En cas de majorité au bénéfice du RN et de ses alliés, l’affaire est entendue. Pas d’alternative pour le président Macron qui devra s’exécuter et aller au bout de sa fâcheuse décision en nommant un Bardella ou une Le Pen à Matignon. Avec les horreurs, incohérences et incapacités d’une telle incarnation gouvernementale sur lesquelles nous ne reviendront pas ici. Sinon pour redire qu’entre les discours d’intentions du RN et ses actes concrets il y aura les mêmes hiatus et débordements dénoncés de longue date par les observateurs attentifs de cette extrême droite en France et en Europe.

D’où les vœux du président Hollande, réitérés ce matin sur les ondes radiophoniques, de voir les électeurs trancher entre le RN, la majorité sortante ou l’élection d’une nouvelle majorité qu’il souhaite rééquilibrée au bénéfice de la gauche socialiste.

Une majorité relative composée sur la base d’un contrat de législature autour de priorités nouvelles : pouvoir d’achat, services publics (santé, éducation), politique étrangère (Ukraine) et européenne sans négliger les questions institutionnelles (réforme électorale avec la proportionnelle, loi de décentralisation…) et sociétale (fin de vie).

Cette posture d’un président candidat à la députation, d’allure réaliste, prive de relief les perspectives ouvertes par la campagne de premier tour du NFP. Un appel, certes, à composer avec la nouvelle donne issue du suffrage universel dans l’hypothèse d’un échec de l’alliance LR Cioti-RN. Mais une pâle réponse aux attentes populaires que le programme du NFP semblait prendre en compte.

Peut-on demain composer avec le macronisme, faire du macronisme sans le dire, au lieu et place d’un programme construit sur une logique redistributive avec une vraie ambition pour la France? Le mot d’ordre du premier ministre Attal, celui du désistement mais pas du ralliement a du sens.

C’est à la gauche de le prendre en compte en le retournant au bénéfice de sa base sociale. Sans s’enfermer dans les lieux communs de la bienpensance libérale-libertaire mais en cherchant une voie nouvelle conciliant les réponses au besoin de sécurité (d’abord économique et sociale) de nos concitoyens et à la reconquête des souverainetés.

Une ambition qui afficherait haut et fort la volonté de reprendre la main dans une perspective de large union sur la base d’un noyau dur de propositions déjà esquissées dans le programme du NFP mais à enrichir dans un programme de salut public pour la France.

En évitant alors une nouvelle dissolution dans un an à peine…

Xavier Dumoulin, le 3 juillet 2024