État fondé dès 1790 sur la séparation stricte des pouvoirs, fondement de la démocratie contre l’arbitraire et l’omnipotence royaux.

Le statut de fonctionnaire est une situation juridique spécifique impliquant des droits, mais surtout des devoirs, système plus contraignants pour les agents publics que ne l’est le droit du travail ou commercial pour les salariés du privé.

Historiquement le statut remonte à Bonaparte lors de la  refondation de l’Université française pour lui donner les assises nécessaires à son rayonnement. Ainsi, il a été estimé indispensable de doter les universitaires d’un « état », de façon à garantir leur liberté de recherche et d’enseignement. Ce statut a ensuite été étendu à toute la fonction publique.

Toutefois, sous la IIIe République (1870 à 1940), les recrutements et les promotions dépendaient étroitement du favoritisme politique.

En régime démocratique, l’arbitraire et le favoritisme se nourrissent de la précarité des élus tributaires de l’élection. A cet égard, le « spoil système » (soit « système pourri ») qui a notamment cours aux USA, ne correspond pas à la philosophie moderne républicaine française. La neutralité des fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions prime sur les intérêts particuliers, fussent-ils partisans.

Il faudra attendre l’après–Seconde Guerre mondiale pour que le premier statut général de la Fonction Publique voit le jour pour limiter ces dérives, statut consacré ensuite par la loi du 19 octobre 1946.

Le statut se justifie par la mission d’Intérêt Général assurée par le Service Public dont les buts et les moyens, principalement  financés par l’argent public, ne peuvent être abandonnés aux intérêts et appétits particuliers, et doivent rester en dehors de toutes pressions.

Ce statut  vise également à empêcher les conflits d’intérêt qui concernent le fait pour un agent public à détenir ou servir, à titre privé, des intérêts qui pourraient avoir une influence sur son objectivité dans l’exercice de sa Fonction Publique. L’intérêt privé peut ainsi affecter le discernement du fonctionnaire qui n’est plus exclusivement centré sur le but social du Service Public.

Or Macron n’a eu de cesse de détruire ce statut en avançant par petites touches pour déconstruire l’édifice et introduire le « spoil system » qui ruine l’indépendance des fonctionnaires.

Marc Endeweld indique que « au cours de sa campagne, Macron avait affirmé sa volonté d’instaurer un « spoil system à la française.. ».

Dans ce sens, en mai 2024, Stanislas Guerini, Ministre de « la Transformation et de la Fonction Publiques », encore issu d’HEC, a indiqué vouloir supprimer les grades dans la Fonction Publique. Or, les grades sont pourtant un gage de compétence selon les niveaux de diplôme fondant le niveau de recrutement, mais aussi une limite au pouvoir personnel des décideurs sur le travail et la carrière des agents et au favoritisme.

Cette volonté de suppression des grades vise à casser le statut en détruisant l’un de ses piliers.

Le modèle de référence sans régulation ni garde fous de Macron est exposé par Marc Endeveld dans sa retranscription de la réunion avec les « amis facebook » du futur président :

« Moi j’ai une conviction, celui ou celle qui veut entreprendre, c’est celui ou celle que rien n’arrête. Donc c’est archétype de celui ou celle qui n’a pas besoin de loi . C’est politiquement incorrect ce que je dis là, mais j’y crois très profondément ... ».

Ce système dérégulé, cette loi de la jungle que prône Macron, semble inspiré par des cabinets de conseil , particulièrement américains, qui conseillent le grand capital. Il s’agit de Mckinsey et autres, qui ont accompagné gratuitement Macron dans sa prise de pouvoir. Ce sont les tenants d’un système ultra-libéral intéressés essentiellement par le profit et l’accumulation de richesses, système où seule une petite minorité décide et détient des parts gigantesques de la valeur produite par la grande majorité. Effectivement un tel système ne s’encombre d’aucune entrave par un quelconque filet social.

Ces cabinets qui sont intervenus, à coup de milliards d’argent public, « sur des pans entiers des politiques publiques »,  s’appellent Accenture, Bain, Boston Consulting Group (BCG), Capgemini, Eurogroup, EY, McKinsey, PwC, Roland Berger ou encore Wavestone et emploient environ 40 000 consultants en France.

Le 16 mars 2022  a été publié un rapport sénatorial après commission d’enquête, «  sur l’influence croissante des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques.  Ce rapport pointe « Un phénomène tentaculaire : l’influence croissante des cabinets de conseil sur les politiques publiques ».

La fiche de synthèse intitulée « l’essentiel » de ce rapport précise, ironiquement, : « plus d’un milliard d’euros pour des prestations de conseil, un pognon de digue , dont Près de 4 millions d’euros à McKinsey pour la réforme des APL » .

« Les consultants doivent « transformer » l’administration en proposant des méthodes « disruptives », inspirées du secteur privé et répondant à un vocabulaire propre, qui n’a rien de républicain et de compréhensible pour les non initiés de la bourse de Wall street.

L’enquête sénatoriale a fait ressortir des exemples de méthodes utilisées lors des ateliers de consultants :

– le « bateau pirate » : chaque participant s’identifie à un des personnages (capitaine, personnages en haut du mât ou en proue, etc.) et assume ce rôle, son positionnement, ses humeurs, etc (serais-ce les prémices des cours de théâtre que Macron veut rendre obligatoire à l’école?).

– le « lego serious play » : chaque participant construit un modèle avec des pièces lego, construit l’histoire qui donne du sens à son modèle et la présente aux autres... ».

De même, « Deux cabinets de conseil sont intervenus sur les États généraux de la justice : INOP’S et Capgemini, pour un montant total de 950 241,97 euros. Outre une plateforme en ligne (Parlonsjustice.fr), des « ateliers délibératifs » sont organisés avec 48 citoyens volontaires. Les participants doivent déposer un post-it sur un paperboard en répondant à la question : « Qu’est-ce qu’est pour vous la justice idéale ? ». Ils procèdent ensuite à la lecture du « nuage de mots » ainsi constitué. À la fin de la journée, ils votent avec des gommettes vertes, jaunes et rouges sur les thématiques qui leur paraissent prioritaires. 

Comment organiser sérieusement des services publics avec de telles inepties hors de prix ?

Le 17 mars 2022 un article explore « les 1600 missions des cabinets de conseil pour l’Etat recensées par Le Monde », dont certaines commandes qualifiées d’incongrues :

« Quel pouvoir confère à ces grands cabinets la dépendance de l’administration à leur égard ? Qui mène les politiques publiques, l’État ou bien ces prestataires privés dépourvus de toute légitimité démocratique ? ..D’autant que, note le rapport, la stratégie d’influence des cabinets de conseil dans le débat public (think tanks, publications…) véhicule « une certaine vision de l’action publique », défendant souvent la réduction des dépenses et de la fiscalité».

La commission d’enquête sénatoriale dénonce : « Les risques déontologiques identifiés :

– Les conflits d’intérêts, les cabinets de conseil conseillant simultanément plusieurs clients

– La porosité, lorsque les cabinets recrutent d’anciens responsables publics (pantouflage).

Il apparaît effectivement que le « pantouflage » croissant  est l’expression de cette intrusion croissante, au plus haut niveau de l’État,  du secteur privé, de ses objectifs essentiellement financiers et de ses méthodes managériales curieuses voire indignes des enjeux.

Selon Le Monde du 23 juin 2021 : « La confusion de l’intérêt général et de l’intérêt privé qui en résulte, la perte d’un sens du service public, l’immixtion d’une culture néolibérale dans la gestion de l’État sont également des motifs d’inquiétude ».

M. Macron est lui-même issu du pantouflage puisque ancien élève de l’ENA, et inspecteur des finances, il a intégré la banque Rothschild de 2008 à 2012, emploi le rendant millionnaire. Cette banque est habituée à débaucher de hauts fonctionnaires afin de capitaliser sur leur carnet d’adresses.

Un article de Médiapart du 7 juillet 2020, intitulé « Amélie de Montchalin, fer de lance de la transformation du service public », montre que l’ex-ministre de la « transformation et de la fonction publique »  est l’épouse de Guillaume de Montchalin, consultant au sein du Boston Consulting Group.  Ce cabinet est cité par le rapport sénatorial.

Dans un entretien à Acteurs publics accordé en mars 2018,  Amélie de Montchalin considérait que le statut était une entrave. Sous son autorité, le point d’indice de la Fonction Publique est gelé depuis 2017,  le jour de carence en cas de maladie a été rétabli malgré le COVID, et des postes ont continué à être supprimés.

Amélie de Montchalin, diplômée de HEC un temps proche d’Alain Juppé, n’a pas d’expérience de la chose publique et des principes du Service Public et encore moins du statut qu’elle semble mépriser.

Dans une interview de juin 2017 au média étasunien « Vox », elle expliquait  être convaincue par Emmanuel Macron qui incarnait ce qu’elle avait appris à Harvard…

Le constat par le Sénat, des dérives du recours aux cabinets conseil et de leur coût exorbitant, est confirmé par un rapport de la Cour des Comptes du 10 juillet 2023.

Peut être un nouveau scandale va t-il éclater car très récemment, selon le journal Le Monde du 29 mai 2024, « les gendarmes de la section de recherches de Paris ont perquisitionné le  ministère [de la santé], ciblant le recours croissant par l’État aux cabinets de conseil, dont McKinsey, étroitement lié au chef de l’État ».

Cet article rappelle que : « Le rapport [ sénatorial] fustigeait globalement le  réflexe du recours accru à ces sociétés privées pour assumer des missions relevant en principe de la compétence de la puissance publique, et décrivait un « phénomène tentaculaire », qui posait la question de la « souveraineté » de l’État face à ces cabinets.

Dans un tel contexte la suppression ENA par Macron en 2022, est un coup de force visant à éliminer les obstacles à cette privatisation de l’action publique et à la captation sans entrave des fonds publics en supprimant l’école qui formait les hauts fonctionnaires aux grands principes et aux problématiques du Service Public et de la fiscalité.

Cette suppression permet de renforcer l’influence mercantile notamment d’HEC, des grandes écoles de commerce et du grand capital, qui apprennent à gérer les entreprises en à limitant les coûts au maximum avec les licenciements, et à générer des profits qui ne sont aucunement des buts d’Intérêt général et de justice sociale, et ne concernant qu’une petite minorité.

En somme, un système de prédation organisé par des personnages rompus à l’exercice !

Que pourront faire des fonctionnaires à la botte du « spoil systèm » contre de telles dérives ?

Comment organiser et financer des Service Publics vitaux et répondre aux besoins sociaux, notamment, d’éducation, de petite enfance, de justice, de santé, de perte d’emploi, de secours, de sécurité, de défense, et faire face au réchauffement climatique, si les budgets déjà insuffisants servent à financer des conseillers privés états-uniens ou autres incompétents à gérer la chose publique ?

Le résultat patent de ces dérives est la casse du Service Public et l’aggravation de l’insécurité sociale qui sont le terreau sur lequel a prospéré l’extrême-droite.

La Ligue des Droits de l’Homme nous rappelle que « Aux États-Unis de Trump, dans la Russie de Poutine, la Hongrie de Orban, l’Argentine de Milei, la Pologne du PiS, l’Italie de Meloni, la liberté est piétinée, les droits ont été bafoués, les services publics et les politiques sociales, étranglés. Dans tous ces pays, la violence, la haine de l’autre ont remplacé les valeurs d’égalité, de solidarité, de fraternité ».

Myriam Lacladère, le 30 juin 2024

*Myriam Lacladèremembre d’associations de défense des Droits et d’accès à l’information est une ancienne cadre et syndicaliste de la fonction publique

  

REFERENCES

 

 

 

- Marc Endeweld (ed point 2018) : « L’ambigu Monsieur Macron »

 

- Street Press le 10/02/2017 Adrien de Tricornot – journaliste au Monde – et Johan Weisz : «Cache-cache avec Macron  Comment Macron m’a séduit puis trahi ».

 

- La Croix 02/07/2007 :  « Jeantet intronisé à la tête du groupe « Le Monde » en dépit du cas Minc »

 

- Mediapart 8 septembre 2016 : « Médias: quand Macron était l’agent double de Minc dans la bataille du Monde »

 

- Communiqué LDH du 15/06/2024 co-signé par de nombreuses organisations et syndicats

 

- Marcel Pochard sur Cairn : « Définition et genèse du statut de la fonction publique »

 

- Le Monde 17 mars 2022 : « Les cabinets de conseil, une machine installée au cœur de l’Etat »

 

- Rapport sénatorial du 16 mars 2022  commission d’enquête «  L’influence des cabinets de conseil sur les politiques publiques »

 

- Médiapart 7 juillet 2020 : « Amélie de Montchalin, fer de lance de la transformation du service public ».

 

- Le Monde 29 mai 2024 « Affaire des cabinets de conseil : perquisition au ministère de la santé dans le cadre d’une information judiciaire pour « favoritisme »

 

- Le Monde 23 juin 2021 : « Aux origines du « pantouflage »

- Le Monde 14 mai 2024 : La suppression des catégories A B et C est sur la table selon le ministre Stanislas Guerini ».

- Le Monde 8 avril 2021 : « Emmanuel Macron annonce la disparition de l’ENA, remplacée par l’ISP ».

- Le Monde 25 juin 2024 « Fermeture du site Coco.gg : 23 051 procédures étaient engagées contre le site de tchat, connu pour ses contenus illégaux »